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Chapitre 1 : Revue des travaux antérieurs

1.5. Alimentation

1.5.1 Les céréales

En ce moment, le maïs est la principale céréale utilisée comme source d’énergie dans l’alimentation du veau de lait au Québec. Il représente la principale source d’amidon utilisée dans l’élevage et il a une énergie nette de gain autour de 1.56 Mcal/kg (NRC, 2016). Par contre, l’orge et le blé peuvent aussi être utilisés pour faire diminuer les quantités de maïs données au veau. L’orge a une énergie nette de gain autour de 1.40 Mcal/kg et celle du blé est atour de 1.47 Mcal/kg (NRC, 2016). Les céréales apportent une source d’amidon à l’animal. L’amidon est digéré dans différentes parties du système digestif, ce qui peut affecter la qualité de la viande des veaux (Sosin-Bzducha et al., 2012; Ziani et Khaled, 2016). La digestion de l’amidon de l’orge se fait en très grande partie dans le rumen tandis que l’amidon du maïs est digéré principalement dans le petit intestin, la digestion dans le rumen étant lente (Sosin-Bzducha et al., 2012; Ziani et Khaled, 2016). En conséquence, avec une alimentation avec du maïs grain, il y a plus d’amidon qui passe à l’intérieur du petit intestin (Sosin-Bzducha et al., 2012; Ziani et Khaled, 2016). De plus, l’augmentation de la digestion

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de l’amidon dans le petit intestin augmente la formation du glucose sanguin (Sosin-Bzducha et al., 2010). Ce glucose est une source d’énergie pour les veaux nouveau-nés avec des papilles du rumen non développées (Sosin-Bzducha et al., 2010).

De surcroît, quand l’orge et le blé sont introduits dans la ration, ils sont plus rapidement fermentés par les microbes du rumen que le maïs et le sorgho (Oliveros et al., 2009; Ziani et Khaled, 2016). Ainsi, puisque le maïs a moins d’amidon à dégrader dans le rumen que l’orge, ceci explique que les rations avec plus de maïs produisent moins de synthèse protéique microbienne (Ziani et Khaled, 2016). De fait, la dégradation optimale de l’amidon dans le rumen est fondamentale pour augmenter l’efficacité de la synthèse protéique microbienne dans le rumen (Ziani et Khaled, 2016).

Sosin-Bzducha et al. (2012) ont étudié l’effet de différentes sources d’amidon comme le maïs et l’orge sur la qualité de la viande de veau d’engraissement. Pour l’étude, ils ont utilisé 16 veaux mâles Holstein-Friesian âgés d’environ 10 jours. Les veaux ont été divisés dans quatre groupes égaux. Les différentes rations utilisées pour leur expérience étaient l’orge (B), le maïs grain sec (MD), 50% d’orge et 50% de maïs ensilés (BMS) et 50% de maïs grain sec et 50% maïs ensilé (MDMS). À la fin de l’élevage, les animaux ont été abattus après 24h de retrait d’alimentation. Les résultats montrent que les différentes sources d’amidon n’ont pas eu d’effet sur la perte en eau à la cuisson ou le pH mesuré après 24h et 7 jours après l’abattage (Tableau 1-12). Ensuite, aucune différence n’a été observée entre les groupes pour les autres paramètres de la viande comme la couleur et la tendreté (Tableau 1-12). Par ailleurs, plusieurs études ont aussi indiqué qu’il n’y avait pas de différence entre l’orge et le maïs pour les paramètres sur la carcasse et la viande, mais seules des différences dans les acides gras de la viande ont été remarquées (Boles et al., 2005; Oliveros et al., 2009).

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Tableau 1-12 : Propriété physico-chimique du muscle longissimus thoracis, % Adapté de Sosin-Bzducha et al. (2012)

Groupes P SEM Propriété B MD BMS MDMS Propriété physico-chimique Perte à la cuisson, % 23,14 23,44 21,82 23,83 0,33 1,21 Tendreté, kg/cm2 12,03 11,34 11,64 13,28 0,74 0,63 pH, 24h 5,62 5,68 5,64 5,59 0,36 0,01

pH, 7 jours après abattage 5,45 5,50 5,48 5,44 0,70 0,02 Couleur, 24h après abattage

L* 47,05 46,88 47,22 46,96 0,85 0,40

a* 19,85 19,63 19,91 20,14 0,88 0,30

b* 3,21 2,48 3,30 4,11 0,49 0,48

Couleur, 7 jours après abattage

L* 48,48 47,19 48,16 49,51 0,46 0,51

b* 17,32 18,39 17,98 17,98 0,83 0,41

a* 3,38 4,91 4,30 4,84 0,60 0,44

B, Orge; MD, Maïs sec; BMS, Orge et Maïs ensilage; MDMS, Maïs sec et Maïs ensilage

SEM, Erreur standard de la moyenne

Deux ans plus tôt, la même équipe, celle de Sosin-Bzducha et ses collaborateurs (2010), avaient fait une expérience avec la même ration qu’en 2012, mais cette fois-là, la digestibilité au niveau du rumen avait été mesurée, de même que les performances de croissance des veaux mâles. Pour l’expérience de 2010, 40 veaux mâles Holstein-Friesian âgés autour de 10 jours avaient été utilisés. Pour les paramètres de croissance des veaux, comme le poids vif et le gain moyen quotidien, aucune différence significative n’avait été observée (Tableau 1-13). Ainsi, même si le gain moyen quotidien n’est pas significativement différent entre les rations, il a été remarqué que pour la ration avec l'orge, le gain moyen quotidien a eu tendance à être plus faible que celui des rations avec le maïs (Tableau 1-13). Ceci peut être expliqué par une meilleure digestibilité intestinale des protéines et de l’amidon dans les rations avec maïs par le veau (Sosin-Bzducha et al., 2010). De plus, cela pourrait suggérer que la digestion de l’amidon dans l’intestin est plus efficace énergétiquement parce qu’il a peu de perte d’énergie par la chaleur et par la production de méthane comparativement au rumen, la fermentation de l’amidon dans le rumen et la glycogénèse occasionnant une forte perte d’énergie (Sosin-Bzducha et al., 2010; Zhao et al., 2016).

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Tableau 1-13 : Poids vif et gain moyen quotidien en fonction des différentes rations d'orge et de maïs Adapté de Sosin-Bzducha et al., (2010)

Concentré des groupes P

Caractéristiques B MD BMS MDMS Groupe âge groupe x âge

Poids vif, kg 0,75 <0,01 0,19

Initial 47,7 46,7 44,2 44,4

56 jours 75,2 76,5 73,8 73,8

Final 111,0 114,1 116,2 110,6

Gain moyen quotidien, g/jour 0,43 <0,01 0,3

Initial 598 648 650 646

56 jours 1053 1106 1247 1082

Final 791 842 906 833

B, Orge; MD, Maïs sec; BMS, Orge et Maïs ensilage; MDMS, Maïs sec et Maïs ensilage

Fatehi et ses collaborateurs (2013) ont mené une recherche pour mesurer l’impact de différentes proportions d’orge et de maïs dans une ration sur les performances et la qualité de la viande de bouvillons Holstein. Pour leur expérience, ils ont utilisé vingt-cinq taureaux Holstein âgés d’environ 8,5 mois. Ils ont utilisé 5 ratios d’orge:maïs différents soient : 1) 100:0 ;2) 75:25 ;3) 50:50 ;4) 25:75 et 5) 0:100. Les rations contenaient 25% de fourrages donc 12.5% d’ensilage de luzerne, 12.5% d’ensilage de maïs et 75% de l’un des cinq mélanges de céréales. Les bouvillons étaient élevés dans des stalles individuelles, attachés, avec un accès à l’eau en tout temps. Pour les résultats sur la croissance des animaux, les auteurs n’ont observé aucune différence significative pour le gain moyen quotidien (GMQ) entre les différentes rations données (Tableau 1-14). Il n’y a pas eu de différences significatives pour le poids de la carcasse chaude. Ils ont remarqué un effet quadratique sur l’efficacité de la carcasse qui est défini comme étant le ratio du poids de la carcasse chaude sur le poids vif des veaux à l’abattoir. Cette efficacité serait meilleure pour les ratios orge:maïs de 75:25 et 50:50 en comparaison aux autres rations (Tableau 1-14). De plus, le gras abdominal a augmenté quadratiquement avec l’augmentation de maïs dans les rations (P <0.05) (Fatehi et al., 2013). Beauchemin et McGinn (2005) ont reporté les mêmes résultats que l’étude précipité, c’est-à-dire que la source d’amidon (orge et maïs) n’a aucun effet sur le GMQ et la quantité ingérée par les veaux. De plus, les auteurs ont remarqué que l’augmentation du gras abdominal causé par l’augmentation du maïs dans les rations peut être reliée à plusieurs facteurs comme une concentration accrue de lipides et d’acétate dans le liquide ruminal dans ces rations (Fatehi et al., 2013). Par ailleurs, l’acétate est un substrat majeur pour la lipogenèse dans les tissus adipeux. Également, nourrir les vaches et les veaux avec un meilleur ratio de maïs et d’orge, comme 25:75 ou 50:50, a résulté à un passage plus élevé de l’amidon dans le petit intestin (Sosin-Bzducha

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et al., 2010 et Fatehi et al., 2013). En outre, quand le maïs est la source dominante d’amidon dans la ration, cela conduit à une augmentation de la fuite des granules d’amidon vers le petit intestin (Fatehi et al., 2013). Certaines de ses granules peuvent être converties en glucose dans le petit intestin et peuvent être absorbées, entrainant une augmentation du glucose plasmatique pour ces rations (Fatehi et al., 2013). Le reste de l’amidon peut être fermenté dans le gros intestin ou excrété dans les fèces (Fatehi et al., 2013).

Tableau 1-14 : Paramètres de croissance et les caractéristiques de la carcasse sur des taureaux en fonction de différents ratios orge et maïs de leur ration Adapté de Fatehi et al. (2013)

Traitement1 SEM Contraste, P2

Paramètres 100:00 75:25 50:50 25:75 00:100 Linéaire Quadratique Cubique

MSI, kg/jour 9,82 9,80 9,77 10,01 10,08 0,47 0,08 NS NS Poids vif initial, kg 281 277 274 275 276 4,77 0,69 NS NS

Poids vif final, kg 411 407 406 407 409 7,5 0,58 NS NS

Poids Carcasse chaude, kg 236 243 241 235 233 4,66 0,85 NS NS GMQ, kg 1,44 1,44 1,47 1,47 1,48 0,07 0,89 NS NS Efficacité de la carcasse, % 57,4 59,1 59,0 57,7 57,1 1,01 NS 0,03 NS Gras abdominal, % 1,81 1,89 1,97 3,11 2,99 0,04 NS 0,03 NS

MSI, Matière sèche ingérée; GMQ, Gain moyen quotidien

1ratio d'orge et de maïs,

2 NS, pas de différence significative P >0.10

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