• Aucun résultat trouvé

2. LES COUPLES (THEME-RHEME)/ (TOPIC-COMMENT): QUELLE(S)DEFINITION(S) ?

1.3. LES LINGUISTES ; MULTIPLICITE D’ENTREPRISE ET CONSTAT D’HETEROGENEITE

Halliday (1974) dans la conception formelle de sa grammaire systémique élaborée

pour la langue anglaise, le thème correspond au premier segment de la phrase qui a une fonction transitive (sujet, objet, verbe, complément, adjoint) quel qu’il soit et le rhème correspond au reste de la phrase : il peut s’agir d’un seul élément structural ou de plusieurs éléments constituant un seul élément structural119.

Le thème ne doit pas être confondu avec ce qui est connu (given) 120 ; il n’est pas marqué quand il s’agit du sujet, par contre il est marqué dans les autres cas ; par exemple quand il s’agit d’un adverbial, d’une conjonction. Il joue un rôle central dans l’élaboration des textes, en particulier dans la façon d’organiser le message

116

Cadiot, P., & Fradin, B., 1988, p4

117 Galmiche M., 1992, p.3

118 Idem, p.2

119

Chafe W., 1994, p.42

essentiels qui constituent le dynamisme de la phrase : (i) ce qui est connu ou tout au moins évident et (ii) le point de départ du scripteur/locuteur. Firbas et Daneš s’écartent d’une conception binaire thème/rhème et considèrent ces notions sur une échelle de dynamisme communicatif ; elles sont indépendantes de leur structure syntaxique. Dans ce cadre, le thème n’est pas lié à une position spécifique dans la phrase ou dans la proposition ; il est lié au contexte précédent.

Lundquist (1980) considère le thème comme le point de départ de la phrase : une

donnée qui s’offre à l’analyse dans la séparation formelle et discursive ; le théme , pour lui, au niveau du texte, est une donné qui doit être conçue dans la partition thème/rhème au niveau du "texte" qui est distincte de la partition donné/nouveau au niveau discursif. Il spécifie :

Nous utilisons dans notre travail les termes THEME/RHEME pour la distinction DONNE/NOUVEAU au niveau du texte, les termes topic/comment sont employés, donc, pour distinguer le point de départ de la phrase du commentaire 121.

Une telle distinction inscrit la notion de « thème » dans une catégorie discursive et énonciative au sein du cadre phrastique, faisant du thème une entité à la fois informationnelle et cognitive au delà des représentations formelles.

Downing (1991) suggère de dissocier les propriétés structurales et sémantiques du

thème et de ne plus utiliser la notion de topical theme de Halliday. Pour elle, l’outil notionnel de thème renvoie à une catégorie structurale. Elle a trait à la position d’un élément dans une phrase122. En d’autre terme, la notion de topic renvoie à une catégorie cognitive, pragmatique. Elle a trait au contexte (information

121 Lundquist L., 1980, p201

conversation chez Martinie 123 qui distingue structure syntaxique et structure discursive.

Dobrovie-Sorin (1999) distingue le thème syntaxique124 identifié sur la base de la

structure syntaxique du thème contextuel identifié sur la base du contexte, en son sens à une seule structure syntaxique peuvent correspondre plusieurs thèmes syntaxiques.

Bonnot (1999) distingue le thème sur deux plans 125:

1- sur le plan de la forme, (il s’agit d’un composant toujours en position initiale et pouvant être éventuellement séparé du reste de l’énoncé par une pause) ;

2- sur le plan du contenu, le thème correspondrait à ce qui est « connu », c'est-à-dire fait partie de l’ensemble des connaissances que le locuteur suppose chez son interlocuteur, et à ce qui est « donné », c'est-à-dire fait partie de quelques éléments que le locuteur suppose présents à l’esprit de son interlocuteur au moment de l’énonciation.

Combettes (1999) voie en la répartition thème/rhème le développement de la

hiérarchie du dynamisme communicatif à partir des degrés de connaissances partagées:

[…] le thème prend en compte la charge informative des divers constituants en en établissant les degrés de

123 Martinie B., 2003, p. 345-356.

124 Dobrovie-Sorin C., 1999, p. 169.

« dynamisme communicatif » (DC) ; dans cette perspective, le thème correspond à l’élément de plus bas degrés sur cette échelle. 126

Par ailleurs, il considère que l’articulation de l’énoncé en "point de départ " s’inscrit dans le développement de la prédication, et pourrait être décrite par les notions de topique et commentaire.

En ce sens, le thème est le segment de l’énoncé qui se réfère au « sujet psychologique », l’objet à propos duquel ‘on dit quelque chose’, le rhème étant le « prédicat psychologique ». Sur un autre plan fondamental discursif, il est la partie du discours qui véhicule une information « connu », « donnée » ou « peu

importante » géré par le contexte immédiat

communicationnel.127

Ce bref aperçu montre que l’outil notionnel de thème n’est pas facile à cerner. Maintes travaux sur cette notion ont, cependant, démontré qu’elle présente des niveaux d’analyse différents : syntaxique, informationnel, pragmatique/cognitif. Le flou définitionnel qui en résulte est sans doute révélateur de ses multiples facettes ainsi que ce qu’elle implique dans l’analyse pour rendre compte de certains faits linguistiques et cognitifs.

En fait comme le précise justement Nølke (1983) : "Chacune de ces définitions correspond sans doute à une réalité linguistique, et le choix dépend de ce qu’on désire étudier "128.

Examinions maintenant les différents fais motivants l’inscription des analyses concernant l’outil notionnel "thème" aux cadres phrastiques et discursifs.

126 Combettes B., 1999, p. 232 127 Idem, p.234 128 Nølke H., 1983, p.57

DISCURSIF

Il existe une vaste littérature dans ce que l’on peut appeler, désormais, la linguistique du thème. Depuis la tradition des grammaires anciennes, l’outil notionnel de thème trouve son emploi au sein de la phrase en tant que cadre de la prédication.

La notion est empruntée à la tradition des analyses logiques de proposition et de la prédication, de ce fait il est donné une grande importance au contenu sémantique qui trouve son référent au sein de la phrase. Elle s'applique toujours à un constituant de l'énoncé ou bien à sa dénotation ; elle est prioritairement associée au groupe nominal défini (et aux individus qu'il dénote). C'est ce qui la différencie de la notion de thème de discours, qui ne correspond pas nécessairement à un constituant dans un énoncé.

3.1.

L’OUTILNOTIONNEL

THEME,ENTITEPHRASTIQUEOUDISCURSIVE?

Les premières recherches concernant le thème ont vu le jour au sein de la phrase, unité linguistique par excellence. Il est indispensable de dissocier le sens courant de thème, sujet développé dans le discours et son sens linguistique. Même s’il existe une relation perçue intuitivement entre le thème et le sujet du discours, assimiler thème et sujet du discours conduirait à de résultats faussés et/ou une analyse erronée.

d’un emploi difficile129 à cause de maints facteurs inhérents à la notion elle-même, et aux modèles d’analyses proposés par les linguistes.

Ce foisonnement terminologique et notionnel ainsi que les différents modèles sont, à notre avis, d’autant les différentes lectures et usages y référent en linguistique, sources de confusion parfois. Toutefois l’usage fréquent de cette notion souligne son importance et explique pourquoi elle est difficile à cerner et pourquoi elle est incontournable en linguistique. Outre des problèmes terminologiques et définitoires, il existe une subjectivité concernant la délimitation du thème et du rhème Porhiel (2005) : il n’est pas toujours facile de les identifier dans la phrase130, comme le soutiennent (Reichler-Béguelin, Denervaud, Jespersen 131 ; et Lundquist.132 Par ailleurs, on reproche souvent aux linguistes du thème de mêler des critères de natures différentes : toutes les propriétés attribuées au thème ne coïncident pas forcement, d’autant qu’elles ne sont pas réalisées obligatoirement dans une même entité ; ce qui constitue une inadéquation dans l’analyse.

Comme nous l’avons précisé supra, la conception de Halliday du thème allie critères syntaxiques et sémantiques ou, encore, forme et contenu au sens de Bonnot (1999). Transposé sur le plan discursif, les différents thèmes phrastiques (délimités dans un fragment de texte) sont regroupés. De ce fait, le thème au niveau discursif correspond à une accumulation des différents thèmes des phrases qui composent le fragment de texte (ou le paragraphe).

129 Cf. Jaubert, A., 1990.

130 Porhiel, S., 2005, p.5

131 Cf. Reichler-Béguelin M.-J., Denervaud M., Jespersen J., 1990, P.70 132 Lundquist L.,Op.cit., p.201

thème et de le considérer selon des perspectives d’analyses différentes. Une telle stratification induit bien souvent des niveaux d’application différente : un niveau phrastique et un niveau discursif qui dépasse le simple cadre de la phrase.

3.2. FAITS LINGUISTIQUES MOTIVANT L’OUTIL NOTIONNEL THEME AU SEIN