III. LES ASSISTANCES AU CONTROLE LATERAL
III.3 L ES SYSTEMES D ’ AVERTISSEMENT AUX SORTIES DE VOIES
III.3.1 Les assistances au contrôle latéral de type avertissement
• Les bandes rugueuses : un prototype des SAS
La plupart des conducteurs ont déjà expérimenté un avertissement à sortie de voie. En effet, les bandes rugueuses parfois utilisées en complément du marquage au sol constituent un avertissement à sortie de voie. En ce sens, les bandes rugueuses sont des avertissements à sortie de voie déjà disponibles sur nos routes depuis plusieurs années. En France, lorsque le véhicule se trouve être en situation de sortie de voie imminente, un ou deux pneumatiques entrent en contact avec les bandes rugueuses positionnées au niveau des limites de la voie telles que définies par le marquage au sol. Le passage sur les bandes rugueuses génère un
3 Les termes système « d’avertissement aux sorties de voie » et « système d’aide au maintien dans la
voie » sont respectivement des traductions de l’Anglais « lane departure warning systems » et « lane
bruit caractéristique auquel vient parfois s’ajouter une vibration du volant et, plus globalement, de l’ensemble du véhicule.
De manière générale, les bandes rugueuses peuvent être utilisées à deux endroits sur la route : pour délimiter les bords de route et pour délimiter des voies de circulation (opposées ou de même sens). Les résultats sont contradictoires pour les bandes rugueuses délimitant les voies de circulation. D’une part, Persaud, Retting et Lyon (2003) rapportent une réduction de 25% des accidents (portant atteinte à l’intégrité physique) dans la voie ou avec des véhicules circulant sur la voie opposée, après que des bandes rugueuses aient été installées au centre de la route. D’autre part, Räsänen (2005) n’observe aucun changement dans la prise de virage après avoir installé des bandes rugueuses au centre de la route. En revanche, cette étude confirme l’importance du marquage au sol dans la tâche de maintien du véhicule sur sa voie. Cet auteur observe en effet une réduction de 2.5 à 9.2% du nombre de chevauchement de la ligne marquant le centre de la route après que celle‐ci ait été repeinte. Lorsque, comme sur certaines routes françaises, les bandes rugueuses sont placées sur les lignes marquant les bords de voie, l’avertissement fourni aux conducteurs intervient juste avant la sortie de route. Certaines routes américaines sont équipées d’une partie de chaussée praticable entre le marquage au sol et le bord de route. Les bandes rugueuses sont alors positionnées sur cette partie de la chaussée. L’efficacité de différents types de bandes rugueuses a été évaluée par Morena (2003). Respectivement les bandes rugueuses « rolled‐in
rumbles » et les bandes rugueuses intermittentes ont réduit de 20% le nombre d’accidents liés
aux sorties de route (dus uniquement aux conducteurs distraits ou somnolents). Une réduction supplémentaire de 19% a été enregistrée lors de l’utilisation de bandes rugueuses de type « milled rumble strip ». Ces dernières produisent 3.4 fois plus de bruit et sont 12.6 fois plus rugueuses que celles de type « rolled‐in rumbles » (Federal highway administration, 2007).
Toutefois l’usage de bandes rugueuses est limité aux sorties de routes imminentes. De plus, le poids, la largueur, la vitesse du véhicule ou encore l’usage du clignotant pour les bandes rugueuses placées au centre de la route ne sont pas considérés. De manière à offrir une meilleure prise en compte de la situation et une plus grande adaptabilité aux conducteurs, les dispositifs appelés SAS ont été imaginés.
• Principe de fonctionnement des SAS
Les assistances d’avertissement aux sorties de voie correspondent à des dispositifs embarqués capables de situer latéralement le véhicule sur sa voie. Un avertissement est délivré aux conducteurs lorsque le véhicule est sur le point de quitter sa voie de circulation. Les SAS déjà disponibles ont recours au marquage au sol pour situer le véhicule dans sa voie. Pour la plupart des SAS, des caméras fixées sur le véhicule sont chargées de filmer le
marquage au sol en amont du véhicule. La position du véhicule relativement au marquage au sol est ensuite calculée. Un avertissement est délivré si le véhicule est trop près d’un bord de voie et que le clignotant n’a pas été actionné. Si le clignotant est en activité, le dispositif considère alors que les conducteurs ont volontairement entrepris de changer de voie de circulation ou de s’arrêter sur le bord de la route. Les dispositifs SAS Citroën déjà commercialisés et dénommés AFIL (Alerte de Franchissement Involontaire de Lignes ; site internet Citroën, 2008) ont recours à une autre technologie que celle présentée. Le SAS installé sur leurs véhicules détecte simplement le franchissement d’une ligne à l’aide de capteurs infrarouges. L’avertissement est alors déclenché à ce moment. Différentes variables peuvent être utilisées pour déclencher l’avertissement. Chronologiquement, c’est un écart latéral entre le véhicule et le bord de voie dont il a été fait usage. Actuellement, certains dispositifs, en plus d’un écart latéral, prennent en compte la vitesse du véhicule. Ainsi, un temps avant sortie de voie (TLC)4 est parfois utilisé pour déclencher les avertissements. Divers modes de calculs du TLC sont possibles (Winsum & Godthelp 1996).
Les SAS sont donc uniquement des dispositifs d’avertissement qui ne peuvent pas agir directement sur la trajectoire du véhicule. Par conséquent, les conducteurs restent pleinement responsables de l’activité de guidage du véhicule. Tel qu’il a été présenté, le principe de fonctionnement des SAS est assez simple. Toutefois derrière ce mode de fonctionnement global, il existe de nombreuses possibilités de différenciation entre SAS au niveau de l’avertissement fourni. Ces différences entre dispositifs amènent à des effets différenciés sur les comportements de conducteurs.
• Les systèmes d’aide à l’évitement de collisions lors de changement de voie : un complément aux SAS ?
Les systèmes d’aide à l’évitement de collisions lors de changement de voie (SEC) sont un autre type de dispositif lié à l’activité de contrôle latéral du véhicule. Contrairement à l’activité de maintien dans la voie, les conducteurs considèrent l’activité de changement de voie comme principalement manuelle (Biester & Bosch, 2005). Sur une échelle allant de 1 (tâche totalement manuelle) à 7 (tâche totalement automatique), le positionnement moyen de cette activité est inférieur à 2 ; ce qui en fait une activité parmi celles classées comme les plus manuelles avec « accélérer » et « négocier un virage ». Cette activité apparaît donc comme une activité coopérative moins prometteuse que le maintien dans la voie. Les SEC avertissent les conducteurs lorsqu’un changement de voie de circulation est entrepris et qu’un autre
4 TLC de l’Anglais « Time to Lane Crossing ». Celui‐ci correspond au temps avant qu’une sortie de voie
véhicule se trouve sur la voie de destination (voir Tijernia, 1999 pour une revue). Les avertissements fournis par des SEC ne sont pas uniquement liés au contrôle latéral, mais également à l’activité d’identification de risques. Ce sont aussi des assistances à la prise de décision. En conclusion, ces dispositifs d’assistance sont principalement dévolus à la réduction des accidents impliquant plusieurs véhicules et peuvent être un bon complément aux SAS.