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III. Résultats

III.3. Particularités de la profession

III.3.4. Le congé maternité

Grâce à l’acquisition d’une couverture maternité, le congé maternité des médecins a évolué.

Nos participantes en ont parlé :

P1 « Maintenant on a un super congé maternité en tant que médecin généraliste, enfin ça a vachement évolué »

P6 « C’était peut-être des problématiques différentes, euh, pour les médecins plus vieilles parce que de toute façon il y avait pas de congé prénatal. »

P15 « j’ai accouché à une époque où le congé maternité chez le médecin en libéral n’existait pas »

Comme elles le faisaient remarquer, une grossesse ne se programme pas et rendait difficile l’anticipation de son organisation quand on exerce en libéral.

P9 - « C’est plus la grossesse qui est difficile à planifier moi je trouve. » P6 - « Elle se planifie pas, hein ? Ça se planifie pas une grossesse ? » P9 - « Justement on peut pas la planifier… »

P16 « Je pense qu’il y en a qui essaient d’anticiper au maximum, on peut pas anticiper tout ce qui va nous tomber dessus ».

La durée d’interruption d’activité variait en fonction de la survenue d’éventuelles pathologies en cours de grossesse :

P1 « 3 mois classiques plus 2 mois de pause avant donc j’ai eu 5/6 mois sans rien faire, pas de médecine, rien du tout donc ça a été dur (…) financièrement ça a été compliqué »

P2 « J’ai eu des contractions à 5 mois et après ça a été terminé, au lit »

P11 « j’avais tellement décroché que j’ai eu l’impression que j’avais une vie à point de croix et une vie à point suture et j’arrivais pas à raccrocher les 2 »

Et crée certaines craintes : - peur de perdre la main

P1 « j’avais peur de perdre un petit peu la main » - peur de perdre la patientèle

P4 « je voulais reprendre quand même parce qu’on se dit est-ce que les patients vont revenir »

Les avantages de bénéficier d’un vrai congé maternité en libéral était reconnu par les participantes de tous âges même si la moitié de nos participantes avait eu leur premier enfant en tant qu’interne et avait donc bénéficié du congé maternité d’une salariée.

P13 « j’ai eu le congé maternité classique d’interne »

P14 « on avait décidé d’essayer, on a eu de la chance d’y arriver, de faire pareil le premier enfant pendant l’internat parce que c’était plus facile de pas se poser la question du maintien de salaire pendant le congé maternité parce qu’à l’époque pas de sous de côté »

Les participantes de plus de 50 ans dans notre étude ont toutes eu une durée de congé prénatal inférieure à 15 jours :

P6 « Alors pas de congé prénatal parce que j’ai accouché 9 jours après et même, euh une fois j’étais dans la voiture il a fallu aller vite. »

Notons qu’une participante de la catégorie 30-39 ans s’est arrêtée également moins de 15 jours avant la naissance de son enfant par obligation professionnelle :

P10 « j’ai accouché 10 jours après m’être arrêtée »

Certaines des autres participantes ont choisi de ne pas prendre la totalité de leur congé prénatal :

P4 « j’ai travaillé par contre jusqu’au bout (P1 hausse les sourcils) c’est-à-dire que j’ai travaillé jusqu’à 15 jours avant l’accouchement parce que j’allais bien, très bien même »

P14 « j’ai fait comme avec la première je me suis arrêtée 4 semaines avant et j’ai fait décaler mon congé maternité »

D’autres en ont profité au contraire pour s’accorder plus de temps : P5 « Et puis je me suis arrêtée à 6 mois de grossesse » P9 « j’ai calé des remplas jusqu’à 6 mois et demi »

Le tableau 3 issu du croisement matriciel entre la durée du congé prénatal et l’âge des participantes illustre cette courte durée du congé prénatal pour les participantes de la catégorie des plus de 50 ans et au contraire une durée plus longue pour celles de la catégorie des 30-39 ans.

Tableau 3 Croisements matriciels entre la durée du congé maternité et l'âge. Logiciel NVivo.

<30 ans 30-39 ans 40-49 ans 50-59 ans

moins de 15 jours 0 0 0 89

15 jours 0 64 0 0

4 semaines 0 34 44 0

6 semaines 0 19 17 0

plus de 6 semaines 15 121 22 28

Nous avons fait le même constat pour le congé postnatal. Nous retrouvions une reprise précoce pour les plus anciennes :

P2 « j’ai repris il avait 1 mois et demi »

P6 « 6 semaines après pour chacun des enfants »

P15 « moi j’ai eu 4 semaines après (…) je pense qu’à l’époque j’ai trouvé ça un peu court »

La jeune femme qui s’était arrêtée 10 jours avant son accouchement avait également eu un congé maternité postnatal raccourci par obligation d’aller reprendre en charge sa patientèle :

P10 « j’ai repris il avait 1 mois et 1 semaine parce que j’avais plus de remplaçants non plus, que j’avais mon associée qui voulait pas prendre en charge mes patients donc j’ai bien été obligée de réattaquer même s’il était tout petit. »

Certaines s’étaient accordées plus de temps :

P5 « C’était sympa et j’ai repris elle avait 4 mois et demi. »

P13 « j’ai pris un mois de congé sans solde à la fin de mon congé maternité payé pour

P8 « c’était à la fin de mon internat, du coup après on est parti à l’étranger et j’ai pas travaillé pendant ce temps là du coup j’étais sans activité. Donc la maternité grossesse et tout petit bébé j’ai été gâtée »

P14 « ma deuxième avait 5 mois et demi quand j’ai repris donc c’était plus facile »

Le congé maternité des médecins libéraux a été une avancée bénéfique reconnue par nos participantes. Des difficultés demeuraient liées à la durée d’interruption d’activité. La durée du congé pris par les femmes médecins variait selon les problématiques rencontrées en cours de grossesse, leur difficulté à s’affranchir de leurs obligations professionnelles et leurs propres envies.

P15 « Moi je travaillais 5 jours et demi sur 7, je travaillais du lundi au samedi midi, euh c’était il y a 20 et quelques années »

P1 « c’était la mentalité d’antan, comme quoi le médecin était corvéable à merci. Que c’était matin, midi, soir, nuit. »

P4 « je me suis installée, 3 mois à 6 mois après il y a un médecin de 83 ans qui a pris sa retraite. 83 ans, il s’était fait bouffer, il travaillait H24, d’ailleurs il nous avait à chacun écrit une petite lettre en disant ne faites pas comme moi »

P7 « je faisais des remplacements à la campagne, euh la campagne à l’époque les remplacements c’était 24h/24, 7j/7, 30j/30 l’été avec 4 week-ends de garde d’affilée donc il est vrai que ma fille à l’époque elle avait 6 mois, je suis restée 1 mois à l’époque sans la voir »

P14 « Après on est peut-être à un moment où c’est moins peut être… on attend moins d’un médecin généraliste qu’il soit là corvéable à merci 24h/24. »

- évolution de la société et des mentalités

P1 « C’était vraiment un monde d’hommes, on était dans une époque où il y avait un actif et un qui restait s’occuper des enfants à la maison, c’était pas du tout le même schéma donc heureusement que ça a évolué parce que la société change. Maintenant on est 2 à travailler donc faut bien à un moment se dégager du temps pour sa famille aussi »

P2 « je dirais aussi que c’est vrai que les mentalités des patients ont changées (…) je me souviens d’une patiente qui a téléphoné un mercredi et donc le mercredi j’étais pas là et qui a dit à la secrétaire oui les femmes médecins elles devraient être là tout le temps je comprends pas, elles devraient être là 24h/24 et elles devraient pas avoir d’enfant. Donc ça maintenant c’était il y 20 ans, maintenant ça on l’entend plus hein. »