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Chapitre 1 : Cadre théorique de l’étude

IV. Développement des hypothèses explicatives

4.3 Les hypothèses

L’hypothèse générale de notre étude suppose que les mutations sociodémographiques, socioéconomiques et socioculturelles (l’augmentation de la longévité, la fréquence du divorce, la rareté du remariage, l’urbanisation, la modernisation, la migration, la pauvreté, la mortalité due au VIH/SIDA) remettraient en question le modèle traditionnel de cohabitation intergénérationnelle. Dans le système traditionnel, la personne âgée bénéficie en tout temps de la présence à ses côtés (dans le même ménage ou dans le voisinage) d’un conjoint ou d’un jeune adulte qui n’est pas nécessairement son enfant biologique. Parallèlement à son rôle de gardienne de la tradition, la personne âgée assure la garde et l’éducation des enfants, l’initiation des jeunes à certains rites, la gestion des conflits et de la production familiale.

1 Les hypotheses formulées ici le sont aussi bien pour le fait de vivre en l’absence d’un jeune adulte en

general que pour ses composantes en particulier, à savoir le fait de vivre dans un ménage à generation Index familial

Proportion de polygames (en %)

Proportion des Haoussa (en %)

Sexe, âge, statut matrimonial, statut migratoire, milieu de résidence,

région de résidence, ethnie

Niveau de vie du ménage, Statut d’occupation du

logement

Vivre dans un ménage en l’absence d’un jeune adulte et Vivre dans un

ménage à génération coupée Proportion despauvres

(en %), Urbaine (variable dichotomique)

De manière plus spécifique, on suppose que la propension pour une personne âgée à vivre dans un ménage en l’absence d’un jeune adulte varie selon le sexe et le milieu de résidence. Puis, au niveau de chaque sexe ou milieu de résidence, elle est fonction du statut matrimonial, de l’âge, du statut migratoire, du niveau d’instruction, du statut socioprofessionnel, de la région de résidence, de l’ethnie et de bien d’autres caractéristiques de la personne âgée et/ou de son environnement (Hermalin, 2002b ; Knodel et Ofstedal, 2002 ; United Nations, 2005).

Pour atteindre notre objectif, nous faisons les hypothèses spécifiques suivantes : Hypothèse 1 : la personne âgée de sexe féminin aurait plus de chances que celle du sexe masculin de vivre en l’absence d’un jeune adulte, quel que soit le milieu de résidence. En effet, au Niger, l’homme âgé aurait de meilleures conditions pour cohabiter avec un adulte à cause de son statut de chef de ménage ou de famille, de l’écart d’âge entre conjoints, de la pratique de la polygamie et du chômage chez les jeunes ;

Hypothèse 2 : la personne âgée vivant en milieu rural aurait plus de chances de vivre en l’absence d’un jeune adulte que celle du milieu urbain, quel que soit le sexe. En effet, à cause de la pauvreté, des problèmes de logement et de la montée du chômage chez les jeunes en milieu urbain, ces derniers auraient tendance à rester plus longtemps chez les parents âgés en attendant un éventuel emploi (pour les hommes) ou mariage2 (pour les filles) qui vont les faire sortir de la maison familiale. Par contre, en milieu rural, l’exode rural des jeunes et la facilité d’accès au logement familial font que la personne âgée a plus de chances de se retrouver avec des petits enfants en l’absence des jeunes adultes.

Hypothèse 3 : les effets des caractéristiques sociodémographiques (statut matrimonial), socioéconomiques (niveau de vie du ménage) et socioculturelles (ethnie) sur la propension à vivre en l’absence d’un jeune adulte varient selon le sexe et le milieu de résidence de la personne âgée. Nous présumons ainsi que, quels que soient le sexe et le milieu de résidence :

2 Au Niger et dans plusieurs sociétés sahéliennes et musulmanes, une fille ne quitte pas la famille sauf en

cas de marriage ou des études loin des parents. Par contre, la tendance est au maintien du garçon dans la concession familiale même après son marriage, si les conditions de logement le permettent.

- une personne âgée non mariée (veuve, divorcée ou célibataire) a plus de chances de vivre en l’absence d’un jeune adulte ou dans un ménage à génération coupée que celle qui est mariée ;

- la personne âgée vivant dans un ménage pauvre a plus de chances de vivre en l’absence d’un jeune adulte ou dans un ménage à génération coupée que celle qui vit dans un ménage relativement plus aisé ;

- les personnes âgées d’ethnies différentes n’ont pas la même propension à vivre en l’absence d’un jeune adulte au Niger. En effet, à cause des différences culturelles ou de modes de vie, chaque groupe ethnique possède un mode de pensée et des pratiques qui lui sont spécifiques pour chaque aspect de la vie des personnes âgées et qui déterminent le système de cohabitation intergénérationnelle. Nous présumons, plus particulièrement, l’existence de différences significatives entre les Haoussa (ethnie majoritaire) et les autres groupes ethniques (Djerma, Kanuri, Peulh et Touareg).

Au niveau contextuel, nous supposons qu’il existe une certaine dynamique au sein des différentes entités géographiques (les communes) qui va au-delà des caractéristiques individuelles pour influencer l’absence de jeunes adultes dans les ménages où vivent les personnes âgées au Niger.

De manière spécifique, nous supposons que :

Hypothèse 4 : Les différences selon les caractéristiques individuelles et communautaires3 expliqueraient celles observées dans la propension à vivre dans un ménage en l’absence d’un jeune adulte ;

Hypothèse 5 : Les variations individuelles de la propension à vivre dans un ménage en l’absence d’un jeune adulte seraient fonction des caractéristiques démographiques, socioéconomiques et culturelles de la communauté d’appartenance de la personne âgée. Nous présumons ainsi que la prise en compte des effets contextuels influencerait les effets des caractéristiques individuelles des personnes âgées ;

Hypothèse 6 : les personnes âgées vivant dans les communes rurales ont plus de chances de vivre en l’absence d’un jeune adulte que celles vivant dans les communes urbaines ;

Hypothèse 7 : il existe une différence significative entre les personnes âgées vivant dans des communes où les Haoussa sont majoritaires et celles vivant dans des communes où ce n’est pas le cas ;

Hypothèse 8 : les chances de vivre en l’absence d’un jeune adulte sont plus élevées chez les personnes âgées des communes à faible index familial (nombre d’adultes disponibles pour une personne âgée) ;

Hypothèse 9 : les chances de vivre en l’absence d’un jeune adulte sont plus grandes chez les personnes âgées des communes à forte proportion de personnes vivant dans des ménages pauvres ;

Hypothèse 10 : Nous supposons enfin, que les effets communautaires interagissent avec les effets individuels pour influencer le risque de vivre dans un ménage en l’absence d’un jeune adulte chez la personne âgée. Plus précisément, nous présumons que le sexe d’une personne âgée interagit avec son milieu de résidence pour influencer sa propension à vivre en l’absence d’un jeune adulte.

V. Méthodologie