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Le dictionnaire des termes officiels de la langue française, JO du 12/8/89 donne du covoiturage la définition suivante : « pratique de déplacements consistant à se regrouper à plusieurs personnes

dans un même véhicule plutôt que d’en prendre un, séparément. Le regroupement peut n’être que partiel sur un itinéraire. Le conducteur est appelé covoitureur et les passagers covoiturés. Habi­ tuellement, les déplacements à plusieurs dans le cercle familial et l’auto-stop ne sont pas consi­ dérés comme du covoiturage ».

Un phénomène en explosion

Le covoiturage organisé est une pratique déjà ancienne. Les premiers sites ont vu le jour en France au début des années 1980, avec l'avènement du Minitel.

Comme le montre une étude en cours au Certu, le covoiturage organisé via Internet explose actuellement. De 11 sites en 2000, on est passé à 55 à fin 2006. Les opérateurs voient également une croissance forte de l'offre, qui se traduit par une augmentation spectaculaire du nombre d'ins­ crits sur les différents sites.

Covoiturage.com est ainsi passé de 15 000 inscrits en 2000 à 160 000 en 2007 (soit + 42 % par an) Evolutis a démarré en 2000 avec 40 inscrits, il en a 150 000 en 2006.

Green Cove est passé de 80 000 à 100 000 inscrits entre octobre 2006 et janvier 2007 (soit + 25 % en trois mois)

Covoiturage.fr, est passé de 4 000 inscrits à 14 000 en l'espace de 8 mois (soit + 17 % par mois !) Laroueverte.com créé en novembre 2006 en est déjà à 4 000 inscrits.

La ville de la Rochelle a ouvert récemment un site de covoiturage: au bout de trois mois il y avait déjà 500 inscrits.

Ces chiffres peuvent donner le tournis mais il faut rester modeste. Si l'on agrège l'ensemble des inscrits auprès des différents opérateurs privés ou associatifs, on obtient environ 500 000 inscrits, soit un peu plus de 1 % de la population adulte française, ce qui est déjà remarquable.

D'autant plus que des gisements existent. En effet, dans le cadre de PDE sur des sites importants (site de Renault Guyancourt par exemple) on a pu atteindre 10 % de covoitureurs. On retrouve cet ordre de grandeur en ce qui concerne le covoiturage d'entreprise aux USA, où des mesures très concrètes, telle les « HOV Lanes » (voies rapides réservées aux véhicules transportant au moins deux personnes) favorisent le covoiturage.

À noter que des chiffres bien plus élevés peuvent être atteint dès lors qu'une certaine contrainte pèse sur les automobilistes: par exemple la société BRITISH GAS (Grande-Bretagne) a atteint un taux de 70 % de covoitureurs en réservant la presque totalité des places de stationnement de l'entreprise (294/386) aux véhicules de covoiturage.

A contrario les mesures prises sur l'A14 pour favoriser le covoiturage (gratuité si au moins 3 personnes/voiture) se traduisent aujourd'hui par un nombre stable d'abonnés (environ 1 800) et par un nombre de 150 passages par jour sur 28 000 au total. La SAPN a cependant décidé de maintenir depuis dix ans cette mesure qui ne devait être au départ qu'une expérimentation pour un an. La faible utilisation du covoiturage s'explique par la difficulté d'organisation qu'elle implique, même quand les avantages financiers sont loin d'être négligeables.

Des bilans carbone contrastés

Une étude ENERDATA sur l'efficacité énergétique des modes de transport (janvier 2004) montre que le taux de remplissage des véhicules a une influence réelle sur l'efficacité énergétique des modes. Par exemple, pour un taux d’occupation de 40 % (2 personnes par véhicule) la voiture est plus économe que l’autobus si le taux d’occupation de ce dernier est inférieur à 10 % (ce qui peut être le cas en heure creuse).

Une autre étude, effectuée en mai 2004 par le cabinet Jonction pour le compte de l'Ademe, dresse le bilan environnemental de trois services de covoiturage. S'il apparaît clairement que des tonnes de CO2 ont pu être économisées par rapport à la voiture solo, le bilan s'avère moins convaincant lorsqu'on sait que la plupart des covoiturés sont des captifs qui, sinon, auraient pris les transports collectifs.

D'autre part, il semble que dans les PDE, si le covoiturage apparaît comme une mesure sédui­ sante au départ, la pratique s'essouffle assez vite compte tenu des contraintes que le covoiturage impose et du manque général de suivi au delà de la mise en relation entre covoitureurs et covoiturés. Ajoutons à cela que les covoiturés qui ne sont pas captifs conservent toujours leur véhicule au cas où et que le prix de l'énergie reste accessoire par rapport au coût de possession du véhicule.

Pour conclure, ajoutons que près du tiers des propositions reçues dans le cadre de l'AAP Plan Climat lancé récemment par le gouvernement auprès des collectivités locales, propose des mesures de covoiturage.

Vers le covoiturage dynamique...

En fait une piste prometteuse pour le développement du covoiturage consiste à en limiter les contraintes en terme d'organisation. En effet, comme le montre une étude récente du Nokia Research Center intitulée fort à propos « le voyage des sièges vides », les technologies sont aujourd'hui mûres pour rendre le covoiturage plus dynamique. Il s'agit tout simplement de réduire les délais de réservation pour rendre l'appariement instantané. On imagine ainsi M. Dupont se rendant au travail avec son seul téléphone portable, appelant une centrale de réservation qui lui indiquera qu'un véhicule, conduit par M. Durand, se rendant dans la direction qu'il souhaite passera dans deux minutes à sa hauteur et pourra le prendre, moyennant une participation aux frais. Ce schéma d'organisation implique l'utilisation combinée d'outils actuellement en notre possession et assez largement répandus : téléphones GSM, outils de navigation embarqués dans les véhicules, plate-forme de réservation temps réel du type de celles mises au point pour le trans­ port à la demande. Bien entendu le système fonctionnera d'autant mieux que l'offre sera impor­ tante, étant éventuellement complétée par des taxis (collectifs) ou du transport à la demande lui aussi dynamique et à grande échelle. Dans un tel contexte, la facturation du service de covoitu­ rage est un point qui mérite beaucoup d'attention (simple transfert financier entre covoituré et covoitureur ou bien passage par la centrale de réservation ? Facturation ou non via l'opérateur du téléphone portable?).

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