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Le passif patient-protagonization et le passif dé-transitivation : Shiba (2005)

CHAPITRE I Passif détrimental revisité –du point de vu de l’énonciateur

2. Classification des passifs en japonais dans des études antécédentes

2.3. Le passif patient-protagonization et le passif dé-transitivation : Shiba (2005)

En se fondant sur des études antérieures, Shiba (2005) a proposé deux distinctions pour le passif en japonais. L’un est le passif patient-protagonization et l’autre est le passif de dé-transitivisation. Le premier type de passif est utilisé pour décrire un événement du point de vue du patient, sans préciser l’agent. L’importance est donnée à la réalisation d’un événement plutôt qu'à la connaissance de l’agent de cet événement. Pour cette linguiste, le passif patient- protagonization se présente selon le schéma [1] ci-dessous (Shiba 2005 : 199).

Schéma [1]. GN1[+animé]-ga (GN2[+animé] ni ) V+(R)ARE+ru

Rôle sémantique patient- ga ( agent ni) V+(R)ARE+ru

Fonction syntaxique Sujet Prédicat

Quant au passif de dé-transitivation, sa construction générale est représentée par le schéma numéro [2] ci-dessous (Shiba 2005 : 201). Celle-ci sera affinée plus bas, cf. [3].

Schéma [2]. GN1 [+animé]- ga (GN2[+animé]/[-animé] ni yotte) V+(R)ARE+ru

Rôle sémantique modifié6- ga (agent/cause ni yotte) V+(R)ARE+ru

Fonction syntaxique Sujet Prédicat

Par ailleurs Shiba subdivise chacun de ces deux grands types de passifs en deux sous- classes selon la nature des participants.

• Pour le passif patient-protagonization de Shiba (2005) distingue deux cas.

(i) Le patient subit un effet négatif physiquement sur lui-même. Même si le patient n’est pas explicité dans l’énoncé, on peut supposer l’existence d'un patient par la relation de possession entre le participant [-animé] qui se trouve en position du sujet et un

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patient [+animé] non explicité7, non réalisé lexicalement dans l'énoncé. Ce point est

important car il met ce type de passif en relation avec le passif possessif. Dans cette même classe, Shiba inclut également le passif détrimental. L’exemple typique utilisé par les linguistes en est Ame ni fu+RARE+ta : ‘(j)’ai été plu par la pluie’ ‘ la pluie m’est tombée dessus’.

(ii) Le patient [+animé] est soumis à des forces qui l'obligent à se mettre dans une situation qu’il n’a pas voulue (il est appelé passif de type ok+ARE+ru ‘devenir un certain état malgé soi’). L’auteur signale que les verbes employés sont par exemple

ok+ARE+ru ‘laisser+pass.+prés.’, makikom+ARE+ru ‘mêler+pass.+prés’, nokos+ARE+ru ‘laisser tomber+pass.+prés.’...etc.

• Pour le passif de dé-transitivation Shiba distingue également deux cas :

(i) L’un exprime la réalisation d’un changement d’état. Ce n'est pas l'agent qui importe mais le fait qu'un nouvel état résulte d'un changement. La valence verbale est modifiée, l'argument dont le rôle sémantique est agent est supprimé.

(3) Sanrazâru eki ni takusan no mise ga tsuku+RARE, St. Lazare gare dans beaucoup de boutique P.S. construire+pass. ‘Beaucoup de boutiques ont été construites dans la gare St. Lazare, et chirashi ga kuba+RARE+ta.

publicité P.S. distribué+pass.+passé de la publicité a été distribuée.’

(ii) L’autre exprime l'état qui succède à un changement d’état.

Dans la plupart des cas, l’argument est marqué par ni et non ni yotte, surtout il s'agit d'un phénomène ou d'une force naturelle comme dans l'exemple (4) ci-dessous emprunté à Shiba (2005 : 205).

(4) Hata ga kaze ni fuk+ARE+te iru. drapeau P.S. vent par souffler+pass.+-te iru ‘Le drapeau est souffé par le vent’.

7 Voir également « Construction à objet retenu » de Yeon (2003) pour le coréen, et le passif « sans patient affecté » de

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L'auteur pose alors que le schéma est une variante du schéma [2] (voir [3] ci- dessous).

Schéma [3] GN1[-animé]-ga GN2[-animé]-ni V+(R)ARE+te iru

Shiba (2005 : 205) pose deux points communs, aux deux types passifs, le passif de

patient-protagoniste et le passif de dé-transitivisation, cf. (I) et (II) ci-dessous.

(I) Lorsque le sujet et l’agent sont [–spécifique] du point de vue sémantique, l’aspect verbal est non-actuel, l’énoncé exprime un fait général.

(II) Lorsque le sujet du passif patient-protagoniste8 est [–animé], ou, lorsque le sujet du passif du

dé-transitivisation est [+animé].

Pour le point (I), si l'agent est [–spécifique], non explicité, il est recouvrable grâce à la présence d’une relation de type réfléchi. Même si elle n'est pas explicitée, une empathie avec un actant [+animé] est implicite mais évidente, comme le montre l'exemple (5) (voir Shiba (2005 : 207)).

(5) (Mata) shôhizei ga hikiage+RARE+ta. encore T.V.A. P.S. augumenter+pass.+passé ‘La T.V.A. [nous] a (encore) été augmentée’.

L'auteur remarque que l’événement exprimé dans (5) est un fait objectif. Cependant si le sujet est [+animé] et spécifique, comme Marî Antowanetto ‘Marie Antoinette’ dans (6), l’énoncé se rapproche alors du passif patient-protagonist comme l’illustre l'exemple (6), emprunté à Shiba (2005 : 207).

(6) Marî Antowanetto wa sanjû-nana sai no toki ni shokei s+ARE+ta. Marie Antoinette TH. trente-sept ans de quand à exécution faire+pass.+passé. ‘Marie Antoinette a été exécutée quand elle avait 37 ans’.

8 Fujimura (1993) explique le passif en japonais en utilisant l’analyse de Tesnière (1959). Son analyse est fondée sur le

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En effet Shiba signale que GN1 Marî Antowanetto ‘Marie Antoinette’ dans (6) n’est pas

considéré comme un animé avec qui l'énonciateur se trouverait en empathie. Tout comme dans le cas précédent avec un GN [–animé], l'énoncé est compris comme une simple assertion, un commentaire sur le thème ‘Marie Antoinette’. On ne remarque pas un choix subjectif de l’énonciateur qui, grâce au passif, ferait du patient l'actant principal. Nous discuterons ultérieurement dans §7, de ce type de passif lorsque nous traiterons du passif en tant que choix par l'énonciateur d'un commentaire sur un thème posé.

Mais revenons au passif du point de vue syntaxique, pour voir ce qui distingue les trois grands types : le passif direct, le passif indirect et le passif possessif.