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Le tourisme intérieur domine le système touristique chinois

Introduction de la première partie

Chapitre 3. L’important rôle de l’Etat dans les mises en tourisme

2. Le tourisme intérieur domine le système touristique chinois

2-1. Le tourisme intérieur est le plus important phénomène touristique en Chine 2-2. Les limites des statistiques et des définitions liées au tourisme intérieur

Encadré 1. Qu’est-ce que le Tourisme ?

Nous ne pouvons nous satisfaire de la « simple » définition de l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), qui considère comme touristes tous les individus en déplacement de plus de 24 heures hors de chez eux, incluant sans distinction des déplacements non touristique à finalité disparate (affaires, visite à la famille, etc.). La « géographie du tourisme », pensée notamment par des auteurs comme Lozato-Giotart115, présente la même imprécision car largement basée sur une approche comptable (les « flux » et les « nuitées »), approche largement remise en cause depuis que la géographie se tourne vers les autres sciences humaines et sociales, exhaussée par une perspective plus qualitative que quantitative : tous les actes des touristes ne sont pas mesurables, au grand dam des statistiques de l’OMT et des différents Etats.

Ensuite, la géographie du tourisme fait appel à des catégories de l’espace et du milieu, rendant sa démarche souvent déterministe (« facteurs » « physiques » et « humains »). L’exemple le plus révélateur est celui des « tropismes » : un lieu est touristique parce qu’il se situe soit en montagne, soit au bord de la mer, soit à la campagne, déterminant une « vocation » touristique, « vocation » qui attire nécessairement les touristes. Mais « si la mer, le sable ou la montagne sont des éléments du milieu privilégié par les touristes, toutes les montagnes, ni tous les littoraux ne sont d’emblée touristiques »116. Pourquoi n’y avait-il pas de touristes se baignant à la plage au 15ème siècle ? Tout simplement parce que le tourisme est une construction sociale, le produit d’un regard sur l’espace à un moment donné.

Le tourisme comme nous le considérons ici reprend les travaux de l’équipe MIT, défini à partir de 1997 dans l’article « Une approche géographique du tourisme »117. Les auteurs de ce texte proposent de considérer le tourisme non pas comme une activité, mais plutôt comme un système dont le touriste serait le cœur. Cette approche est classique en anthropologie (elle centre son étude sur les individus), mais la spécificité du MIT est de penser cette approche selon sa qualité d’équipe de géographes. La démarche est alors d’étudier « le rapport particulier qu’entretiennent les individus au temps et aux lieux »118. Le tourisme s’organise alors en rupture. Une rupture spatiale et temporelle : il faut partir de chez soi pour aller vers des lieux géographiques différents quand on veut faire du tourisme. Et quand on se situe dans ces lieux hors de chez soi (lieux du hors quotidien), le temps qui s’écoule dans le quotidien s’arrête. Il y a donc une double discontinuité, spatiale et temporelle. Et cette discontinuité entraîne une modification du moi intérieur. Pour l’expliquer, les auteurs du MIT reprennent le titre de l’ouvrage de Paul Ricoeur (1990) : « Soi-même comme un autre ».

Le tourisme, définit comme un « système d’acteurs, de lieux et de pratiques permettant aux

individus la recréation par le déplacement et l’habiter temporaire de lieux autres » (Equipe MIT,

Tourismes 2 ; p. 342)119, permet ainsi au touriste de se « recréer » : « L’enjeu du déplacement touristique est bien la reconstitution, après le travail, du corps et de l’esprit, activité impliquant un

effort, conscient et inconscient que nous nommons « recréation ». »120 Un touriste choisit donc de

partir vers un lieu touristique, il n’est pas « attiré » par celui-ci. Ainsi, « un moyen de définir le touriste consiste à qualifier de touriste l’individu qui a des pratiques touristiques. Loin d’être un truisme, ce choix est important car il permet de ne pas figer les individus dans un seul rôle »121.

115 Lozato-Giotart J.-P., (2003) Géographie du tourisme. De l’espace consommé à l’espace maîtrisé, Pearson Education, Paris, 320 p.

116 Stock et al., op. cit., 2003, p. 18.

117 Knafou R. et al, (1997) Une approche géographique du tourisme, L’Espace Géographique, n° 3, p. 193-204.

118 Stock et al., op. cit., 2003, p. 20.

119 Equipe MIT, (2005) Tourismes 2, Moments de lieux, Belin, Collection Mappemonde, Paris. 345 p.

120 Equipe MIT, Tourismes 1, op. cit., p. 104.

1. L’apparition au plan touristique de la Chine

Depuis le début des années 2000, la Chine émerge au plan touristique. Elle espère à terme passer dans le groupe des pays dits du Nord de l’aire Pacifique (Infra) 122. Le processus n’est cependant pas encore achevé, car les statistiques de l’OMT nous montrent que les flux de touristes « internationaux » arrivant en Chine sont en réalité constitués en grande partie de « populations d’ethnie chinoise »123 qui ne viennent pas toujours en Chine pour réellement y faire du tourisme. De plus, le tourisme est loin de concerner l’ensemble du territoire : les grandes villes reçoivent la majorité des flux alors que l’ouest est encore peu fréquenté.

1-1. La Chine est en apparence une vaste aire d’arrivée du tourisme international Le tourisme international en Chine représente selon l’OMT plus de 54 millions de touristes en 2007, ce qui est le résultat des politiques d’ouverture de Deng Xiaoping (les « quatre modernisations »), à la fin 1978.

1-1-1. Le tourisme international en Chine s’est beaucoup développé depuis 1978

La Chine est restée un pays longtemps fermé aux étrangers, et donc aux touristes internationaux : ceux-ci n’étaient que 716 000 en 1978, mais deux ans plus tard, en 1980, ils étaient déjà 3,5 millions. Leur nombre triple à l’horizon 1990 avec 10,5 millions de touristes internationaux enregistrés. Ensuite, cet effectif va progresser de 10 millions tous les cinq ans : 20 millions en 1995, 31,2 millions en 2000, pour parvenir à 46,8 millions en 2005 (plus 15 millions pour les cinq dernières années donc). Seuls deux événements ont orienté à la baisse le développement du tourisme international en Chine continentale : la répression sur la place

Tiananmen en 1989 (le nombre de touristes de 1988 n’est retrouvé qu’en 1991), et l’épidémie

du SRAS124 en 2003 (32,9 millions de touristes en 2003 contre 36,8 en 2002, mais 41,8

122 L’aire Pacifique est définie dans l’ouvrage suivant : Cosaert P., (2009) Les Enjeux du Pacifique, Editions Ellipses, Paris, 352 p. D’un point de vue touristique, cette aire recevrait un total de 280,4 millions de touristes pour 293 milliards de dollars de recettes en 2007. Rassemblant les deux rives de l’Océan Pacifique ainsi que l’Océan lui-même, ce serait le deuxième plus grand foyer du tourisme international après l’ensemble Europe-bassin méditerranéen (Ces données sont toutefois à relativiser car ni l’Amérique du Nord ni l’Amérique du Sud ne peuvent être considérées comme faisant entièrement partie de cette aire Pacifique). Pour une description plus détaillée du tourisme dans cette aire Pacifique, voir Taunay B., (2009) Le tourisme dans l’aire Pacifique : un marché dynamique renouvelé par l’arrivée de la clientèle chinoise, (dossier n° 3 de l’ouvrage précédent), p. 64-85.

123 C'est-à-dire de Chinois vivant à l’étranger ou bien de descendants de Chinois présents hors de Chine. Ces individus viennent en Chine principalement pour voir leur famille ou faire des affaires, voire les deux. Voir : Cosaert P., (2009) Le rôle des Chinois et des descendants de Chinois présents hors de Chine, Dossier n° 11 In Cosaert P., (2009) Les Enjeux du Pacifique, Editions Ellipses, Paris, 352 p.

millions en 2004 et 54,7 millions en 2007 ; graphique 4). Le mouvement est ainsi en train de s’accélérer avec l’augmentation du nombre de vols au départ des grandes capitales mondiales (Air France propose déjà deux vols quotidiens Paris-Pékin et un Paris-Canton), mais bien plus encore avec la massification des liaisons terrestres entre le continent et Hong Kong/Macao. Bien qu’étant encore une institution modeste, l’administration nationale du tourisme chinois (CNTA) multiplie les liens et les accords avec ses homologues étrangers, ainsi qu’avec les grands tour-opérateurs internationaux.

Graphique 4. Evolution du nombre de déplacements touristiques internationaux en Chine de 1978 à 2006125 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 [197 8] [198 0] [198 2] [198 4] [198 6] [198 8] [199 0] [199 2] [199 4] [199 6] [199 8] [200 0] [200 2] [200 4] [200 6]

Unité : Millions de déplacements touristiques

Source : OMT, 2007.

Taiwan et les Régions administratives spéciales de Hong Kong et de Macao sont comptabilisés à part : en prenant en compte les données relatives à ces trois territoires, la « grande Chine » totaliserait 88,5 millions de touristes en 2007 (tableau 8). Ces trois entités bénéficient cependant d’un niveau de vie comparable à celui de pays développés, et à l’inverse de la République populaire, elles ne se contentent pas de recevoir de nombreux touristes, elles en émettent également un grand nombre126.

125 Dans ses déclarations, sous le vocabulaire de « touristes », l’OMT comptabilise en fait des « déplacements touristiques » et pas réellement les touristes eux-mêmes : un touriste qui se rend deux fois dans le même lieu la même année sera donc considéré comme deux touristes.

126 Voir ensuite pour une analyse de la question du tourisme des Hongkongais vers la Chine continentale ainsi que le phénomène inverse : dans les deux cas, est-ce du tourisme international ou du tourisme intérieur, ou bien une autre forme de tourisme ?

Tableau 8. Le tourisme international dans la grande Chine entre 2005 et 2007 Aire Nombre de touristes en 2005 Nombre de touristes en 2006 Nombre de touristes en 2007 Recettes du tourisme international en 2005 Recettes du tourisme international en 2006 Recettes du tourisme international en 2007 Chine continentale 46,8 49,9 54,7 29,2 33,9 41,9 Hong Kong 14,8 15,8 17,2 10,3 11,6 13,8 Macao 9 10,7 12,9 7,9 9,8 - Taiwan 3,4 3,6 4,2 5 5,1 5,1 Aire Pacifique 244,0 257,0 280,4 236,5 262,7 293,0

Aire Pacifique : Ensemble rassemblant les deux rives de l’Océan Pacifique, et l’Océan lui-même. Unités : Millions de déplacements touristiques (nombre de touristes) / Milliards de Dollars (revenus).

Source : OMT 2008

La progression du nombre de touristes internationaux en Chine continentale remplit aujourd’hui les caisses de l’Etat. Pour 263 millions de dollars américains grappillés en 1978, c’est 41,9 milliards que la Chine a captés en 2007. Selon ces chiffres, le pays serait aujourd’hui la quatrième destination touristique dans le monde et la deuxième de l’aire Pacifique, derrière les Etats-Unis (tableau 9), ce qui semble cependant douteux (Infra).

Tableau 9. Les 5 premières destinations touristiques du monde en 2007

Rang Pays Arrivées Rang Pays Recettes

1 France 81,9 1 Etats-Unis 96,7

2 Espagne 59,2 2 Espagne 57,8

3 Etats-Unis 56,0 3 France 54,2

4 Chine 54,7 4 Italie 42,7

5 Italie 43,7 5 Chine 41,9

Unité : Millions de déplacements touristiques (arrivées) / Milliards de Dollars (recettes)

Source : OMT, 2008.

1-1-2. Un développement tardif à l’échelle du système touristique mondial

Les sources sont peu nombreuses sur l’histoire du tourisme international en Chine. Jusqu’au début du 20ème siècle, seuls les aventuriers et les négociants étrangers se rendant dans les comptoirs du sud de la Chine pénétraient dans le pays, et l’on peut dire que la première phase de diffusion du tourisme en Chine se situe dans les années 1920 et 1930. Le tour opérateur britannique Cook ouvre une première agence de voyage à Shanghai dans les années 1920, agence qu’il déplace par la suite à Pékin. Parallèlement, en 1923, le banquier Chen Guangpu, après avoir été déçu des services de l’agence de Cook, créé, avec l’ouverture

d’une filiale au sein de la Commercial and Savings Bank, la première agence de voyage chinoise qui, rompant les liens avec la maison mère, devient en 1932 la China Travel Service. Mais la guerre contre les Japonais à la fin des années 1930 et la guerre civile qui suit la fin de la deuxième guerre mondiale met temporairement fin au tourisme en Chine (Zhang G., 2002)127.

Après la fondation de la République populaire en 1949, il faut attendre 1953 pour voir réapparaître le tourisme international, un tourisme cependant seulement autorisé dans un cadre strictement contrôlé par l’État. A cette époque, la Chine fait venir de nombreux techniciens étrangers pour assister le gouvernement dans la mise en place de son premier plan quinquennal. Dans le dessein de prendre soin de ses visiteurs officiels et pour former des personnels dans le secteur touristique, Pékin crée la China International Travel service (CITS), la première agence touristique d’Etat en Chine. C’est alors une petite structure qui, considérant les valeurs politiques de l’époque, accueille majoritairement des visiteurs d’Europe de l’Est et d’Union soviétique (95% des 5439 touristes en 1960). Mais les désaccords entre la Chine et l’Union soviétique au début des années 1960 font chuter de 70% le nombre de touristes entre 1960 et 1963. La Chine de l’époque se tourne cependant vers l’ouest et vers d’autres pays (la première ligne aérienne internationale vers le Pakistan est ouverte en 1964), et en 1965 le nombre de touristes remonte à 4519 individus, dont 85% de touristes originaires des pays occidentaux (Uysal, 1986) 128.

La Révolution culturelle (1966-1976) bloque complètement le processus de redéveloppement du tourisme international en Chine. Le Président Mao envoyait alors ceux qu’il considérait comme des opposants, les « intellectuels bourgeois », à la campagne. Les employés du CITS qui avaient fait des études furent ainsi une des cibles des purges, séparés de leur famille et envoyés dans les périphéries rurales du pays pour être « rééduqués » par les paysans. Les conséquences de cette politique sont qu’entre 1966 et 1970 le CITS reçut 4000 touristes (483 seulement en 1969). Jusqu’en 1971 la Chine demeurait interdite aux citoyens américains, ainsi qu’à ceux de nombreux autres pays. La visite « historique » du Président Nixon en 1972 (qui faisait suite à celle du secrétaire d’Etat Henry Kissinger en juin 1971), marqua cependant un tournant et l’attitude du gouvernement changea partiellement envers les touristes étrangers. Le nombre de touristes augmenta « rapidement » entre 1972 et 1976 (9298 touristes en 1976 pour la seule ville de Guilin ; annuaire statistique de Guilin - 1997), bien

127 Zhang, G., (2002) China’s tourism since 1978, Policies, Experiences and lessons learned, p. 13-34, In : Lew A. et al, Tourism in China, The Haworth Hospitality Press, New-York, 358 p.

128 Uysal M. et al, (1986) Development of international tourisme in PR China, Tourism Management, numéro de juin, p. 113-119.

que toujours entravé par des relents de la Révolution culturelle (méfiance à l’égard des visiteurs étrangers) : le CITS n’avait en 1976 des liens qu’avec 6 agences touristiques japonaises et une poignée d’agences de pays occidentaux (Uysal, 1986). Au milieu des années 1970, il y avait environ 30 000 touristes « étrangers » (hormis les « compatriotes » de Hong Kong et Macao) en Chine, soit l’équivalent, à titre de comparaison, du nombre de touristes en Antarctique en 2007.

1-1-3. Un tourisme réhabilité et souhaité depuis l’époque des quatre modernisations (1978)

La fin de la Révolution culturelle en 1976 marqua le début d’un changement en Chine avec l’arrivée progressive au pouvoir de Deng Xiaoping et notamment de sa politique de « portes ouvertes » à partir de 1978. La nature même du tourisme changea, passant d’un outil politique à une entreprise commerciale, le but étant d’encourager le développement du tourisme pour apporter des revenus à l’Etat : « Le tourisme dans l’ère post-Mao a été adopté comme une stratégie de sa politique de portes ouvertes pour réaliser finalement le développement économique » (Xiao, 2006 ; p. 804)129. Entre octobre 1978 et juillet 1979, Deng Xiaoping prononce cinq discours concernant le développement du tourisme international en Chine. Le nouveau leader de l’ère post-maoïste veut alors s’appuyer sur le tourisme international comme un moyen de développement. Pour quatre principales villes (Chengdu, Guilin, Hangzhou et Kunming), et de nombreuses autres plus petites localités dans le pays, il propose la mise en place de plans de développements touristiques, la création de zones d’investissements étrangers, la formation des guides touristiques, etc. De manière plus générale, il encourage le développement d’une véritable économie touristique et propose que le tourisme se base sur des espaces urbains. Sa vision du développement du tourisme se situe à « grande échelle », car il souhaite développer d’importantes villes avec services dans celles-ci pour le tourisme : « Deng a utilisé son expérience personnelle de visites dans d’autres pays et a suggéré, « la construction urbaine à Singapour est un bon exemple pour nous. Là-bas ils conçoivent des zones urbaines par zones interconnectées, englobant les quartiers résidentiels, des cinémas, des espaces de divertissement et des entreprises de service » (Xiao, 2006 ; p. 811)130. Pour développer ces nouvelles infrastructures, il a besoin d’argent que le pays n’a pas

et il propose donc de bâtir celles-ci grâce à des investissements étrangers : « Pour la

129 « Tourism in the post-Mao era was adopted as a strategy for its opendoor policy to eventually achieve economic development ». Xiao H., (2006) The discourse of power: Deng Xiaoping and tourism development in China, Tourism Management, Volume 27, n° 5, p. 803-814.

130 « Deng drew upon personal experience from his visits to other countries and suggested, ‘‘urban construction in Singapore is a good example for us. They design urban areas by interconnected zones, encompassing residential districts, cinemas, entertainment spaces, and service businesses » (Deng-79-01-06) ». Ibid.

construction d’infrastructures touristiques comme les hôtels, Deng a souligné à maintes reprises les possibilités d’utilisation des investissements des Chinois d’outre-mer ou des étrangers dans le stade initial du développement » (Xiao, 2006 ; p. 811)131.

Ces discours sont fondamentaux, car ils ont lancé un développement urbain dans les lieux choisis. Les villes touristiques qui se développent pendant les années 1980 ont ainsi bénéficié de zones franches pour les investissements étrangers et dans ces villes les hôtels construits en « joint-venture » sont nombreux pendant les années 1980 et 1990 (voir le cas de Guilin au chapitre 7). Autre point fondamental, ces infrastructures seront reprises plus tard par les touristes intérieurs et par les acteurs locaux du tourisme (Infra).

Près de 30 ans après ces discours, à la fin des années 2000, la Chine est apparemment une vaste aire d’arrivée du tourisme international. Toutefois, les revenus du tourisme international en Chine continentale (2007) sont bien en deçà de ce que pourraient laisser espérer les données concernant les arrivées. Car, si à l’intérieur de l’Aire Pacifique les dix premiers pays (en terme d’arrivées de touristes internationaux et en terme de recettes du tourisme international), sont tout d’abord les Etats-Unis et la Chine continentale (premier et deuxième respectivement), les Etats-Unis dominent largement au niveau des recettes : 96,7 milliards de dollars contre 41,9 pour la Chine continentale. On se rend donc déjà compte que les statistiques du tourisme international sont en partie faussées pour la Chine par la prise en compte d’arrivées de « touristes » qui n’en sont pas vraiment, ceux qui viennent de Hong Kong pour un ou deux jours seulement pour affaires, ou pour visiter des membres de leur famille.

1-2. Les particularités des flux touristiques venus de l'extérieur de la Chine

Les chiffres du tourisme international en Chine doivent être relativisés. L’importance du nombre de touristes originaires des régions spéciales (Hong Kong et Macao) d’abord, celle des Chinois de l’extérieur ensuite (vivant à l’étranger mais revenant périodiquement sur le continent pour visiter leur famille ou faire des affaires), doit être soulignée.

1-2-1. Plus de la moitié des touristes internationaux en Chine provient des régions spéciales

Une importante partie des touristes internationaux en Chine sont en fait des étrangers un peu particuliers, il s’agit des Chinois ressortissants de Hong Kong, de Taiwan et de Macao qui représentent en effet 56,7 % des 46,8 millions de touristes internationaux enregistrés en

131 « For the construction of tourist facilities like hotels, Deng repeatedly stressed the options of using overseas Chinese or foreign investments in the initial stage of development ». Ibid.

2005 (graphique 5). Il faut ici rappeler que, jusqu’en 2008, il était impossible de se rendre directement de Taiwan en Chine (et vice versa) : il fallait obligatoirement transiter par un pays tiers. Même entre la Chine proprement dite et Hong Kong ou Macao, il subsiste encore une frontière en dépit du retour de ces territoires dans le giron de la mère patrie, respectivement en 1997 et en 1999.

Graphique 5. Origine des touristes internationaux en Chine (2005)

56,7% 26,7% 10,2% 4,6% 1,7% 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% "Chinois de l'extérieur" reste de l'Asie

Europe Amériques Océanie et Afrique

Chinois de l’extérieur : ressortissants de Hong Kong, Macao et Taiwan

Source : OMT et Ministère de la sécurité publique en Chine 2006

Il convient donc de distinguer le tourisme des ressortissants de Hong Kong et de Macao, deux provinces - bien que rétrocédées - dont les touristes, bien que chinois, ont des pratiques touristiques bien différentes des Chinois du continent. Le tourisme en provenance de Hong Kong et de Macao à destination de la Chine continentale proprement dite doit ainsi être considéré comme du tourisme international et non comme du tourisme « intérieur », les différences de revenus ayant longtemps été très importantes : « Les différences fondamentales dans le niveau de vie, les modes de vie et les philosophies politiques des deux côtés de la frontière ont été reconnus par les autorités. Néanmoins, tout en visitant leurs amis et parents sur le continent, les touristes de Hong Kong peuvent profiter d’un degré de liberté indisponible pour des touristes étrangers. Bien que les touristes de Hong Kong, qui restent