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Les transcriptions et extraits cités dans ce travail le sont de la manière suivante : traduits librement du portugais au français, pour les informateurs portugais et macanais lusophones99, et en

anglais, pour les informateurs qui ont été éduqués dans cette langue, dans une section en langue anglaise, Macanais anglophones et Chinois. En ce sens, le choix de pseudonymes utilisés pour désigner les informateurs correspond à la langue dans laquelle ils sont nommés. Pour les

quand il était question de se retrouver dans des restaurants populaires chinois, que les Portugais appellent « tascas », autrement dit, tavernes, avec des étudiants chinois et macanais.

97 Le Clube Militar est l’endroit où étaient autrefois stationnées les troupes portugaises. De style architectonique baroque, la maison principale est un complexe qui comporte un café-bar et un restaurant de style classique datant de l’époque coloniale. Fréquenté par l’élite locale, les habitués, qui peuvent adhérer et donc devenir membres (d’où la dénomination de « club ») sont notamment des Macanais, Européens - Portugais, Anglais, Français -, et, plus récemment, Américains.

98 D’après les rencontres et entretiens (pris en note) conduits auprès de six étudiants, en groupe et individuellement, sur plusieurs journées, au cours de la première étape de l’enquête ethnographique, en 2006. Il s’agit de jeunes, qui ont entre seize et vingt ans, et qui sont Macanais, à une exception près, celle d’un Chinois.

informateurs qui ont, à l’origine, des prénoms portugais, j’ai choisi des pseudonymes portugais : Mário, Camila, Simão, Filipe. De la même manière, en anglais, lorsqu’on lit June, Lilly et Emma, ces prénoms désignent des Chinoises qui ont reçu, en sus de leur nom chinois, un prénom anglais. De surcroît, je tiens à souligner que quelques-uns de mes informateurs ont des prénoms portugais, bien qu’ils ne maîtrisent pas la langue portugaise, comme Gonçalo, Cecília et Miriam. Il s’agit de Macanais et de Chinois élevés dans la tradition catholique.

Globalement, la production de données convoquée dans ce travail, et qui découle des étapes de vérification, de traduction et d’organisation des informations en discussion tant ethnographiques que théoriques, dévoile la réalité d’un aspect « multilinguistique ». L’administration de Macau accusant un caractère bilingue prononcé, l’accès et le recueil des informations (matériaux statistiques, rapports, etc.), ont pu avoir lieu principalement en portugais, le cas échéant en anglais. Là où le portugais était la langue de communication entre moi et mes interlocuteurs, j’ai dû apprendre de nouveaux registres de langage en raison du portugais parlé par mes interlocuteurs, dont l’accent, le vocabulaire et la syntaxe, du Portugal, différaient du portugais parlé au Brésil. Lorsque les entretiens étaient menés en anglais, je tiens à préciser que cela a aussi permis de discuter, avec mes informateurs, de la signification de certains termes en chinois.

En ce sens, le « multilinguisme » qui imprègne l’enquête, mobilisé, entre autres, via l’observation participante, la conduite d’entretiens, et le suivi de la presse, doit être, enfin, considéré à la lumière de la littérature existante sur Macau. Ici, je tiens à rappeler l’effort qui a consisté à accorder à la langue portugaise une place de choix dans l’examen des sources et des perceptions sur Macau, notamment à l’heure d’aborder l’histoire de la ville, contrastant avec la tendance d’un grand nombre d’études à privilégier l’apport d’une bibliographie anglophone. Il s’agit d’enjeux que Roderich Ptak commente de la manière suivante :

« The full impact of Anglo-American model-making on Macau, I am afraid, still lies ahead. This

impact may be twofold. Macau-scholars studying in Anglophone countries, will inevitably bring back certain ideas to Macau, directly and without too many scruples, a process that has already begun. The second channel should be one via China. Many Chinese historians and social scientists read English books and articles, but rarely handle other Western languages »100.

II — QUESTIONS DE TERRAIN, VOIES D’ENQUETE

Confrontée à la réalité de différents milieux/espaces sociaux, populations et segments générationnels, et à l’usage de diverses langues, on a tenu à inscrire l’évolution et la construction de

100 Ptak, Roderich. « Macau: China’s Window to the Latin Word », in Chen, Arthur H (ed.), Culture of Metropolis in

Macau. An International Symposium on Cultural Heritage, Strategies for the Twenty-first Century. Macau: Cultural

l’objet d’enquête dans l’approche multi-située de l’ethnographie101. La combinaison de différents

outils, les entretiens approfondis et les conversations informelles, l’observation (participante) et la description de la vie quotidienne, le recueil de données et la production de connaissances in situ (prises de notes, descriptions écrites de phénomènes observés, etc.)102, ont constitué autant de

méthodes qui se conjuguaient parfaitement avec l’interprétation, les problématiques et les sujets anthropologiques, et enfin, avec la construction de l’objet étudié dans cette thèse. De surcroît, je me suis appuyée sur des sources écrites, tels les rapports statistiques fournis par l’administration et certaines organisations internationales, les brochures des associations locales, et des questionnaires, lors de l’étape initiale de l’enquête. J’ai également eu recours à un large panachage de sources médiatiques (presse, sites web officiels, ressources documentaires), consultées, recueillies, sur place et parfois, à distance. Dans la tradition de l’École de Chicago et, plus spécifiquement, dans le rappel de l’importance du journalisme dans le parcours professionnel de Robert E. Park103, l’accès aux

informations quotidiennes, dans le double rôle d’observatrice et de participante, m’a permis de développer un point de vue plus global sur la vie urbaine à Macau. Grâce aux possibilités techniques que procure l’Internet, l’« accès » au terrain - mais à distance - a été rendu possible, entre autres, à travers le suivi de la presse en ligne, de la lecture de blogs sur Macau alimentés par des résidants, de l’échange de courriels électroniques avec mes informateurs et, dans un cas spécifique, à travers la réalisation d’un entretien sur Skype104. « Le travail de terrain doit être protéiforme », rappelle Ulf Hannerz, « s’adaptant sans cesse aux nouveaux contextes, en modifiant les procédures établies, s’inspirant de la situation de terrain pour fabriquer de nouveaux outils d’analyse »105.

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