• Aucun résultat trouvé

Section 2 : Le marketing culturel

2. Les institutions culturelles

2. 1. La notion et la place des institutions culturelles

La notion d’institution culturelle peut être considérée de façon étroite ou large. Dans le premier cas, elle représente essentiellement les établissements et les entreprises de production et de diffusion consacrés aux arts d’interprétation (théâtre, musique, danse, opéra, etc.) et arts visuels (musées, galeries d’art, etc.), aux bibliothèques et au patrimoine. Dans une vision élargie, elle peut inclure les industries culturelles (film, disque, spectacles de variétés, édition, métiers d’art, etc.) et les médias (radio, télévision, journaux, périodiques, etc.) (Colbert, 2000).

Les institutions culturelles occupent une place importante dans notre société. Elles reflètent notre identité culturelle tant par le contenu des oeuvres qu’elles proposent (valeur, sujet, tabous) que par les formes qu’elles utilisent (technologie), l’intensité de leur présence (nombre de théâtres dans une ville) ou encore les modes de consommation qu’elles indiquent.

2. 2. La mission des institutions culturelles par rapport au produit

Dans toute institution culturelle, l’artiste joue un rôle central. En effet, tout produit culturel repose sur cette main-d’oeuvre extrêmement spécialisée. De plus, un acte de création artistique est souvent indépendant des institutions culturelles dans certaines disciplines telles que les arts visuels ou la littérature. Et, si les produits sont considérablement différents d’une discipline à l’autre, les institutions culturelles jouent aussi des rôles très différents par rapport au produit : elles peuvent le concevoir, le produire, le reproduire, le diffuser ou le conserver. Selon la mission particulière qu’elle s’est donnée, l’institution culturelle se chargera d’une seule ou de plusieurs de ces fonctions. Toutes les combinaisons sont possibles, mais c’est la mission de l’institution culturelle qui conditionnera le nombre de fonctions prises en charge. Par exemple, dans les arts visuels, les centres d’exposition se limitent à diffuser des oeuvres, alors que les musées ont aussi le mandat d’en conserver (Colbert, 2000).

2. 3. Distinction des institutions culturelles

Les institutions culturelles varient considérablement suivant la taille et la structure, la discipline en cause et les fonctions exercées. Nous avons donc choisi de les différencier pour ensuite les regrouper en fonction de certaines caractéristiques.

Figure 3 : Les critères de distinction entre les institutions du secteur des arts et celles des industries culturelles

Production d’un prototype

4 1 Optique du marché 3 2 Optique du produit Reproduction du prototype

Source : Adaptation de Colbert (2000), Le Marketing des Arts et de la Culture, Gaëtan Morin Éditeur Itée, p. 5

Selon Colbert (2000), le premier critère de distinction concerne l’orientation de la mission de l’institution, placée sur un continuum dont les deux extrémités sont constituées par l’optique du produit et l’optique du marché. Une institution orientée vers le produit - on dit aussi « centrée sur le produit » - place au coeur de ses préoccupations le produit pour lequel elle existe : par exemple, une musique de chambre, un festival de théâtre pour enfants, un musée d’art contemporain, etc. A l’autre extrémité du continuum, on situera l’institution orientée vers le marché - on dit aussi « centrée sur le marché » - , puisqu’elle place au coeur de ses préoccupations le marché qui la fait vivre. Les deux rôles constituent évidemment des extrêmes, et l’intervalle entre les deux permet une vaste gamme de nuances.

Le deuxième critère de distinction concerne la façon de produire les oeuvres. La production d’une oeuvre artistique présente une analogie avec celle d’un prototype, aucune recette ou aucun mode d’emploi ne venant garantir les résultats : par exemple, un spectacle, un tableau, une sculpture, etc. Par contre, dans certaines disciplines et pour certains types de produits, le prototype est destiné à être reproduit en série de manière à pouvoir se retrouver en plusieurs exemplaires à la fois : par exemple, le disque, le film, le livre, etc. Ce critère permet de distinguer, d’une part, les produits uniques, qui ne sont pas destinés à la reproduction (industrie du prototype), et, d’autre part, les produits qui sont fabriqués en série à partir d’un prototype et qui existent en plusieurs exemplaires simultanément (Colbert, 2000).

Si on combine ces deux critères de distinction, comme dans la figure antérieure, il devient plus simple de différencier les industries culturelles des institutions du secteur des

arts. Dans le quadrant 1 de cette figure sont regroupées les institutions centrées sur le produit et dont la raison d’être concerne des produits uniques (prototypes). L’ensemble de ces institutions constitue ce qu’on appelle « le secteur des arts » et ces institutions sont généralement sans but lucratif.

A l’opposé, dans le quadrant 3, se trouvent les institutions qui sont centrées sur le marché et ont pour objet un produit qui existe en plusieurs exemplaires. Ces institutions sont clairement à but lucratif, et c’est d’ailleurs là qu’on trouve la plupart des industries culturelles.

Les quadrants 2 et 4 regroupent les cas mixtes. Dans le quadrant 4, par exemple, on trouve les productions de type Broadway telles que Les misérables ou Le fantôme de l’opéra. Ces institutions, tout en produisant des oeuvres uniques à la manière d’un prototype, sont d’abord et avant tout centrées sur le marché ; on les désignera d’ailleurs comme des « industries culturelles ». A l’opposé, dans le quadrant 2, on trouve l’institution qui est centrée sur le produit mais qui produit une oeuvre en plusieurs exemplaires. On pense, par exemple, à une maison d’édition sans but lucratif qui publie un recueil de poésie. Une telle institution, tout en étant considérée comme une industrie culturelle, se trouve souvent davantage apparentée au secteur des arts.