• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 1: PROBLÉMATIQUE

1.4 Le développement d’interventions

1.4.1 Les étapes lors du développement d’interventions

Il existe plusieurs approches pour développer des interventions dans le domaine de la santé. Il y a l’Intervention Mapping, un cadre de planification des programmes en promotion de la santé (Bartholomew, Parcel, Kok, Gottlieb, & Fernandez, 2011), le Guide du Conseil de recherche médicale du Royaume-Uni pour le développement et l’évaluation d’interventions complexes (Craig et al., 2008), l’approche utilisant les domaines théoriques pour le développement d’interventions théoriques visant le changement du comportement (S. D. French et al., 2012) et la Behavior Change Wheel, un guide pour le développement d’interventions (Michie, Atkins, & West, 2014). Chacune de ces approches conçoit le développement d’interventions comme une série d’étapes. Les deux principales approches pour le développement des interventions sont l’Intervention Mapping et la Behavior Change Wheel. L’Intervention Mapping est un des cadre de planification les plus complet et qui a largement été utilisé dans le domaine de la promotion de la santé. La Behavior Change Wheel est également un guide intéressant pour la planification des interventions. Par contre, comme cette approche est plus récente, il y a encore peu d’applications pratiques de celle-ci.

Selon l’Intervention Mapping, il y a six étapes lors du développement d’interventions (voir Figure 3). La première étape consiste en une analyse des besoins de la population cible. La deuxième étape implique de fixer les objectifs de l’intervention. La troisième étape comporte le choix des méthodes d’intervention. La quatrième étape implique de développer le contenu de l’intervention. La cinquième étape consiste en l’implantation de l’intervention et enfin la sixième étape est l’évaluation de l’intervention. Le processus de l’Intervention Mapping est cumulatif; chacune des étapes permet d’amasser l’information nécessaire pour passer à l’étape suivante (Bartholomew et al., 2011). Toutefois, il est important de préciser que même si l’Intervention Mapping est présenté comme une série d’étapes, la planification d’une intervention est en réalité plus un processus itératif que linéaire, ce qui signifie qu’il est possible de retourner à des étapes précédentes en cours de route (Bartholomew et al., 2011).

50

Figure 3. Modèle de l’Intervention Mapping (Adapté de Bartholomew et al., 2011)

Lors de la première étape de l’Intervention Mapping, soit l’analyse des besoins de la population cible, il convient d’identifier un problème de santé sur lequel il faut agir. Généralement, la justification du choix d’un problème de santé se fait en fonction de son ampleur et de la gravité de ses conséquences sur la santé des individus (Bartholomew et al., 2011). On pourrait donc choisir un problème de santé, car de nombreux individus en sont atteints (prévalence élevée) ou parce qu’il fait plusieurs nouvelles victimes par année (incidence élevée) ou encore parce qu’il a de graves répercussions sur la santé des personnes atteintes (p. ex.: douleur, comorbidité, chronicité, mortalité). Le choix du problème de santé doit aussi se faire selon les priorités de santé publique en vigueur. Par exemple, nous avons vu précédemment que la prévalence du diabète gestationnel est en hausse et qu’il peut avoir de graves conséquences chez la femme et son enfant, tel qu’un risque élevé de développer du diabète de type 2. Une fois le problème de santé sélectionné, il faut identifier les comportements liés à celui-ci (Bartholomew et al., 2011). Par exemple, la consommation de fruits et légumes permettrait de prévenir le diabète gestationnel et le diabète de type 2. Il faut ensuite identifier les déterminants du (ou des) comportement(s) lié(s) à la santé que nous avons sélectionné(s) (Bartholomew et al., 2011). Les théories psychosociales de prédiction du comportement, tel que la Théorie du comportement planifié (Ajzen, 1991), peuvent être utilisées à cette fin.

Étape 1

Analyse des besoins de la population cible

Étape 2 Fixer les objectifs de

l’intervention Étape 3 Choix des méthodes

d’intervention Étape 4 Développement du contenu de l’intervention Étape 6 Évaluation de l’intervention Étape 5 Implantation de l’intervention

51

La deuxième étape de l’Intervention Mapping implique de fixer les objectifs de l’intervention. Des objectifs doivent être fixés pour chacun des comportements liés à la santé que nous désirons changer (Bartholomew et al., 2011). Par exemple, si on veut agir sur la consommation de fruits et légumes, il faut fixer la quantité de fruits et légumes à consommer pour prévenir le diabète gestationnel et le diabète de type 2. Les objectifs fixés doivent être en accord avec les recommandations de santé publique en vigueur. Dans le cas de la consommation de fruits et légumes, le Guide alimentaire canadien fournit des recommandations précises pour tous les segments de la population. Il faut également déterminer comment nous allons agir sur chacun des déterminants du (ou des) comportement(s) lié(s) à la santé (Bartholomew et al., 2011).

La troisième étape de l’Intervention Mapping nécessite le choix des méthodes d’intervention. Le choix des méthodes d’intervention devra être justifié par la littérature scientifique (Bartholomew et al., 2011). On privilégiera donc une technique d’intervention en fonction du cadre théorique sélectionné ou des données de la littérature scientifique sur son efficacité. Par exemple, la Théorie sociale cognitive de Bandura (1977) fournit des techniques spécifiques pour augmenter l’efficacité personnelle des individus. Il existe aussi plusieurs taxonomies des techniques de changement du comportement (Abraham & Michie, 2008; Kok et al., 2016; Michie et al., 2011; Michie et al., 2013). Les revues systématiques sont un bon moyen d’identifier les interventions efficaces pour changer le comportement puisqu’elles permettent de synthétiser l’ensemble des données empiriques sur un sujet de recherche préétabli tout en prenant en compte la qualité des études incluses (Littell, 2008). Par exemple, les résultats d’une revue systématique récente indiquent que l’activation des intentions serait une stratégie efficace pour encourager la saine alimentation chez les adultes avec une taille d’effet moyenne (d de Cohen = 0,51) (Adriaanse, Vinkers, et al., 2011).

La quatrième étape consiste à développer le contenu de l’intervention. Lorsque cette étape est basée sur les étapes précédentes de l’Intervention Mapping, en particulier l’étape 1 sur l’analyse des besoins de la population cible, celle-ci est parfois nommée «recherche formative» dans la littérature scientifique. La recherche formative implique d’amasser de l’information sur les besoins de la population cible afin de développer des interventions qui

52

répondent à ces besoins et qui sont plus efficaces pour changer le comportement (Gittelsohn et al., 2006). La recherche formative a déjà été utilisée pour développer des interventions faisant la promotion de la consommation de fruits et légumes (Epton et al., 2014; Godinho, Alvarez, & Lima, 2013; Strolla, Gans, & Risica, 2006).

Lors des quatrième et cinquième étapes de l’Intervention Mapping, l’intervention est implantée et elle est ensuite évaluée selon les objectifs fixés à l’étape 2. Idéalement, l’implantation et l’évaluation de l’intervention sont deux étapes qui devraient être planifiées dès le début du développement de l’intervention (Kok, Schaalma, Ruiter, van Empelen, & Brug, 2004). Par exemple, si l’objectif fixé à l’étape 2 est d’augmenter la consommation de fruits et légumes afin qu’elle respecte les recommandations du Guide alimentaire canadien, il est important de prévoir dès le début de l’intervention un outil qui permettra de mesurer de façon précise la consommation de fruits et légumes. Si un tel outil n’existe pas, il faudra alors prévoir d’en adapter un existant ou même de développer un nouvel outil de mesure. Cet outil devra ensuite faire l’objet d’une étude de validation dans la population cible.

Documents relatifs