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Les laits spéciaux utilisés à des fins médicales :

2. Lait artificiel :

2.3. Les différents laits :

2.3.2 Les laits spéciaux utilisés à des fins médicales :

Les laits épaissis :

Ces laits contiennent :

- soit de l’amidon de maïs ou de riz, de tapioca ou de pomme de terre dont l’action épaississante a lieu au contact de l’acidité gastrique (Guigoz expert AR, Nidal AR, Novalac AR, Physiolac AR)

- soit de la caroube qui épaissit le lait d’emblée (Gallia AR, Picot AR) - soit les deux réunis (Modilac Expert AR, Novalac AR Digest)

59 La majorité de ces laits portent la mention « AR » et sont indiqués dans le reflux gastro-oesophagien du nourrisson et sont exclusivement vendus en pharmacie. Ceux à la caroube, sont indiqués chez les nourrissons ayant des problèmes de déglutition car ils épaississent en dehors de l’estomac. Les autres laits ayant pour appellation « confort » ou « épaissi » sont également pré-épaissis mais ne contiennent jamais de caroube et sont vendus en grande surface (Guigoz formule épaissie, Galliagest, Picot épailis, etc.).

Les laits pauvres en lactose :

Ce sont des laits contenant des protéines entières et dans lesquels le lactose est remplacé par de la dextrine maltose (Guigoz AD, Modilac expert SL, Novalac Diarinova, Picot SL). Leur composition et leur teneur énergétique sont par ailleurs identiques aux laits infantiles standards. Ces formules lactées sont préconisées en cas de diarrhée aiguë. Plus précisément, le Comité de nutrition de la Société française de pédiatrie (SFP) recommande depuis 2002, au cours des gastroentérites aiguës, de prescrire d’emblée un lait sans lactose :

- pour les nourrissons âgés de 3 à 5 mois - contre les diarrhées sévères

- pour les enfants présentant un terrain fragile (prématuré, retard de croissance utérine, maladie chronique, maladie coeliaque).

Dans un second temps, un lait sans lactose est recommandé en cas de diarrhée persistant plus de cinq jours. La durée d’utilisation est préconisée pour 8 jours avec un retour au lait habituel sans période de transition. En remarque, comme il a déjà été vu, les laits appauvris en lactose seraient mieux tolérés en cas de coliques, mais leur intérêt n’est pas démontré, il n’y a donc pas d’indication à prescrire un lait dit « sans lactose » à un nourrisson présentant des coliques.

60 Les laits hypoallergéniques ou HA :

Il s’agit de lait contenant des protéines partiellement hydrolysées (Guigoz expert HA, Nidal Excel HA, Gallia HA, Modilac expert HA, Novalac HA, Picot HA, etc.) Pour les autres nutriments, leur composition est identique aux autres laits

infantiles. Ces laits HA n’ont pas d’indication chez les enfants présentant une allergie aux protéines de lait de vache (ALPV).

Leur seule indication est l’existence d’un terrain atopique familial, c’est-à-dire de manifestations allergiques chez au moins l’un des deux parents ou l’un des membres de la fratrie. Une étude a montré que chez des nouveau-nés à risque, non allaités, leur prescription au cours des quatre premiers mois de vie entraîne à l’âge de 3 ans, une diminution du risque de dermatite atopique de 40%. Les laits HA n’ont pas tous la même efficacité, seuls les laits ayant fait l’objet de travaux sérieux doivent être prescrits. C’est le cas des laits Guigoz et Nidal HA. Par contre, concernant les laits de suite HA, aucune étude n’a prouvé l’efficacité de ces laits après la diversification, puisque c’est une période à laquelle le nourrisson va consommer des protéines de lait de vache (PLV) entières ; leur intérêt est donc peu probable.

Les hydrolysats poussés de protéines de lait de vache :

Ces préparations infantiles sont indiquées en cas d’ALPV. Celle-ci est définie par la survenue de manifestations allergiques (cutanées, digestive, respiratoires, etc.) dues à une réponse immunologique anormale après la prise des PLV. En cas de suspicion d’ALPV, les recommandations actuelles du comité de nutrition de la SFP sont :

- si les manifestations surviennent au cours du sevrage, la meilleure option est la reprise si possible de l’allaitement maternel exclusif,

- si l’enfant n’est pas ou plus allaité, le premier choix est une préparation à base d’hydrolysat extensif de PLV (Nutramigen LGG, Allernova, Picot pepti-junior).

61 En cas d’échec de l’hydrolysat extensif, une préparation d’acides aminés est justifiée. Les seuls produits dont l’efficacité a été prouvé, à la fois sur le plan allergologique et nutritionnel sont : Neocate et Nutramigen AA.

Ces derniers peuvent être prescrits en première intention dans certains cas (anaphylaxie, retard de croissance sévère, colite hémorragique).

Enfin, en dehors de l’ALPV, ces hydrolysats poussés de protéines de lait de vache sont également utilisés pour la réalimentation des enfants de moins de 3 mois ayant une diarrhée aiguë et dans certaines pathologies digestives. Ceux-ci doivent être également être prescrits lorsqu’un biberon est nécessaire de façon transitoire chez un enfant exclusivement allaité au sein.

Les substituts végétaux à différencier des jus « végétaux » :

Il est important de rappeler que la composition de ces substituts végétaux répond à la réglementation européenne. Ces préparations sont à différencier des jus végétaux souvent improprement appelés « laits », vendus sur Internet ou dans des magasins spécialisés. En effet, leur composition nutritionnelle est inadaptée pour les nourrissons et les expose à un risque de carences nutritionnelles graves.

à Les préparations infantiles à base de soja peuvent contenir des quantités élevées d’isoflavones (phyto-oestrogènes apportés par l’alimentation humaine : génistéine et daidzéine). Chez l’adulte, l’intérêt des isoflavones est retenu dans la prévention des maladies cardiovasculaires, du cancer du sein et discuté dans le traitement de l’ostéoporose et les troubles de la ménopause. Chez l’enfant, les études manquent pour apprécier les conséquences à long terme de l’administration précoce et prolongée, de quantités élevées d’isoflavones, sur la croissance, la puberté et la fertilité.

Par manque de certitudes, concernant les effets à long terme d’ingestion de quantités importantes d’isoflavones chez le nourrisson, les indications sont donc restreintes. En effet, ces laits sont conseillés, dans la réalimentation de certaines diarrhées

62 sévères du grand enfant ou en deuxième intention, dans l’allergie aux protéines de lait de vache, après essai d’un hydrolysat poussé de protéines et après 6 mois.

Mais en 2005, l’AFSSA recommande de ne pas utiliser ces préparations pour la tranche d’âge de la naissance à 3 ans, si ces préparations à base de soja n’étaient pas à teneur réduite en isoflavones. De plus, le comité de nutrition de la SFP et de l’ESPGHAN déconseillent leur consommation dans le cadre de la prévention d’une allergie ou du traitement d’une allergie aux protéines de lait de vache à cause de leur teneur en phytate, aluminium et phyto-oestrogènes. Aujourd’hui, lors d’allergie avérée aux protéines de lait de vache, il faut s’orienter vers les hydrolysats poussés de protéines de lait de vache ou si une intolérance au lactose vers des laits appauvris en lactose. (Comité de Nutrition de la Société Française de Pédiatrie et al. 2006)

Parmi mes recherches sur les laits à base de protéines de soja, les plus cités sont : Gallia soja, Modilac expert soja et Nutricia soja. Or en approfondissant mes recherches, il s’avère que ces laits ont été supprimés du marché, par ces différents laboratoires, du fait d’une baisse considérable de consommation, sans doute influencée par ces recommandations. Il existe encore, parmi ces laits, le Modilac soja 2ème âge mais qui tend sans doute à disparaître également. Afin, de répondre aux demandes de parents ayant une aversion pour les produits d’origine animale, il y a les préparations à base de protéines de riz.

à Les préparations infantiles à base de riz (Modilac Riz, Picot Riz et Novalac Riz) offrent une alternative aux hydrolysats d’origine animale, en cas d’allergie aux PLV. Leur administration est reconnue dans cette indication. Ou bien, en cas d’aversion aux protéines de lait de vache chez certains parents.

Le laboratoire Sodilac (Modilac) a participé à l’élaboration d’une étude concernant l’efficacité sur la croissance et la tolérance d’une préparation pour nourrissons à base de protéines de riz hydrolysées (HPR). L’étude a été réalisée sur 78 nourrissons sains, nés à terme, âgés de moins d’un mois et recevant exclusivement cette préparation jusqu’à la diversification alimentaire. Le critère principal d’évaluation était le gain

de poids quotidien moyen pendant la durée de l’étude. Les données concernant la tolérance (troubles digestifs, manifestations allergiques) ont été recueillies à l’inclusion, à 2 et 4 mois et avant la diversification

63 entre 4 et 6 mois. Et ces paramètres ont été comparés aux standards de l’OMS par le calcul de Z-score. Les résultats ont été favorables et proches des standards de l’OMS, que ce soit le gain de poids ou la tolérance (Girardet et al. 2013). Une autre étude montre que ces préparations à base de protéines de riz, présentent l’avantage d’être mieux tolérées, grâce à son odeur et son goût par rapport aux autres hydrolysats (goût acide), ils peuvent donc être une alternative si l’enfant n’accepte pas ces derniers (Reche et al. 2010)

Bien qu’il soit prouvé une innocuité de ces laits à base de protéines de riz, ils arrivent en seconde intention, par rapport aux hydrolysats poussés de protéines de lait de vache.

2.3.3 Les laits spéciaux pouvant avoir un rôle dans la prévention de certaines