2. Approche conceptuelle 2.1. Les représentations sociales comme expressions des normes valeurs et 2.1.5. Les fonctions des représentations sociales Pour Jodelet, « nous avons toujours besoin de savoir à quoi nous en tenir avec le monde qui nous entoure. Il faut bien s’y ajuster, s’y conduire, le maîtriser physiquement et intellectuellement, identifier et résoudre les problèmes qu’il pose. C’est pourquoi nous fabriquons des représentations (…). Elles nous guident dans la façon de nommer et de définir ensemble les différents aspects de notre réalité de tous les jours, dans la façon de les interpréter, statuer sur eux et, le cas échéant, prendre une position à leurs égards et de la défendre » (Jodelet, p.47 et 99). On attribue donc plusieurs fonctions aux représentations sociales. Elles permettent en effet aux individus de comprendre la réalité sociale dont ils sont entourés, elles donnent également du sens à leurs actions et, dans le même temps, orientent ces mêmes actions. Elles aident les individus à définir leur identité et à marquer leur 32 appartenance à un groupe social. De ce fait, elles servent à réguler les relations entre les différents groupes sociaux. Ces fonctions, évoquées par Jodelet, correspondent à ce qu’avait énoncé Moscovici (1961, 1984) à travers le rôle des représentations sociales dans le traitement de nouvelles informations ou d’un environnement inconnu. Pour lui, les groupes ou les ensembles sociaux vont reconstruire leurs réalités en créant un cadre commun d’interprétation du monde. Ce cadre commun rend les individus capables de comprendre et d’expliquer les objets qui les entourent. De fait, ils seront capables d’appréhender et de contrôler les phénomènes ou les événements qui ont un impact sur leurs vies. Par exemple, si un nouvel objet social influence la vie quotidienne des individus comme ont pu le faire internet (De Rosa & Bocci, 2000), ou l’euro (Roland-Lévy, 2002, 2003), ce nouvel objet ou nouveau phénomène deviendra un objet de représentation sociale. Ce qui sous tend la mise en place des représentations sociale est selon Moscovici (1984, 2002) notre tendance à craindre les objets ou événement inconnus. Donner un nom ou une explication à ces objets nous permet alors d’être plus à l’aise en exerçant un potentiel contrôle sur eux. Comme nous l’avons vu précédemment, ce processus ne peut simplement être réduit à un niveau individuel. S’il y a bien des processus cognitifs individuels qui jouent un rôle important dans la formation des représentations sociales, il s’agit avant tout d’un processus social. Les individus partagent entre eux des informations à propos d’un nouveau phénomène vont conjointement essayer de trouver un consensus à propos de cet objet social. Nous pouvons ainsi dire, en reprenant Moscovici (1984), que la communication, que la 33 reconstruction de la réalité et que le contrôle de l’environnement forment des composants inhérents aux représentations sociales. Il nous faut également prendre deux autres aspects importants en considération. Premièrement les différents groupes, en fonction de leur histoire et de leur passé, sont animés par des systèmes de valeurs, des normes et des savoirs différents. Deuxièmement, les représentations sociales servent de guides pour l’action et les pratiques réelles. En d’autres termes elles nous donnent des indications voir des instructions sur la façon dont nous devons nous comporter dans certaines situations dans lesquelles il est utile de savoir ce qui peut être fait ou non à l’intérieur d’un groupe social donné. En résumé selon Moscovici (2002) le but principal de chaque représentation et l’appréhension d’un phénomène inconnu en vue de le rendre familier et explicable.Plus tard, Abric (1994), en continuateur de Moscovici proposera quatre types de fonctions caractéristiques des représentations sociales. Il s’agit de fonctions de savoir, de fonctions identitaires, de fonctions d’orientation et de fonctions de justification. La première fonction évoquée par Abric (1994) est la fonction de savoir. Elle concerne les informations qui aident les membres d’un groupe ou d’une société à acquérir puis à intégrer le savoir de façoncompréhensibles et cohérente au regard de leurs connaissances et de leur système de valeurs préexistants. Cette fonction facilite la communication entre les individus et leur permet de construire un cadre commun de référence. La seconde fonction concerne les aspects identitaires. Plus précisément, elle permet la construction d’une identité en définissant la spécificité de chaque groupe. Au-delà des fonctions cognitives, les individus et les groupes s’inscrivent dans des cadres de référence à 34 l’intérieur de champ plus larges, comme par exemple la société ou la culture, qui constitue l’identité sociale. Cette identité est liée aux normes et aux valeurs qui sont déterminées par le groupe lui-même et par son histoire. Cette fonction identitaire permet le contrôle du groupe sur ses membres. La troisième fonction évoquée par Abric (1994) est une fonction d’orientation. Il indique que l’interprétation de la réalité induit une base appropriée pour l’action. En d’autres termes il indique que les représentations guident les comportements. Ce guidage comporterait trois phases. Premièrement il détermine le but d’une situation, il génère un système d’anticipation puis enfin, il possède une nature prescriptive. Cette dernière dimension de la fonction d’orientation concerne la définition de ce qu’il est admis ou acceptable de faire dans un contexte social donné. La quatrième et dernière fonction des représentations selon Abric (1994) est la fonction de justification. Il entend par cette fonction qu’il serait possible de justifier les conduites a posteriori. Les individus pourraient ainsi expliquer et rationaliser leurs comportements dans le cadre d’une situation auprès de leur pairs ou d’autrui. 2.1.6. Une approche originale entre le niveau individuel et le niveau Dans le document L’impact des modèles normatifs sur la représentation sociale du cyclomoteur chez les adolescents : la transgression comme vecteur d’intégration (Page 32-35)