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F) QUELQUES PISTES D’INTERVENTION

3. Les limites de la recherche

Tout travail de recherche comporte des limites qui rendent les résultats non pas inexacts mais tout de même incertains. Nous avons repéré différentes limites à notre travail :

La question de recherche :

Lors de l’analyse des données, nous nous sommes rendu compte que la question de recherche n’était pas adéquate. En effet, celle-ci était trop large, trop ouverte et pas assez précise. Les facteurs à l’origine de la reproduction de la pauvreté sont multiples et il aurait été plus raisonnable de s’intéresser qu’à un seul type de facteur, voir qu’à un seul facteur. La question de recherche aurait par exemple pu être formulée de la manière suivante : « En quoi les modèles présents dans l’environnement des enfants issus de milieux précaires sont-ils déterminants de leur insertion socioprofessionnelle future ? » ou « Quelle est l’influence d’un déficit de capital culturel dans les familles précaires sur la scolarité et le parcours de formation des enfants ? ».

L’échantillon de population :

La recherche de nos témoins n’a pas été une tâche facile. D’une part, les personnes issues de milieux précaires en ascension sociale ne sont plus visibles dans la société. En effet, une fois propulsées dans le monde du travail, bien qu’issues de milieux défavorisés, ces personnes se confondent rapidement « dans la masse », parce que la pauvreté ne les distingue plus des autres et ils deviennent dès lors difficilement repérables. D’autre part, les personnes en situation précaire, plus facilement visibles et stigmatisées, préfèrent se rendre invisibles dans la société. En effet, la pauvreté reste taboue en Suisse et lorsque l’on ne réussit pas, on ne désire pas se montrer. Ainsi, au vu de nos difficultés à trouver des témoins, nous avons été contraintes d’adapter nos critères de recherches à plusieurs niveaux, ce qui induit une part de subjectivité à notre recherche :

Le nombre : l’échantillon de population que nous avons interrogé pour cette recherche est quantitativement faible (dix témoins), ce qui ne permet en aucun cas de généraliser nos résultats ou des les considérer comme un phénomène de masse.

Dans ce sens, il faut être attentif au fait que sur dix personnes interrogées, sept s’en sortent relativement « bien » dans leur vie professionnelle. Il s’agit d’un pourcentage élevé sur notre échantillon, mais non représentatif de la réalité du terrain.

L’âge : certains de nos témoins n’ont que 21 ans, âge encore relativement jeune pour rendre compte de l’« échec » ou la « réussite » professionnelle des individus. En effet, à 20 ans ou au moment de l’entrée à l’université, il est trop tôt pour déterminer le niveau de « réussite » et/ou d’ « échec » professionnel, surtout à l’heure actuelle où les parcours « sans faute » ou « sans retour en arrière » sont rares. Il aurait alors

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été plus pertinent de s’approcher uniquement de personnes plus âgées et/ou en fin de parcours de formation.

Le niveau de pauvreté : pour rendre compte de l’exactitude de la recherche, nous aurions dû interroger des individus uniquement au-dessous d’un seuil de pauvreté correspondant à de nombreux critères. En se basant sur la dépendance aux prestations sociales et sur le niveau de formation des parents, les individus interrogés n’ont pas tous vécu dans la même situation de précarité. Dans ce sens, il aurait été intéressant de s’entretenir avec des fratries où, dans ce cas-là, le contexte de départ, tant au niveau économique, affectif, culturel et social est plus ou moins proche pour chacun des frères et sœurs.

Les grilles d’entretiens :

Les questions posées sont difficilement mesurables et contrôlables. Ainsi, lors de l’analyse des données, nous nous sommes rendu compte que nous manquions de résultats précis. Notre analyse se base sur le récit subjectif d’individus, qui prend forme à partir de leurs propres représentations, de leurs croyances, de la manière dont ils donnent sens à qui ils sont devenus. Quelques questions plus précises (comme par exemple le calcul du réseau social selon un modèle type) auraient été intéressantes pour objectiver notre recherche.

L’analyse des données :

Le nombre de facteurs et/ou de variables considérés (situation financière de la famille, relations familiales, réseau social, etc.) est multiple et il est dans ce sens extrêmement difficile de contrôler leur influence les uns par rapport aux autres. Nous avons néanmoins pu remarquer le cumul de handicaps ou l’interdépendance des facteurs de risques dans les milieux précaires.

Les facteurs déterminants de la reproduction ou de l’ascension sociale ont été choisis en fonction des parcours de vie. Ils demeurent non exhaustifs et rien ne prouve, mis à part les récits de vie, qu’il s’agisse des facteurs à plus grande influence. Nous avons toutefois certaines théories qui justifient en partie leur intérêt (par exemple, la ressource « personnes ressources et/ou de substitution » rejoint le concept de capital social décrit par Bourdieu).

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191Mouvement ATD Quart Monde Canada. Contribution à la consultation pour le 2e plan d’action de lutte contre la pauvreté au Québec. Adresse URL : http://www.atdquartmonde.ca/-Avec-le-Collectif-pour-un-Quebec-.html

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H) BIBLIOGRAPHIE

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BOUTEYRE, Evelyne. La résilience scolaire : de la maternelle à l’université. Paris : Editions Belin, 2008. 158 p. ISBN : 978-2-7011-4412-2

CARITAS SUISSE par KEHRLI Christin, KNÖPFEL Carlo. Manuel sur la pauvreté en Suisse. Lucerne : Éditions Caritas, 2007. 224 p. ISBN : 978-3-85592-106-5

CHABERT-MENAGER Geneviève. Des élèves en difficultés. Paris : Editions l’Harmattan, 1996. 157 p. ISBN : 2-7384-4077-0

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Paris : Editions Homme et Groupes, 1990. 310 p. Collection : Rencontres Dialectiques.

ISBN : 2-86984-014-4

MICHARD, Pierre, La Thérapie contextuelle de Iván Böszörményi-Nagy. 1ère édition Bruxelles : Editions De Boeck Université, 2005. 354 p. Collection : Carrefour Des Psychothérapies. ISBN : 2-8041-4882-3