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LES GISEMENTS DE CORINDONS GEMMES DE MADAGASCAR

IV- 2.1-3 Les gisements associés aux basaltes alcalins

Le gisement de Morarano, près du village de Soamiakatra se situe à 35 km au sud du village d'Antanifotsy (Figures IV-3 et IV-4), qui fut la région pionnière de Madagascar pour l'exploitation du rubis et du saphir (Lacroix, 1922a). Ce gisement fait parti des premiers

Chapitre IV: Les gisements de corindon gemmes de Madagascar

gisements de rubis qui furent exploités dans la région du centre de Madagascar, en 1904, avec celui d'Ambahatra (Besairie, 1922). Jusqu'en 1997, le corindon était récupéré à la batée dans les alluvions et les sols. La prospection et la mécanisation ont permis de trouver et d'exploiter les gisements primaires. Actuellement, Morarano constitue le seul gisement primaire décrit dans la littérature internationale où le rubis est associé aux basaltes alcalins, plus particulièrement dans la partie sud du massif de l'Ankaratra, notamment dans la commune d'-

Figure IV-3: Carte de localisation des gisements des corindons associés aux basaltes alcalins du Centre de Madagascar. 1): habitat, 2) : courbe de niveau, 3) : rivière, 4) : route, 5) : saphir d'origine secondaire, 6) : rubis d'origine secondaire, 7) : rubis d'origine primaire.

Antsirabe II (Rakotosamizanany, 2006). Il s’agit d’un basalte fissural qui recoupe une formation khondalitique et migmatitique (Figure IV-4). Cette dernière alterne avec des séries de roches de nature différente, notamment des quartzites, des micaschistes et des gneiss à amphibole et grenat. Des filons d'amphibolites se rencontrent sous la forme de lentilles

Figure IV-4: Carte géologique synthétique de la région de Soamiakatra où sont reportées les différentes zones d'exploitation du rubis avec le gisement primaire de Soamiakatra. Coupe géologique de cette région suivant la section AB.

Les basaltes à corindons renferment de nombreuses enclaves notamment celles qui sont d’origine crustale (gneiss, migmatite) et celles d’origine mantellique (péridotite, pyroxénite, gabbro) et volcanique (phonolite, basalte). Le rubis est contenu dans des xénolithes (4 à 7 centimètres de diamètre) de pyroxénites et de métagabbros, très alumineuses et magnésiennes incluses dans des dykes de basaltes alcalins à olivine de l’Ankaratra

(Rakotosamizanany, 2003; Rakotosamizanany et al., 2005; Figure IV-5). 1) La pyroxénite est

composée de plagioclase (labrador, bytownite), de scapolite, de grenat (pyrope), de rubis, de clinopyroxène (diopside), d'orthopyroxène, et de quelques amphiboles. 2) Les métagabbros à rubis présente une texture rubanée soulignée par des zones sombres à grenat et des zones leucocrates richesen pyroxène, anorthite et plus ou moins de spinelle.

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Figure IV-5: Le gisement primaire de rubis de Soamiakatra dans la commune d'Antsirabe II. (A): Vue panoramique de la

mine de rubis de Soamiakatra en 2003. Le gisement de Morarano est contenu dans un dyke de basalte alcalin qui recoupe des khondalites, des gneiss à biotite et des quartzites (gn). La partie superficielle du basalte altéré par les eaux météoriques a été exploitée (sols blancs, S) et les parties dures du basalte s'observent dans la partie basse de la carrière (b).( B): Xénolithe à rubis inclus dans le basalte alcalin. Il s'agit d'une pyroxénite (py) à anorthite et clinopyroxène. Le rubis (r) mesure deux millimètres sur la photo. (C): Enclave de métagabbro altérée incluse dans le basalte alcalin. (D): Enclave à grenat (grt) et plagioclase (Pl) recoupé par le basalte alcalin (b). Le rubis se concentre à la bordure du contact entre l'enclave et le basalte. (E): xénocrital de rubis (r) inclus dans le basalte alcalin (b) où on peut observer un cristal d'olivine (ol). (F): Enclave de métagabbro à rubis (r) du basalte de Morarano.

Le rubis se rencontre dans les deux zones: (i) la zone leucocrate à rubis possède les assemblages minéralogiques suivants: plagioclase (bytownite-anorthite), clinopyroxène (diopside), spinelle (magnésien), sapphirine, calcite et très peu de grenat (pyrope); (ii) le

niveau mésocrate à rubis est composé de grenat (pyrope), de plagioclase (labrador-bytownite), de spinelle (magnésien), de scapolite, de clinopyroxène (wollastonite) et d'orthopyroxène.

D'autres gisements de rubis de type alluvionnaire, sont exploités dans la région d'Ampasika, aux environs du contact entre le massif volcanique de Vohitrakanga et de la formation métamorphique formée en grande partie par des khondalites (Figures IV-3 et 4). Les rubis sont exploités soit dans des rivières soit dans des rizières. Les villageois creusent un trou d'environ un mètre de profondeur, récupèrent les graviers et les sables pour ensuite laver le matériel à la rivière et trier les minéraux lourds et les rubis. Ces derniers sont de qualité gemme et leur couleur est souvent confondue avec celle des grenats associés aux fonds de batée. Ils sont accompagnés de grenat, de rutile, de graphite, de petits galets de basaltes et de quartz.

Les cristaux de rubis ont une taille variant du millimètre à deux centimètres et une couleur allant du rose au violet jusqu'au rouge. Les cristaux sont prismatiques et trapus, parfois arrondis. Les inclusions solides rencontrées dans les rubis sont la phlogopite, le rutile avec des exolutions d'ilménite, le zircon, l'albite, le diopside, le xénotime, le grenat et le spinelle chromifère (Rakotosamizanany et al., 2005; 2008).

IV-2.2 Les gisements métamorphiques

Les gisements de corindons métamorphiques se situent dans le domaine granulitique d'âge Précambrien du sud de Madagascar (Ralantoarison et al., 2006). Les terrains granulitiques sont divisés en quatre groupes lithostratigraphiques qui correspondent à la juxtaposition de blocs tectoniques de différents niveaux crustaux (Martelat et al., 2000). Le découpage tectonique est souligné par des zones de cisaillement majeures qui affectent la croûte continentale. La température du métamorphisme est d'environ 750°C dans tous les blocs mais la pression varie de 11 à 8 kbar à l'ouest, et de 5 à 3 kbar à l'est (Nicollet, 1990). Les gisements se rencontrent dans tous les blocs mais ceux à rubis sont plus fréquents à l'ouest dans l'unité du Vohibory où ils sont associés à des roches basiques et des anorthosites.

Les gisements de corindons sont généralement associés aux zones de cisaillement, lesquelles ont servi de drain pour la circulation des fluides et le développement d'importantes altérations métasomatiques. La nature des roches hôtes des corindons gemmes varient depuis des amphibolites et des anorthosites (gisements de Ejeda, Fotadrevo, Vohitany et Gogogogo),

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cordiéritites (Iankaroka et Ambatomena), des gneiss feldspathiques (Zazafotsy and Sahambano) jusqu'à des marbres et des cipolins (skarns d'Andranondambo). Les "sakénites" à corindons décrites par Lacroix (1941) sont des roches métasomatiques feldspathiques (plagioclasites) qui forment des filons ou des ségrégations à corindon pierreux, spinelle, phlogopite et hibonite.