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Avant d’évaluer le rôle des cellules isolées de tumeurs ovariennes, nous avons vérifié que ces cellules, ayant une morphologie fibroblastique évoquant des MSC, pouvaient bien être considérées comme des CA-MSC.

Les CA-MSC, retrouvées associées aux tumeurs ovariennes, expriment les marqueurs caractéristiques des MSC tels que le CD73, le CD90 et le CD105. En revanche, ces CA-MSC semblent perdre le caractère « souche » des MSC. En effet, les expériences de différenciation montrent que les CA-MSC ne sont plus capables de se différencier en adipocytes ou en ostéoblastes, contrairement aux BM-MSC. Cette perte de la différenciation des CA-MSC semble due aux sécrétions des CTO car la culture de BM-MSC en présence des sécrétions de CTO a entrainé une perte de la différenciation adipocytaire et ostéoblastique de ces MSC contrairement à leur culture dans du milieu contrôle. Ainsi, nous ne pouvons pas affirmer que

163 nos cellules d’intérêt sont, au sens strict, des cellules souches mésenchymateuses dont une des caractéristiques principales est la multipotence. L’hypothèse est que ces CA-MSC dérivent de MSC qui se seraient différenciées au contact de la tumeur, acquérant alors un phénotype particulier.

Le modèle de CA-MSC « induites », que nous avons établi à partir de BM-MSC, confirme cette hypothèse. En effet, il permet, à partir de BM-MSC, d’obtenir des cellules ayant un phénotype proche de celui des CA-MSC isolées de tumeurs de patientes. En effet, les CA-MSC induites par du milieu conditionné par des CTO et les CA-MSC de patientes sont similaires sur l’expression des marqueurs clés des MSC (CD73, CD90 et CD105) et sur la perte de leur capacité à se différencier en adipocytes et en ostéoblastes. Les deux populations sont équivalentes également sur leur capacité à interagir avec les CTO et les macrophages, ainsi qu’au niveau de la sécrétion de CXCL1, de CXCL2 et d’IL-8.

En revanche, nous n’avons pas réussi à obtenir des CA-MSC comparables à celles présentes chez les patientes en mettant en culture des BM-MSC en présence de liquide d’ascite, qu’il provienne d’une seule patiente ou de plusieurs (pool). Ceci souligne une fois de plus que l’utilisation d’ascites reste difficile d’interprétation en fonction de l’hétérogénéité possible (volume, avant traitement, après traitement, stade différent, etc.).

Si on s’intéresse à la qualification des CA-MSC des patientes, il apparaitrait qu’elles proviennent de cellules souches multipotentes. Cette théorie est soutenue par le modèle de CA- MSC « induites », obtenues à partir de BM-MSC, qui adoptent un phénotype proche des CA- MSC retrouvées dans des adénocarcinomes ovariens. Toutefois, nous ne pouvons affirmer que les CA-MSC de patientes proviendraient de cellules de moelle ayant migré. En effet, chaque organe, dont les ovaires, présentent un pool de MSC résidentes spécifiques d’organe84–87. Il est donc probable que les CA-MSC impliquées dans l’oncogenèse ovarienne dérivent de MSC « résidentes » présentes au niveau des localisations tumorales. Une autre origine possible serait le tissu adipeux, qui est une source de MSC nommées ADSC. L’épiploon (ou omentum) correspond à une double couche de tissu adipeux qui recouvre et soutient les organes dans la partie inférieure de l'abdomen. Ainsi, notamment lors de carcinose péritonéale, les ADSC de l’épiploon pourraient constituer une source de CA-MSC compte tenu de leur localisation, à proximité des CTO disséminées dans le péritoine. De manière comparable au modèle de CA- MSC « induites » obtenues à partie de BM-MSC, nous avons tenté de différencier des ADSC en CA-MSC en présence de MC par les CTO. Cette expérience, qui devra toutefois être réitérée afin de valider les résultats, n’a pas permis d’obtenir d’induction de chimiorésistance des CTO avec ces cellules, contrairement au CA-MSC « induites » dérivant de BM-MSC. Ce résultat oriente ainsi vers une origine probable des CA–MSC à partir de MSC spécifiques d’organe ou ayant migré de la moelle osseuse.

Afin d’apporter la preuve d’une éventuelle origine de la moelle osseuse des CA-MSC, ou au contraire pour écarter cette hypothèse, le recrutement et l’implication des BM-MSC pourraient être étudiés à l’aide de modèles expérimentaux murins en réalisant un transfert de moelle. En effet, le transfert de moelle issues de souris exprimant la GFP pourrait être réalisé dans des

164 souris mises en aplasie afin d’étudier le recrutement de MSC exprimant la GFP au niveau de la tumeur puis d’étudier leur implication dans la chimiorésistance.

Le phénotype exact des CA-MSC est encore à définir plus précisément. En effet, il semble que ces cellules aient perdu leur potentiel de différenciation en adipocytes et en ostéoblastes. Ces CA-MSC pourraient avoir perdu leur multipotence en s’engageant dans une différenciation. Cependant, l’expression d’α-SMA est diminuée lorsque des MSC sont mises en contact avec des sécrétions de CTO, ce qui n’oriente pas vers une différenciation en CAF, bien que cette hypothèse ne puisse pas être totalement écartée. Ainsi, ils seraient intéressant de mieux décrire le phénotype de ces CA-MSC et d’identifier vers quelle voie de différenciation elles s’engagent. Ceci pourrait, par exemple, permettre de déterminer une stratégie pour les cibler et les éliminer spécifiquement.