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Les liens étroits entre banquiers d’affaires et dirigeants

1.2 Une histoire de la banque…

1.2.2 Du XV ème siècle au début du XX ème : entre enjeux politiques et développement

1.2.2.1 Les liens étroits entre banquiers d’affaires et dirigeants

La Renaissance dans le domaine de la banque commence au début du XVème siècle et se poursuit jusqu’à la fin du XVIème siècle. Le contexte économique et politique influence le développement de ce commerce (fin de la « guerre de 100 ans », découverte de l’Amérique, invention de l’imprimerie…). Outre les négociants et les riches particuliers, les banques privées se tournent de plus en plus vers les industriels et les pouvoirs publics. Cela augure des

transformations à venir dans les relations entre banquiers et politiques. Un exemple parlant est l’histoire de Jacques Cœur, symbole du « banquier de Cour » (Bonin, 1992, p.30), armateur, négociant, industriel français, il devient, entre 1440 et 1450, l’argentier de Charles VII à qui il fournit les ressources nécessaires pour chasser les Anglais de France.

Quelques grandes familles de banquiers prospèrent à travers l’Europe, dépendantes toutefois de la solidité des Etats qu’elles financent. C’est ainsi que Georg Simmel (1977, p.185) s’intéresse aux grands banquiers d’Allemagne du Sud au XVIème siècle pour démontrer la fragilité de leur entreprise dans ce contexte de prémices du développement du commerce international. « Leurs affaires monétaires, tout à fait comparables aux transactions des banquiers du monde moderne, tombaient dans une époque certes déjà sortie de l’étroitesse des conditions de l’économie naturelle médiévale, mais ne disposant pas encore des communications, des sécurités et des usages qui sont le corrélat indispensable de telles affaires ». Les banquiers allemands éprouvaient donc de grandes difficultés à recouvrer, en Espagne ou chez des souverains, les créances excédants « largement la mesure dans laquelle elles auraient été l’expression adéquate de la constitution réelle de l’Europe d’alors ».

Aux XVIIème et XVIIIème siècles, tous les pays, y compris ceux qui sont restés fidèles à la religion catholique, admettent, au moins tacitement, la légitimité du taux d’intérêt. Il est possible, selon nous, d'affirmer qu'il s'agit là d'une première étape de modernisation de l'activité bancaire : son émancipation des dogmes religieux. Pour Alain Touraine, il est d'ailleurs incontestable que « la société moderne naît avec la rupture de l'ordre sacré du monde » (Touraine, 1992, p.251).

De nombreux établissements bancaires, publics ou privés, voient le jour un peu partout. Londres et Amsterdam, rivales, prennent petit à petit le pas sur les banques italiennes. « Si l’ère des précurseurs est terminée, celle des pionniers ne fait que commencer » (Rivoire, 1992, p.26). Durant cette période, de nombreuses banques britanniques voient le jour. Leur organisation sert bien souvent de modèle à toute l’Europe, mais face à un certain nombre d’instabilités (économiques, politiques, climatiques…), plusieurs établissements disparaissent. En France, après la mort de Colbert, les finances publiques se délabrent. Pour couvrir ses dépenses courantes et trouver les moyens de sa politique étrangère, Louis XIV devient largement tributaire des banquiers privés. A la fin de 1799, le Général Bonaparte, devenu premier consul, exprime le désir de disposer d’une banque plus importante, proche du gouvernement et susceptible de mener une véritable politique monétaire ; c’est la naissance de la Banque de France.

A la fin du XVIIIème siècle, les principales fonctions bancaires, telles que nous les connaissons aujourd’hui, sont inventées : l’intermédiation entre détenteurs de monnaie et emprunteurs, le change et les services de caisse, la gestion des comptes et la création de la

monnaie scripturale par la transférabilité des sommes portées en compte, ainsi que la création de la monnaie papier (ou fiduciaire).

Deux mouvements survenus au cours de la fin du XVIIIème siècle et le début du XIXème siècle constituent la « première révolution bancaire » contemporaine (Bonin, 1992, p.47 ; Rivoire, 1992, p.50 à 81). Il s’agit tout d’abord du développement des institutions d’émission qui, à l’instar de la Banque d’Angleterre et de la Banque de France, tendent à monopoliser l’émission des billets dans leur pays respectif.

Le second et principal courant de cette révolution concerne la multiplication des maisons de « Haute Banque »1. Elles sont issues de compagnies de commerce, dont l’activité est proche des banques d’investissement et de gestion privée du XXème siècle. Sous la Restauration2 ou la Monarchie de Juillet3, le banquier prête, pour l’essentiel, sur ses propre fonds, ainsi que cela se pratiquait avant la Révolution de 1789, ce qu’on appelle l’Ancien Régime. La force de ces maisons de Haute Banque repose donc sur la notoriété et la fortune personnelle de leurs dirigeants4. Il s’agit de familles telles que les Rothschild, installés dans différents pays d’Europe. Ces banquiers ont très peu de clients ; les Rothschild n’en ont pas plus de mille et les Sellière, une trentaine (Bouvier, 1967). Il s’agit d’une clientèle de grands bourgeois et de grosses entreprises. Le mode d’organisation du travail est essentiellement familial, voire patriarcal. L’agence bancaire n’existe pas et le bureau où le banquier reçoit ses clients n’est pas dissocié de la maison où il vit (Le More, 1982). Ces banquiers sont également régents de la Banque de France. La veille de la Première Guerre mondiale marque la fin de cette période. Les successeurs de ces banquiers n’auront ni le même prestige, ni les mêmes moyens d’action. Mais, à la fin du XIXème siècles, les chefs de la Haute Banque ne sont plus les seuls à porter le titre de banquier, car d’autres façons d’exercer cette profession apparaissent (Ronzon-Bélot, 2003).

1.2.2.2 La création des banques commerciales de dépôts puis d’affaires dans un

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