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Chapitre 2 : Quelles données pour les études comparatives sur les personnes âgées en

III. Les thèmes d’études comparatives possibles

3.7 La santé et la mortalité des personnes âgées

La santé est un point essentiel du bien-être de la personne âgée. Par conséquent, la mortalité et la morbidité des personnes âgées font partie des sujets les plus importants à analyser dans le but d’élaborer une politique sanitaire et de mettre en place des services de prise en charge adaptés dans les différents pays. Les travaux réalisés par Hill (2003), Timaeus et Jasseh (2004) et le CRDI (2003) sur l’Afrique Subsaharienne, montrent qu’il est possible de réaliser des études comparatives sur la mortalité par groupes d’âges avec les données des recensements et des observatoires démographiques en utilisant les méthodes indirectes d’estimation.

Les informations fournies par les enquêtes de la Banque Mondiale et les observatoires de population permettent d’expliquer certains comportements sanitaires tels que le recours aux soins ou les dépenses de santé dans la population âgée (Banque Mondiale, 1996b ; Madagascar, 1997 ; CRDI, 2003). Grâce à un suivi continu, les observatoires démographiques qui recueillent les données, permettent aussi d’étudier et de comparer la mortalité et la morbidité par causes chez les personnes âgées (CRDI, 2003). Enfin, s’ils sont bien tenus, les observatoires de population sont les seuls à pouvoir, à long terme, favoriser des études sur la transition de la santé et ses liens avec d’autres caractéristiques des personnes âgées.

Conclusion

Le plus grand défi d’une étude sur les personnes âgées en Afrique Subsaharienne est de trouver les données nécessaires pour répondre aux questions de recherche et pour effectuer des comparaisons. A un moment où les questions sur le vieillissement et les

partie à cause des conséquences de la mortalité due au VIH/SIDA), des comparaisons sont nécessaires pour connaître la géographie de certains phénomènes. Comme pour tout nouveau champ d’étude, celui sur les conditions de vie des personnes âgées est confronté au manque de données empiriques de premières mains. Pour palier ce manque, certains chercheurs se basent sur des enquêtes qualitatives à faible portée, tandis que d’autres utilisent les données quantitatives déjà existantes. De par leur structure, les données qualitatives sont assez limitées et ne donnent que des informations partielles sur le sujet. Les données quantitatives se sont multipliées ces dernières décennies et couvrent presque tous les pays d’Afrique Subsaharienne : les recensements, les enquêtes par sondages et les observatoires démographiques. Cependant leur utilisation est limitée par le manque d’intérêt pour le sujet et l’accès difficile à certaines sources.

La grande question est de savoir quelle est la meilleure source de données pour des analyses comparatives ? Difficile de répondre si on s’en tient au fait que toutes les sources de données sociodémographiques et économiques disponibles en Afrique Subsaharienne souffrent d’un mal commun qu’est l’écart entre la théorie (conceptualisation) et la pratique (le terrain) et qui affecte particulièrement la qualité des données produites. Une situation que Lohlé-Tart et François (1999 : 19) résument en précisant que «les constructions les plus subtiles sur la communication se heurtent

souvent sur le terrain à des obstacles rédhibitoires dus à la qualification du personnel, au temps ou au coût (toutes choses intimement liées…), mais aussi aux limites intrinsèques aux données : réponses impossibles, improbables ou imprécises, nécessité d’une accessible collaboration du public, etc.». L’exemple le plus édifiant est la

définition du concept de ménage qui, non seulement ne répond pas aux réalités contextuelles des sociétés africaines, mais aussi n’est pas la même d’une opération à l’autre (Van de Walle, 2006 ; Randall et al., 2008).

Le choix d’une source de données pour une étude comparative entre plusieurs pays doit être alors guidé beaucoup plus par la convivialité méthodologique, l’accessibilité et la taille de l’échantillon plutôt que la qualité. Ce sont effectivement les deux premiers critères qui ont facilité les travaux comparatifs déjà réalisés en Afrique Subsaharienne

(Kakwani et Subbarao, 2005 ; United Nations, 2005 ; Zimmer et Dayton, 2005 ; Zimmer, 2009). En effet, ces enquêtes sont réalisées sur des bases méthodologiques standardisées et leur accessibilité est plus facile que celle des recensements. Cependant ces sources de données sont limitées par la faiblesse des effectifs des personnes âgées dans leurs échantillons (Bongaarts et Zimmer, 2001) et parce qu’elles accordent plus d’importance aux informations sur leurs populations cibles qui sont généralement les enfants, les adolescents, les adultes ou les ménages, ignorant de fait une bonne partie des caractéristiques individuelles des personnes âgées. L’autre insuffisance de ces enquêtes, qui concerne aussi les recensements, c’est le fait qu’elles ne retracent pas l’histoire de vie des individus qui est essentielle dans l’explication du mode de vie des personnes âgées. C’est d’ailleurs sur ce dernier élément que les observatoires démographiques comportent un avantage relatif sur les autres sources de données. Mais leur grand problème est celui de la représentativité géographique nationale et donc de la comparabilité des résultats.

Au vu des forces et faiblesses de chaque source de données, il semble que le recensement soit la source la plus mieux indiquée pour servir d’études comparatives sur les personnes âgées en Afrique Subsaharienne. Il a l’avantage de fournir un effectif suffisamment grand de personnes âgées pour assurer une meilleure représentativité des résultats obtenus et soutenir les analyses approfondies sur les facteurs explicatifs de certains modes de vie (Martin, 1987 ; Apt, 1996 ; Noumbissi, 2002). Mais si l’on tient compte de l’accessibilité et de la composition du ménage, les enquêtes démographiques et de santé sont les plus indiquées. Par exemple, une étude sur la pauvreté se baserait sur les données d’enquêtes réalisées par la Banque Mondiale. Mais l’idéal pour réaliser une étude comparative sur les personnes âgées en Afrique Subsaharienne, c’est de réaliser une enquête sous-régionale de référence incluant leur cycle de vie.

Étude de cas : la vie dans un ménage à génération

coupée au Niger

Chapitre 3 : Déterminants individuels de la vie en