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LE NIVEAU DES MEDIATIONS

UN PROJET GLOBAL

LE NIVEAU DES MEDIATIONS

Les médiations sont définies comme le moment de la relation entre individus, dans lequel les discours dominants dans un groupe spécifié sont négociés et mis en acte en fonction des attentes, des demandes, des aspirations et des contraintes des différents partenaires. Ce niveau ne peut être réductible au moment de la relation sexuelle, entendue comme rapport sexuel. Le rapport sexuel ne constitue que l’une des médiations dans laquelle une transaction mettant en jeu la sexualité peut se dérouler. A titre d’exemple, une séance d’éducation sexuelle, une consultation médicale, une séance de thérapie sexologique de couple ou de groupe, la participation à des spectacles pornographiques ou à des activité sexuelles en groupe, les minutes d’un procès pour abus sexuel, une conférence internationale sur la sexualité, la réalisation d’une enquête sur la sexualité constituent autant de médiations dans lesquelles des représentations de la sexualité font l’objet de négociations et de réélaborations entre deux ou plusieurs partenaires et donnent lieu à des interactions entre ceux-ci. La sexualité n’est donc pas entendue uniquement comme activité corporelle (et a fortiori comme activité corporelle impliquant les organes génitaux), mais comme représentation ayant une certaine matérialité lors des relations interindividuelles et sociales.

Ces partenaires ont des statuts sociaux différents qui peuvent contribuer à l’asymétrie de l’interaction. La médiation comporte une dimension de communication qui peut mettre en contact des représentations différentes voire même opposées entre les partenaires. Elle peut comporter une phase d’action. LE NIVEAU INDIVIDUEL

L'individu constitue à la fois un niveau d'approche spécifique et la résultante de l'ensemble des niveaux d'approche précédents. Au niveau empirique, l'individu est l'unité méthodologique à partir de laquelle les informations sont recueillies (entretiens ou questionnaires).

Le niveau individuel permet l’accès à la subjectivité lorsque l’on se dote des méthodes de recueil de données appropriées, et notamment l’entretien approfondi. La subjectivité peut aussi bien s’observer et se construire auprès d’un seul individu qu’auprès d’un ensemble d’individus construit comme l’expression d’une même subjectivité qui peut s’exprimer sous des facettes différentes. La subjectivité n’est pas réductible à l’individu.

La constitution d’un “niveau individuel” résulte d’une décision idéologique et scientifique. Selon les situations et les contextes sociaux et culturels, les représentations individuelles et les conduites seront plus ou moins directement et systématiquement influencées par les discours publics dominants ou seront réinterprétées par les individus.

Dans les sociétés fortement individualisées et considérées comme “post-modernes”, c’est à dire caractérisées par la perte de légitimité des grands discours fondateurs (Lyotard, 1979), les groupes et les individus sont à la fois producteurs, récepteurs et interprètes des discours publics. Par contre, dans les sociétés ou les groupes sociaux plus centralisés, le discours public explicite fonctionne comme une forme de ritualisation dont les écarts constituent des déviances ou des transgressions passibles de sanctions. La société post-moderne, de par la diversité des messages et de par la perte de légitimité de ses grands discours fondateurs aurait-elle supprimé les transgressions ou simplement déplacé les interdits ?

L’utilisation d’entretiens individuels de recherche (Blanchet, 1991) associée à des analyses de textes théoriques, considérés comme des “documents culturels” (Treichler, 1992) et à des observations de dispositifs et de pratiques a permis de considérer que le niveau individuel constituait :

(1) un niveau spécifique de l’approche globale soumis à des déterminations et des influences qui ne sont réductibles ni aux corpus de discours, ni aux processus psycho-sociaux qui organisent les expériences des individus dans le cadre des dispositifs auxquels ils ont été amenés à participer ;

(2) la résultante de l’ ensemble discours-dispositif qui constitue la voie d’entrée et le contexte social à partir duquel les individus sont rencontrés et interrogés dans le cadre de la recherche.

dans les dispositifs spécifiques dans lesquels ils peuvent se trouver ponctuellement impliqués ainsi que l’identification des discours publics auxquels ils sont exposés ne peut rendre compte à elle seule de leur position subjective qui apparaît comme irréductible aux déterminants et aux facteurs situationnels. La question centrale des travaux qui sont présentés dans ce document réside dans la compréhension des "positions subjectives des individus qui sont impliqués dans des situations réelles d'engagement" (Revault d'Allonnes, Barus-Michel, 1981). Cependant la compréhension des positions subjectives ne peut éviter de prendre en compte le contexte idéologique et les représentations sociales qui constituent le matériau externe à partir duquel la subjectivité est construite. L'analyse de la position subjective constitue donc une analyse des processus de subjectivation opérés par des individus. Les recherches ont en outre été réalisées à partir de situations concrètes pour lesquelles une demande sociale de recherche avait été formulée. Ce cadre d’analyse initialement construit lors de l’étude des idéologies et des représentations de la sexualité a été mis en oeuvre lors de différentes études portant d’une part, sur la sexualité (sexualité des handicapés mentaux, sexualité et sida, comportements et relations sexuelles) et d’autre part, sur les représentations du handicap et les représentations du sida.

Par ailleurs, les niveaux d’analyse présents dans ce cadre théorique général ont fait l’objet d’analyses distinctes. Il n’a pas toujours été possible ni pertinent d’étudier les articulations entre ces trois niveaux. Selon les situations, les études ont privilégié l’analyse des discours publics et scientifiques et leurs évolutions au cours de périodes historiques, ou bien l’analyse de discours recueillis auprès d’individus placés dans leurs contextes sociaux.