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Le CPL, comité d'action Coordonner l'existant

Deuxième chapitre : Les pratiques de la coordination de la Résistance parisienne

B- Le CPL, comité d'action Coordonner l'existant

Le principe même de ce comité, défini par son texte fondateur, est de mettre en action au maximum la population. Il ne suffit pas de multiplier les textes, ce qu'il fait par ailleurs, il faut aussi agir. Les membres du CPL sont tous des personnalités de la Résistance parisienne, et même nationale. Ils disposent ainsi d'un important réseau de connaissances et de compétences, augmenté par celui qu'ils peuvent mobiliser dans leur champ professionnel et politique. À cela s'ajoute toutes les structures, toutes les initiatives des groupes épars qui forment la Résistance parisienne : ateliers de faux papiers, réseaux d'évasion, service de solidarité en faveur des prisonniers et de leurs familles, …

Le CPL se donne en exemple pour susciter la coordination là où elle n'existe pas. Le meilleur exemple est ce texte à destination des organisations de résistance écrit par le bureau au début du mois de décembre 1943, intitulé « union contre les diviseurs »320 qui pousse les

organisations de résistance de la préfecture de police à s'unir, sur le modèle du CPL. La première partie reprend une déclaration du CNR, puis développe sur le contexte parisien :

Les Organisations : « Ceux de la Résistance », « Front National », « Libération »,

« Résistance », « OCM », etc... ayant fait leur preuve dans la lutte contre l'ennemi exécré, étroitement unies dans le Comité parisien de la libération, placé lui-même sous l’autorité du Conseil National de la Résistance, mettent en garde contre toute tentative visant à porter atteinte à l'unité indispensable. (…) Le Comité parisien de la libération appelle tous les éléments patriotes de la police et de la gendarmerie parisienne à se resserrer davantage autour de leurs organisations respectives, de recevoir comme il convient les agents de l'ennemi, de renforcer leur unité en constituant partout leurs comités de la Libération à l'image du Comité parisien, afin de coordonner leur efforts.

Le but du Comité parisien de la libération est bien de tenter de créer une synergie, ce qui n'est guère aisé. La première difficulté est de trouver sa place entre les mouvements et les instances centrales de la Résistance. Ces mouvements ont déjà acquis un niveau d'expertise dans certains domaines, et ont des structures techniques sur lesquelles le CPL est obligé de s'appuyer. Les instances centrales de la Résistance regroupent peu à peu certaines compétences des mouvements, mais sont surtout émettrices de règles et de directives.

Adaptation des structures nationales et expertises personnelles

Dès la création du comité, il est décidé de compartimenter le travail. Cette répartition se fait en deux temps. Dans un premier temps, les tâches sont réparties entre les membres du bureau, et les questions sont discutées collectivement sur la base des travaux préliminaires de chacun. Cette solution ne donnant pas les résultats escomptés, c'est ensuite un système de commissions qui est mis en place. À la première réunion du bureau, la répartition des tâches est effectuée. Cependant, certains sujets sont traités en dehors du CPL, et se trouvent déjà bien avancés au moment où le comité commence ses travaux. C'est le cas du ravitaillement. Roger Deniau, le délégué chargé de ce sujet, est ainsi à même de présenter des projets d'organisation dès la 4e séance, le 14 novembre, puis présente un plan bien ficelé le 3

décembre, ce qui ne manque pas d'étonner Albert Rigal qui commente ainsi ce travail :

Le délégué de Libération (…) nous a entretenu d'un projet de ravitaillement pour le jour J et il semble que nous nous trouverons en présence d'un projet établi par quelques fonctionnaire du ravitaillement. (…) C'est cependant quelque chose d'intéressant qui pourra servir de base de discussion, il y a sans doute de très bonnes choses.321

La question du ravitaillement se pose à l'échelle nationale, dans la perspective encore lointaine de la libération. La région parisienne est évidemment la première concernée, et l'approvisionnement de la capitale est le premier souci du responsable national, Pierre Miné, avec qui Roger Deniau est en contact régulier322.

D'autres tâches sont organisées très rapidement, sans qu'une commission ne vienne encadrer tout de suite le travail. La mise en place de comités locaux dans les arrondissements et communes de banlieue fait l'objet d'un premier système de prise de contact : le département est divisé en 10 secteurs au sein desquels un membre du CPL a la charge de réunir les organisations323. Devant l'échec de cette méthode, le Comité change de tactique et

charge les délégués PC et Libération-Nord de travailler ensemble324.

Au cours des premières réunions du CPL, alors que les questions d'action sont plus souvent à l'ordre du jour, l'aide aux réfractaires, sous l'impulsion d'une commission spécifique, est un des thèmes les plus fréquemment abordés. Ce travail est placé sous l'égide du mouvement national, le Comité d'action contre la déportation (CAD). L'émanation du CAD en région parisienne centralise toutes les questions relatives aux réfractaires (faux papiers, assistance, éventuellement armement)325. Elle n'est pas le fait de l'organisme directeur

(CAD), mais bien du CPL. Cependant, le CPL n'a pas poussé son avantage et n'a pas revendiqué pour lui une partie des appareils techniques et des finances destinés aux réfractaires, et ce schéma d'organisation n'a pas été suivi d'effet, malgré la volonté évidente du délégué PC, le responsable pour le bureau de la question des réfractaires. Il souhaite « unir le mouvement des réfractaires et le placer, tout au moins localement, sous le patronage du Comité local de la Libération »326, ce qui permettrait au CPL « d'avoir le contrôle sur les

fonds consacrés aux réfractaires »327.

Dans d'autres secteurs d'activité, faute d'une dynamique nationale solide à laquelle se rattacher, le CPL est plus en retrait. Les premiers plans de Jean de Vogüé, pour l'organisation de la Résistance parisienne étaient très précis sur la question du noyautage. Ce dernier, responsable national du Noyautage des administrations publiques (NAP), siège au CPL à

322 AN, F1a/3728 Rapport de Cléante, janvier 1944

323 MRN, 14/ALEG/4 Réunion du bureau du 14 novembre 1943 324 MRN, 14/ALEG/4 Réunion du bureau du 3 décembre 1943

325 AN, F1a/3728, rapport de Fouché, annexe n°3, note sur le Comité parisien de la libération 326 MRN, 14/ALEG/4 Réunion du 26 novembre 1943

l'automne 1943 et a en charge ce secteur d'activité. Cette proximité, même éphémère, avec une organisation à portée nationale n'infléchit pas l'action du CPL, le représentant de CDLR étant absent de quasiment toutes les premières réunions du bureau. Avant la création d'une commission pour la presse et l'information, le CPL met sur pied un appareil technique pour diffuser les appels et mots d'ordre. La création d'un journal est décidée le 29 octobre328 mais

voit le jour quatre mois plus tard, sous l'impulsion d'André Carrel. Enfin, le secteur de l'action militaire est placé sous l'égide de l'OCM, le mouvement dont sont issus les commandants FFI de la Seine (le colonel Touny, Aimé Lepercq et Pierre Lefaucheux). Le flou qui entoure le statut et la tutelle des éléments militaires de la Résistance contraint le CPL à une posture d'attente.

Certaines organisations continuent leur travail habituel dont elles rendent compte au CPL, comme pour une validation a posteriori de leurs efforts. C'est le cas de l'Union des femmes françaises qui, au printemps 1944, fait parvenir au CPL une note présentant son action dans le but d'organiser les « femmes pour la préparation de l'insurrection nationale »329.

L'UFF se met à la disposition du CPL, tout en souhaitant infléchir le programme de celui-ci, à la fois dans les domaines où elle est efficace et sur une politique d'ensemble, centrée sur l'action immédiate :

Nous avons apporté notre adhésion au CPL et nous sommes décidées à collaborer avec toutes les organisation de la Résistance qui en font partie à condition que ce soit sur un programme d'action, de lutte effective contre les occupants et leurs valets.330

La mise en place des commissions : une nouvelle dynamique

La création des commissions du CPL renforce l'impression d'une spécialisation des organisations de résistance et, parfois, des résistants eux-mêmes. À la 17eséance, il est décidé

de faire des « propositions (…) aux organisations pour obtenir une participation plus étroite des organisations non-membres du bureau au CPL »331 et, à la réunion suivante du 17 mars

1944, quatre commissions sont mises en place332.

328 MRN, 14/ALEG/4 Réunion du 29 octobre 1943 329 MRN, 12/78 UFF Note pour le CPL

330 MRN, 12/78 Ibid.

331 MRN, 14/ATOL/1 Procès-verbal de la 17e séance, s.d.

Composition des commissions du CPL

(est souligné le nom des organisations qui en assument la présidence)

Création ou modification Action militaire Comités locaux

Information Noyautage Ravitaillement Réfractaires Solidarité 17e séance (début mars 1944) réservé Pas de commission FN Défense de la France Parti socialiste CDLR CDLL Démocrates- chrétiens Libération Union des femmes françaises PC FUJP UFF Comités populaires Résistance Pas de commission 18e séance

17 mars 1944 réservé id. FNCDLR

PS

id. id. id. Pas de

commission 20e séance

7 avril 1944 OCMAssistance française FTP FN CDLR PC PS FN DF PS CDLR CDLR CDLL CFTC Libération UFF Résistance PC FUJP CP Démocrates- chrétiens Pas de commission 21e séance

fin avril 1944 Commission à l'image du

bureau 26e séance

9 juin 1944 COMAC parisien. Union des syndicats (Milices patriotiques) FN (FTP) CDLR Pas de commission 27e séance 16 juin 1944 LiberationFN UFF UD Pas de commission 28e séance 23 juin 1944 FNUD CDLR PC UD UFF PS CDLR CDLL CFTC UD N'est plus mentionnée. Remplacée par le commission de la solidarité OCM AF Mouvement prisonnier démocrates- chrétiens UD

La composition des commissions permet de confier des responsabilités à quelques organisations extérieurs au bureau. Ainsi Défense de la France, le Parti socialiste, Ceux de la Libération, les Forces unies de la jeunesse patriotiques, les Démocrates chrétiens, l'Union des femmes françaises, les Comités populaires et Résistance, puis la CFTC et l'Assistance française, font leur apparition. Sur les 18 organisations représentées à la réunion constitutive d'octobre, 16 font partie d'une commission. Seuls l'Alliance démocratique et l'URD, qui n'ont

pas vraiment d'organisations clandestines, sont absents. L'Union des syndicats, dans un premier temps, n'est pas très présent dans les commissions, bien que la première répartition des tâches ait donné à l'UD la responsabilité des relations avec « le comité national, le commissaire de la République et les personnalités »333, ainsi que l'« organisation des comités

locaux et d'entreprises »334. L'Union des Syndicats ne fait d'ailleurs pas partie de la

commission des comités locaux, telle qu'elle est créée à la 20e séance, mais cette absence est

vite réparée, car il est décidé que, pour cette importante question, la commission doit être composée à l'image du bureau335.

Le débarquement modifie la façon de travailler, en particulier sur le plan militaire. Une remise à plat est effectuée au cours des trois séances qui suivent le 6 juin 1944. La 28e séance

du 23 juin 1944 est, à cet égard, particulièrement importante en ce qui concerne les commissions. À la demande du Président qui souhaite les faire « travailler activement »336,

leur composition est largement amendée. L'Union des syndicats, ainsi que le parti communiste, voient leur participation augmenter très fortement. Avec l'appoint des organisations de masse suscitées par le PC, la majorité leur est acquise dans différentes commissions : l'information, le ravitaillement, la solidarité et le COMAC parisien, où l'UD est représentée par les Milices patriotiques337. Il s'agit des commissions où le travail de masse,

selon la terminologie employée par le mouvement communiste, est privilégié par rapport aux commissions du NAP et des comités locaux, où il importe avant tout de nouer des contacts.

De nouvelles commissions sont proposées : une commission de la solidarité semble se substituer à la commission d'aide aux réfractaires en élargissant son champ d'action « aussi bien pour les camps français que pour les familles des fusillés »338, sous l'impulsion de Marie-

Hélène Lefaucheux, vice-présidente du Comité des œuvres sociales des organisations de résistance (COSOR). Le représentant du PC, à l'origine de la création de la commission à la solidarité, propose également la constitution d'une commission « ayant pour tâche de lutter efficacement contre les pouvoirs publics, conseil municipal, conseil général et de dénoncer les actes de ces organismes à la solde de Vichy et des Boches »339. Le principe de cette

333 MRN, 14/ALEG/4 Réunion du bureau du 29 octobre 1943 334 MRN, 14/ALEG/4 Ibid.

335 Henri DENIS, Le Comite parisien de la Liberation, op. cit., p. 200.

336 MRN, 14/ATOL/1 Procès-verbal de la 28e séance, [23 juin 1944]

337 Cette filiation est par ailleurs très intéressante. Les Milices patriotiques, créées depuis la fin de l'année 1943, certes suscitées la plupart du temps par des militants de l'Union des syndicats ou du Parti communiste, se disaient jusqu'alors indépendantes de toute organisation

338 MRN, 14/ATOL/1 Procès-verbal de la 26e séance, 9 juin 1944

commission est rejetée avec vigueur par Léo Hamon, qui y voit un doublon avec la commission du NAP, et estime qu'il s'agit d'une manœuvre du représentant du PC, « qui lui permettrait de faire le Front municipal, avec ceux qu'il n'a pas touché avec le Front national »340. En revanche, il propose que la commission des comités locaux deviennent

également une commission des municipalités, pour préparer la composition des futurs conseils municipaux conformément aux instructions du CNR, ce qui est accepté. Un document complémentaire, résumé d'une note issue des archives personnelles de Jean Mons, restituée par Robert Aron341, permet deux précisions. La commission des réfractaires semble

être toujours d'actualité, et la commission d'information est divisée en deux parties : un secteur presse et radio, confié à l'UD et un secteur propagande confié au PC. Cette note insiste surtout sur un infléchissement de l'action concernant le ravitaillement vers la revendication, le mécontentement de la population doit être utilisé pour la préparer à l'insurrection, mécontentement qui « commence à se traduire par des manifestations de rue assez vives dans les quartiers populaires et la banlieue »342.

Mais le changement le plus significatif est opéré dans le domaine militaire. Une commission militaire avait été mise en place à la 20e séance, après que la question ait été

plusieurs fois évacuée. Confiée à l'OCM, cette commission est très rapidement remise en question, en particulier par le représentant du FN, portant ici la voix des FTP. À la 22e séance,

le président propose de constituer une commission de l'action immédiate, idée immédiatement reprise par André Carrel qui souhaite voir dans cette commission l'ensemble des « chefs militaires des différentes organisations »343, c'est-à-dire une sorte de petit état-

major FFI. Le débarquement de juin 1944 oblige le CPL à se positionner sur la question de la lutte armée et de la préparation de l'insurrection. Pour ce faire, la solution est à nouveau d'adapter à l'échelon départemental les institutions existantes avec la création d'un COMAC parisien, sous l'impulsion du FN. C'est ce COMAC parisien qui prend ensuite les relations avec l'état major des FFI, et qui réfléchit à l'action du CPL dans le domaine. Parallèle à l'arrivée à la tête des FFI régionaux du FTP Rol-Tanguy, la création du COMAC consacre la fin de la prépondérance de l'OCM dans les instances militaires de la région parisienne, au

340 AN, 72AJ/42 Journal de Léo Hamon, p. 145

341 Robert Aron a très bien reproduit les documents importants mais, à l'instar d'éventuelles archives du secrétaire du CPL, les archives de Jean Mons manquent cruellement en ce qui concerne l'organisation pratique du travail.

342 BDIC, FΔ 183221/4 Séance du 23 juin 1944

bénéfice des FTP et de CDLR. Cette évolution se retrouve dans la composition de cette commission, qui est la seule à faire l'objet de changements radicaux : seuls les FTP échappent, logiquement, au renouvellement. À la place de l'OCM et de l'Assistance française, sont invités à siéger CDLR, dont beaucoup de membres de l’état-major régional et départemental FFI sont issus, et les Milices patriotiques, mandatées par l'Union des syndicats. Prenant en compte le renouvellement des cadres de la résistance militaire parisienne, ainsi que le nouveau dynamisme, au moins verbal, des Milices patriotiques, le CPL fait du COMAC parisien un de ses fers de lance, et souhaite ainsi être impliqué au maximum dans les décisions militaires qui concernent la région parisienne, dont la préparation de l'insurrection en premier lieu.

La teneur des archives ne permet pas de mesurer l'action sur le terrain de ces commissions. Cela s'explique sans doute par le fait que, en dehors de la préparation de la prise du pouvoir au sens large, ces commissions sont plus des lieux de dialogue entre organisations de résistance qui réalisent déjà, en dehors du CPL, l'essentiel du travail, un peu à l'image de ce qu'était le CPL à ses débuts. C'est particulièrement le cas pour le noyautage, le ravitaillement et la solidarité, sujets pour lesquels le CPL ne réussit pas à prendre sa place face aux organisations nationales qui, au printemps 1944, ont déjà pris beaucoup d'avance dans leurs domaines respectifs.

C- L'intendance

Comité de coordination et donc structure légère, le CPL a malgré tout besoin d'intendance pour travailler. À l'image de toutes les autres organisations de résistance, les liaisons, la sécurité, et bien sûr les finances sont aussi son quotidien.

Secrétariat

Le travail d'intendance est pris en charge exclusivement par l'Union des syndicats de la Seine. Dans un premier temps, André Tollet est considéré comme « président-secrétaire »344

par Bingen, puis, à partir de la 5e séance, Maynial, est mis à disposition par le syndicat345. Le

344 AN, F1a/3728 Rapport de Cléante, janvier 1944.

secrétariat a la charge d'organiser les réunions, de rédiger les compte rendus et de les diffuser à tous. Chaque séance commence d'ailleurs par l'adoption du procès-verbal de la précédente. Considéré par les membres du CPL comme « dévoué, fidèle, à la fois effacé et relativement efficace »346, Maynial n'intervient qu'exceptionnellement au cours des séances : pour donner

une précision sur la non-tenue d'une réunion347, présenter un projet de budget destiné à étoffer

le secrétariat348, et lors de la 32e séance où il présente un système de réunion rapide sous 48

heures en cas d'urgence349.

André Tollet est très attentif aux questions d'organisation, en particulier ce qui concerne la sécurité. Militant syndicaliste très connu de la police, incarcéré d'octobre 1940 à juin 1942, et un des organisateurs de l'évasion collective du camp de Compiègne le 22 juin 1942, la police le recherche activement350. C'est sous son égide que sont organisées les réunions, avec

toutes les précautions possibles :

Les réunions étaient nombreuses, elles avaient lieu la plupart du temps en banlieue, elles étaient organisées par les communistes du Comité et toujours avec beaucoup de précision et d'habileté, et en prenant toutes les mesures de sécurité nécessaires.351

Ce luxe de précautions a durablement marqué ceux qui ont pu en être témoins, par exemple Jacques Bingen :

Nous devons déjeuner ensemble un jour de la semaine prochaine, ce qui, vu les précautions de sécurité exceptionnelles que ce communiste est obligé de prendre est un hommage à ma prudence et un témoignage qu'a priori il a confiance en mon souci de sécurité (contrairement aux craintes endémiques du BCRA).352

Par contagion, tous les participants aux réunions du Comité parisien de la libération sont soumis à ces règles, fréquemment rappelées en séance. Les bavardages sont stigmatisés et les obligations de la vie clandestine rappelées à deux reprises aux 10e et 12e séances, en

particulier suite à des arrestations. Au début de l'année 1944, André Tollet rédige un long