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2. Lait artificiel :

2.3. Les différents laits :

2.3.1 Les laits standards :

Tout d’abord, les laits pour nourrisson standards ont pour caractéristiques communes :

- un rapport caséines/protéines solubles proche de 1

- des glucides mixtes avec 70% de lactose et 30% de dextrine-maltose - un enrichissement en vitamine D d’environ 40 UI/dL

Afin de ressembler le plus possible au lait maternel, les formules sont de plus en plus sophistiquées. Fabriqué à partir du lait de vache, le lait infantile doit contenir plus de glucides (lactose), d’acides gras essentiels (AGE) et de fer, et moins de protéines, de calcium, de phosphore et de sodium que ce dernier.

Le premier moyen pour différencier ces laits standards, est la composition en glucides. En effet, la plupart de ces laits ont un « sucrage » mixte, composé de ¾ de lactose et ¼ de dextrine maltose.

Néanmoins, certains laits ne contiennent que du lactose. Ils se rapprochent ainsi du lait maternel (ex : Novalac transit, Modilac transit). Le but ici, est d’améliorer le transit, car une partie du lactose non digéré, subit une fermentation colique (pouvant favoriser les ballonnements et les coliques) en acides organiques, rendant les selles plus molles, en théorie.

56 D’autres laits contiennent plus de maltodextrines que de lactose pour diminuer la fermentation lactique responsable des ballonnements, ces laits seraient donc mieux tolérés en cas de coliques du nourrisson (ex : Guigoz expert AC, Novalac AC)

L’autre choix pour différencier ces laits standards, est la composition en protéines. Ils sont composés de caséines et de protéines solubles. Le rapport caséines/protéines solubles permet d’identifier si le lait est proche du lait de vache (80/20) ou celui du lait de femme (40/60). Ainsi un lait enrichi en protéines solubles, comme le lait maternel, est en théorie plus digeste et permet d’avoir des selles plus molles (gamme Guigoz, Picot relais). A l’inverse, certains laits ont une composition plus importante en caséines. Ces caséines augmentent la viscosité du contenu gastrique, ce qui pourrait améliorer les régurgitations (Gallia AR, Picot AR), et ralentissent le temps de vidange gastrique ainsi que le temps du transit, ce qui procurerait un meilleur sentiment de satiété (Novalac Satiété).

Quelque soit la composition en protéines, les laits doivent contenir les mêmes quantités de chaque acide aminé essentiel que les protéines du lait maternel, à valeur énergétique égale. Les besoins en protéines ont été longtemps surévalués, les laboratoires ont alors réduit leur teneur dans leur formule, à la limite inférieure de la réglementation. De ce fait, certains laits ont un contenu protéique bas (Nidal, Guigoz expert, Modilac 1) soit 1,2 à 1,3g pour 100 mL de lait. Pour ces préparations, l’aminogramme est proche de celui du lait maternel. Ainsi, on a un taux réduit en protéines sans altérer la qualité de ces dernières, et cela permet une réduction de la charge osmotique rénale.

Le dernier élément différentiel, est la composition en lipides. Les laits sont composés essentiellement de graisses végétales, d’acide linoléique et linolénique qui sont, rappelons-le, des acides gras essentiels (AGE) et précurseurs de la famille des omégas 3 et 6 indispensables au bon développement du nourrisson. L’acide arachidonique (ARA, représentant des oméga 6) et l’acide docosahexanoïque (DHA, représentant des oméga 3) sont recommandés dans les préparations pour nourrisson par l’ESPGHAN depuis 2005. Ainsi aux Etats-Unis, tous les laits en contiennent et commencent à l’être en France (dans les gammes Nidal, Guigoz, Modilac, Novalac, Blédilait, etc.)

Pour les laits de suite standards, ils sont prescrits en relais, de l’allaitement maternel ou des préparations pour nourrisson, vers l’âge de 6 mois, quand la diversification alimentaire a été débutée. Leur composition est très proche du premier âge, les variations

57 reposent principalement, sur la teneur en glucides et en protéines, qui est plus élevée avec un contenu lipidique abaissé. Les contenus en sels minéraux, vitamine D et acide folique sont augmentés afin de compenser une réduction possible de consommation de lait lors de la diversification. Ces laits doivent donc être proposés lorsqu’un repas est complètement diversifié. Ainsi les caractéristiques communes de ces laits de suite sont d’avoir :

- un rapport caséines/protéines solubles supérieur ou égal à 1 - des glucides essentiellement représentés par du lactose - un enrichissement en vitamine D de 40 à 60 UI/L

Quant aux laits de croissance, leurs caractéristiques sont proches des laits de suite, néanmoins ils présentent quelques différences :

- une présentation sous forme liquide pour certains d’entre eux - une aromatisation fréquente par un dérivé vanillé

- l’ajout d’un glucide à pouvoir sucrant (saccharose, fructose, glucose) pour certains

- un contenu protéique un peu plus élevé - un contenu en minéraux plus élevé

En exemple, le lait de croissance Novalac 3 (en poudre) contient du lactose, du fructose, du glucose et des matodextrines, mais pas de saccharose pour éviter l’accoutumance au goût sucré, il est

enrichi en fer (25 fois plus que le lait de vache), contient des omégas 3 et 6 d’origine végétale, des antioxydants (vit A, E, etc) et possède une saveur légèrement vanillée. La teneur en protéines est inférieure au lait de vache (2g/100mL). Les sels minéraux qui le composent sont le calcium, phosphore, fer, magnésium parmi d’autres.

L’intérêt majeur de ces laits de croissance, est l’enrichissement en fer. Ces derniers contiennent, 20 à 30 fois plus de fer que le lait de vache, afin de prévenir une carence martiale souvent fréquente chez l’enfant à partir d’1 an, nourri au lait de vache. Les autres arguments sont un apport en acides gras essentiels, en vitamine D et leur teneur moins importante en protéines par rapport au lait de vache.

L’enrichissement en acides gras et en vitamine D peut être apporté par l’alimentation (ajout quotidien de 2 cuillères à café d’huile de colza dans un repas) ou de façon médicamenteuse pour la vitamine D. Par contre, le fer est plus compliqué, en effet,

58 pour satisfaire les besoins en fer à cet âge, il faudrait remplacer la portion de viande quotidienne par 2 cuillères à soupe de boudin noir (50g) une fois par semaine et 2 cuillères à soupe de foie de veau (50g) une fois par semaine. Bien que les compensations en acides gras et vitamine D soient aisées, celles du fer sont très difficiles à réaliser, ce qui justifie pleinement l’utilisation de ces laits de croissance. (Arsan et al. 2011)

Ce qui repousse souvent les parents à les utiliser, c’est le coût du lait de croissance par rapport au lait de vache. L’argument à présenter aux parents est alors de rappeler que le coût des aliments riches en fer (viande, foie) est proportionnellement supérieur. Finalement le lait de croissance est le moyen le plus économique pour apporter du fer correctement absorbable.

Pour conclure, bien qu’il n’ait pas de preuves formelles de la supériorité de ces laits de croissance en matière de prévention de certaines carences nutritionnelles, ils sont à conseiller pour prévenir les carences martiales. Ils doivent être proposés, en relais des laits de suite jusqu’à l’âge de 3 ans, voir même au delà de cet âge tant que l’enfant ne consomme pas au moins 100 g de viandes-poissons-œufs par jour.

Figure 5 : Exemple d’un lait de croissance, laboratoire Nestlé Guigoz