C. Le métabolisme et la reproduction
4. Les médiateurs
4.1. Le système insuline / IGF1
L’insuline et l’IGF-1 présentent des homologies à la fois fonctionnelle et structurale. Les
différents éléments du système insuline / IGF-1 (ligands, récepteurs, protéines de liaisons)
sont présents dans l’hypothalamus, l’hypophyse et l’ovaire (
192,328,329). Ce système exerce un
effet positif sur l’axe reproductif à tous ses étages. Il est régulé au cours du cycle et lors d’une
variation de la balance énergétique. Ainsi, par exemple, chez le rat, une privation énergétique
induit une diminution des récepteurs de l’insuline dans l’hypothalamus (
330) et de la
concentration d’IGF-1, corrélée à la hausse d’IGFBP-1 et donc à la biodisponibilité de
l’IGF-1 chez le bovin (
331).
L’insuline, produite par le pancréas, possède un rôle essentiel dans la régulation des substrats
métaboliques via les organes insulino-sensibles que sont le foie, les muscles squelettiques et
le tissu adipeux. Schématiquement, en présence d’insuline, les substrats issus de
l’alimentation sont métabolisés et les calories en excès sont stockées sous forme de graisse.
De par son rôle dans le maintien de l’homéostasie glucidique, l’insuline participe au niveau
du système nerveux central, à la régulation de la satiété et de la reproduction plus
indirectement (fuel glucidique) (
48,332). Les récepteurs de l’insuline sont aussi exprimés au
niveau des neurones de l’hypothalamus connus pour leur rôle dans le contrôle de la prise
alimentaire et de l’homéostasie énergétique (
333). L’action centrale de l’insuline peut s’exercer
partiellement par l’inhibition de l’expression du NPY par les neurones du noyau arqué de
l’hypothalamus (
334). De la même façon, l’insuline semble contrôler la sécrétion du GnRH.
Chez des souris NIRKO, in vivo, l’inactivation du gène du récepteur de l’insuline dans le
cerveau, induit une augmentation de la prise alimentaire, une obésité, une insulino-
Tableau 5: Expression du système IGF dans le système nerveux central, adapté de Daftary et Gore,
2005, (329)
humain Antéhypophyse
rat Hippocampe, hypothalamus médio-basal,
hypophyse
rat Plexus choroïdes, noyau arqué hypothalamus,
aire pré-optique, hippocampe, cortex cérébral, cervelet, bulbes olfactifs
souris Aire pré-optique, éminence médiane,
hypothalamus médio-basal
porc Hypothalamus
rat Hypophyse (cellules ACTH, GH)
rat Aire pré-optique, éminence médiane
souris Aire pré-optique, hypothalamus antérieur
rat, souris Bulbes olfactifs, cervelet, cortex, hippocampe
Brebis, souris, rat Hypophyse IGF-BP5 rat Hypophyse IGF-BP4 rat Hypophyse IGF-BP3 IGF-BP2 rat Antéhypophyse IGF-2 R Brebis, rat, porc Hypophyse IGF-1R rat Plexus choroïdes, hypophyse, cervelet
IGF-2
rate Hypophyse (cellules ACTH, GH, LH/FSH)
IGF-1 rat Bulbes olfactifs Espèces Type cellulaire Système IGF/R/BP
résistance modérée avec une hyperinsulinémie. Dans ce cas, chez le mâle, la spermatogenèse
est diminuée et chez la femelle, la maturation folliculaire est altérée, en rapport avec une
perturbation du contrôle hypothalamique de la sécrétion de LH (
332). Chez des souris
sauvage, l’augmentation de l’insulinémie induite par la réalisation d’un clamp euglycémique,
hyperinsulinique, stimule la sécrétion de LH, marqueur de l’activité des neurones à GnRH
(
335). In vitro, des neurones hypothalamiques en culture sont stimulés de manière
dose-dépendante par l’insuline et ce, indépendamment de la concentration extracellulaire du
glucose. Enfin, l’activation de la voie des MAPK ERK1/2 serait d’avantage responsable de
l’activation de ces neurones en culture que la voie de la PI3 kinase (
336).
Le système IGF-1/ IGF-1 R est présent dans de nombreuses régions du SNC et en particulier
au niveau de l’axe HH (Tableau 5). L’IGF-1, produite essentiellement par le foie sous
l’impulsion de la GH hypophysaire (Growth Hormone), semble aussi être sécrétée par les
neurones hypothalamiques et la glie. Il est impliqué dans la sécrétion du GnRH, des
gonadotrophines, dans l’initiation de la puberté et le contrôle de la fonction reproductive au
cours de la vie adulte. De nombreuses études, in vitro, ont été réalisées sur des cellules
hypothalamiques immortalisées GT1-7 (promoteur de rat) ou NLT (promoteur humain) qui
expriment le gène de la GnRH (
337,338). Ces cellules sont traitées par de l’IGF-1. Dans
certaines études, l’IGF-1 stimule la prolifération cellulaire (
339), alors que dans d’autres, il
augmente seulement l’expression de ARNm de GnRH et sa transcription (
340,341). L’action de
l’IGF-1 peut être biphasique en stimulant puis en inhibant la biosynthèse de GnRH (
341,342).
De plus, l’ARNm de l’IGF-1 a pu être mis en évidence dans ces différentes lignées (GT1-7)
suggérant une production centrale d’IGF-1 (
341,342). Enfin, son récepteur (IGF-1R) fonctionnel
a aussi été détecté dans les cellules GT1-7 (
339), impliquant une action directe autocrine de
l’IGF-1 sur les neurones GnRH de l’hypothalamus (Figure 31). Chez la souris, toujours in
vitro, l’IGF-1 peut stimuler surtout les neurones à GnRH immatures en culture et a un effet
moindre sur les neurones adultes (
343). Ce fait suggère l’implication de l’IGF-1 dans
l’initiation de la puberté. De plus, l’IGF-1 régule la fonction hypophysaire gonadotrope
(
344,345). L’IGF-1, son récepteur et les IGF-1BPs (IGF-1-binding protein) s’expriment aussi au
niveau de l’antéhypophyse (
346). L’IGF-1 stimule la sécrétion de GnRH mais aussi celle de la
FSH et surtout celle de la LH, in vitro (rongeur et ovin) (
344,347). Chez le bovin, l’expression
protéique des IGF-BPs varie au cours du cycle, ce qui suggère une régulation
Figure 31: Modèle d’action de l’IGF-1 (centrale et périphérique) sur la sécrétion du GnRH et des gonadotrophines, adapté de Daftary et Gore 2005, (329).
neurones voisins ou cellules gliales Cellule gonadotrope Hypothalamus Anté-hypophyse Récepteur de l’IGF-1
Corps cellulaire d’un neurone à GnRH
Terminaison axonale
IGF-1 central
IGF-1 périphérique
Figure 32: Schéma de l’action de la leptine sur les neurones situés dans l’hypothalamus. adapté de Gamba et al, 2006, (509)
2ème contrôle neuronal à GnRH (inhibé par NPY)
2ème contrôle neuronal (activé par leptine, inhibé par NPY)
2ème contrôle neuronal à GnRH (inhibé par NPY)
2ème contrôle neuronal (activé par leptin, inhibé par NPY)c
Développement sexuel accéléré 1er contrôle neuronal
(inhibé par leptine)
1er contrôle neuronal (inhibé par leptine) Développement