• Aucun résultat trouvé

Le silence du design

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 85-95)

Une injonction paradoxale

84 Le silence du design

La stabilité des formes ulmiennes permet à Apple d’introduire des notions de solidité et de iabilité dans des objets aux composants miniaturisés inaccessibles, dont les possibili-tés et fonctions multiples échappent à l’entendement. Reste ainsi en suspens la question de l’expressivité fonctionnelle d’objets sans fonction principale. Les radios Braun, même composées de quelques éléments basiques, sont destinées à diffuser du son. Comment dire à quoi sert un ordinateur ? Dès lors, comment penser la déductibilité d’une forme si manque la fonction ? La persistance et la récurrence actuelle de formes issues d’objets mono-fonctionnels est pour Catherine Geel le symptôme du manque de discours des designers sur leur production actuelle, et plus généralement sur leur rôle et leur respon-sabilité au sein de l’industrie et de la société :

La reprise de ces formes incarne le silence du design. Le mutisme, l’inca-pacité à parler, les designers l’expriment aujourd’hui dans ces objets-pro-jections aux coins ronds et aux surfaces planes, aux plastiques velou-tés. Le discours [sur un mode autobiographique] qui s’incarne essaye d’éloigner toute volonté de marquer un environnement comme réfé-rence à la modernité. [ … ] L’environnement domestique n’est plus le fait que d’une succession d’appareils sympathiques à la technologie amicale comme une caricature du surpassement de l’angoisse supposée 148.

Au-delà d’Apple, des designers comme Jasper Morrison (Rowenta) [ Fig. 91 ], Sam Hecht (LaCie) [ Fig. 92 ] ou Naoto Fukasawa (Muji) [ Fig. 94 ] emploient aujourd’hui des formes mutiques, blanches, vides de discours. On peut légitimement se de-mander si cette transposition distanciée de blocs perçus comme fonctionnalistes ne serait pas un choix « par défaut » dans une époque qui refuserait d’afirmer un style et des positionnements. Le récent « redesign » de ios � (« système d’exploita-tion » pour les terminaux mobiles Apple) ne rompt qu’en apparence avec l’ancien dispositif marqué par des interfaces en trompe l’œil (dites « skeomorphiques »).

Les aplats et contours anguleux donnent l’impression d’une maîtrise luidiiée des opérations invisibles du « processeur » calculateur. Le discours moderne se fait générateur de slogans : « Vous savez que c’est du bon design quand vous l’utili-sez », « La vraie simplicité est bien plus que l’absence d’encombrement ou que la suppression d’éléments décoratifs 149 », etc. Plus que jamais, le modernisme est le « style » des nouvelles technologies. Le design de ces programmes (du moins sa communication) réside dans la disposition des pixels des interfaces bien plus

148 C. Geel, « L’ordre sans qualité. Du décor et de la décoration », op. cit., p. 107.

149 J. Ive, « ios � Design », [ En ligne ], http://www.apple.com/ios/ios�/design [ Consulté le 18/06/2013 ] :

« You know good design when you use it [ … ] Simplicity is actually quite complicated. Simplicity is often equated with minimalism. Yet true simplicity is so much more than just the absence of clutter or the removal of decoration. »

Fig. 94 Fig. 92 Fig. 91

Élément historique 2

que dans la structuration des codes sources et des modalités de circulation des don- 85

nées. Paradoxe : alors que l’on parle ça et là de l’importance « stratégique » d’un design

« innovant », les objets dominants qui s’en réclament ne seraient pas inventifs. Le carac-tère « amical » (« user friendly ») des programmes numériques serait alors une façon de surmonter les contradictions de l’époque par un recouvrement de styles incapables de faire paraître la technique dans sa puissance de nouveauté.

braun � apple, des survivances paradoxales

Lecteur de musique Apple niveaux de gris. Bien que l’iPod n’était pas le premier lecteur de musiques au for-mat mp�, sa taille et son ergo-nomie le distinguèrent de ses concurrents et assurèrent son

« Exhibition: ‹ Stylectrical. On Electro-Design That Makes History › at Museum für Kunst und Gewerbe Ham-burg », Art Blart, janvier 2012, [ En ligne ], http://artblart. de l’iPod classic et de la radio Braun t�.

Fig. 35

La grille perforée et le pan-neau coulissant de l’unité centrale Apple PowerMac g�

(à gauche, design Jonathan Ive, 2006) semblent provenir de la radio Braun t���� (à droite, design Dieter Rams, 1964).

À gauche : Ordinateur Apple iMac, design Jonathan Ive, 2007. À droite : haut-parleur Braun le-�, design Dieter Rams, 1959.

À gauche : Émetteur infrarouge Braun, 1970.

À droite : Webcam Apple iSight, 2003.

[ Source ] « Dieter Rams:

The other genius behind Apple. », My Humble opinion, http://myhumbleopinion.

jp/2013/09/05/dieter-rams- the-other-genius-behind-apple.

[ Source ] « Dieter Rams:

The other genius behind Apple. », My Humble opinion, http://myhumbleopinion.

jp/2013/09/05/dieter-rams- the-other-genius-behind-apple.

[ Source ] « Dieter Rams: The other genius behind Apple. », My Humble opinion, http://myhumbleopinion.

jp/2013/09/05/dieter-rams- the-other-genius-behind-apple.

Fig. 36 Fig. 37

Dieter Rams, Dietrich Lubs, calculette Braun et ��, 1987.

Dimensions : 139 mm (h.) � 82 mm (l.) � 16 mm (p.). La calculette était vendue avec une protection coulissante.

[ Source ] Amazon, [ En ligne ], http://www.amazon.co.jp/

gp/product/B00EADAPF8.

Images � Amazon.

Fig. 38 Fig. 39 Fig. 40

Fig. 41 Fig. 42

Calculette Braun et ��.

[ Source ] Amazon, [ En ligne ], http://www.amazon.co.jp/

gp/product/B00EADAPF8.

Image � Amazon.

Calculette, application Apple, iPhone (Edge), 2007.

Dimensions de l’iPhone Edge : 115 mm (h.) x 61 mm (l.) x 11,6 mm (p.). Résolution d’écran : 320 � 480 px, 160 ppp.

[ Source ] Apple.com, 2007.

Image � Apple Inc.

Calculette, application Apple, iPhone �, système d’exploita-tion ios �, 2012. Dimensions de l’iPhone � : 123,8 mm (h.)�

58,6 mm (l.) � 7,6 mm (p.).

Résolution d’écran : 960 � 640 px, 326 ppp.

[ Source ] Apple.com, 2012.

Image � Apple Inc.

Calculette, application Apple, iPhone �, système d’exploita-tion ios �, 2013.

[ Source ] Apple.com, 2013.

Image � Apple Inc.

Dieter Rams, Dietrich Lubs, calculette Braun et ��, écran lcd, logo Apple, 1981. Révé-lée par le site Das Programm, cette calculette faisait partie des cadeaux réservés aux employés Apple. Elle apparaît dans le catalogue de vêtements et d’accessoires Apple Collection 1986-1987 (casquettes, ceintures, jouets, etc.), publié avant le retour de Steve Jobs à la tête d’Apple en 1997.

[ Sources ] « Das Programm », Flickr, [ En ligne ], https://

www.l ickr.com/photos/das-programm/6489531335, et

« The Apple Collection: 35 images », Imgur, [ En ligne ], http://imgur.com/a/qEB92.

Photo � Das Programm.

Fig. 43

Fig. 44

[ P. 70 ] Captures d’écran du dvd Objectifi ed, Gary Huswit, Plexifilm, octobre 2009.

Dans cet extrait, Dieter Rams mentionne Apple comme

s’inscrivant dans la conti-nuité des valeurs de Braun.

On voit ensuite Jonathan Ive manipuler des échantillons techniques d’objets Apple.

[ Source ] « Objectii ed – Jonathan Ive », Vimeo, octobre 2009, [ En ligne ], http://

vimeo.com/7324647.

Fig. 45

[ P. 72 ] Marcel Breuer, Fauteuil Wassily (b�), 1925. Structure métallique tubulaire chromée. Assise, dossier et accoudoirs tendus de bandes d’épais cuir noir piqué sellier en bordure.

Dimensions : 73 cm (h.) � 78 cm (l.) � 68 cm (p.).

[ Source ] Art Tattler Internatio-nal, [ En ligne ], http://arttatt-ler.com/archivebauhaus.html.

Erich Consemüller, Untitled (Femme dans un fauteuil Wassily (b�) de Marcel Breuer portant un masque d’Oskar Schlemmer et une robe de Lis Beyer). v. 1926, épreuve gélatino-argentique, collection privée.

Marcel Breuer dans le fau-teuil Wassily (b�), v. 1926.

[ Source ] Cité de l’architecture et du patrimoine, [ En ligne ], http://www.citechaillot.

fr/fr/expositions/exposi- tions_temporaires/24941-mar-cel_breuer_1902-1981_design_

architecture.html. Image © Constance L. Breuer.

[ Source ] Art Tattler Internatio-nal, [ En ligne ], http://arttatt-ler.com/archivebauhaus.html.

Fig. 46 Fig. 47

Fig. 48

[ P. 72 ] Max Bill, Die gute Form. Wanderausstellung des Schweizerischen Werkbundes, 1949. Livret de 24 pages accompagnant l’exposition itinérante The Good Form du Swiss Werkbund.

[ Source ] R. Spitz, « Max Bill:

Die gute Form Wanderausstel-lung des Schweizerischen Werkbundes », Designers Books, [ En ligne ], http://

www.designers-books.com/

max-bill-die-gute-form-wan- derausstellung-des-schweize-rischen-werkbundes.

Fig. 49

Publicité Braun, 1938. [ Source ] Wegavision, [ En ligne ], http://wegavision.

pytalhost.com/braun.html.

En 1951, les frères Erwin et Arthur Braun

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 85-95)