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Chapitre 2 : Quelles données pour les études comparatives sur les personnes âgées en

II. Les sources de données sociodémographiques sur les personnes âgées en Afrique

2.2 Les enquêtes par sondage

Elles ont été développées, le plus souvent, à cause de la lourdeur des recensements, de l’impossibilité des pays pauvres à réaliser les recensements de manière fréquente et du fait que ces derniers ne permettent pas de traiter de manière plus approfondie certains thèmes tels que la fécondité, la mortalité, la migration, l’activité

économique et ne couvrent pas d’autres tels que la planification familiale, la santé, la consommation des ménages, le VIH/SIDA, etc. Les tableaux 1, 2 et 3 montrent la diversité des thèmes sur les personnes âgées couverts par les enquêtes et que l’on ne peut pas traiter avec les recensements. La pertinence des enquêtes par sondage pour les études comparatives repose sur des informations ciblées relatives aux membres du ménage, des échantillons représentatifs, une méthodologie et un questionnaire standard pouvant être adaptés aux réalités locales et des dates de réalisation proches au sein de chaque phase (Zoughlami et Allsop, 1987 ; World Bank, 1994 et 1999 ; Banque Mondiale, 1996b ; Ayad et al., 1997 ; Bongaarts, 2001 ; Bongaarts et Zimmer, 2001 ; Livesley, 2002 ; Kakwani et Subbarao, 2005 ; United Nations, 2005 ; Zimmer et Dayton, 2005 ; Zimmer, 2009). Cependant, vu leurs objectifs, leurs populations cibles et les petites tailles de leurs échantillons, ces enquêtes seraient en majorité limitées quand il s’agit d’étudier des aspects relatifs aux personnes âgées.

Les enquêtes comparatives spécifiques aux personnes âgées : Il s’agit d’enquêtes dont la population cible est la population âgée d’un seul pays (pour une comparaison intra pays) ou de plusieurs pays à la fois (comparaison inter pays). Les tableaux 1, 2, et 3 montrent que ces enquêtes sont rares voire inexistantes en Afrique Subsaharienne. Pour l’heure, nous disposons de deux exemples seulement :

- une enquête intitulée Social Support Systems in Transition réalisée au début des années 1990 dans sept pays : Égypte, Zimbabwe, Singapour, Thaïlande, Inde, République de Corée et Brésil (Hashimoto, 1991) ;

- une recherche sociologique portant sur deux ethnies différentes de deux pays d’Afrique Subsaharienne : le Kenya et le Nigeria (Sangree, 1992).

Les enquêtes comparatives non spécifiques aux personnes âgées : Les enquêtes non spécifiques aux personnes âgées sont les plus fréquentes en Afrique Subsaharienne et peuvent être classées en trois grands groupes : les enquêtes sociodémographiques, les enquêtes sur les conditions de vie des ménages et les observatoires démographiques.

Les enquêtes sociodémographiques : Il s’agit principalement de l’Enquête Mondiale sur la Fécondité (EMF/WFS), les Enquêtes Démographiques et de Santé (EDS) conduites par Macro International Inc. et les Enquêtes par Grappes à Indicateurs Multiples (EGIM ou MICS en anglais) réalisées avec l’aide de l’UNICEF. Ces trois sources couvrent respectivement 10, 39 et 32 pays et sont au nombre de 10, 12510 et 51 en Afrique Subsaharienne (Tableau 4). Pour chaque membre de ménage, elles fournissent des informations sur le lien de parenté avec le chef de ménage, l’âge, le sexe, le statut matrimonial (sauf les EDS phase 2 et 3) et l’éducation (sauf les MICS). Ces enquêtes peuvent ainsi servir pour des études comparatives sur les personnes âgées comme le montrent les travaux réalisés à l’aide des EMF (De Vos, 1990) et des EDS (Bongaarts et Zimmer, 2001 ; United Nations, 2005 ; Zimmer et Dayton, 2005 ; Zimmer, 2009).

Les enquêtes sur les conditions de vie des ménages : Elles existent depuis le début des années 1980 à travers un programme dit d’Enquêtes Permanentes Auprès des Ménages (EPAM) mis en place par la Banque Mondiale (Grosh et Glewwe, 1995 ; Banque Mondiale, 1996a et 1996b ; Madagascar, 1997). Il s’agit des Living Standards Measures Surveys (LSMS), des Enquêtes Budget-Consommation (EBC) et des Enquêtes Prioritaires (EP) réalisées respectivement dans 19, 27 et 28 pays d’Afrique Subsaharienne pour un effectif de 47, 38 et 57 (Tableau 4). Contrairement aux enquêtes purement démographiques, celles-ci fournissent des informations pertinentes sur les ménages (à savoir le revenu, les dépenses et la consommation) et sur tous leurs membres. Des études comparatives sont donc possibles comme l’illustrent les travaux de Deaton et Paxson (1991) sur la structure de la population âgée, ceux de Deaton et Paxson (1997) sur la pauvreté des enfants et des personnes âgées et ceux de Barrientos et al. (2003) puis Kakwani et Subbarao (2005) sur les impacts de la pauvreté chez les personnes âgées dans divers pays.

Les Sites de Surveillance Démographique (SSD) ou Observatoires de

Populations : Il faut préciser que ces sites font pratiquement partie de différents réseaux. Ainsi 29 sites (dans 13 pays) appartiennent au réseau INDEPTH (International Network for Demographic Surveillance of Populations and their Health in Developing Countries) qui fait la recherche sur la santé en général et la mortalité et ses causes, le paludisme et les maladies respiratoires en particulier (CRDI, 2003). On compte 15 sites appartenant au réseau des Observatoires Ruraux (ROR) de Madagascar, trois à celui des Observatoires du Changement Social (OCS) du Cameroun et un observatoire de la pauvreté en Côte d’Ivoire qui se penchent tous sur la pauvreté (Droy et al., 2000 ; Dubois et Droy, 2001). Chaque SSD se caractérise par des objectifs spécifiques, la taille et la composition ethnique de la population couverte, la fréquence et l’intervalle spécifique entre les visites aux ménages enregistrés (Dubois et Droy, 2001 ; CRDI, 2003). Le point commun à tous ces sites est le caractère longitudinal et quasi-qualitatif des observations en milieu rural ainsi que les caractéristiques sociodémographiques des membres des ménages que sont l’âge, le sexe, le statut matrimonial, l’éducation, le statut migratoire et le lien avec le chef de ménage. Par conséquent des études comparatives sont possibles sur ces caractéristiques des personnes âgées. Les SSD fournissent des données longitudinales (quantitatives et qualitatives) localisées et complètes, plus légères et plus proches de la réalité sur certains phénomènes (Droy et al., 2000 ; Dubois et Droy, 2001 ; CRDI, 2003 ; Townsend et al., 2006). Ils couvrent 48 localités réparties dans 16 pays d’Afrique Subsaharienne (Tableau 4). Mais les comparaisons se limiteront, au mieux, entre les SSD d’un même pays, car, un des obstacles à la comparaison entre pays est la non représentativité des populations couvertes par les sites au niveau national. (Dubois et Droy, 2001 ; CRDI, 2003 ; Townsend et al., 2006). La mise en réseau des SSD a pour principal objectif d’augmenter le niveau de représentativité nationale et de favoriser ainsi des comparaisons internationales.

Autres sources de données : Outre les opérations de portée internationale, il existe des enquêtes sous-régionales ou locales moins connues du grand public, sauf bien sûr

dans leurs domaines respectifs. C’est le cas des enquêtes du Réseau de Migrations et Urbanisation en Afrique de l’Ouest (REMUAO) réalisées dans huit pays d’Afrique de l’Ouest (Zanou et al., 1999 ; Traoré, 2003). Les enquêtes du REMUAO fournissent des informations démographiques et socioéconomiques sur les personnes âgées comparables entre les différents pays. Au niveau local, on peut noter diverses enquêtes réalisées dans le cadre du VIH/SIDA, de la pauvreté et de la malnutrition par certains organismes internationaux tels que la Banque Mondiale, l’OMS, le HelpAge International, le Family Health International (FHI), la FAO, l’UNICEF et The Alan Guttmacher Institute. Ces enquêtes ne sont pas facilement comparables car elles sont souvent non représentatives au niveau national, poursuivent des objectifs très spécifiques et reposent sur des méthodologies différentes.