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Les dispositifs actuellement utilisées en cabinet dentaire

7. Diagnostic par réflectance infrarouge

7.2. Les dispositifs actuellement utilisées en cabinet dentaire

Le dispositif actuellement utilisé dans les cabinets dentaires est le Midwest Caries I.D® de la société Dentsply (Figure 70). La technologie Midwest Caries I.D fut introduite dans les cabinets dentaires en 2007, avec toutefois peu de publications préalables.

Le Midwest Caries I.D® ressemble à une sonde exploratrice. A son extrémité, la lumière est émise par des LED. La pointe du dispositif est mise en contact avec la dent et est utilisée comme une sonde pour examiner la surface de la dent. Pour détecter les caries, le Midwest Caries I.D® utilise des LED infrarouge et rouge, ainsi que qu’une fibre optique émettant une lumière verte, pour distribuer la lumière sur la surface de la dent. Le photodétecteur et ses fibres optiques de détection vont capter la lumière réfléchie par la surface de la dent afin d’obtenir la courbe de réflectance (Figure 71).

Figure 71: Pointe du dispositif Midwest Caries I.D

Le photodétecteur va transmettre les informations au microprocesseur qui compare les courbes de réflectance reçues avec les courbes de réflectance prédéfinies. Quand la surface analysée est saine, la lumière verte du dispositif reste allumée indiquant au praticien l’état sain de la zone. Lors d’une déminéralisation, le microprocesseur désactive la lumière verte pour laisser la place à une lumière rouge. Un fond sonore accompagne la lumière rouge. Ce fond sonore est un « bip » dont l’intensité et la fréquence sont proportionnelles à la déminéralisation. En envoyant un faisceau lumineux, le dispositif va mesurer la réflectance. En effet, le Midwest Caries I.D® est capable de mesurer et de quantifier les variations de réflectance infrarouge (Abrams, 2009).

Avant son utilisation, le Midwest Caries I.D® nécessite d’être calibré. Pour cela, la pointe de la sonde est apposée sur un référentiel en céramique fourni avec le dispositif. A la différence du Diagnodent®, le calibrage doit obligatoirement passer par ce référentiel externe et non pas par une surface saine de la dent. Ce calibrage permet de vérifier la puissance de la lumière infrarouge afin d’ajuster la quantité d’énergie envoyée à la surface de la dent. Cet

ajustement est nécessaire pour éviter toutes variations avec les courbes de réflectance enregistrées dans le microprocesseur du dispositif.

La dent doit aussi être préparée avant l’utilisation du dispositif. En effet, celle-ci doit préalablement être nettoyée pour éliminer toutes présences de débris alimentaire, de plaque et de tartre. Il a, en effet, été démontré que la présence de dépôts sur la dent pendant son analyse pouvait être source de résultats faux positifs (Abrams, 2009). Toutefois, à la différence du Diagnodent®, la dent n’a pas besoin d’être isolée de la salive. Il n’est donc pas nécessaire d’assécher la dent avant l’utilisation du dispositif.

Cependant, le Midwest Caries I.D® présente certaines limites. En effet, les dents pouvant faire l’objet d’un diagnostic sont uniquement les dents du secteur postérieur (prémolaire et molaire). La finesse de l’émail des dents antérieures ne permet pas au dispositif d’obtenir des courbes de réflectance exploitables. L’analyse est limitée à la face occlusale et aux faces proximales, si la voie d’abord est occlusale. Les faces vestibulaires et linguales ne peuvent être analysées sous peine de résultat faux positif (Abrams, 2009). De plus, la dent analysée ne doit pas comporter de restaurations ou de sealants. La dent ne doit donc pas avoir subit de dommages préalables. L’analyse des caries secondaires ou des bords d’une restauration est, par conséquent impossible. De plus, le système ne peut être utilisé en pédodontie. En effet, les dents temporaires ne peuvent pas être analysées du fait de la faible épaisseur amélaire.

Enfin, un grand nombre d’altération amélaire peuvent engendrer des résultats faux positifs de la part du dispositif ; notamment si la dent est atteinte de malformation (amélogénèse imparfaite), d’un hyper ou hypocalcification ou si elle est touchée par une fluorose. Aussi, le dispositif n’est pas capable de faire la différence entre une phase de déminéralisation ou une phase de reminéralisation, à l’instar d’autres dispositifs utilisés dans le diagnostic des caries proximales (Abrams, 2009). Tous ces inconvénients limitent le champ d’action du Midwest Caries I.D® et le nombre de patients pouvant bénéficier de ce dispositif est très restreint.

L’autre problème du Midwest Caries I.D® est la très faible ressource de recherches scientifiques sur ses capacités de diagnostic. Cette faiblesse de ressources scientifiques est un réel inconvénient pour ce dispositif. En effet, pour exemple, le Diagnodent® ne comprend pas

moins de 20 publications scientifiques pour le diagnostic des caries proximales. Le Midwest Caries I.D® compte, quant à lui, seulement deux publications. Il est donc difficile de réellement objectiver les résultats et de se faire une idée sur le réel impact du dispositif dans le diagnostic des lésions carieuses. Les deux publications ont étudié la sensibilité du dispositif sur les caries proximales et sur les caries occlusales. Les résultats indiquent que le Midwest Caries I.D a une sensibilité de 80% pour la détection des caries proximales et une sensibilité de 92% pour les caries occlusales (Samaras et al., 2008). Dans le cadre des caries proximales, cette sensibilité est bien en dessous de la sensibilité des autres technologies de pointe.

En conclusion, la réflectance infrarouge permet de différencier un émail sain d’un émail lésé et d’obtenir un meilleur contraste par rapport aux autres dispositifs lumineux. Toutefois, l’utilisation de la réflectance infrarouge dans des conditions in vivo est très difficile à mettre en place. Les dispositifs, tels que le Midwest Caries I.D®, possèdent de nombreuses contraintes et limites. Son utilisation se limite sur des dents : permanentes, du secteur postérieur, exemptes de soins et d’altérations structurelles. Cette plage d’utilisation est plutôt restreinte dans le cadre d’un usage en omnipratique et ne permet pas le diagnostic des caries proximales du secteur antérieur. De plus, le dispositif ne donne qu’au praticien une information « binaire » : lumière verte pour une surface saine et lumière rouge pour une lésion carieuse. A la différence du Diagnodent® qui affiche une valeur numérique, le praticien ne peut pas réellement connaître l’étendue de la lésion. Par conséquent, le choix thérapeutique est beaucoup plus compliqué pour le praticien. De plus, si celui-ci décide de mettre en place un traitement de reminéralisation, il lui sera impossible de suivre l’évolution de ce traitement.

Le peu d’études du dispositif est aussi très problématique. En effet, tous les autres dispositifs ont l’avantage d’être à l’origine de nombreuses recherches. Il est ainsi possible de connaître les réelles limites de ces dispositifs. Les études du Midwest Caries I.D® sont, toutefois, très instructives. Elles mettent en évidence une sensibilité très correcte pour le diagnostic des caries proximales. Mais cette sensibilité est moins convaincante que les dispositifs apparus au cours de ces cinq dernières années.

Ainsi, au niveau postérieur, le Midwest Caries I.D® permet d’aiguiller le praticien vers la présence d’une lésion carieuse proximale, mais celui-ci ne pourra pas se passer de la radiographie bitewing pour confirmer la présence de caries.