• Aucun résultat trouvé

Le courrier des lecteurs ou l’intensité de l’échange

Au début du journal, ce fut la lettre, ou mieux, la correspondance. Car c’est sous forme de correspondances commerciales et financières organisées par les grandes banques et les maisons de commerce que l’information commence à faire son chemin à la fin du Moyen Age. A la recherche de sa propre forme et de ses modes de présentation de l’information, le journal continue pendant longtemps à se servir des techniques de la correspondance. Ainsi, pour la presse d’Ancien Régime, la lettre reste l’unité de base de communication de l’information, tout aussi bien que la forme la plus courante de présentation de l’actualité455. Si le rapport de parenté historique entre la lettre et le journal se transforme dans une longue et solide influence de la première sur le second, c’est aussi parce que le journal est pris dans un dualité soulignée par Jean Sgard et Michel Gilot.456 D’une part, il relève des techniques de l’information et vise à la neutralité, à une sorte de degré zéro de l’écriture, d’autre part, il est proche du témoignage et de l’art de persuader, ce qui le projette dans la sphère de la littérature. Il en résulte des genres journalistiques différents, orientés vers la “transmission de l’information brute” ou vers “la mise en forme personnelle”, sans perdre de vue que, cette dualité peut se transformer souvent en dilemme, lorsque le journaliste hésite entre l’information technique et objective et l’expression d’une opinion personnelle, l’emploi d’une rhétorique. C’est ce même dilemme qui, selon les deux auteurs, est à l’origine du phénomène des “Spectateurs”, né dans les années 1720 du XVIIIe siècle pour leur version française, expression d’un journalisme contestataire, en rupture avec la presse d’institution représentée par la Gazette de

France et le Journal de Savants, qui récupère et revalorise la forme épistolaire457.

455 Alain Nabarra, “La lettre et le journal, la lettre dans le journal”, La Lettre aux XVIIIe siècle et ses avatars, Actes du colloque international tenu au Collège universitaire Glendon, Université York, Toronto, Canada, 29 avril-1er mai 1993, (Toronto,Editions du Gref, 1996).

456 Jean Sgard et Michel Gilot, “Le Journalisme masqué, Personnages et formes personnelles”, Le Journalisme d’ancien régime, Questions et propositions, Table ronde CNRS, 12-13 juin 1981, (Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 1982).

457 Sur près de 1000 titres de journaux publiés jusqu’en 1789, Jean Sgard et Michel Gilot comptent, dans leur étude, 112 “spectateurs” parus entre 1711 et 1789. (“Le journalisme masqué”, p.290.) Selon Alain Nabarra, le genre des journaux épistolaire va s’essouffler vers la fin de l’Ancien Régime et, en 1789, sur 380 journaux recensés, on n’en compte plus que neuf. Il note qu’avec la Révolution, cette forme de

Quels sont les traits des “spectateurs”, ces journaux à forme épistolaire, si en vogue dans la presse d’Ancien Régime, quelle est leur fonction et de quelle manière le Journal de Paris s’y apparente-t-il ? Jean Sgard et Michel Gapparente-t-ilot réunissent sous le terme de “spectateurs” “tous les journaux dont les

titres désignent un narrateur fictif”458 Ils représentent une forme personnelle de journalisme, qui

privilégie la réflexion critique individuelle, ainsi que le témoignage, le regard direct sur la société et “la liberté de bavardage”, qui repose sur un besoin constant de prendre la parole, de se mêler de tous les domaines, et de toucher à tous les aspects du genre humain, visant à une transformation d’ordre culturel459.

A la naissance du Journal de Paris le temps des “spectateurs” est déjà révolu. Le journal-entreprise à grand tirage, pourvu d’un système de distribution tentaculaire, qui organise l’information en rubriques régulières, nettement délimitées, assiégé par un public omniprésent, toujours plus désireux d’intervenir à sa rédaction, épris du savoir raisonné et encyclopédique et engagé à servir le bonheur public, est assez loin des “spectateurs” contestataires des formes journalistiques canoniques, dont la vie est éphémère et le public indéfini460. Il y a, de surcroît, une distance

considérable entre le journaliste-moraliste des “spectateurs”, narrateur fictif qui exalte la prise de parole à la première personne, l’expression libre et directe, le bavardage débridé, et l’équipe compacte des journalistes de Paris qui tentent de concilier leur qualité d’informateurs et de médiateurs impersonnels et impartiaux à celle d’auteurs exprimant leur point de vue et assignant à la variété de l’information une unité de ton. Cette unité se manifeste dans l’espace privilégié qu’ils assignent au courrier des lecteurs et à la manière dont ils sélectionnent et gèrent celui-ci, dans le but de construire indirectement une idéologie propre au Journal, qui réunit et lie l’ensemble des lecteurs. Tandis que le “nous” ou le “on” éditorial tend à l’expression neutre, impartiale, dépouillée des marques de l’individualité (bien que ces efforts soient souvent contredits par les partie pris évidents des rédacteurs), le courrier des lecteurs se présente comme le triomphe de l’intervention personnelle, de la prise de parole libre, ainsi que de la multiplicité infinie des points des vue, des propositions et des exigences.

Le “spectateur” est encore évoqué par quelques lecteurs du Journal de Paris, sans qu’il y ait pour autant beaucoup de nostalgie pour son modèle. Il peut arriver qu’une lectrice assidue de la feuille soutienne qu’un quotidien au service des mœurs, du bon goût et du bien public peut facilement remplir l’office de “spectateur addisonian”, par ses dispositions à “corriger des défauts et des

journalisme se révèle, face à une nouvelle réalité, “inadaptée”, “dépassée”, “artificielle”. (“La lettre et le journal, la lettre dans le journal”, p.316.)

458 “Le journalisme masqué”, p 287.

459 Ibidem, p 286, 291.

ridicules ; donner de bonnes vues ; indiquer des actes de vertu et de courage ; analyser en peu de mots un bon Ecrit ; punir un mauvais Auteur en citant un trait de sa préface”461 Un autre trait du Journal qui évoque le modèle du périodique anglais serait “la forme frivole du badinage”, sous laquelle se cache un “fond de raison et de morale”, et dont la fonction est de donner la chasse au

ridicules, forme qui ne semble pourtant pas être agréée par l’ensemble du lectorat462.

En réponse à une lettre anonyme publiée par le quotidien, un lecteur prend la défense du Spectateur d’Addison et de celui de La Croix, en affirmant sa conviction que ce sont des “formes d’ouvrages

très-agréables et très-utiles”463. Selon lui, la fonction du “spectateur” est celle d’“observer et d’avertir les autres” et doit être remplie par des “hommes éclairés”. Et c’est dans cette catégorie

qu’il inscrit indistinctement les auteurs de feuilles appelés “spectateurs”, les “Magistrats”, les “Sergents” et les “Inspecteurs”, sans parler des “bons critiques de la Littérature”, tels Molière et La Bruyère, Boileau et Montesquieu. Malgré tout, ces réflexions sur la fonction sociale des “spectateurs” dans un sens élargi, ne contient pas de références au Journal de Paris, sauf la conviction que ce celui-ci devrait se pencher sur ce sujet.

Un autre correspondant, s’interrogeant en revanche sur le rôle de “spectateur” du quotidien, observe que celui-ci est largement dépassé, sinon étendu et amélioré :

On vous a exhorté, ce me semble, à faire de votre Journal un Spectateur dans le genre d’Adisson. Cette idée est bonne ; mais quand elle serait sans difficulté, ce qui n’est pas en France, celle que vous avez suivi vaut mieux. Le vrai Spectateur n’est pas seulement celui qui moralise sur les variétés des caractères, mais celui qui observe la société dans tous ses moyens d’être heureuse et c’est ce que vous faites464.

Ce message de lecteur est on ne peut plus clair sur le rapport du public de la fin des années 1770 avec le genre de journalisme incarné par les “spectateurs”. Le public du Journal de Paris ne cherche plus la morale badine du Spectateur d’Addison, et ne se contente plus de son regard scrutateur sur la variété des caractères du genre humain. Une fois la liberté d’expression acquise comme qualité inaliénable du nouveau public, le temps du bavardage indiscret et de la pensée capricieuse du “spectateur” est décidément révolu. En revanche, le lecteur du Journal souligne l’avènement d’une nouvelle vision de la production périodique, dont la fonction principale est de participer à l’utilité sociale, au bonheur public. Et même si les pensées fugitives et les digressions badines sont encore tolérées dans le corps du Journal de Paris, s’inscrivant dans le mode “agréable”, indispensable à tout ouvrage, le public encourage décidément, avec de plus en plus

461 Journal de Paris, 6 juin 1777, “Aux Auteurs du Journal de Paris”.

462 Ibidem, 28 novembre 1781, “Variété”.

463 Ibidem, 20 juin 1777, “Sur le Spectateur Anglais et sur celui de M de la Croix”.

d’intensité, le caractère utile de la feuille parisienne, son rôle actif dans la construction d’une société meilleure. Le lien le plus frappant entre le quotidien de Paris et le Spectateur d’Addison est constitué par la prise de parole libre, accompagnée de la franchise du langage, se maniefestant à travers le courrier des lecteurs. Un lecteur Anglais tel “Tom Reader”, ne peut être qu’enthousiaste de ce rapprochement, et qui plus est, il affirme sans hésitation que c’est justement à ses “petites

lettres” que le Journal doit son succès, voire sa survie, dans un contexte plutôt hostile :

Dès que votre Journal parut, j’eus mille peines à le faire agréer. On le critiqua beaucoup : je le défendis avec chaleur. Enfin j’ai pris le dessus ; mais je vous en avertis, M le Journaliste, vous ne devez ce changement qu’à vos petites Lettres465.

Le succès de l’échange épistolaire dans le journalisme du XVIIIe siècle est lié à un long travail de recherche de sa propre forme et de ses propres modes d’énonciation. Le Journal de Paris incarne une étape tardive de cette recherche, avec son effort de concilier, sous une forme unitaire et cohérente, la voix impersonnelle et impartiale d’une équipe rédactionnelle, vouée à la médiation et hantée encore par l’idéal de l’information objective, et la liberté d’expression offerte à un lectorat composite, qui prend la parole à la première personne, exhibe ses dispositions et ses humeurs, vit ouvertement et intensément ses émotions et espère pouvoir les partager, et propose ses productions épistolaires imprégnées de la rhétorique du moi, au jugement public.

Dès sa naissance, le Journal annonçait qu’il se proposait d’être une “correspondance familière et

journalière entre les Citoyens d’une même ville”, et à partir du 18 janvier 1777, avec l’introduction

de la Lettre aux Auteurs du Journal, il donnait libre voix à ses lecteurs, les invitant, comme il avait promis, à participer à la rédaction de ses feuilles. L’emploi du courrier de lecteurs présente plusieurs avantages pour le quotidien de Paris. Tout d’abord, il offre un moyen commode de présenter l’information quotidiennement. Les lettres publiées appellent d’autres lettres, des sujets lancés, souvent modestement, acquièrent une ampleur inattendue et cette correspondance parfois très serrée, souvent passionnante, représente une source d’information intarissable, au point que les rédacteurs affirment devoir faire des sélections assez sévères, écarter une multitude d’épîtres intéressantes prétendant à la publication. La “Lettre aux Auteurs du Journal” acquiert le statut de rubrique de la feuille, elle peut à la fois substituer ou s’introduire dans toute autre rubrique. Les détracteurs du Journal ne manquent pas de crier au remplissage466.

465 Ibidem, 4 mai 1777, “Lettre”.

466 Mémoires secrets, 1er janvier 1779, En parlant de la naissance du Journal général de France, les Mémoires soulignent l’allusion au remplissage que le nouvel quotidien fait à l’adresse de son concurrent : “(…) il embrasse tous les objets, et chaque feuille, loin d’offrir beaucoup de remplissage, comme le Journal de Paris, présentera de quoi satisfaire l’intérêt, la curiosité et le goût des lecteurs”.

Un avantage considérable du courrier des lecteurs consiste dans l’idée de vivacité et de fluidité qu’il imprime au Journal. Malgré la structure tabulaire de la feuille, de sa monotone reproduction journalière, le Journal de Paris gagne la confiance d’un grand nombre de lecteurs grâce à la multitude de voix, de tons et de sujets auxquels il donne accès à travers son courrier. Les lettres à la première personne créent à la longue un climat de confiance et de complicité entre les différents lecteurs qui lisent le Journal tous les jours, en leur donnant le sentiment d’appartenance à une communauté. Comme dans un véritable échange épistolaire privé, la masse des lecteurs du Journal devient pour celui qui écrit ses “confidents”467.

D’une part, les rédacteurs des lettres sont bien conscients que leurs petites productions sont vouées à un vaste public (“Je suis aussi de votre large confrérie”468, affirme un lecteur), ce qui conditionne

sans doute leur façon d’écrire, d’autre part, ils s’adressent au Journal comme à une communauté restreinte de “confidents”, liés par la recherche de l’intimité et de la confiance dans l’échange. Confrères ou confidents, les lecteurs du Journal se sentent liés les uns aux autres par un fil invisible, et malgré leurs différences d’opinions et de positions, ils se trouvent réunis par les valeurs et les idéaux du Journal, à l’existence duquel ils participent activement et avec un sens de responsabilité. La force du quotidien est donc de rassembler et maintenir un lectorat qui le lit et l’écrit tous les jours. Un lecteur y exprime son adhésion en observant : “votre Journal offre un

moyen simple de se communiquer”469. Pour un autre, le quotidien crée des liens interpersonnels mis

sous le signe de l’utilité : “votre Journal [est] consacré (…) à servir de rapprochement entre

l’homme qui désire de se rendre utile et celui qui a besoin qu’on le lui soit”470.

Nous allons explorer, dans ce qui suit, quatre aspects de l’usage du courrier des lecteurs dans le

Journal de Paris : en partant de ce qu’en dévoilent les rédacteurs et les lecteurs eux-mêmes de son

mécanisme, nous allons faire un essai de typologie des lettres insérées dans le Journal, relativement à leur nature, à leur fonction et à leur rapport à la feuille. Par la suite, nous allons découvrir la rhétorique employée par la lettre candidate à la publication, son ton et son style, et finalement, nous allons nous pencher sur la lecture du Journal comme processus vu dans sa complexité (les modes et les habitudes de lecture du quotidien, les motivations de lecture et d’intervention à la rédaction du

Journal, les stratégies d’écriture et de communication employées).

467 Journal de Paris, 3 mai 1781, “Variété” : “Je suis Français, et je ressemble aux amants heureux de mon pays, qui ne peuvent guère passer de confidents” ; 13 juin 1786, “Variété” : “J’ai pensé, Messieurs, que ce petit projet patriotique pourrait obtenir une place à la suite des plans plus vastes que vous avez offert dans vos Feuille consacrées tout à la fois à l’utilité et aux plaisirs du Public, dont vous êtes devenus les Confidents”.

468 Ibidem, 16 septembre 1779, “Aux Auteurs du Journal”.

469 Ibidem, 5 juin 1782, “Aux Auteurs du Journal”.

Quel est le mécanisme qui régit le courrier des lecteurs dans le Journal ? Quels sont les critères de sélection et d’insertion des lettres ? Les rédacteurs du quotidien et les rédacteurs des lettres publiées se partagent la tâche d’expliquer, par des bribes d’informations éparses à travers les numéros, la façon dont est géré le courrier d’un côté et de l’autre.

Les rédacteurs exposent dans des avis et des notes, quelques-unes des règles qui régissent la sélection des lettres du courrier. Lorsque une question est lancée au lectorat du Journal, et que les réponses arrivent à profusion, les rédacteurs sont obligés d’en choisir un certain nombre et d’en réfuter d’autres. Telle est la question du chevalier de Meude-Monpas, “un organe touchant est-il

toujours une preuve de sensibilité ?”471, à laquelle s’empressent de répondre, selon les rédacteurs,

“un grand nombre de lettres”472 Le premier jour, ils décident de publier une seule lettre, à savoir “la plus courte et celle qui répond plus directement à la question”. Pour le reste, ils projettent

d’imprimer celles qui semblent avoir présenté “les meilleures observations”, tout en se réservant le droit de retrancher ce qui ne leur paraîtra “pas intéressant, ni propre à résoudre la difficulté

proposée”. Lorsqu’ils ont donc à faire avec des ondées de lettres en réaction à une question unique,

les lecteurs proposent un enchaînement de lettres choisies, qui s’étendent parfois sur plusieurs numéros, et qui répondent à des critères tels la concision, la brièveté, le degré d’intérêt potentiel. Une longue controverse supposant une série interminable de répliques peut également monopoliser plusieurs numéros du Journal et, si elle ne s’éteint pas par elle-même, les rédacteurs sont obligés d’y mettre un terme eux-mêmes, avant qu’elle ne devienne ennuyeuse pour le public. Telle est une longue controverse entre Mallet Dupan et un adversaire anonyme473, que les rédacteurs décident

d’interrompre par une dernière lettre, contenant, en deux colonnes parallèles les objections et les réponses des opposants, et publiée sur deux numéros de Journal. La concession d’une dernière réplique d’une controverse à bout de souffle est accordée au nom du seul principe d’impartialité, que brandit si souvent l’équipe rédactionnelle, en revanche son interruption imminente est dictée par le danger de perdre l’attention des lecteurs474. Ce sont surtout les traits de bienfaisance, touchant

les sentiments d’un public prêt à s’émouvoir et à délier sa bourse qui produisent une quantité considérable de réactions de lecteurs, et devant l’avalanche de contributions écrites et matérielles,

471 Ibidem, 23 octobre 1785, “Variétés”.

472 Ibidem, 28 octobre 1785, “Variétés”.

473 Ibidem, 1er décembre 1786, “Variété”.

474“L’impartialité dont nous faisons profession nous a déterminés à imprimés la Lettre qu’on va lire, quoiqu’elle nous parût plus propre à prolonger qu’à terminer une controverse dont le fonds a désormais peu d’intérêt pour le Public”, Ibidem.

les rédacteurs avouent, désolés, qu’il leur est “impossible d’imprimer dans leur entier toutes les

lettres”475 et peuvent proposer, en revanche, de désigner les sommes offertes ou les souscriptions476. Les rédacteurs disposent également du pouvoir de publier dans l’ordre qu’ils choisissent, les lettres qui se trouvent dans leur possession. Ils peuvent donc décider d’invertir, à la publication, l’ordre dans lequel les lettres sont arrivées au bureau du Journal, ou encore, dans le cas d’une lettre emboîtée dans une autre, il peuvent les publier séparément, dans deux numéros différents, la lettre englobante succédant à la lettre englobée. C’est le cas de la seconde lettre de “L’Hermite de Senart”

477, qui, selon les dires de son auteur, contient une lettre du Curé de Pavant, que les rédacteurs

avouent, dans une note en bas de page, avoir déjà publiée la veille.

Les rédacteurs tiennent à quantifier les lettres reçues, ou mieux, à en souligner la quantité incalculable, ce qui correspond à un rapport d’échange très intense avec son lectorat et confirme le succès de la formule proposée. L’avènement de la machine aérostatique des frères Montgolfier donne lieu à une “prodigieuse quantité de lettres”478 et même le plus petit sujet, tel l’éclaircissement

sur un titre de dignité du Moyen Age, fait l’objet de “plusieurs lettres”479.

La bienveillance des journalistes de Paris quant à l’insertion des lettres de lecteurs dans leurs feuilles n’est pas une donnée constante. Si un lecteur note “la facilité avec laquelle vous insérez les

Lettres qui sont adressées, lorsqu’elles portent avec elles un intérêt quelconque”480, les rédacteurs