3.1 Le métier : vu depuis l’entreprise
3.1.3 Les compétences sensibles comme point de départ
de départ
3.1.3.1 Orientations métiers
Comme nous venons de le voir, les travaux de recherche sur la notion de métier et les
concepts associés, ont trouvé un écho direct avec la culture et les concepts métiers propres à la
DIN. Par les divers travaux collectés et entretiens menés, nous avons pu établir une
compréhension globale du système dans ses catégorisations. Comme le montrent les chapitres
précédents, l’institution est partagée entre organisation matricielle et organisation projet ;
structuration hiérarchique par rôles, domaines, métiers (un métier n’étant pas la même chose
du point de vue Ressources Humaines ou technique) auxquels correspondent des compétences
de divers niveaux allant du collectif à l’individuel. Ils montrent également, les mouvements
qui s’y opèrent au sein des métiers et les enjeux stratégiques qui s’y profilent. Cette étude
nous a naturellement mené vers la problématique de la gestion des compétences, à savoir du
GPEC (Gestion Prévisionnelle des Emplois et Compétences) et du PDCC (Plan de
Développement de la Compétence sensible), qui rejoignent directement notre souci de
pérennisation des connaissances des métiers techniques cœurs.
Ces analyses et entretiens ont progressivement soulevé diverses questions, qui ont orienté
notre réflexion. Tout d’abord, la différenciation de la logique matricielle en métiers (la
logique traditionnelle de l’institution) et de celle de Projet, a laissé penser un temps qu’une
démarche telle que le Projet Durée de Vie et notamment son initiative sur les données
sensibles, pourrait donner une approche transverse constituant une porte d’entrée intéressante
pour nos travaux. Le Projet Durée de Vie vise à faire perdurer les centrales au-delà du temps
initialement prévu. Cela sous-entend des remplacements de matériels progressifs pour
lesquels la seule expertise pouvant guider le travail est contenue dans la documentation qui est
restée jusqu’à ce jour. Il s’agit donc de rassembler cette documentation vitale devant
accompagner le projet et tous les métiers sont impliqués. Mais les Projets s’opposent
cependant à notre logique initiale de Métiers, notamment par une vision court terme contraire
à la vision pérenne que nous souhaitons (les Projets n’existent que sur quelques années alors
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que les Métiers sont les axes de l’entreprise qui perdurent dans le temps). De plus, outre le fait
que ces données représentent une masse très importante et ne seront peut-être pas disponibles
avant un certain temps, leur valorisation ne semble pas être une priorité pour les intéressés.
Dans un deuxième temps nous avons souhaité voir si l’approche par les documents pouvait
s’avérer pertinente. Cela a été abordé par un premier balayage des documents contenus dans
l’Intranet e-Di qui rassemble une bonne part de la documentation de référence de l’ingénierie
nucléaire. Cette base paraît pour ce genre de travaux, être un bon point de départ, étant donné
qu’elle est déjà issue d’un travail d’enquête auprès des métiers afin de rassembler et valoriser
une documentation « centrale ». Ce balayage a rapidement montré qu’il serait difficile de
sélectionner parmi cette documentation, un échantillonnage type particulièrement
représentatif de tous les métiers. Le genre de traitement qu’on pourrait en tirer risquait d’être
grossier et de ne pas aboutir à un travail réellement intéressant, d’autant que les documents
sont pour certains déjà très catégorisés. Dans cet esprit, des travaux plus « basiques » de
clustering en masse sur les métadonnées de la GED pourraient d’avantage être envisagés.
Ensuite, l’attaque directe par la documentation était-elle le bon biais ? Dans notre contexte,
nous sommes face à un système complexe et dans ces cas, il est préférable d’aborder une
approche beaucoup plus orientée top-down que bottom-up.
Enfin, s’est posée la question d’aborder les métiers DIN, soit de façon très générale, soit par
un biais spécifique. Ainsi, nous entrevoyions à ce jour, deux directions potentielles. Dans les
deux cas, partir sur la base des compétences paraissait être pertinent comme premier stade de
connaissances collectives sur une activité donnée et recouvrant de manière transverse les
métiers. Ces approches « Compétences » sont le fait d’initiatives visant la gestion des
Ressources Humaines, mais leur structuration pouvait donner un bon point d’appui pour aller
vers les connaissances métiers (puisque la compétence est perçue comme la réunion des
savoir-faire pratiques et de la qualification).
La première de ces approches est liée comme on l’a vu, au GPEC (Gestion Prévisionnelles
des Emplois et Compétences) et concerne la liste des Modules de compétences d’Unité. Cette
liste offre une classification et cartographie des compétences par niveaux, axes puis modules,
très intéressante à exploiter pour déterminer les interactions avec les métiers ou
l’environnement de la DIN, les flux informationnels par compétence (sources, réservoirs,
livrables), les connaissances pratiques et théoriques nécessaires à ces compétences et leurs
biais d’acquisition ; le tout pour aller vers une base de connaissances métiers. La construction
de cette liste prend notamment en compte le PDCC (Plan de Développement des
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Compétences sensibles). Une approche plus spécifique est le PDCC et les sept compétences
sensibles déterminées pour la DIN. Elle est intéressante de par l’enjeu stratégique fort de
pérennisation de connaissances dans ces domaines et la légitimité de cette démarche
(impulsée par la Direction au plus haut niveau).
Le but était d’utiliser ces deux approches de façon complémentaire. Le GPEC est antérieur au
PDCC, qui était alors en cours de formation, d’où une certaine difficulté à faire corréler
directement les sous-compétences établies de part et d’autre. Le PDCC se positionne comme
une photographie dans une démarche quantitative et large, le GPEC a une visée plus
prospective, qualitative et recentrée. Les niveaux de compétences du premier vont référer à
des fonctions, alors que le deuxième se base sur des évolutions de compétences individuelles,
ce qui au final se recoupe. L’intérêt est, dans les deux cas, d’avoir affaire à des démarches
pérennes qui touchent aux aspects stratégiques des métiers. La structuration faite par le
SEPTEN dans le cadre du GPEC n’a pas été relayée par les autres Unités DIN, qui ont plus
des préoccupations de gestion des emplois que de gestion des compétences, contrairement au
SEPTEN, que la détention de certaines compétences rares ont poussé à cette démarche.
Cependant, les compétences SEPTEN du GPEC sont très partagées avec les autres Unités.
L’intérêt du PDCC est à ce niveau, de fournir des repérages clairs d’où se situent les
compétences au sein des métiers. Ainsi, si l’on s’intéresse à une compétence GPEC, on peut
constater par le PDCC correspondant, la diffusion de cette compétence dans des métiers et
Unités divers. On voit donc à travers les catégorisations de compétences que vont se dessiner
rapidement des croisements entre métiers, dont les noyaux seront les connaissances métiers.
Il s’agissait donc de s’introduire dans le système par une petite porte et d’en analyser les
mouvements de connaissances, ce qui devait nous mener à une ramification plus large. Le
travail se devait donc d’être minutieux et progressif et nécessitant de nombreux contacts avec
les métiers. A ce titre, nous sommes arrivés, suite à un entretien avec le responsable du
GPEC, à la conclusion que la compétence « Sûreté », vers laquelle nous nous étions tourné en
premier lieu, s’avérait beaucoup trop large et devait se retrouver par ailleurs. Par contre, la
Compétence « Accident Grave », portée par plusieurs métiers au SEPTEN, mais aussi à la
R&D, au CNEPE et au CNEN, pouvait être un très bon angle d’attaque. L’analyse de cette
compétence, suffisamment transverse, semblait en effet pouvoir permettre d’établir une
méthodologie, pouvant être élargie ensuite progressivement, par exemple à la Compétence
« Conduite Incidentelle et Accidentelle », très importante au plan DIN et dépassant même ses
murs.
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En résumé, ces deux approches croisées sous-entendaient d’étudier dans un premier temps :
- Les connaissances et formations préalables à la Compétence sensible.
- Les sous-compétences collectives qu’elle inclut et leurs correspondances à des
métiers.
- Les ressources produites et utiles à la Compétence, en tant que réservoirs
d’information, documents, données.
- Les connexions externes de cette Compétence (au-delà de la DIN).
Bref, comment se forment et circulent les connaissances dans les compétences catégorisées ?
3.1.3.2 Délimitation de la compétence
Nous traitons bien dans nos travaux, de gestion de l’information et des connaissances et non
de gestion des compétences, mais notre démarche a été de partir de travaux de gestion des
compétences, car ils cadraient clairement les domaines métiers, les localisaient et identifiaient
les personnes ressources porteuses des connaissances.
La DIN (Division Ingénierie Nucléaire) compte donc sept compétences sensibles. Après
consultation des divers responsables, nous avons souhaité partir de l’une d’elles, que nous
avons choisie suffisamment transverse pour couvrir l’ensemble des métiers DIN : la
compétence « Evaluation de sûreté, conduite accidentelle, incendie ». Elle se divise
elle-même en huit sous-compétences :
- SN : Doctrine de sûreté – Dialogue avec l’Autorité de Sûreté – Maîtrise des
référentiels de sûreté
- MEA : Méthodologies et Etudes d’Accidents
- EPS : Etudes Probabilistes de Sûreté (avec aspect fiabilité humaine associée)
- AG : Physique des Accidents Graves
- CIA : Conduite Incidentelle et Accidentelle, y compris les guides Accidents Graves
- CSS : Conception des Systèmes de Sûreté
- RGE : Règles Générales d’Exploitation
-
INC : Conception, Expertise et doctrine d’exploitation dans le domaine de l’incendie
Face à cela, se sont posées plusieurs options. Soit traiter l’intégralité de ces
sous-compétences, ce qui revenait à un travail très large bien que très pertinent pour l’entreprise. Il
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semblait donc plus raisonnable de se cantonner à deux ou trois sous-compétences. Mais nous
avons finalement choisi une vision plus humble, sur les conseils du responsable de la
démarche PDCC, soit de traiter une sous-compétence particulière et de garder son point de
vue pour examiner les connexions avec les sous-compétences connexes. Le but était de
dépasser les subdivisions de gestion des compétences utilisées par les Ressources Humaines,
mais qui nous servaient cependant de base de départ, pour aller vers une représentation plus
réaliste des connaissances et flux d’informations métiers et donc, de ce qu’est réellement un
domaine métier.
La sous-compétence choisie fut les « Accidents Graves ». Premièrement car elle était
essentiellement détenue au SEPTEN, ce qui nous permettait une réelle proximité avec les
métiers, d’autre part pour son aspect stratégique, ensuite car elle ne s’acquiert pas en école
d’ingénieur mais au sein de l’institution, de plus c’est une compétence jeune dont les effectifs
sont régulièrement renouvelés, et enfin, étant une compétence proche d’un travail de R&D
elle est très conceptualisée en comparaison avec une compétence plus mécanique comme le
Génie Civil généralement déjà très classifiée selon les matériels utilisés.
Afin d’aborder cette compétence, nous devions prendre en compte trois couches différentes
qui se superposent et qui, malheureusement, ont des dénominations parfois identiques : le
découpage purement « organigramme », le découpage GPEC, et la couverture réelle du
domaine métier. Nous obtenons ainsi la représentation suivante :
Ainsi, le domaine « Accidents Graves » pourrait être représenté sous des points de vues
(entrées) métiers différents.
Couverture réelle du domaine AG Sous-compétences (GPEC)
Découpage « organigramme » CIA EPS2 CSS AG AG R&D SN FC GS SN FC GS AG FC
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Si l’on aborde la compétence « Accidents Graves » sous l’angle de l’articulation interne au
domaine, on peut schématiser l’articulation des acteurs ainsi :
Une fois le domaine Accidents Graves traité, le but était de laisser des possibilités
d’élargissement de ce travail au reste de la compétence sensible « Evaluation de sûreté,
conduite accidentelle, incendie ».
Stratégie EDF – Autorité de Sûreté – IRSN…
SN : fixe les objectifs internes (par rapport aux EPS2…)
EPS1 : traitent les risques de fusion du cœur (non concernés par AG)
EPS2 : conséquences d’un AG
AG : calculs thermohydrauliques, évaluation des phénomènes AG
CSS : systèmes de sûreté dans l’installation (systèmes et personnes)
Scénarios les + représentatifs des EPS1
~avant-projets, défrichage : sujets les + représentatifs Arbres d’évènements, scénarios de rejets Doctrine – Référentiel Outils de conformité au Référentiel (modèles informatiques) Eléments techniques (calculs) Cadres de Référence : Doctrine/AS et Réglementation Phénomènes Systèmes Humains CIA : GIAG