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les différents modèles de stratégies d’opposition municipales

Nous verrons dans cette section que l’opposition de l’échelon communal à l’échelon intercommunal dans les stratégies de communication des communes s’accompagne de l’apparition de modèles distincts de postures mayorales et municipales. Cette démonstration prend appui sur l’analyse lexicométrique et l’analyse de contenu présentées en introduction de la première section de ce chapitre. La contextualisation des extraits significatifs du corpus, un retour aux textes et la poursuite de l’analyse, au regard notamment des variables que sont la taille, le type des communes vis-à-vis de la ville centre et la présence ou non d’élus de la majorité communale au sein de l’exécutif métropolitain, permettent de distinguer trois modèles de communication mayorale et municipale vis-à-vis de l’intercommunalité. Nous mettrons en évidence, en nous appuyant sur l’exemple nantais et grenoblois, les caractéristiques et spécificités de ces modèles de positionnement vis-à-vis de la Métropole. Nous nous sommes intéressée pour caractériser ces postures de communication à leurs formes ainsi qu’à leurs contextes d’apparition, mais également, aux logiques d’acteurs qu’elles représentent. Ainsi, nous montrerons que les différents modèles de communication municipale témoignent d’une recherche de positionnement et de démonstration du pouvoir communal à l’heure d’un décentrement des compétences politiques vers l’échelon supra-communal. De cette manière, notre analyse met à jour la manière dont la

communication municipale sert à asseoir et à démontrer un pouvoir politique mis à mal par les différentes réformes d’organisations territoriales.

Ainsi, cette section a pour objet de démontrer les stratégies de communication par lesquelles les élus répondent à une perte de compétences politiques sur leur territoire communal. Elle s’inscrit à la suite des travaux selon lesquels, les stratégies de communication municipales visent à « enjoliver les événements et les personnalités locales », à « notabiliser les notables » (Pailliart, 1993, p.117) ainsi qu’à opérer un repositionnement communal, à l’heure où les frontières de la ville sont rendues de plus en plus incertaines par une montée en puissance de l’intercommunalité (Auboussier, 2012). Au-delà d’instituer un territoire par le recours à la production « d’imaginaires socio-spatiaux »290, au moyen notamment de « matière spatiale » (Raoul, 2017), au

service de la constitution d’un collectif et d’un sentiment d’appartenance (Noyer, Raoul, 2013, p.12), notre analyse met en évidence le fait que les stratégies de communication répondent à une recherche de préservation de la légitimité politique des élus municipaux, à l’heure d’un décentrement du pouvoir politique local. Une tendance qui se caractérise par un positionnement municipal voué à démontrer la légitimité des élus, non pas par leur capacité à constituer un collectif (communal et territorial), mais par leur capacité à servir les intérêts communaux, au sein ou vis-à-vis de l’intercommunalité. Nous montrerons que la vision de la Métropole, véhiculée par la parole politique dans les éléments de communication municipaux, devient dès lors cette idée-force, ce mot d’ordre, tel que défini par Pierre Bourdieu comme capable de s’imposer à la croyance, capable de mobiliser ou de démobiliser par la force de ce capital symbolique qu’est le capital politique (Ibid.). En effet, l’analyse développée met en évidence la manière dont « la parole du porte-parole doit une partie de sa force illocutionnaire à la force (au nombre) du groupe qu’il contribue à produire comme tel par l’acte de symbolisation, de représentation » (Bourdieu, 1981, p.14). En donnant à voir une action politique mayorale au service de la commune et de ses habitants, les différents modèles que nous allons développer servent une recherche de démonstration de la capacité d’agir politique de l’échelon municipal. De cette manière, si « l’homme politique tient sa force politique de la confiance qu’un groupe place en lui » dans la pensée de Pierre Bourdieu, c’est sur le « kred » de Benveniste, envisagé comme « la puissance magique, en un être dont on attend protection » (Ibid.) que s’appuie notamment ici l’adhésion collective autour de la figure de l’élu local qui se construit dès lors comme un rempart, protecteur ou développeur de sa communauté. Accompagnés de manière prégnante par le rattachement direct des services

290 L’expression « d’imaginaires socio-spatiaux » a été utilisée en 2011 par Bruno Raoul et Jacques Noyer en

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communications aux cabinets du maire, plus qu’aux directions générales des services291,

les trois modèles révèlent une politisation des enjeux de communication communaux, vis-à-vis de l’espace intercommunal notamment, dont il s’agit de démontrer une autonomie politique par ailleurs menacée. Ainsi, nous mettrons en évidence le fait que les visées communicationnelles des éditoriaux, bien que d’apparences informatives (Maingueneau, 2012, p.49) traduisent la relation d’interdépendance qui caractérise les liens entre communication publique et communication politique (Ollivier-Yaniv, 2014) et servent avant tout la démonstration d’une capacité d’agir politique mayorale en légitimant une « scène de parole » (Maingueneau, 2016, p.95). Cette posture mayorale d’opposition repérée dans les éditoriaux de l’ensemble des types de communes ayant fait l’objet de notre analyse, prend des formes distinctes selon les catégories communales analysées notamment.

L’analyse de contenu et l’analyse lexicométrique telles que décrites dans la section précédente et menées sur les territoires métropolitains grenoblois et nantais font apparaître trois modèles de stratégies de communication, adoptés par les représentants municipaux vis-à-vis du « tremblement de terre »292 de la métropolisation :

- Le premier modèle se caractérise par une stratégie de communication « défensive et protectrice » par laquelle le maire se présente comme défenseur de sa commune vis-à-vis de l’hégémonie intercommunale.

- Le deuxième modèle repose sur une stratégie de communication que nous avons nommée « entrepreneuriale ». Elle met en avant le caractère entrepreneur du maire (Le Bart, 1992) et de son équipe municipale, au service du développement communal. L’action de terrain et la capacité à mobiliser des réseaux au service du développement de la commune sont alors mises en avant pour démontrer le rôle politique des élus en place, dans le développement communal.

- Le troisième modèle, porté par une stratégie de communication « d’appropriation », met en avant l’influence mayorale et municipale sur l’échelon intercommunal. La communication municipale présente, dans ce modèle, la manière dont le maire cherche à imposer ses orientations politiques à l’instance intercommunale. Les orientations politiques métropolitaines sont présentées, dans ce modèle de stratégie de communication, comme découlant

291 Voir à ce propos les entretiens n°17, 18, 19, 25. Disponibles en annexes.

292 Nous reprenons ici les termes employés, en 2015, dans l’éditorial d’une commune de l’agglomération

grenobloise : « notre territoire a vécu un tremblement de terre institutionnel dans la nuit du 31 décembre » : ***** *ville_noyarey *type_rurale *etpol_div *exec_non *hab_1000a5000 *an_2015

de la volonté communale, en produisant notamment un effacement de la conflictualité (Krieg-Planque, Oger, 2010).

Toutes trois caractérisées par la mise en avant de la capacité d’agir politique du maire et de la municipalité, les tendances de communication communales mises à jour se traduisent par différentes manières de se positionner vis-à-vis de la Métropole de la part des élus locaux. Nous mettrons en évidence le fait que ces différentes constructions d’Éthos, entendus comme traits de caractère que l’orateur souhaite montrer à l’auditoire pour asseoir sa crédibilité (Maingueneau, 2016, p. 88 ; Barthes, 1970, p. 212), peuvent être influencées par le type et la taille des communes observées, mais également par la présence ou non de représentants municipaux dans l’exécutif intercommunal.

Une Analyse Factorielle de Correspondance (AFC) du corpus d’éditoriaux a été réalisée, pour commencer, à partir de la variable « nombre d’habitants » afin de poursuivre les résultats présentés dans la première section de ce chapitre. Cette première observation met en avant le fait que des préoccupations politiques divergentes apparaissent dans les éditoriaux municipaux selon le nombre d’habitants :

Figure 16 — Représentation des classes lexicales dans les éditoriaux municipaux selon le nombre d’habitants

La figure ci-contre permet d’observer que les classes lexicales sont mobilisées différemment dans les éditoriaux selon le nombre d’habitants. Nous avons complété ces résultats en croisant les formes actives et les variables (Loubère, Ratinaud, 2014, p.16). Le logiciel permet de repérer les termes les plus mobilisés dans le corpus selon les variables définies préalablement (ici le nombre d’habitants). Le résultat indique que

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différentes formes lexicales significatives de chacune des classes apparaissent dans les éditoriaux, selon le degré d’urbanité des communes, comme nous pouvons le voir ci- dessous au travers de la liste des formes significatives les plus présentes selon le nombre d’habitants :

Moins de 500 commune — municipal — maire — conseil — local —

habitant

De 500 A 1000 commune — métropole — faire — habitant — compétence

De 1 000 A 5 000 maire — municipale — commune — service - métropole

De 5 000 A 10 000 pouvoir — maire – projet – public — municipal — commune

De 10 000 A 50 000 ville — orientation — favoriser — formuler — citoyen — partager — quartier — vie — préserver — préparer — solidarité

Plus de 100 000 ville — tramway — social — projet — déplacement - travail

Figure 17 — Tableau présentant les formes significatives relevées dans le corpus par l’AFC selon la variable nombre d’habitants

Significativement présents dans les éditoriaux des communes de moins de 500 à 10 000 habitants, les termes relatifs à la vie municipale tels que « maire », « commune », « municipal(e) » n’apparaissent en effet plus dans le résultat de l’AFC pour les communes de plus de 10 000 habitants. De même, si les termes relatifs à la proximité, au service et à l’humain sont plus présents dans les verbatim mobilisés par les communes de moins de 5 000 habitants, avec des termes tels que : « local », « habitant », « service », la thématique de la « planification » apparaît de manière plus significative dans les éditoriaux des communes de plus de 5 000 habitants, avec des termes relatifs à l’action tels que « projet », « orientation », « préparer ». Le retour aux segments de textes significatifs de ces différentes classes montre que les formes lexicales de la classe 4 (relative à la planification politique) sont employées pour évoquer des compétences et des prérogatives métropolitaines, en matière de développement territorial notamment. Toutefois, une analyse fine de ces différents segments de textes fait apparaître deux manières d’évoquer le développement des compétences comme des projets métropolitains : une présentation (majoritairement en 2015) des nouvelles prérogatives métropolitaines sur le territoire, ce qui explique la forte présence de la classe 4 dans les éditoriaux des communes de moins de 1 000 habitants d’une part, mais également l’évocation, à l’échelle communale, d’orientations et d’actions politiques relevant de l’échelon métropolitain, d’autre part. Cela est particulièrement significatif dans les éditoriaux des communes de 10 000 à 50 000 habitants et des communes de plus de 100 000 habitants (qui correspondent dans le cas grenoblois à la ville centre, seule ville de plus de 100 000 habitants, et aux

communes de la première couronne (aucune ville ne se situant dans la tranche 50 000 à 100 000 habitants).

La poursuite de l’analyse, par le retour aux segments de textes significatifs, montre que ces différents profils de préoccupations municipales correspondent à trois modèles de communication et que nous allons maintenant caractériser au moyen, notamment, de présentation d’extraits de corpus significatifs :

L’émergence, à partir de l’année 2015, d’une stratégie de communication communale défensive et protectrice vis-à-vis d’une montée en puissance métropolitaine présentée comme hégémonique.

Nous montrerons ici les caractéristiques d’un modèle de stratégie de communication défensive et protectrice par lequel les maires et municipalités affirment leur positionnement politique vis-à-vis de la Métropole en se présentant comme garant de la préservation de l’espace communal. Plusieurs éléments, qu’ils soient tous ou en partie combinés, caractérisent ce modèle de communication par lequel le maire apparaît dans un Éthos (Maingueneau, 2016, p. 88 ; Barthes, 1970, p. 212) défenseur et protecteur de ses administrés et de leur qualité de vie. Ainsi, ce modèle de communication se traduit par la présence de termes tels que « défense », « peser », « se faire entendre », « préserver ». Les éditoriaux municipaux dans lesquels cette stratégie a été mise en évidence expriment l’action protectrice des élus municipaux, vis-à-vis des intérêts et de la qualité de vie de leurs administrés présentés comme menacés par la métropolisation. De même, ce modèle de communication s’appuie sur l’association entre le champ lexical de la défense et de la protection, d’une part, et les mises en opposition de la commune à la Métropole que nous avons développées dans la première section de ce chapitre293, d’autre part.

Dès lors, deux éléments caractérisent ce modèle de stratégie de communication : la mise en opposition entre les thématiques de la proximité et de la simplicité municipale, opposées à celles de la technicité et de l’éloignement métropolitain ainsi que l’association des formes lexicales relevant de la classe 2 (relative à la métropolisation) aux formes lexicales relevant de la classe 1 (relative à la défense communale) ; deux classes lexicales présentées comme associées dans le dendrogramme généré par l’analyse lexicométrique (cf. figure 3). Enfin, le recours à une forte personnification de la fonction mayorale caractérise ce modèle de stratégie de communication défensive et protectrice. Différents procédés caractéristiques de ce modèle servent l’image d’un maire proche et protecteur de ses administrés. Ainsi, le recours au genre épistolaire (Maingueneau, 2012, p.64-74) qui présente l’éditorial comme une lettre signée d’une

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manière manuscrite, associé à l’emploi du pronom « je » et du champ lexical de l’émotionnel vise à renforcer l’image de proximité du maire vis-à-vis de ses administrés. Cette stratégie de communication défensive et protectrice apparaît d’une manière plus prégnante à partir de l’année 2015, une année marquée par la mise en œuvre des lois NOTRe et MAPTAM (et donc par un renforcement des prises de compétences par la Métropole vis-à-vis des communes). Elle est principalement mobilisée par les communes de moins de 5 000 habitants, rurales ou éloignées de la ville centre, mais également dans les communes dont la municipalité n’est pas représentée dans l’exécutif métropolitain. En effet, après avoir noté la divergence de thématiques et de préoccupations mayorales dans les éditoriaux municipaux en fonction du nombre d’habitants (cf. figure 16), et afin d’en affiner les résultats, nous avons procédé à une analyse de la mobilisation des termes relatifs au territoire communal selon le type de commune.

Le graphique ci-dessous permet d’observer la mobilisation du Type Généralisé 0, composé de termes relatifs au territoire communal, selon la position des communes vis-à-vis de la ville centre :

En mettant en évidence le fait que la mobilisation des verbatim liés à la commune est plus ou moins importante selon le degré d’urbanité, le graphique ci-dessus confirme les enseignements de l’AFC (cf. figure 17) selon lesquels les éditoriaux des communes

Figure 18 – Mobilisation du Tgen 0 relatif territoire communal selon le type de communes

de moins de 5 000 habitants, qui se retrouvent également dans le type « communes rurales » évoquent davantage la vie municipale, la proximité et le quotidien des élus. Un positionnement que l’on retrouve également dans les éditoriaux des communes dont les élus ne sont pas présents dans l’exécutif métropolitain en 2018, comme le montrent les deux illustrations ci-dessous :

Figure 19 - Mobilisation du Tgen 0 relatif à l’environnement communal selon la présence ou non de représentants municipaux dans l’exécutif métropolitain

Figure 20 - Tableau présentant le calcul de

spécificité AFC en prenant pour variable la présence ou non de représentants de la municipalité dans l’exécutif métropolitain

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Le premier graphique (cf. figure 19)294 met en évidence le fait que les communes non

présentes dans l’exécutif mobilisent davantage les termes liés au territoire communal (définis par le Tgen 0) dans les éditoriaux des journaux municipaux. Le second graphique (cf. figure 20) met en évidence les termes qui caractérisent significativement les éditoriaux des journaux municipaux des communes non présentes (en 2019) dans l’exécutif métropolitain, par rapport aux communes dont les représentants y participent. Enfin, comme nous l’avons vu dans la section précédente, l’analyse lexicométrique réalisée met en avant l’importante mobilisation de la classe 2, relative au champ lexical de la défense, dans les éditoriaux municipaux à partir de l’année 2015 (cf. figure 9). La combinaison des résultats obtenus nous montre que les éditoriaux des communes, non représentées dans l’exécutif métropolitain, mobilisent plus, à partir de l’année 2015, la thématique « communale » au travers de l’usage de termes relatifs aux compétences de proximité telles que « mairie » - « confiance » - « représentant ». De même, l’AFC, réalisée à partir de la variable qu’est le nombre d’habitants (cf. figure 16), met en évidence la présence importante du champ lexical de la proximité communale dans les éditoriaux des communes rurales ou rurbaines (comprises dans les communes de moins de 10 000 habitants). Ainsi, le retour aux textes permet d’observer, en affinant ce résultat, que des expressions telles que « nous veillerons », par exemple, sont utilisées pour définir l’action des élus en faveur de la défense de la proximité communale, comme le suggère cet extrait de l’éditorial d’une commune de moins de 500 habitants de type rural et dont les représentants municipaux ne sont pas présents au sein de l’exécutif métropolitain :

« Je veux parler essentiellement de la Métro qui se transformera en Métropole au 1er janvier 2015. Elle reprendra nos compétences urbanisme, voirie, eau potable ainsi que

les réseaux de chaleur. Nous veillerons à ce que ces services restent des services de proximité »295.

Le verbe « veiller », mobilisé de manière similaire dans plusieurs éditoriaux, évoque en effet une relation de protection de la part du maire vis-à-vis de ses administrés. Un élément relevé par exemple dans cet extrait d’un éditorial d’une commune de la seconde couronne métropolitaine de moins de 10 000 habitants, paru en 2015, et qui évoque la défense du « bien-être » local et communal :

« Nous veillerons à travailler de concert avec la Métropole dans l’intérêt et le bien- être de nos administrés qui vont vivre en direct le quotidien de ces réformes. Votre Maire (…) ».296

294 La liste des mots se base sur un indice de spécificité (indice statistique) qui découle du modèle hyper

géométrique de Lafon (Lafon, 1984). Plus la valeur est élevée (en valeur absolue), plus la forme ou le mot est spécifique de la modalité. (Baril, Garnier, 2015, p.13)

295 **** *ville_miribellanchatre *type_rurale *etpol_nc *exec_non * hab_moinsde500 *an_2015 296 **** *ville_vif * type_2ndecouronne *etpol_ump *exec_non * hab_5000a10000 *an_2015

Ainsi, l’action défensive de l’équipe municipale se traduit dans les segments de textes observés par le recours aux notions de « proximité » — « d’écoute » — « de lien » — « d’harmonie », associées au champ lexical de la défense et de la protection pour définir l’échelon communal vis-à-vis du territoire métropolitain (tel qu’observé dans la première section de ce chapitre). Un élément que l’on retrouve dans cet extrait d’un éditorial d’une commune rurale de moins de 1 000 habitants et dont le maire n’est pas présent dans l’exécutif métropolitain, au sujet de la mise en œuvre future du PLUI :

« L’achèvement du document définitif est maintenant de la compétence de la Métropole, et nous avons bien l’intention de peser pour que les souhaits de développement harmonieux et de respect de l’environnement que nous exprimons depuis sept ans soient respectés »297.

De même, l’expression du lien communal, assuré par la municipalité, caractérise ce modèle de stratégie de communication défensive et protectrice, comme le montre par exemple cet éditorial d’une commune rurale, dont les membres ne sont pas représentés dans l’exécutif métropolitain, en 2015. Après avoir mis en avant, par le recours aux chiffres, le caractère hégémonique de la Métropole, le maire de cette commune de moins de 500 habitants assure ses administrés de sa protection et de sa proximité par le maintien du lien, présenté comme une prérogative communale :

« Au 1er janvier 2015, la Métropole grenobloise qui compte 445 000 habitants répartis

dans 49 communes (…) Au sein de ce nouvel espace de coopération, notre commune doit demeurer l’échelon du quotidien et de la proximité et constituer demain le lien