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Entre les deux lectures : quadratures par diff´ erences et transformationset transformations

enti` eres (d´ ebut 1664 - ´ et´ e 1665)

4.2 Entre les deux lectures : quadratures par diff´ erences et transformationset transformations

Avant de venir aux notes qui accompagnent la deuxi`eme lecture de l’Arithmetica infi-nitorum, il faut rendre compte bri`evement de quelques notes que Whiteside a s´epar´ees des pr´ec´edentes et dat´ees du d´ebut 1665, bien qu’il me semble plus raisonnable de les faire re-monter `a une p´eriode ant´erieure39. L’int´erˆet de ces notes tient au fait que Newton s’appuie directement, sans aucune justification, sur l’algorithme exprim´e par l’´egalit´e (4.33). Dans ces notes, il explore mˆeme la possibilit´e d’appliquer cet algorithme g´en´eral, grˆace `a des transformations ou `a des comparaisons convenables, `a la quadrature de courbes exprim´ees par des ´equations enti`eres non reconductibles `a la forme y =

n

P

i=0

aixi. La tentative de New-ton n’eut pourtant pas de suites, et celui-ci se tourna bientˆot vers d’autres directions de recherches.

Des quatre exemples qu’il consid`ere, les deux premiers40exposent une m´ethode g´en´erale qu’on peut formuler comme suit. Supposons que deux courbes sont exprim´ees, par rapport au mˆeme syst`eme de coordonn´ees, par des ´equations w = f (x) et z = g(x) de la forme y =

n

P

i=0

aixqi (les qi´etant des exposants rationnels quelconques, que l’on peut supposer plus grands que−1). Si on pose y = z − w (avec z > w), il s’ensuit, quels que soient κ et ξ, que

Xξ

κ[z]−Xξ

κ[w] =Xξ

κ[y] (4.37)

Il suffira alors de carrer s´epar´ement les courbes d’´equation w = f (x) et z = g(x) pour obtenir la quadrature de la courbe exprim´ee par l’´equation y− g(x) + f(x) = 0.

Le premier exemple est parlant. En posant w =√ ax z =√ bx y = z− w (4.38)

(avec b > a), on obtient

y4− 2y2(a + b) x + (b− a)2x2= 0 (4.39) et, en accord avec l’´egalit´e (4.33) :

s  Xξ 0[y]  =2 3ξ p ξh√ b−ai (4.40)

Dans le troisi`eme et le quatri`eme exemple41, Newton consid`ere des courbes d´efinies par rapport `a des coordonn´ees non orthogonales, dont les ordonn´ees sont d´efinies en termes

39Cf. Newton (MP), I, 2, 3,§ 4, 242-244. La section 3 de la partie 2 du volume I des Mathematical Papers, contient les notes que Whiteside a ordonn´ees sous le titre “Miscellaneous Problems in Analytical Geometry and Calculus” [cf. ci-dessus, p. 163]. L’argument que Whiteside avance pour justifier sa datation [cf. ibid ., note 1, 242] est obscure et semble mˆeme sugg´erer une datation ant´erieure.

40Cf. Newton (MP), I, 2, 3,§ 4, [1] et [2], 242-243. 41Cf. Newton (MP), I, 2, 3,§ 4, [3] et [4], 243-244.

d’ordonn´ees orthogonales d’autres courbes. Dans le premier cas, il s’arrˆete bientˆot42, dans le deuxi`eme, il parvient `a carrer une courbe qu’il aurait pu ais´ement carrer par la m´ethode usuelle.

Bien qu’ing´enieuses, les proc´edures pr´ec´edentes ne pouvaient pas amener tr`es loin. En s’appuyant sur l’algorithme exprim´e par l’´egalit´e (4.33), elles posaient de surcroˆıt le probl`eme de la justification d’un tel algorithme. Lorsqu’il reprend, au d´ebut de 1665, la lecture de l’Arithmetica infinitorum, pour s’int´eresser `a la quadrature du cercle y obtenue par Wallis, Newton cherche d’embl´ee `a reformuler la m´ethode de ce dernier de telle sorte `

a qu’il ne soit amen´e qu’`a employer la version restreinte de cet algorithme exprim´e par l’´egalit´e (4.32).

4.3 Au d´ebut de 1665, la deuxi`eme lecture de

l’Arithmetica infinitorum : la quadrature par s´erie

du cercle et de l’hyperbole

Les notes accompagnant cette deuxi`eme lecture de l’Arithmetica infinitorum43 se pr´esentent d’abord sous la forme d’un r´esum´e du trait´e de Wallis — et en particulier de sa deuxi`eme partie consacr´ee `a la quadrature du cercle (et de l’ellipse) —, mais elles se transform`erent tr`es vite en une occasion pour mettre `a l’´epreuve cette nouvelle version de la m´ethode de Wallis. Sans doute plus g´en´erale et plus agile que celle employ´ee une ann´ee auparavant pour carrer deux paraboles, la nouvelle m´ethode de Newton n’est pas sans s’appuyer sur des id´ees que ce dernier avait exploit´ees `a cette occasion.

4.3.1 Un court r´esume de l’Arithmetica infinitorum

Consid´erons d’abord, le r´esum´e de l’Arithmetica infinitorum44. Bien que Newton suive de tr`es pr`es le parcours du trait´e de Wallis, sa reconstruction porte les traces ´evidentes d’une attitude nouvelle.

En laissant de cˆot´e toute justification que Wallis avait donn´e pour ces r´esultats, Newton se concentre sur l’aspect algorithmique de la m´ethode, sur la structure et sur les propri´et´es formelles de celles qu’il semble interpr´eter comme des v´eritables op´erations non Alg´ebriques. Il souligne par exemple comment les s´eries de Wallis sont univoquement d´etermin´ees par des indices entiers, fractionnaires ou sourds45, comment les indices des s´eries compos´ees se trouvent en composant les indices des s´eries ´el´ementaires46, et comment les quadratures de Wallis s’obtiennent en op´erant sur les indices47. Toute la premi`ere partie du trait´e de Wallis est ainsi r´eduite `a un simple algorithme op´erant sur des indices et est r´eexpos´ee tr`es rapide-ment. Newton est ainsi tr`es vite `a mˆeme conditions d’aborder la deuxi`eme partie de ce trait´e qui s’ouvre, comme on l’a vu dans le chapitre 2, avec la pr´esentation du r´esultat exprim´e par l’´egalit´e (2.38), que Newton consid`ere comme relevant des “surfaces [...] compos´ees par

42Cf. Newton (MP), I, 2, 3,§ 4, note (11), 243. 43Cf. la note (4), ci-dessus. 44Cf. Newton (MP), I, 1, 3,§ 3, [1], 96-104. 45Cf. Newton (MP), I, 1, 3,§3, [1], 96-97. 46Cf. Newton (MP), I, 1, 3,§3, [1], 97-98. 47Cf. Newton (MP), I, 1, 3,§3, [1], 98.

deux ou plusieurs [...] s´eries” telles queP

r, et comme ´etant susceptible de donner les “aires” de ces surfaces48.

Parmi ces surfaces, Newton ne consid`ere que celles d´elimit´ees par les courbes qu’il ex-prime par les ´equations49 :

y = (a2− x2)0= u y = (a2− x2)1= a2− x2 y = (a2− x2)2= a4− 2a2x2+ x4 y = (a2 − x2)3= a6 − 3a4x2+ 3a2x4 − x6 &c. (4.41)

Et il rappelle que ces surfaces ont respectivement les rapports de 1 `a 150, de 2 `a 3, de 8 `

a 15, de 48 `a 105, avec les parall´elogrammes circonscrits. Si on interpole cette succession d’´equations, en introduisant les “termes”

y = (a2− x2)0√ a2− x2=√ a2− x2 y = (a2− x2)1√ a2− x2= (a2− x2)√ a2− x2 y = (a2− x2)2√ a2− x2= a4− 2a2x2+ x4 √a2− x2 &c. (4.42)

respectivement, entre le premier et le deuxi`eme terme, entre le deuxi`eme et le troisi`eme, entre le troisi`eme et le quatri`eme, etc., on obtient, selon Newton, une nouvelle succession d’´equations exprimant des courbes qui “observent une progression g´eom´etrique”. De l`a il s’ensuit que les aires de ces courbes “doivent observer quelque type de progression”, en particulier elles doivent former la progression51

 1, ,23,∗, 8 15,∗, 48 105,∗,384 945,∗, 3840 10395, . . .  (4.43) On en conclut que le deuxi`eme terme de cette progression, donne “l’aire de la courbe y = √

a2− x2, [c’est-`a-dire] le cercle”52.

Le mˆeme raisonnement s’applique aussi — observe Newton, en continuant `a reconstruire `

a sa mani`ere l’argument de Wallis — aux courbes d’´equations y = (ax− x2)02 = u y = (ax− x2)12 =√ ax− x2 y = (ax− x2)22 = a2− x2 y = (ax− x2)32 = (ax− x2)√ ax− x2 &c. (4.44)

48Cf. Newton (MP), I, 1, 3,§3, [1], 99. Les termes “surfaces [superficies]” et “aires [area]” sont naturel-lement de Newton. Je suppose que le premier se r´ef`ere `a une figure plane quelconque et le second ait la signification que je lui assign´ee ci-dessus [cf. pp. 176 et suiv.].

49Bien qu’il la consid`ere implicitement, Newton n’´ecrit pas, en v´erit´e, la premi`ere de ces ´equations. 50Evidemment, Newton n’indique pas ce rapport [cf. la note (49), ci-dessus].´

51On remarque que, apr`es avoir identifi´e les rapports2 3, 8

15, 48

105, avec les rapports des aires des courbes consid´er´ees avec les parall´elogrammes circonscrits, Newton les identifie maintenant avec ces aires elles-mˆemes, en supposant que l’aire des parall´elogrammes circonscrits est `a chaque fois donn´ee par les segment unit´e. On remarque aussi que, pour la fa¸con dont il est utilis´e, le symbole “” indique ici le rapport r´eciproque au rapport que Wallis indique par ce mˆeme symbole [cf. la note 62 du chapitre 2].

dont les aires forment la progression  1, ,16,∗, 1 30,∗, 1 140,∗, 1 630, . . .  (4.45) qui est telle que son deuxi`eme terme nous donne aussi l’aire du cercle, car il indique le rapport entre un demi-cercle et le carr´e construit sur son diam`etre53.

Apr`es avoir observ´e que les successions (4.43) et (4.45) peuvent ˆetre r´eduites `a des suc-cessions plus simples, en les multipliant terme `a terme par des successions g´eom´etriques convenables, ou en les additionnant ou les soustrayant entre elles terme `a terme (ce que Wallis n’avait pas remarqu´e) — , Newton compl`ete la succession (4.43) en remplissant les places vides avec les multiples rationnels de  donn´es par la troisi`eme ligne de la ma-trice (2.59). Enfin, en passant aux inverses54, il retrouve, en appliquent le mˆeme argument appliqu´e par Wallis, l’encadrement (2.72), et, en s’appuyant sur un argument diff´erent et plus simple que celui de Wallis, un autre encadrement de , qui converge n´eanmoins plus lentement que l’encadrement (2.72)55.

4.3.2 La quadrature du cercle

Cette reconstruction, assez libre en v´erit´e, du parcours de Wallis est d’autant plus int´eressante qu’elle pr´econise la nouvelle m´ethode de quadrature que Newton pr´esente tout de suite apr`es, en l’appliquant d’embl´ee `a la quadrature du cercle et de l’hyperbole56.

Le premier probl`eme que Newton aborde57, d`es qu’il a termin´e de r´ediger son r´esum´e, est le suivant :

Having the signe [le sinus] of any angle to find the angle or to find the content of any segment of a circle.58

Comme on le voit d’embl´ee, il s’agit d’un probl`eme tr`es diff´erent de celui que Wallis avait abord´e dans la deuxi`eme partie de l’Arithmetica infinitorum : Newton ne se limite pas `a ajouter au probl`eme de la quadrature du cercle le probl`eme de la d´etermination de

53Il est donc clair que le symbole “” n’a pas la mˆeme signification dans les successions (4.43) et (4.45). 54Cf. la note (51) ci-dessus.

55Cf. Newton (MP), I, 1, 3,§ 3, [1], 102-104. Aujourd’hui on exprimerait le nouvel encadrement trouv´e par Newton par le biais des in´egalit´es suivantes :

j−1 Y i=1 (2i + 1)2 (2i)(2i + 1)< 4 π < 2j + 1 2j j−1 Y i=1 (2i + 1)2 (2i)(2i + 1) valables pour tout nombre entier positif diff´erent de z´ero.

56Il est ais´e de noter que les ´equations 4.41, 4.42 et 4.44 ne sont pas, en g´en´eral, homog`enes. On peut pourtant les consid´erer comme ´etant des sch´emas d’´equations, exprimant des courbes `a la rigueur diff´erentes selon le choix du segment unit´e. Comme il ne s’agit que de carrer ces courbes, il suffira alors de supposer que l’aire de ces courbes est calcul´ee relativement au mˆeme segment unit´e. Ceci vaut aussi pour la m´ethode de quadrature propos´ee par Newton. Les courbes que ce dernier consid`ere sont pourtant toutes exprim´ees en termes d’un segment unit´e, de sorte que l’on peut supposer que ce mˆeme segment unit´e sert de facteur d’homog´en´eisation, lorsque les ´equations exprimant ces courbes ne sont pas homog`enes. Comme les aires que Newton parvient `a d´eterminer seront exprim´ees par des s´eries enti`eres non homog`enes, on devra alors supposer que les produits intervenant dans ces s´eries sont r´ef´er´es `a ce mˆeme segment.

57Cf. Newton (MP), I, 1, 3,§ 3, [2], 104-111. 58Cf. Newton (MP), I, 1, 3,§ 3, [2], 104.

l’arc-sinus d’un sinus donn´e ; en introduisant une nouveaut´e bien plus profonde par rapport `

a l’approche de Wallis, il con¸coit d’embl´ee le probl`eme de la quadrature du cercle comme ´etant le probl`eme de la d´etermination de l’aire (“the content ”, comme dit Newton) d’un secteur circulaire quelconque. Cela signifie non seulement que pour lui carrer une courbe revient `a en d´eterminer l’aire, mais aussi qu’il imagine la possibilit´e de d´eterminer non pas une aire constante, telle que celle d’un quart de cercle, d’un demi-cercle, ou d’un cercle, mais une aire variable, comme celle d’un secteur circulaire. C’est justement ce que Wallis n’avait pas su faire, et qu’il n’avait mˆeme pas eu le courage de chercher `a faire.

Naturellement, il ne faut pas penser ici le sinus et l’arc-sinus comme ´etant des fonctions transcendantes, dont le domaine est un sous-ensemble de l’ensemble des nombres r´eels. Ceux-ci ne sont qu’un rapport et un angle variables, dont les valeurs d´eterminent le secteur circulaire qu’il s’agit de carrer. Si on suppose que le rayon du cercle en question est le segment unit´e, ou est de toute fa¸con un segment connu, alors on peut identifier le sinus avec un segment variable. C’est ce segment que Newton choisi comme ´etant la variable ind´ependante de ses deux probl`emes. Quant `a la relation entre ces deux probl`emes (qui du point de vue de Wallis et de la g´eom´etrie classique sont essentiellement distincts), elle devient ´evidente d`es que l’on pense le premier probl`eme comme consistant `a d´eterminer l’aire d’un secteur angulaire variable.

En suivant l’ordre choisi par Newton, consid´erons d’abord le premier de ces probl`emes. Soit BMN1C (fig. 3) l’arc d’un quart de cercle de rayon unitaire d´etermin´e par l’angle BbAN1, qu’on va concevoir comme ´etant une valeur de l’angle variable BbAM correspondant au point courant M59. Les segments variables AP et PM, seront alors respectivement le sinus et le cosinus de ce dernier angle. Si on r´ef`ere l’arc de cercle BMN1C `a l’axe AH d’origine A et que l’on prend, `a partir de cet axe, des ordonn´ees orthogonales, alors on peut poser AP = x et PM = y, ce qui donne pour l’arc de cercle BMN1C l’´equation60

y =pu− x2 (4.46)

Si on pose AQ = ξ, il s’ensuit que le trap´ezo¨ıde BN1QA est constitu´e par la totalit´e des ordonn´ees y d´etermin´ees par cette ´equation, prise entre les valeurs x = 0 et x = ξ de x. Pour en trouver l’aire en suivant la m´ethode que Newton avait mis au point apr`es sa premi`ere lecture de l’Arithmetica infinitorum, il faudrait chercher une autre grandeur g´eom´etrique ´equivalente `a cette totalit´e, dont on connaˆıt la mesure dans le domaine des segments. Cette recherche semble pourtant destin´ee `a l’´echec, et cela explique que Newton essaie de r´esoudre le probl`eme par une autre voie, une voie qui lui est sugg´er´ee par le r´esum´e pr´ec`edent du trait´e de Wallis.

L’´equation (4.46) peut ˆetre pens´ee comme ´etant le deuxi`eme terme d’une succession

59La notation avec indices n’est naturellement pas due `a Newton. Newton ne distingue non plus explici-tement entre le point courant M et le point N1.

60En suivant la suggestion de Descartes, Newton note directement le segment unitaire donnant le rayon du cercle consid´er´e par la chiffre “1” [cf. la note (65) du chapitre 1]. Pour ´eviter toute confusion entre deux objets, un nombre et un segment, qui du point de vue de Newton ne peuvent que rester bien distincts entre eux, je pr´ef`ere noter ce segment par la lettre “u”, comme dans le chapitre 1.

d’´equations analogue `a la succession (4.44) : y0= (u− x2)02 = u y1= (u− x2)12 =√ u− x2 y2= (u− x2)22 = u− x2 y3= (u− x2)32 = (u− x2)√ u− x2 y4= (u− x2)42 = u2− 2ux2+ x4 &c. (4.47)

exprimant respectivement, par rapport au mˆeme syst`eme de coordonn´ees, les courbes BN0D, BN1C, BN2C, BN3C, BN4C, &c. Or, observe Newton61,

since all the ordinately applyed lines in these figures BDCQ, BN1CQ, BN2CQ, BN3CQ &c. are geometrically proportionall their areas BN0QA, BN1QA, BN2QA , BN3QA, BN4QA, &c. will observe some proportion amongst one another. Le probl`eme sera alors celui de d´eterminer de quelle “proportion” il s’agit.

Pour ce faire, Newton commence par carrer les courbes exprim´ees par les ´equations de place impaire62 : s [BN0QA] = s  Xξ 0[y0]  = ξ s [BN2QA] = s  Xξ 0[y2]  = ξ−1 3ξ 3 s [BN4QA] = s  Xξ 0[y4]  = ξ−2 3ξ 3+1 5ξ 5 s [BN6QA] = s  Xξ 0[y6]  = ξ−3 3ξ 3+3 5ξ 51 7ξ 7 s [BN8QA] = s  Xξ 0[y8]  = ξ−4 3ξ 3+6 5ξ 54 7ξ 7+1 9ξ 9 &c. (4.48)

Il ne fournit aucun argument pour justifier ces r´esultas. Il est n´eanmoins clair qu’il les obtient en appliquant l’algorithme exprim´e par l’´egalit´e (4.32)63, qu’il ne fait ainsi que supposer.

61Cf. Newton (MP), I, 1, 3,§3, [2], 104-105. Je corrige une erreur d’´ecriture ´evidente de Newton [cf. ibid., note (46), 105].

62Les symboles “s [BN2iQA]” (i = 0, 1, 2, ...) ne sont ´evidemment pas de Newton, qui se limite `a ´egaliser les polynˆomes

i P j=0 1 2j+1  i j 

x2j+1aux trap´ezo¨ıdes BN2iQA [cf. Newton (MP), I, 1, 3,§ 3, [2], 105-106]. 63Si η, µ et m sont des nombres entiers positifs, d’apr`es cet algorithme, on obtient en v´erit´e

s  0[ηuµxm]  = η m + 1uµξm+1

mais, conform´ement `a la d´efinition de la multiplication dans l’Alg`ebre des Descartes, on a uµξm+1: u = uµ−1ξm+1: u

En partant de ces pr´emisses, tr`es diff´erentes de celles de Wallis, l’argument de Newton est de loin plus simple et direct que celui de ce dernier, et il est `a mˆeme de conduire d’embl´ee `a une conclusion plus g´en´erale. Au lieu de chercher une double interpolation de la matrice donnant le triangle de Pascal — pens´ee comme une matrice donnant les valeurs du rapport (2.49) pour les diff´erentes valeurs de p et de λ —, en visant la d´etermination d’un rapport constant, Newton va chercher `a interpoler une seule fois, et seulement entre les colonnes, cette mˆeme matrice — en la pensant plutˆot comme une matrice donnant les (valeurs absolues des) num´erateurs des coefficients num´eriques des polynˆomes intervenant dans les ´egalit´es (4.48) —, en visant la d´etermination des coefficients num´eriques d’autres polynˆomes de la mˆeme forme, donnant les aires des courbes exprim´ees par les ´equations de place paire dans la succession d’´equations (4.47). Les polynˆomes exhib´es par les ´egalit´es (4.48) sont en fait tous de la mˆeme forme : ils ne comprennent que des puissances impaires de ξ et leurs coefficients sont des nombres fractionnaires `a signes altern´es, dont le d´enominateur est ´egal `a l’exposant de la puissance de ξ qu’ils affectent. Si l’on suppose que les aires des courbes exprim´ees par les ´equations de place paire dans la succession d’´equations (4.47) sont exprim´ees par des polynˆomes de la mˆeme forme, il suffit, pour d´eterminer enti`erement ces polynˆomes, de d´eterminer les num´erateurs de ses coefficients num´eriques, en exploitant la loi qui lie entre eux les num´erateurs des coefficients num´eriques des polynˆomes exhib´es par les ´egalit´es (4.48).

Raisonner de cette mani`ere signifie concentrer son attention seulement sur ces derniers polynˆomes, en consid´erant ceux-ci ind´ependamment des courbes dont ils expriment les aires. Lorsque ces polynˆomes sont consid´er´es de cette mani`ere, pour interpoler la succession `a laquelle ils appartiennent il faut comprendre la raison qui fait qu’ils s’arrˆetent apr`es un certain nombre de termes comme ´etant une cons´equence d’une r`egle qui ne fait r´ef´erence ni `

a la nature des courbes dont ils expriment les aires, ni `a leur place dans cette succession. En effet, la r`egle ´evidente Nν = 2ν− 1 (ν = 1, 2, 3, . . .) — o`u Nν est l’ordre du ν-i`eme polynˆome dans la succession de polynˆomes exhib´es par les ´egalit´es (4.48), exprimant l’aire du trap´ezo¨ıde BN2(ν−1)QA — donne, lorsqu’elle est appliqu´ee `a des valeurs interm´ediaires de ν entre 1 et 2, 2 et 3, . . . (c’est-`a-dire aux valeurs 3

2,5 2,7

2, . . . ), des valeurs paires de Nν, ce qui est incompatible avec l’hypoth`ese que les polynˆomes qu’il faut d´eterminer aient la mˆeme forme que les polynˆomes intervenant dans les ´egalit´es (4.48).

L’id´ee de Newton est simple et g´eniale : apr`es avoir observ´e que les num´erateurs des coefficients num´eriques des polynˆomes exhib´es par les ´egalit´es (4.48) constituent les entr´ees successives de la matrice de nombres figur´es d´ej`a ´etudi´ee par Wallis — ce qui pour nous est le triangle de Pascal —, il compl`ete cette matrice avec l’introduction d’une infinit´e de z´eros ; il pense, en d’autres termes, les polynˆomes exhib´es par les ´egalit´es (4.48) comme des polynˆome infinis dont les coefficients s’annulent au-del`a d’une certaine puissance de ξ. Si on forme une matrice dont les entr´ees G[i,j] (i, j = 0, 1, 2, . . .) sont respectivement les coefficients qui affectent les produits (−)i 1

2i+1ξ2i+1 (i = 0, 1, . . .) dans ces polynˆomes, on obtient la matrice suivante :

et de l`a il s’ensuit ´evidemment que :

j 0 1 2 3 4 5 6 7 . . . i 0 1 1 1 1 1 1 1 1 . . . 1 0 1 2 3 4 5 6 7 . . . 2 0 0 1 3 6 10 15 21 . . . 3 0 0 0 1 4 10 20 35 . . . 4 0 0 0 0 1 5 15 35 . . . 5 0 0 0 0 0 1 6 21 . . . 6 0 0 0 0 0 0 1 7 . . . 7 0 0 0 0 0 0 0 1 . . . .. . ... ... ... ... ... ... ... ... . .. (4.49)

dont tous les termes sont donn´es, `a partir des termes G[0,j]= 1 (j = 0, 1, 2, . . .) et G[i,0]= 0 (i = 1, 2, . . .), par la loi r´ecursive

G[i,j]= G[i,j−1]+ G[i−1,j−1] (4.50) qui caract´erise le triangle de Pascal64. Pour connaˆıtre l’ordre du ν-i`eme polynˆome, il suffit alors de chercher, selon cette loi, les entr´es de la colonne j = ν− 1 et de v´erifier `a partir de quelle ligne ces entr´ees prennent la valeur 0.

`

A partir de ce point, les notes de Newton deviennent lapidaires. Celui-ci ´ecrit, sans