Chapitre III : théorie du genre et changement social
II- La femme et changement sociale
1- Les instruments d’émancipation de la femme
Après avoir prouvé son courage et sa résistance, par sa participation dans les champs de batail à coté de l’homme à la guerre de libération, la femme algérienne a pu changer et affirmer son statut au sein de sa famille et sortir de son isolement social, plusieurs facteurs ont contribué à cela :
1-1- La scolarité féminine :
Bien avant l’indépendance, les fillettes algériennes, n’avaient pas le droit de fréquenter les écoles, et la minorité scolarisée n’avaient pas eu de chance de continuer ses études, car dès qu’elles atteignent l’âge de puberté, le père arrête leur scolarisation ; mais après l’indépendance, la politique de scolarisation a pour effet de permettre un égale accès des enfants a l’instruction quelque soit leurs sexe et leur classe d’origine, ainsi la scolarisation représente un élément très actifs qui a
88 Amel BLIDI, théorie du genre : le gender à l’assaut de l’Algérie [en ligne], disponible sur http://www.lelibrepenseur.org/theorie-du-genre-le-gender-a-lassaut-de-lalgerie/ [page consulté le 23 juin 2018].
89 Omer-houseaux FREDERIQUE, idées économique et social : travail et genre, réseau canopé, 2008, p.4.
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contribué au changement des comportements des gens vis-à-vis des femmes, d’ailleurs en Algérie la scolarisation à des répercutions aussi profondes, c’est qu’elle modifie non seulement le comportement des personnes qui ont reçu un instrument mais les attitudes des autres envers elle : « La scolarisation à permis à la femme de dépasser les limites de son vécu quotidien au foyer et sortir de son isolement social en affrontant concrètement et correctement la vie publique avec l’établissement d’une relation avec le réel ».90
Il y avait plusieurs facteurs qui ont permis la croissance de la scolarisation en Algérie comme la participation de la femme dans la guerre de libération et aussi l’éclatement de la cellule familiale puisque on était dans un monde organisé autour de la production agricole où ce n’était pas obligé pour l’homme ni pour la femme d’être scolariser avec niveau, et avec le changement de la société et l’exode rural vers les villes afin d’améliorer la situation des familles surtout après la guerre cela permet l’émergence d’une nouvelle vision et mentalité vis-à-vis de la scolarisation des filles où les familles envoient leurs filles à l’école et les encourager à avancer dans leurs études, il y avait des femmes qui ont réussi leurs vie sociale, donc un statut dans la société.91 ; De ce fait, la scolarisation a bien aidé la femme à être consciente de ses droits et de sa position entant qu’acteur socio-économique à part entière et à s’imposer au sein de sa famille et dans la société.
On entend par l’émancipation scolaire une acquisition d’un diplôme qui permet aux femmes algériennes de changer d’attitude traditionnelle et de se libérer des contraintes familiales, qui veut dire qu’il est « un instrument de classement dans las mesure ou il hiérarchise les individus en fonction de leurs acquis, il est un instrument d’objectivation du capital culturel accumulé ».92
L’image constitue à l’égard des femmes Algériennes de l’indépendance n’est pas identique à celle d’aujourd’hui. A partir des années quatre-vingt, le pays a connu un changement important, on constate durant cette période une entrée massive des femmes au marché du travail. Plus précisément de 1975 à 1998, on enregistre une hausse de la population active de quatre millions de femmes.93 Ce résultat est du à une élévation de la dote scolaire.
Martine SEGALEN dans son ouvrage, attribut à la dote scolaire une signification qui convient au niveau du diplôme acquis, elle dit que le diplôme des jeunes filles est un gain, le niveau
90 Souad KHODJA, A comme algérienne, Op.cit, p.91.
91 Ibid., p.92-93.
92 Jean GUICHARD, et Michel HUTEAU, Orientation et insertion professionnelle 75 concept clés, [s.l] : Francis Lefebvre, 2007, p.143.
93 Françoise BATTAGLIOLA, Françoise BATTAGLIOLA, Histoire de travail des femmes, Paris, édition La découverte, 2004, p.91.
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socioprofessionnel de leurs parents n’est plus leur référence, mais leur position sociale se réfère à leur propre valeur ajoutée.94
Donc « la scolarisation à pour les femmes, des implications qui vont bien au de-là de l’univers professionnel : pour les femmes salariées, le statut professionnel ne dépend plus de statut d’épouse. Professionnellement, les femmes salariées ne sont plus « femme (de commerçant, artisan, agriculteur) ».95
Comme le dit Margaret MARUANI « l’équation « travail=salariat » devient dominante aujourd’hui. Cette donnée contribue à transformer le statut de l’emploi féminin dans la société ».96
1-2- L’accès des femmes aux marchés de travail :
Suite aux changements qu’a connus la société algérienne après l’indépendance, tel que l’urbanisation, la croissance démographique et économique, les femmes algériennes avaient entamé le chemin du travail salarié ou on trouve le nombre des femmes occupées a pris une évolution remarquable. Et d’après BOENNOUNE cette évolution « est le résultat de l’instruction des femmes, l’urbanisation et le processus de développement ».97
Le statut de la femme au sein de la famille est un élément important de l’évolution des structures familiales. Sa présence à l’intérieur et à l’extérieur du foyer conditionne le fonctionnement même de la famille98 ; son statut de femme salaire exerçant un métier dans le monde du travail donne une tout autre image de sa responsabilité familiale que le statut de femme au foyer.
« La participation de la femme au marché du travail ne cesse de s’accroitre. Leur développement personnel repose sur la formation et l’évolution de leur identité dont la dimension relation elle est de plus en plus reconnue comme un concept central ».99
Face à ce changement social et économique, les femmes exercent diverses activités salariées, on les trouve dans l’administration, et l’éducation, et même dans la police, ainsi de suite, malgré la tradition en lui interdit l’exercice d’une activité rémunérée, al communauté la reconnait.
94 Martine SEGALEN, Sociologie de la famille, Paris, Armand colin, 2000, p.128.
95 Bruno FLACHER, Travail et intégration sociale, Rosny-sous-Bois : Bréal, 2 édition, 2008, p.121.
96 Margaret MARUANI, Sociologie de l’emploi, Paris, la découverte, 2004, p.95.
97 Mahfoud BENNOUNE, Les algériennes victimes d’une société néo patriarcale, Algérie, Marinnor, 1ère édition, 1999, p.86.
98 Mostefa BOUTEFNOUCHET, la famille algérienne : évolution et caractéristiques récentes, Alger, SNED, 1982, p.218-219.
99 Bernard GANGLOFF, Les compétences professionnelles : descriptif, mesure et développement, Paris, édition l’Harmattan, 2000, p.19.
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Le travail de la femme a probablement modifié la famille moderne et a eu de nombreuses conséquences sur l’éducation des enfants. Notons toute fois qu’elles sont pour l’essentiel tout autant positives.100 En effet, le travail à permis aux femmes d’accorder une important capitale à la famille et aux enfants ; d’occuper un rôle social qui leur permettre de partager le pouvoir gouvernementale sur la domesticité, et qui leur donne en retour une consistance et une reconnaissance importante vis-à-vis de leurs enfants, il assure tant que le couple dure, une protection en cas de chômage masculin, et surtout il constitue une des modalités de la mobilisation familiale pour la réussite enfants.101
A l’égard de cette nouvelle condition des femmes marquée par leurs accès au travail rémunéré, ce dernier est devenu une nécessité pour qu’elles puissent satisfaire leurs besoins économiques, en aidant financièrement leurs parents ou leurs maris, et concrétiser l’image qu’elles voulaient avoir d’un agent libre qui participe à une activité sociale.
Donc la femme algérienne dans sa famille était pendant longtemps cachée derrière son père, son frère ou bien son époux, sa place était donc effacée, mais avec son accès au travail, la famille est affrontée à l’absence de la femme dans la maison pour exercer un métier.102
Finalement, l’évolution du statut de la femme algérienne fréquentation du monde extérieur par la scolarisation et le travail salarié est la conséquence directe du changement social introduit dans la société algérienne.