p
k=p
k+1−(∆˜p)
k+1(2.36)
On ne rentre pas dans le détail du calcul de cette épaisseur de couche minimale qui compare
(∆p)k+12
, la moitié de l’épaisseur initiale de C
k+1, et une épaisseur basée sur un calcul similaire à(2.31) appliqué avec la donnéeδ
k+1(c’est en général cette épaisseur qui fournit l’épaisseur minimale).
On a alors, par conservation de H
tot:
˜
α
k= α
k+1(˜p
k−p
k) +α
k(p
k−p
k−1)
˜
p
k−p
k−1(2.37)
Si la condition isopycnale n’est pas vérifiée, un traitement itératif dans lequel on ne rentrera pas
est alors utilisé selon les conditions dans lesquelles on se trouve.
- Cas particulier avec α
k>αˆ
koù C
ktouche le fond de la colonne d’eau (s’il y a des couches
sous C
k, elles sont d’épaisseur nulle) :Comme on ne peut pas déplacer I
k, on va déplacer I
k−1. On doit alors changer la conception
précédente de la densité au sein des couches : on accepte ici que la densité varie verticalement au
sein d’une couche. Du fait que α
k−1> α
k> αˆ
kon va regarder C
kcomme la superposition de
deux sous couches, l’une de volume spécifiqueα
k−1et l’autre de volume spécifique αˆ
k, séparée à la
profondeur pˆ
k−1(on ne détaille plus les calculs, mais ils sont similaires aux précédents). La
sous-couche supérieure peut alors être fusionnée avec C
k−1puisqu’elle a même densité, laissant C
kà la
densité voulue, puisque finalement uniquement composée de sa sous couche initiale inférieure.
Le déplacement deI
k−1ne doit pas être trop important pour ne pas dépasser p
k. On fixe donccette interface à la pressionp˜
k−1telle que
(∆˜p)
k=max((∆ˆp)
k,(∆p)
k2 ) (2.38)
Certains éléments de l’algorithme que l’on vient d’illustrer ne suivent pas rigoureusement ce qui
est réellement fait dans le code du modèle HYCOM, mais ils donnent l’idée générale de son
fonc-tionnement. On ne montre pas comment est traitée la redistribution de la quantité de mouvement et
des variables thermodynamiques (autre que la densité) que l’on considère comme variables d’état du
modèle. Essentiellement, on veut conserver la valeur de leur moyenne sur la verticale, et respecter
les contraintes de densité. Certains problèmes sont spécifiques à l’emploi simultané de T etS dans
le vecteur d’état et ne concernent pas notre configuration.
2.4 Le problème des Conditions aux Frontières Ouvertes
Les limites d’un modèle régional en mer ouverte sont appelées frontières ouvertes. La définition
de conditions aux limites sur ces frontières ouvertes (les CFO, Conditions aux Frontières Ouvertes)
est un problème complexe qui est encore l’objet de nombreuses études et qui a donné lieu à
l’utili-sation de méthodes très diverses dont on va introduire ici quelques exemples classiques. En général,
ces conditions sont imposées à l’aide des données fournies par des modèles du bassin océanique
complet dans lequel le modèle régional est imbriqué, où à l’aide de données climatologiques, sur
la frontière ouverte et souvent aussi dans son voisinage. De ce fait, ces données, qu’on appellera
données extérieures, sont normalement fournies à une résolution plus faible que celle des données du
modèle régional (en espace et en temps), ce qui peut être la source d’incompatibilités entre ces deux
types d’information. Idéalement, l’état du modèle régional doit être influencé par les données
exté-rieures lorsque celles-ci sont “entrantes” et les informations “sortantes” du modèle régional doivent
être correctement évacuées au niveau des frontières. C’est le fait que la solution doive être influencée
par les données extérieures qui nous interdit de se contenter de décentrer les équations du modèle
afin de les appliquer sur les frontières ouvertes avec les seules données régionales. Cependant cette
technique de décentrage peut être employée pour évacuer l’information sortante et compléter les
conditions imposées par l’extérieur quand elles conduisent à un problème sous déterminé.
Les modèles de grands bassins, régionaux du fait qu’ils ne couvrent pas l’ensemble des océans,
sont en général forcés par des données climatologiques à leurs frontières ouvertes, généralement
choisies éloignées des principaux courants, et en sorte qu’il n’y ait pas d’échanges trop importants,
ou du moins trop variables, à travers elles. Mais ce type de données est peu adapté au forçage
de modèles réellement locaux, sur lesquels les fortes variations de courants en entrée du domaine
peuvent avoir une grande influence.
Le concept d’emboîtement de modèle naît de l’emploi de modèles englobant les modèles
régio-naux pour forcer ceux-ci à leurs frontières ouvertes. Si les informations ne passent que du modèle
global au modèle régional, on parle d’emboîtement “one-way”. Le modèle régional fournissant
nor-malement une meilleure représentation des phénomènes ayant lieu sur son domaine que les modèles
de bassin complet à plus basse résolution, il est fréquent d’utiliser en retour ses données pour forcer
un modèle global qui le recouvre totalement, en partie, ou qui l’entoure : on parle alors
d’emboî-tement “two-way”. En général de tels emboîd’emboî-tements sont réalisés en intégrant les modèles régional
et global simultanément (le pas de temps du modèle global est normalement supérieur au pas de
temps du modèle régional, et est un facteur limitant le renouvellement des données aussi bien pour
le forçage du modèle régional par le modèle global que pour la rétro action du modèle régional sur le
modèle global). Une telle configuration d’emboîtement de modèle peut mener à l’usage d’un modèle
unique possédant un raffinement de maillage localement. Le modèle HYCOM ne permettant pas de
réaliser des emboîtements de modèles en mode “two-way”, on ne s’intéressera ici qu’à la question de
la formulation des CFO en mode “one-way”, dont on présente les principaux types.
Dans la suite, le domaine régional est notéΩetΓest l’union de ses frontières ouvertes (cf la figure
2.6). φ désigne selon les cas une variable de l’état modèle ou le vecteur des variables d’état pour
lesquelles une CFO doit être appliquée (certaines variables sont exemptées de CFO du fait de l’emploi
de grilles décalées ou de relations physiques existant entre les différentes variables du modèle). On
suppose la donnée de φ fournie par la solution extérieure au moins sur Γ et si nécessaire dans un
voisinage de Γ à l’extérieur ou à l’intérieur de Ω. Cette donnée, après interpolation temporelle et
spatiale pour la résolution régionale est notée φ
ext. La valeur de φ fournie par le modèle régional
surΩ est notéeφ
reg.
On distingue les principaux types de CFO suivants (cfBroquet 2003) :
Les méthodes de relaxation (Davies, 1976)
Elle consistent à rappeler φ
regvers φ
extau voisinage de Γ. Ce voisinage Ω
αest appelé couche
de relaxation. A chaque instant t, cela s’écrit sur Ω
α:
φ
reg(t) =α
relaxφ
ext(t) + (1−α
relax) ˆφ
reg(t) (2.39)
oùφˆ
regest la solution fournie pas le modèle régional à l’intérieur strict (sansΓ) du domaine régional
au pas de tempstavant l’application de la CFO de relaxation.α
relaxest le paramètre de relaxation
Mer Terre
Ω
αΩ
φ
extφ
regn
τ
Γ
Fig. 2.6 – Domaine régional Ω.
qui décroit de la valeur 1 sur Γ à 0 à la limite entre Ω
αetΩ\Ω
α.
SurΓcette méthode conduit à imposer brutalementφ
extàφ
reg. SiΩ
αse réduit àΓ, la méthode
est une simple condition de Dirichlet, et Γ est une sorte de mur pour l’information sortante du
modèle. Elle donne ainsi lieu à des phénomènes de réflexions sur Γ d’autant plus importants que
φ
regà l’intérieur du domaine régional tend à être incompatible avecφ
ext.
C’est pourquoi l’emploi d’unΩ
αimportant permet de dissiper l’information sortante avant qu’elle
n’arrive à Γ. Il est d’ailleurs parfois combiné avec l’usage d’une couche éponge similaire sur laquelle
on augmente les paramètres de viscosité. L’information sortante n’est cependant pas réellement
évacuée hors du modèle avec cette méthode.
Cette condition de relaxation, si Ω
αn’est pas resteint à Γ, n’est pas vraiment une condition
limite surΓ. On peut la considérer comme l’inclusion, dans l’équation d’évolution deφd’un terme
de rappel. En effet, si l’équation d’évolution de φdans le modèle s’écrit :
∂φ
∂t +F(φ) = 0 (2.40)
On la reformule de la façon suivante :
∂φ
∂t +F(φ) +
1
τ
carac(φ−φ
ext) = 0 (2.41)
où le temps caractéristique τ
caracde rappel de φvers φ
extdépend deα
relaxet du schéma de
discré-tisation temporelle employé pour l’étude du modèle (si F(φ) = 0, φ=φ
ext+ (φ
0−φ
ext)e
−τcaract).
Par exemple si
∂φ∂t
≈
φt−∆tφt−∆t, on peut poserτ
carac=
∆t(1−αrelax)αrelax
pour retrouver (2.39).
Les méthodes de radiation (Orlanski, 1976)
Ces méthodes assez classiques reposent sur l’hypothèse suivant laquelleφse comporte au passage
deΓcomme une onde se propageant dans la direction de n, vecteur normal sortant àΓ.φdoit alors
vérifier sur Γune équation du type :
∂φ
∂t +c
∂φ
∂n = 0 (2.42)
Cette condition imposée à φ a été suggérée par Sommerfeld en 1949. Elle est exacte pour une
onde vérifiant
∂
2φ
∂t
2−c
2∂
2
φ
∂n
2= 0 (2.43)
au sens où elle annule sa partie entrante et laisse intacte sa partie sortante si l’on supposec >0. La
condition (2.42) appliquée lorsquec >0impose donc un sens de propagation sortant àφà traversΓ,
ce qui permet a priori d’évacuer l’information sortante. Il reste à déterminer cpour qu’effectivement
on puisse appliquer ce type de condition en respectant à peu près les propriétés de φ au voisinage
de Γ.
Orlanski utilise l’hypothèse que la condition de Sommerfeld est encore valable au voisinage de
Γ pour déterminer cette vitessec, de manière adaptative, suivant plusieurs méthodes différentes en
pratique que l’on ne détaillera pas ici. On notera que ce calcul repose en général sur la discrétisation
du modèle et mène à des conditions non linéaires surφ, conditions qui ne peuvent être pertinentes
dès lors que φ est composée de plusieurs longueurs d’onde. La prise en compte de la composante
tangente àΓ de la direction de propagation deφa été proposée par Raymond et Kuo 1984.
Usuellement, le traitement de telles conditions revient dans la pratique, si c < 0, à imposer la
solution extérieure à l’aide d’une condition de Dirichlet φ=φ
extsurΓ ou à imposer un fort rappel
vers cette solution, et si c > 0, à normalement ne pas utiliser φ
extet laisser se propager φ vers
l’extérieur à l’aide de l’équation (2.42). En pratique, sic >0, on applique cependant un fort rappel
vers la solution extérieure sur Γ pour assurer l’applicabilité des méthodes de radiation.
La condition de Flather (Flather, 1976)
Dans le cas des écoulements barotropes, Flather a proposé de combiner la condition de
Sommer-feld appliquée à la hauteur d’eau(h+H)(ou à la hauteur de la surface libreh, la condition obtenue
finalement étant la même) en utilisant la vitesse des ondes gravitationnelles de surface √gH) :
∂(h+H)
∂t +
p
gH ∂(h+H)
∂n = 0 (2.44)
et une approximation unidirectionnelle (suivant la normalenàΓ) à la frontière ouverte de l’équation
de conservation de la masse (2.8) :
∂(h+H)
∂t +H
∂(u
h·n)
∂n = 0 (2.45)
où (u
h·n) est la composante de la vitesse barotrope normale à la frontière ouverte. Ceci donne sur
Γ
∂
∂n
(u
h·n)−
r
g
H (h+H)
= 0 (2.46)
soit, par intégration à travers Γ, la condition de Flather :
(u
h·n)−
r
g
H (h+H) = (u
h·n)
ext−
r
g
H (h+H)
ext(2.47)
Comme(h+H)
ext=h
ext+H on voit qu’on aurait obtenu la même condition en appliquant la
condition de Sommerfeld à h :
(u
h·n)−
r
g
H h= (u
h·n)
ext−
r
g
H h
ext(2.48)
Méthodes fondées sur la définition des variables caractéristiques
La définition des quantités caractéristiques repose sur une simplification des équations du modèle
établie en sorte que φvérifie un système linéaire hyperbolique de type
∂φ
∂t +A
∂φ
∂d = 0 (2.49)
où d est un vecteur unitaire de l’espace. Si φ est un vecteur de dimension n, A est une matrice
constante de dimension n×n diagonalisable. Soitv
ile i
èmevecteur propre à gauche de A, associé
à λ
i, lai
èmevaleur propre à gauche de A.
v
iA=λ
iv
i(2.50)
Les quantités caractéristiques sont définies par
w
i=v
iφ (2.51)
et on a
∂w
i∂t +λ
i∂w
i∂d = 0 (2.52)
On voit donc que les w
isont conservées sur les courbes caractéristiques qui sont les droites
~
OM .d−λ
it=cste où OM~ est le vecteur position d’un point M considéré.
Selon le signe deλ
i, la quantité caractéristiquew
ise propage selon le sens ded(λ
i≥0) ou dans
le sens inverse (λ
i< 0). Si d =n, on peut donc mettre en évidence les quantités caractéristiques
entrantes et sortantes par rapport au franchissement de Γ. La principale méthode liée aux
quanti-tés caractéristiques consistera donc à fixer à leur valeur de référence les quantiquanti-tés caractéristiques
entrantes, et à étudier l’évolution des autres à l’aide d’une discrétisation décentrée (discrétisation
rendue possible par leur sens de propagation). Cela permet de respecter la proposition fondamentale
selon laquelle dans le cas d’un système hyperbolique, imposer autant de conditions limites qu’il y
a de caractéristiques entrantes est une condition nécessaire au caractère bien posé du problème. La
mise en évidence des quantités caractéristiques permet donc de séparer correctement l’information
entrante et l’information sortante sur la frontière ouverte. On ne considèrera que la partie
hyperbo-lique du système régissant l’évolution de φpour arriver à cette analyse.
On peut prendre un cas d’exemple sur le modèle shallow water (les équations du mode barotrope
du modèle HYCOM, bien qu’elles sous-tendent l’existence des mêmes quantités caractéristiques et
qu’elles aient mené à l’utilisation des résultats obtenus ici, ne permettent pas de mettre en évidence
ces quantités caractéristiques du fait que le terme d’advection de vitesse soit incorporé au terme
∂u∗h ∂t