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Chapitre 1 – Recension des écrits

1.2 Le plaidoyer en santé publique

1.2.3 Les compétences nécessaires à l’exercice d’un plaidoyer

Pour avoir un plaidoyer efficace, il est recommandé que les acteurs soient sensibilisés et encouragés à suivre des formations leur permettant de mieux connaître les problématiques (par exemple les déterminants sociaux et de santé) dans le but de mieux agir dans les communautés défavorisées (Farrer et al., 2015). Cela permettrait ainsi de savoir comment exercer un plaidoyer et comment transférer les connaissances acquises vers le processus d’élaboration de politiques.

L’efficacité du plaidoyer repose également sur le travail d’équipe des organisations, sur le partage des idées, d’informations et de ressources et sur la mobilisation sociale (Farrer et al., 2015). Il est possible d’identifier 3 compétences de base nécessaires pour un plaidoyer efficace. La capacité de travailler en collaboration avec de multiples parties prenantes, la capacité à utiliser les médias de façon stratégique et la capacité a effectué une analyse stratégique (Gomm, Lincoln, Pikora, & Giles-Corti, 2006). Cette dernière compétence renvoie à 3 questions centrales pour le plaidoyer, à savoir : quel est le problème auquel on s’intéresse? Quelle est la solution souhaitée? Et qui est la cible visée pour ce changement? (L. Wallack & Dorfman, 1996). La capacité à définir la problématique à laquelle on fait face est essentielle au plaidoyer en santé publique. Chapman (2001) rajoute également « la devise du plaidoyer est la métaphore, l’analogie, le symbole et les efforts pour présenter les données de manière résonnante et mémorable pour un public cible souvent inexpérimenté » (Simon Chapman, 2001, p. 1229); il est donc impératif de présenter les données et la ou les problématiques(s) de façon ludique, simple, compréhensive, en prenant en compte le niveau de littératie des personnes inexpérimentées en santé publique et en se montrant convaincant afin d’avoir un plaidoyer réussi.

Pour finir, l’un des points importants en matière de plaidoyer est d’avoir des messages simples et brefs (Farrer et al., 2015). Il faut aussi éviter l’utilisation du jargon, préconiser de préférence un langage précis, puissant et des verbes actifs; et utiliser les faits et les chiffres de façons créatives (Farrer et al., 2015). Il serait d’ailleurs judicieux d’utiliser des faits scientifiques en les liants aux intérêts de la population afin de rallier la population à leur cause, faisant d’eux des citoyens proactifs (Farrer et al., 2015). Par exemple l’utilisation de métaphores pourrait être un bon moyen pour faire comprendre des faits scientifiques à des

personnes n’ayant aucune base scientifique. De nombreuses sources également appuient le fait que la présentation de messages en vue d’un plaidoyer devrait s’accompagner d’images et/ ou d’histoires qui permettent plus facilement de persuader les décideurs d’agir (Farrer et al., 2015). L’utilisation de résultats de plaidoyer réussi a une bonne incidence, puisqu’elles permettent de persuader que les problèmes sociaux et sanitaires peuvent changer (Farrer et al., 2015). Aussi, l’ensemble de la littérature étudiée s’accorde pour dire que pour avoir un plaidoyer efficace il faut savoir prendre avantage ‘des fenêtres d’opportunités’, sachant qu’il est difficile de garder le sujet des inégalités dans l’agenda des décideurs (Farrer et al., 2015). Les hautes commissions, les personnalités prestigieuses peuvent ouvrir des ‘fenêtres d’opportunités’ tout comme lors d’élections législatives, ou de débats gouvernementaux (Farrer et al., 2015). Les défenseurs/ acteurs devraient donc prendre avantage de ces moments, les identifier et en profiter pour mener leur plaidoyer en vue de la lutte contre les inégalités.

Hormis les compétences nécessaires à l’exercice d’un plaidoyer, il est nécessaire de se demander, qui peut faire du plaidoyer? Pour certains auteurs, tout le monde peut faire du plaidoyer, il est même suggéré la participation de la communauté et des personnes défavorisées et concernées. Cela permet un certain pouvoir, puisqu’un certain témoignage personnel peut se révéler très convaincant (Farrer et al., 2015). Bien que les données probantes soient la base de l’effort d’un plaidoyer, il n’y a rien de plus convaincant pour appuyer ses dires que le témoignage des personnes directement affectées. Aussi, il va de soi qu’il est important de former tout un chacun à savoir exercé du plaidoyer afin de pouvoir amener et arriver à des solutions efficaces et donc d’avoir un plaidoyer efficace.

Pour conclure cette partie, la figure 2, ci-dessous, nous présente un résumé des points importants à ne pas omettre lorsqu’on fait du plaidoyer en santé publique (L. Dorfman et al., 2009).

Figure 2. Les éléments clés d’un plaidoyer en santé publique, adapté de Dorfman et al., s. d.

Notons que certaines choses sont à éviter lorsque l’on fait un plaidoyer. En effet, il faut éviter d’utiliser des stéréotypes ‘négatifs’ lors de présentation d’une recherche, car cela pourrait avoir pour effet de blâmer les gens pour leurs problèmes de santé et avoir comme résultat un manque d’action de leur part (Farrer et al., 2015). Les auteurs appuient aussi l’importance de l’implication des communautés et des personnes touchées par les inégalités dans les efforts de plaidoyer, car cela pourrait donner aux personnes un certain contrôle ‘empowerment’ et donc un certain pouvoir de persuasion (Farrer et al., 2015). Il est aussi important dans les messages que l’on véhicule d’éviter l’utilisation de ‘jargons’, car cela peut avoir pour effet de semer la confusion et de projeter une attitude élitiste (Brownson, Jones, & Parvanta, 2011). Prendre en compte le niveau de littératie de chacun, éviter les termes techniques, permet d’éviter la perte de notre audience et d’un allié potentiel à notre cause (Brownson, Jones, & Parvanta, 2011). Les auteurs rajoutent qu’il est important de chercher à s’exprimer et non à impressionner son public, cela passe donc par un langage simple et clair (Brownson, Jones, & Parvanta, 2011).