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Le phallocentrisme : suprématie et essais d’émancipation

Deuxième partie

2) Le phallocentrisme : suprématie et essais d’émancipation

1 En fait, ce n’est pas l’inégalité en soi qui fait réagir Ben Jelloun, mais plutôt le discours de l’inégalité que les gens mettent en œuvre tel que le discours social et religieux.

2 Cité par Bencheikh, J. E., « La volupté d’en mourir », op. cit., p. 276.

3 Ben Yaïche H., (interview) « La féminisation du monde ». In Hommes et Migrations, N° 1210, novembre-décembre 1997. Portugais de France. pp. 167-169, disponible en ligne sur https://doi.org/10.3406/homing.1997.3087

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Dans l’œuvre ancienne comme dans la trilogie de Ben Jelloun, le rapport entre dominants et dominés détermine indissociablement les deux textes dans une sorte de miroitement analogique. La suprématie phallique dans les Mille et une nuits sera reprise dans l’œuvre de Ben Jelloun où toute suprématie masculine ne va pas sans rapport avec l’idée de l’émancipation de la femme. La suprématie du mâle est ancrée dans une mentalité sociale et culturelle de domination. Il s’agit de revoir comment l’élément phallocentrique, générant tout le drame des Mille et une nuits et celui de L’enfant de sable, guidant l’être humain, s’est transformé en catastrophe touchant toute la société.

a) La suprématie phallique : une remise en question

La question de la sexualité omniprésente dans l’hypotexte comme l’hypertexte détermine le rapport homme/femme. Dans l’« Histoire de Noureddin Ali et de Bedreddin Hassan »1, la préférence du mâle est omnipotente et révèle l’appartenance culturelle au monde arabo-musulman. En l’occurrence, les privilèges sont également accordés au mâle dans L’enfant de sable puisqu’Ahmed jouit des privilèges de supériorité que son père lui a légués.

Par ailleurs, les Mille et une nuits mettent en scène des reines insatiables. Elles sont représentées dans une scène pornographique, situation qui reflète une vision réductrice des femmes. Cette orgie sexuelle est à l’origine du drame dans les Mille et une nuits. Les représailles commises par Schahriar n’auraient pas eu lieu si celui-ci n’avait pas usé de sa supériorité phallique, mais aussi de sa puissance politique en tant que roi. Les représentations mentales traumatisantes à la suite de l’orgie sexuelle vont engendrer la violence physique. Dans L’enfant de sable, la violence se limite à son aspect verbal. Hadj Ahmed Souleïmane énonce l’interdit paternel et conjugal. La fonction du langage de l’époux, ici, est de faire perdurer la domination, de protéger le statut phallique de l’homme dominant. Dans L’enfant de sable, le silence tout comme le langage transmet l’oppression et protège le statut du mâle.

Ben Jelloun évoque des sujets tabous liés aux corps de la femme. Il est plus subversif par rapport aux Mille et une nuits. Il s’est imprégné du personnage de Zahra. Le viol, l’érotisme et le langage des femmes sont détaillés par l’auteur marocain. La perception de l’univers des femmes se fait à travers la description de toutes les péripéties de la vie de Zahra, sa mère, l’Assise, Yamna, etc. Dans l’hypotexte et l’hypertexte, il n’y a pas de communication entre les deux sexes. Schahriar, déterminé, persécute la reine et les autres jeunes filles qu’il a prises comme épouses sans aucune explication. Sa relation avec Schéhérazade se limite à consommer 1 Galland, A., Mille et une nuits, t. 1, p. 298 et suiv.

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les contes. Hadj Ahmed Souleïmane, personne de sa famille n’ose discuter ses ordres, ni sa femme ni ses filles. Ce couple issu d’un mariage traditionnel reflète l’absence de communication entre les couples et actualise par conséquent le couple formé par Schahriar et la série des jeunes filles massacrées après leur nuit de noces. Dans sa prise de décision, Hadj Ahmed Souleïmane prône immédiatement l’individualisme absolu et l’égoïsme hégémonique : « son idée était simple, difficile à réaliser, à maintenir dans toute sa force : l’enfant à naître sera un mâle même si c’est une fille ! C’était cela sa décision, une détermination inébranlable, une fixation sans recours »1. Sa femme ne peut discuter ou le contredire. Quelques discours montrent que Hadj Ahmed Souleïmane met en place systématiquement un harcèlement langagier d’ordre sexuel contre son épouse :

Il appela un soir son épouse enceinte, s’enferma avec elle dans une chambre à la terrasse et lui dit sur un ton ferme et solennel : « […] Tu es une femme de bien, épouse soumise, obéissante, mais, au bout de ta septième fille, j’ai compris que tu portes en toi une infirmité : ton ventre ne peut concevoir d’enfant mâle ; il est fait de telle sorte qu’il ne donnera – à perpétuité – que des femelles. Tu n’y peux rien. Ça doit être une malformation, un manque d’hospitalité qui se manifeste naturellement et à ton insu à chaque fois que la graine que tu portes en toi risque de donner un garçon.2

L’enfermement dans la chambre reflète le caractère ferme du discours. Le discours de Hadj Ahmed Souleïmane prend une forme solennelle. Les qualités de sa femme qu’il énumère avec fierté (« épouse soumise », « obéissante ») évoque les qualités et les caractères de la femme préférée dans la société traditionnelle. Ben Jelloun, montre, en effet que la supériorité phallique découle de la culture et la structure mentale de l’homme maghrébin.

Dans une société virile, la femme assume toute la responsabilité du sexe de l’enfant. La femme qui ne donne « que des femelles »3 est vue comme infirme, son « ventre [est] malade »4. Elle devient une source de malheur pour l’homme. La mère de Zahra, en donnant une progéniture féminine « une fille sur fille », jusqu’à sept naissances, ne peut que susciter le mépris de son mari. Hadj Ahmed Souleïmane après avoir vécu longtemps comme époux, sans pour autant avoir un garçon, décide de contrarier le destin, sa huitième fille devra être élevée comme un garçon. Ici le problème de la sexualité, n’est pas seulement au niveau de la virilité, mais au niveau de la perception sociale, car l’homme, marié, qui ne peut pas engendrer un garçon est vu comme infirme, impuissant et castré. Schahriar, quant à lui, a aussi subi 1 Ben Jelloun, T., L’enfant de sable, op. cit., p. 21.

2 Ibid.

3 Ibid.

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l’expérience de la castration à la suite de la trahison de la reine et l’obligation de se voir comme traître après l’expérience avec la femme du génie – l’homme trahi devient traître à son tour.

Dans L’enfant de sable, la vie conjugale s’est transformée en rapport machinal, dénué de sentiments. Le rapport homme/femme a pour finalité la progéniture, surtout masculine, pour sauver non seulement le mariage, la réputation et l’honneur à la fois de l’homme et de la femme, mais aussi la vie. Schahriar a préservé la vie de Schéhérazade parce qu’elle lui a donné des enfants.

Dans L’enfant de sable, la supériorité virile du père lui permet de faire de sa fille un garçon. Le genre de la nouvelle naissance engendre tout le drame qui s’enchaîne dans le diptyque. Par le biais des symboles, L’enfant de sable évoque la problématique de la sexualité qui détermine également la conduite d’Ahmed/Zahra. Le parti pris de l’incarcération volontaire dans le foyer paternel, caractéristique omniprésente depuis l’âge de l’adolescence, confirme la portée de son problème sexuel. Nous nous référons à la psychanalyse freudienne afin de monter que la chambre1 où demeure Ahmed/Zahra assez longtemps sans sortir, a une signification phallique2. Il y a une sorte de réflexion entre le symbolisme de la maison, l’incarcération individuelle dans la chambre et le souci identitaire qui l’afflige. La quête de l’identité féminine commence à partir de l’emprisonnement3 voulu dans la maison du père puisque c’est à partir de cette expérience d’emprisonnement qu’Ahmed a commencé à sentir plus que jamais qu’il est femme. En effet, si l’emprisonnement dans L’enfant de sable était un choix volontaire, dans le conte de Badoure et Camaralzaman, à la suite des ordres de leurs pères, ceux-ci ont été incarcérés4. Le génie, dans le récit-cadre, enlève également une femme le jour de ses noces qu’il 1 Dans ce même, Ben Jelloun a utilisé d’autres symboles à signification phallique ; à titre d’exemple, « l’anneau » dans L’enfant de sable que nous pouvons rapprocher de la bague dans le conte de Camaralzaman et Badoure. Le symbole de l’arbre dans le récit-cadre où descendent les deux rois est sexuel. Dans son ouvrage Le secret des Mille et Une Nuits. L’inter-dit de Schéhérazade, Edgard Weber a montré que l’arbre désigne l’organe sexuel en érection, annonce la relation sexuelle entre eux et la femme enlevée le jour de ses noces par le génie (Mille et une nuits, T. 1, p. 45). Dans L’enfant de sable, où l’image de l’arbre vue par Ahmed/Zahra pendant l’écoulement du sang des règles désigne plutôt le désir hétérosexuel. Ces deux images entrent également dans cette lignée de signification. Par ailleurs, ce qui donne beaucoup plus d’ampleur à la signification phallique de la chambre, ce sont les miroirs qui l’ornent de tous les côtés, grâce à leur dimension réflexive. Quant au souci d’Ahmed de voir et se revoir dans ses miroirs, il se focalise le plus sur son bas-ventre, ce qui rend explicite bien évidemment la dimension phallique de la quête d’Ahmed commencée par cet emprisonnement volontaire.

2 « L’appareil génital de la femme est représenté symboliquement par tous les objets dont la caractéristique consiste en ce qu’ils circonscrivent une cavité dans laquelle quelque chose peut être logé. » Édition électronique complétée le 7 octobre 2002 à Chicoutimi, Québec, p. 113. Disponible en ligne sur :

http://classiques.uqac.ca/classiques/freud_sigmund/intro_a_la_psychanalyse/intro_psychanalyse_1.pdf

3 Dans L’enfant de sable et le conte de Camaralzaman et Badoure, toute forme d’emprisonnement mène à la fois à une quête de soi et de l’autre

4 Edgard Weber a étudié l’emprisonnement – dans un puits pour Camaralzaman/dans sa chambre pour Badoure – dans une perspective phallique tout à fait comme la bague, dans son sens symbolique, puisqu’elle appartient et/ou désigne Badoure, selon l’auteur, la bague désigne plutôt le sexe féminin plutôt

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emprisonne pour assouvir son désir amoureux. Ainsi l’imagerie et les symboles d’ordre sexuel qui disent la domination phallique jalonnent les deux textes.

L’incarcération de Badoure par son père, l’emprisonnement volontaire d’Ahmed/Zahra ont une signification phallique. L’incarcération dans la chambre désigne un désir refoulé qui ne cesse de se réfléchir et de réapparaître. En épousant Fatima, Ahmed/Zahra réaffirme l’incarcération et accroît de plus en plus le désir refoulé qui transgresserait plus tard l’ordre du père. La quête de l’élément féminin dans le conte de Badoure et Camaralzaman dit la transgression. L’échange des bagues entre les deux protagonistes la relation amoureuse et confirme la fin de la domination patriarcale.

Le désir fait ressurgir le corps. Zahra revendique son désir de vivre pleinement, librement sa vie de femme1 et de jouir d’un corps de femme : « j’ai un corps de femme ; c’est-à-dire j’ai un sexe de femme même s’il n’a jamais été utilisé »2. Ce désir va crescendo dans le diptyque et subvertit la supériorité phallique déterminante de la conduite de Hadj Ahmed Souleïmane et devient de plus en plus une prise de conscience annonçant la rébellion contre toute la famille.

À travers la condamnation de son père autoritaire, de sa mère et de ses sœurs qui « s’enroulent dans le silence »3, pour reprendre l’expression de Ben Jelloun, la convoitise de ses oncles pour l’héritage de son père, puisqu’il n’a pas eu de garçon qui l’hérite, interroge toute la culture traditionnelle qui prêche une telle suprématie des mâles, mais aussi la conduite passive des femmes. Pour dire comme Bernard Urbani « bien que souvent ambiguës [les] histoires [de Ben Jelloun], profuses et multiformes, captent la réalité arabo-musulmane. »4 Ben Jelloun ne se soucie pas de la description d’un état des lieux ni des rapports sexuels homme/femme, il procède à la déconstruction d’un discours qui conçoit le phallus comme un privilège et d’une société morale structurée par les pensées ancestrales et traditionnelles.

Schéhérazade a mis également en question la culture de la société dont l’hégémonie masculine est un fondement incontestable. Les contes de Schéhérazade qui ont mis fin à la castration du roi, ont pu mettre fin également à sa tyrannie meurtrière. Dans son analyse du rôle de la conteuse Schéhérazade, Edgard Weber affirme qu’« en psychanalyse […] lorsque le sujet se met à parler, il y a levée de tabou. Le sujet, trouvant les mots pour le dire, commence donc à mettre fin au refoulement de certains désirs érotiques interdits et permet à la vie de repartir de qu’un rapport entre homme et femme. Le secret des Mille et Une Nuits. L’inter-dit de Schéhérazade, Éché, 1987, p. 186.

1 Les personnages de Ben Jelloun sont souvent en quête d’un « ailleurs libre pour exister », Urbani, B., « Le désert de Tahar Ben Jelloun », op. cit., p. 219.

2 Ben Jelloun, T., L’enfant de sable, op. cit., p. 152. 3 Ibid.

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plus belle »1. Pour Schéhérazade, le langage signale un dépassement et une transgression du silence. Elle a pu rétablir la vie érotique2 du roi. Cependant, ses contes ont revitalisé les refoulements érotiques de Schahriar beaucoup plus que ses désirs érotiques.

« L’inversion »3 des rôles phalliques caractérise le récit-cadre des Mille et une nuits. La femme du génie impose aux rois de satisfaire son besoin érotique. La femme enlevée par le génie, par sa liberté sexuelle et la puissance du génie qu’elle utilise en sa faveur constitue ainsi une menace pour les deux rois. Les deux formes de l’autorité, la virilité et le pouvoir sont mis à l’épreuve. Afin d’épargner une telle destinée, « en tuant la/les femmes, les rois s’imaginent se préserver de cette fragilité et ainsi retrouver leur total pouvoir »4. Il nous semble que Schahzenan a été guidé par le mal de la trahison puisque dès qu’il arrive chez Schahriar, il s’est débarrassé de son statut politique. Pour guérir, il vise celui qui le dépasse en douleur, alors que Schahriar, toujours roi et dans sa royauté, vise celle qui trahit le plus ; c’est pour cela que son mal va crescendo, car il a été plutôt guidé par son autorité phallique et politique et n’a pas pu accepter l’inversion des rôles. Schahriar n’a pas pu accepter qu’une femme s’empare de son statut d’homme (politique et viril) : l’homme qui ordonne devient un homme qui reçoit des ordres. La femme du génie ne prend pas seulement l’initiative de la relation, selon la réflexion d’Edgard Weber,5 mais elle s’empare du statut politique de Schahriar et déconstruit son discours à la fois politique et viril. Elle apparaît plus puissante que le roi. L’homme des Mille et une nuits ne s’est pas habitué ni à « l’indépendance »6 de la femme ni à son autorité :

La « liberté » que prend la reine sur le plan sexuel qui semble aujourd’hui si naturelle et justifiée, est « impensable » dans la société des Mille et Une Nuits en tant que droit de la femme ; mais elle apparaît comme un danger permanent au regard de l’homme qui n’imagine de liberté sexuelle que pour lui-même.7 Il s’agit plutôt d’une supériorité phallique engendrée par la liberté excessive des femmes qui régissent la conduite de Schahriar plutôt qu’une impuissance sexuelle8 qui provoque la destruction de la cité dans les Mille et une nuits.

1 « La motivation de Schéhérazade : perversion ou sacrifice ? » in Les Mille et Une Nuits. Du texte au mythe (coordination de Jean-Luc Joly et Abdelfattah Kilito, Actes du colloque international de littérature comparée, Publications de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Rabat, 2005, p. 149.

2 « La motivation de Schéhérazade : perversion ou sacrifice ? » in Les Mille et Une Nuits. Du texte au mythe, p. 149. 3 Weber, E., Le secret des Mille et Une Nuits. L’inter-dit de Schéhérazade, op. cit., p. 87.

4 Ibid. 5 Ibid. 6 Ibid. 7 Ibid., p. 83.

8 Edgard Weber affirme que l’exécution des jeunes filles après une nuit de noces reflète l’impuissance sexuelle de Schahriar désireux qu’aucune jeune fille ne divulgue son secret.

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L’emboîtement narratif montre l’inversion des rapports de domination homme/femme. Selon Edgard Weber :

l’enchâssement des récits témoigne ainsi de la lutte de Schéhérazade pour la vie, mais révèle aussi « l’inversion de la puissance virile » de Shahrayar. Et si dans cette perspective, les Mille et Une Nuits étaient alors cette parole que seule une femme peut proférer pour convaincre l’homme de ne pas avoir peur ? Peur d’elle, d’abord, - qui incarne le mystère absolu –, peur de son sexe qui fantasmatiquement avale celui de l’homme ? Peur encore de n’être pas à la hauteur de l’exigence de ce sexe féminin ; et donc peur d’une impuissance latente, métaphore suprême de la castration1.

Certes l’esclave noir représente la puissance sexuelle dans le récit-cadre, mais, concernant les rois, est-il possible de parler d’impuissance sexuelle ou de castration dans la mesure où – au moins pour Schahriar – il a eu des descendants grâce à Schéhérazade ? De plus les deux rois ont satisfait la femme du génie. L’impuissance virile s’avère ainsi une hypothèse peu convaincante. L’argument le plus logique, c’est la trahison - la liberté incontrôlée de la reine et l’autorité de la femme de Génie, preuve « d’inversion de la puissance virile » homme/femme. Schahriar, s’il a vraiment peur de la femme, redoute sa trahison et son autorité, inversion bouleversante, pense-t-il, des fonctions de chaque sexe. Il s’avère ainsi impensable qu’une impuissance sexuelle fasse réagir Schahriar et l’exécution des femmes ne pourrait être lue comme une précaution prise par le roi pour qu’aucune femme ne puisse divulguer le secret de sa castration.

Ben Jelloun présente Ahmed/Zahra comme la métaphore de la culture arabo-musulmane, la femme qui procède à la déconstruction de la doxa, de la fierté virile masculine. Schéhérazade est la métonymie2 de la culture orientale, en fait une métaphore inversée, variante de la femme responsable dans la société.

b) La virilité : une interrogation sociale

« L’impuissance sexuelle » de Hadj Ahmed Souleïmane face à ses frères a produit une impuissance sociale. Tant qu’il n’a pas eu d’enfants mâles, il se croit, à cause de la raillerie sociale, impuissant et castré. Les frères de Hadj Ahmed Souleïmane constituent une menace, comme le Noir constitue une menace à Schahzaman et Schahriar3 dans le récit-cadre des Mille 1 Ibid., p. 66.

2 Boidin, C., « Schahrazade et sa parole. La figuration fictive d’une énonciation pour le plaisir », Cahiers

Mondes anciens, p. 2. En ligne sur : http://mondesanciens.revues.org/793 Consulté le 31 octobre 2017. 3 Cf. le rapport conflictuel entre les personnages. Weber, E., Le secret des Mille et Une Nuits. L’inter-dit de

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et une nuits. Ici, le Noir ne représente pas seulement un personnage, il désigne également les cauchemars de la nuit, c’est pour cela que Schéhérazade se charge de raconter les histoires à la fin de la nuit, afin d’évacuer ce complexe de la mémoire de Schahriar.

Dans son étude de la relation Schahriar/Schahzenan, Fadwa Malti-Douglas a montré que le couple « homosocial » s’oppose à l’hétérosexuel »1, cela veut dire que ce premier couple a entraîné une crise au niveau du second couple et déclenche toute la crise phallique entre l’homme et la femme. En fait, ce dérèglement phallique provoque le dérèglement du monde. Schahriar est sur le point de détruire la cité à cause de ses troubles psychiques. Les traumatismes