2. Facteur neurotrophique issu du cerveau
2.7. BDNF et tPA
3.1.2. Les différentes étapes de l’exocytose
Avant d’être libérées dans la fente synaptique, les vésicules doivent être chargées en neurotransmetteurs. Ce chargement est réalisé grâce à un transporteur membranaire qui utilise le gradient de concentration de protons entre la vésicule et le cytoplasme. Ce gradient est généré par un transporteur de protéines qui fonctionne grâce à l’hydrolyse de l’ATP. Avant de pouvoir fusionner avec la membrane, les vésicules subissent plusieurs étapes de maturation au cours desquelles elles acquièrent les propriétés nécessaires à la fusion membranaire. La libération de neurotransmetteurs, via l’exocytose des vésicules synaptiques et déclenchée par le calcium, est cruciale pour la communication entre les neurones (Pang
and Südhof, 2010). L’exocytose peut également être régulée par une augmentation d’AMPc
(Szaszák et al., 2008) ou grâce à l’activation des protéines kinases (Jewell et al., 2011; Zeniou‐
Meyer et al., 2008).
Il existe deux types d’exocytose : l’exocytose constitutive et l’exocytose régulée. La première à lieu dans toutes les cellules et permet une libération de composants de la matrice extracellulaire et de protéines nouvellement synthétisées qui seront incorporées à la membrane lors de l’exocytose. Dans l’exocytose régulée, la fusion n’a pas obligatoirement lieu après l’appariement des SNARE mais elle est déclenchée par un signal extracellulaire spécifique (souvent calcique). L’augmentation de calcium dans la cellule conduit au désassemblage du cytosquelette, formé par le réseau d’actine, ce qui permet le recrutement des vésicules à la membrane plasmique. Les vésicules arrimées vont s’amorcer pour ensuite fusionner et ainsi libérer leur contenu. Le détail des différentes étapes qui constituent l’exocytose sont les suivantes (Figure 38 ; Südhof, 2013) :
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Introduction : Trafic vésiculaire neuronal
‐ Arrimage : à la suite d’une stimulation, le calcium intracellulaire se lie à la synaptotagmine (présente à la surface des vésicules) ce qui permet à la vésicule de se positionner près des canaux calciques et ainsi d’engendrer une interaction entre ces canaux et la vésicule synaptique (via les protéines d’accrochage : RIM, Munc13 et Rab3/Rab27) (Figure 37). Cette interaction permet de rapprocher la vésicule de la membrane plasmique et ainsi permettre aux protéines v‐SNARE (VAMP2) de former des complexes avec les protéines t‐SNARE (syntaxine 1 et SNAP‐25). Les domaines hélicoïdaux des SNARE vont s’enrouler entre eux pour former un faisceau stable de quatre hélices (une hélice VAMP, une hélice syntaxine et deux hélices SNAP‐25), le complexe ainsi formé avec les SNARE est appelé complexe trans‐SNARE ;
‐ Amorçage : la syntaxine va changer de conformation provoquant ainsi la fixation de Munc18. Le complexe transSNARE étant pleinement assemblé, l’enroulement des hélices permet un rapprochement des deux compartiments et déclenche la fusion des membranes ;
‐ Fusion : Le pore de fusion continue de s’agrandir, libérant ainsi le contenu de la vésicule. Le complexe trans‐SNARE devient alors un complexe cisSNARE. Les complexes cis‐SNARE sont ensuite désassemblés par les protéines NSF et son cofacteur protéique (SNAP) qui se fixe au complexe SNARE. Ce désassemblage conduit au recyclage des vésicules et des complexes SNARE pour une nouvelle fusion.
Figure 38 : Mécanisme d'action des SNARE dans l’exocytose. Schéma représentant les protéines
impliquées dans l’exocytose. Les protéines v‐SNARE (VAMP, en rouge) présentes au niveau des
vésicules vont interagir avec les protéines t‐SNARE (Syntaxine en orange) présentes à la surface de la
membrane plasmique. A) assemblage partiel : les v‐SNARE et les t‐SNARE vont se complexer pour
former un complexe transSNARE, celui‐ci va interagir avec une protéine SM (Munc18, en bleu) et les
protéines SNAP‐25. B) Les hélices du complexe SNARE vont s’enrouler permettant un rapprochement
de la vésicule avec la membrane mais cela va également permettre une ouverture du pore de fusion.
C) Durant la phase de fusion, le complexe trans‐SNARE se relâche et passe dans une configuration cis‐
SNARE, ce dernier va ensuite se désassembler grâce à la protéine NSF (une ATPase et aux protéines SNAP) conduisant ainsi au recyclage de la vésicule. Le pore de fusion va continuer de s’agrandir, libérant alors le contenu de la vésicule dans le milieu extracellulaire (adapté de : Südhof, 2013).
88 Introduction : Trafic vésiculaire neuronal
3.2.
L’endocytose
L’endocytose est un mécanisme cellulaire utilisé par l’ensemble des cellules eucaryotes et consiste à internaliser des éléments présents à la surface de la membrane plasmique par invagination de celle‐ci. Les éléments internalisés peuvent être des molécules extracellulaires, des protéines membranaires mais également des lipides contenus dans la membrane plasmique. L’ensemble de ces éléments endocytés va alors être trié puis pris en charge par un réseau complexe de vésicules pour être, ensuite, dirigé vers des voies de dégradation via les lysosomes ou vers des voies de recyclage pour libérer, de nouveau, leur contenu à la membrane. Les voies de recyclage et de dégradation seront explicitées dans la partie « 3.3 Recyclage et dégradation ». L’endocytose est impliquée dans un grand nombre de processus cellulaires comme l’entrée de nutriments dans la cellule, la régulation des récepteurs membranaires, l’établissement de la polarité de la cellule, le remodelage de la membrane cellulaire, l’adhésion et la migration cellulaires, la clairance des cellules apoptotiques, l’entrée de pathogènes et la présentation d’antigènes (Marsh and McMahon, 1999). Au niveau cérébral, l’endocytose est également très importante de par son rôle dans la neurotransmission à travers le recyclage des vésicules synaptiques (Sudhof, 2004).Il existe différents processus d’endocytose qui se distinguent par la taille des vésicules formées, la nature des molécules internalisées et la machinerie cellulaire impliquée. On distingue donc, la voie d’internalisation dépendante de la clathrine qui est la mieux caractérisée, puis l’endocytose impliquant une évagination de la membrane plasmique comme la phagocytose ou la macropinocytose et enfin, les processus nécessitant une invagination de la membrane indépendante de la clathrine comme l’endocytose dépendante des cavéoles (Figure 39).
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Introduction : Trafic vésiculaire neuronal
Figure 39: Les différentes voies d'endocytose. Les grosses particules sont internalisées par
phagocytose alors que les fluides extracellulaires sont capturés par macropinocytose. Ces deux
processus semblent être déclenchés par le remodelage de la membrane plasmique via les filaments
d’actine et forment des vésicules beaucoup plus grandes en comparaison aux autres voies
d’endocytose. Grâce aux différents modes d’endocytose, dépendants ou non de la clathrine, un large
panel de molécules peuvent rentrer dans la cellule. La plupart de ces voies conduisent les molécules
internalisées vers des endosomes précoces (en anglais : early endosome), mais certaines peuvent
passer par un compartiment intermédiaire (comme les cavéosomes), où elles seront triées puis prises
en charge par d’autres endosomes pour être dégradées ou recyclées (Mayor and Pagano, 2007).