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II. Libéralisation financière et croissance économique : une revue de la littérature récente

II.1. Les avantages de la libéralisation financière en théorie

II.1.1.3. Le transfert du savoir-faire technologique et managérial

D’après Borensztein, De Gregorio et Lee (1998), le transfert technologique joue un rôle important dans le processus de développement économique. Selon ces

auteurs, le taux de croissance d’un pays donné représenté par l’état de son

développement technologique dépend fortement des progrès technologiques dans

les autres pays. En d’autres termes, la croissance d’un pays dépend de l’adoption et de la mise en œuvre des nouvelles technologies déjà existantes dans les autres pays

du monde.

Borensztein, De Gregorio et Lee (1998) stipulent que la diffusion

technologique ne peut intervenir qu’en présence d’une libéralisation du système

financier. Selon ces auteurs, le savoir-faire technologique se diffuse à travers une multitude de canaux. Cependant, les IDE sont le meilleur moyen pour les pays en

voie de développement d’accéder aux avancées technologiques et le savoir-faire managérial.

Ainsi, dans un modèle théorique et partant d’une fonction de production

Cobb Douglas, ils mettent en relation la croissance et les IDE. Ils montrent que

l’augmentation de la production domestique requiert la mise en place de

technologies avancées disponibles uniquement dans les pays développés.

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Le processus d’adaptation des nouvelles technologies a un coût fixe qui est

une fonction décroissante du nombre de firmes étrangères présentes sur le territoire. Ainsi, les firmes étrangères permettent une expansion des nouveaux moyens de production à des coûts relativement faibles.

Kinoshita (2000) souligne également l’important effet de la diffusion

technologique par les IDE sur la croissance de la productivité des firmes locales.

L’auteur met, aussi, l’accent sur l’importance de l’investissement dans les activités de recherche et développement (R&D) qui améliore la capacité d’absorption des

nouvelles techniques et procédés de production par les firmes domestiques. En effet,

l’auteur constate qu’en l’absence d’efforts en R&D de la part des firmes locales, les contrats de partenariats et la présence de firmes étrangères dans le pays n’ont pas un

effet significatif sur la croissance de la production.

Kinoshita (2000) montre, aussi, que l’effet de la diffusion technologique

dépend de la nature des secteurs. Ainsi, les industries oligopolistiques comme la production des machines et des composantes électriques ont de plus grandes

chances de bénéficier d’un effet de « spillover », notamment parce que les investissements de R&D sont importants dans ces secteurs, alors que les secteurs,

comme la production alimentaire n’en bénéficie pas, malgré l’abondance des IDE

dans ces secteurs.

Selon Kinoshita (2000), la pertinence des technologies transférées est déterminante. Mais pour que ces technologies puissent générer des externalités, il

faut qu’elles puissent s’appliquer à l’ensemble du secteur des entreprises du pays d’accueil et pas seulement à l’entreprise qui en bénéficie au départ. Le niveau technologique des entreprises du pays d’accueil revêt aussi une grande importance. Ainsi, les IDE n’ont un impact positif sur la production que si l’écart technologique

entre les firmes domestiques et les firmes étrangères est assez limité. En d’autres

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dotées de fortes capacités d'absorption »7 leur permettant de s’adopter aux nouvelles

technologies.

L’impact des IDE sur la croissance dépend, aussi, du niveau de qualification de la main d’œuvre dans les pays d’accueil. Römer (1990) découvre une relation

étroite entre le niveau d’inscription à l’enseignement secondaire et l’import de

nouvelles machines. Cohen (1993) trouve une relation positive entre le niveau de

qualification de la main d’œuvre et l’accès au financement international surtout pour

les pays en développement.

Henry (2007), stipule que « les IDE sous forme d’une prise de participation majoritaire dans le capital d’une entreprise domestique induit l’introduction de nouvelles

technologies de production et de nouvelles technique managériales ».8 Ailleurs, Keller

(2009) élabore un nouveau modèle théorique de diffusion internationale de la technologie qui prend en considération non seulement les investissements directs étrangers mais aussi le commerce international. Ses résultats suggèrent que les IDE constituent le canal le plus important du transfert du savoir-faire technologique mais le commerce extérieur joue aussi un rôle important dans l’amélioration de l’efficience productive et managériale.

Ainsi, la libéralisation financière à travers le libre mouvement des flux de capitaux et particulièrement les IDE joue un rôle important dans la diffusion et le transfert des innovations technologiques et le savoir-faire managérial. Ces transferts peuvent augmenter la productivité qui à son tour exerce un effet favorable sur la croissance économique.

7 Mouley et al. (2008), p 71.

35 II.1.1.4. La stimulation du système financier domestique

Après les travaux de Shaw (1973), le rôle du système financier dans la croissance a été de plus en plus démontré dans la littérature. Levine (1996) met

l’accent sur le rôle primordial que joue le secteur financier dans l’économie et

souligne l’importance que représentent les banques étrangères dans le

développement de ce secteur. En effet, selon Levine (1996) le développement

économique et la croissance ne se réalisent qu’à l’aide de services financiers et

bancaires de hautes qualités et les banques étrangères, souvent en provenance de pays développés, les seules à pouvoir assurer ces services.

Ainsi, selon Levine (1996) et Caprio et Honohan (1999), l’ouverture des

barrières aux banques étrangères aura plusieurs effets bénéfiques sur le secteur

financier. D’abord, parce que l’arrivée de banques étrangères dans le pays ou la prise

de participation dans le capital des banques domestiques est synonyme

d’introduction de nouveaux services et moyens de paiement (carte de crédit et

paiement électronique) ce qui peut encourager les transactions et dynamiser le commerce domestique. Ensuite, la présence de banques étrangères sur le territoire renforce la compétition qui aura deux conséquences principales :

D’une part, les banques domestiques seront contraintes à diminuer leurs coûts et à innover et améliorer leurs services ce qui pourrait encourager les

comportements d’épargne et par suite l’investissement et enfin la productivité et la

croissance.

Ainsi, Guillaumont et Kpodar (2006) stipulent que« La contribution du

développement financier à la croissance s’exerce à travers l’influence du système financier sur le commerce ou l’intensité des échanges d’une part et sur le volume et la qualité de l’investissement d’autre part »9.

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D’autre part, la compétition accrue entre banques, pourrait exercer des pressions sur les gouvernements afin d’améliorer le cadre de normalisation et de surveillance du secteur bancaire pour éviter toute dérive ou concurrence déloyale.

Finalement, les banques étrangères introduisent des procédures assez

développées et très efficaces de collecte d’informations sur les firmes et de contrôle

des dirigeants. Ceci peut être très utile pour les petits épargnants, qui n’ont pas

souvent les moyens et le temps pour bien suivre leurs placements et permet donc

une meilleurs allocation des ressources de l’épargne vers les investissements les plus productifs avec une bonne gouvernance.

Dans un modèle théorique, Chou (2007) parvient à mettre en relation

l’innovation financière et la croissance.

A partir d’une fonction de production Cobb-Douglas, on a : 1

( y )

Y AKL 

Avec A le niveau de technologie, K le stock du capital, yla fraction de main

d’œuvres employée pour la production d’un bien final et L représente la main

d’œuvre qui a un taux de croissance n.

Comme dans le model de Solow la variation du stock de capital est égale à la

différence entre l’investissement et la quantité dépréciée du capital :

K I  K

Avec I, l’investissement et δ, le taux de dépréciation du capital.

Dans son analyse, l’auteuradmet qu’il est difficile comme le stipule le modèle

de Solow que l’investissement soit toujours égal à l’épargne. Ceci ne peut être le cas qu’en l’existence d’un système d’intermédiation efficace permettant l’allocation de l’épargne vers les investissements dans les nouveaux procédés et outils de production.

37 Dans ce cas, Chou (2007) montre que l’investissement doit être exprimé en fonction de l’efficience du secteur financier.

, 6

Avec Ɍא [0,1] mesure l’efficience de l’intermédiation financière. Ainsi, en maintenant l’hypothèse de Solow selon laquelle le taux d’épargne est fixe, on obtient :

. V<.

Avec sest le taux d’épargne et Y la production.

Graphique 4: Développement financier et croissance économique, Chou (2007), p8.

En adoptant le diagramme de Solow, on voit bien que la croissance de ξ qui représente l’efficience et l’innovation des intermédiaires financiers produit le même

effet que la croissance du taux de l’épargne s.

Avec ce qui détermine l’efficience du marché financier.

/

 

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Une augmentation de la population L implique une augmentation des

préférences pour différents niveaux de risques, de maturités et de revenus. Donc pour garder une efficience du marché financier il faut toujours innover.

Chou (2007), indique que l’un des meilleurs moyens d’innovation est

l’ouverture à l’extérieur et l’augmentation du nombre des instruments financiers innovants.

II.1.2. L’impact de la libéralisation financière sur la croissance à