• Aucun résultat trouvé

Objectivement, l’installation des Portugais à Macau apparaît comme le produit de l’expansion maritime portugaise entamée à la fin du XVème siècle143. Macau a été la première ville

établie et habitée de manière continue par des Occidentaux en Chine144. Globalement, elle émerge

comme la résultante de processus qui ont activement contribué à l’émergence de l’économie-monde européenne145, à la périphérie de l’Europe. Ainsi, est-il possible de situer les processus qui ont

concouru à l’établissement de Macau comme entrepôt de commerce en Chine dès l’arrivée et l’installation des Portugais. Plus que dans ce « contexte », à quelle place et comment peut-on situer Macau dans ce « système » ? Étant donné sa localisation, en Asie, comment les liens avec le Portugal se sont-ils matérialisés dans son caractère, dans son identité ? Dans quelle mesure et comment la ville intègre-t-elle aussi la « périphérie » de la Chine ? Ce, qu’ici, il faut bien

140 Sur la condition des Portugais à Macau, Jonathan Porter signale qu’à la fin du XVIIIème siècle, « intermarriage with

the Chinese had become commonplace ». Macau: The Imaginary City, op. cit,, p. 77.

141 Bentley, Carter G. « Ethnicity and Practice », op. cit., p. 33.

142 « Authors working on Macao also signal that an important difference between the colonies when they point to the

significance of the ‘mestizo’ Macanese group there, which only serves to highlight the low profile of the equivalent group of ‘mixed-race’ people in Hong Kong ». Evans, Grant ; Tam, Maria. « Introduction: the Anthropology of

Contemporary Hong Kong », in Evans, Grant ; Tam, Maria (eds.), Hong Kong: The Anthropology of a Chinese

Metropolis. Richmond: Curzon Press, 1997, p. 1-21 ; p.15.

143 L’arrivée des Portugais à Macau fut précédée de l’exploration des mers le long des côtes de l’Afrique, de l’Inde et de l’Asie du Sud-est, dès le XVème siècle. Boxer, C. R. Race Relations in the Portuguese Empire: 1415-1825. Oxford: Clarendon Press, 1963.

144 Porter, Jonathan. Macau: The Imaginary City, op. cit., p. xi (Preface).

145 Wallerstein, Immanuel. The Capitalist World-Economy. Cambridge, London, New York, Melbourne: Cambridge University Press ; Paris: Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme, 1979, p. 37.

comprendre, c’est que l’on envisage d’abord la production de Macau là où sa genèse a répondu à des rapports établis et entretenus vis-à-vis de l’État portugais et de l’Empire chinois. Et qu’ensuite, on la saisit là où elle apparaît « désarticulée » des pouvoirs centraux, révélant tant des formes de gouvernement et de gouvernance qui participent à la l’élaboration de son autonomie146, que des

« formules » qui concourent à la production de sa spécificité.

a ) Discontinuités : « Entreprises redistributives » et raison d’être

L’installation des Portugais à Macau date de 1557147. Investissement de grande ampleur

agencé par la Couronne148, l’arrivée des Portugais en Chine ne doit pas être complètement dissociée

des processus d’accumulation de capitaux dans les domaines d’Europe, qui participèrent au développement du capitalisme moderne149. Au début du XVIème siècle, le Portugal et l’Espagne

orchestraient l’expansion des frontières du monde connu en quête de nouveaux produits et marchés. À la fin du même siècle, on a assisté à l’émergence de nouvelles puissances, la Hollande, la France, l’Angleterre. Étant donné qu’au Portugal, il n’existait pas de classe moyenne commerçante, comme à Venise, à Gênes, ou en Hollande, la menée de l’entreprise portugaise dans l’Outre-mer ne pouvait être que plus dépendante de la possession de territoires et de capitaux étrangers150. Il s’agit là

d’éléments qui continuent de convier à l’examen des processus et enjeux liés à la fondation de Macau sous l’angle de la conjoncture mondiale.

Dès les débuts, Macau a été, certes, une ville151. Mais bien que ville, elle n’était pas, pour

autant, une ville-état. Confrontés, ici, à des enjeux historiques et politiques complexes que l’on n'entend pas traiter en détails, on envisage la notion de ville-état là où elle place davantage le curseur sur la production des formes du capitalisme moderne que sur la production de « l’état de nation », pour employer l’expression de Benedict Anderson152, conscients toutefois du fait qu’il

s’agit de processus interdépendants153. Sous cette optique, les villes-état ont émergé en tant que

146 Pour de plus amples détails sur la question de l’autonomie « municipale » de Macau, consulter Sena, Tereza. « Macau’s Autonomy in Portuguese Historiography (19th and early 20th centuries) », Bulletin of Portuguese-Japanese

Studies, n°17, 2008, p. 79-112.

147 Montalto de Jesus, C. A. Historic Macao…, op. cit., p. 23. Boxer, C. R. Fidalgos in the Far East..., op. cit., p. 7 ; Wu Zhiliang. Segredos de Sobrevivência…, op. cit., p. 44-45.

148 Porter, Jonathan. Macau: The Imaginary City, op. cit., p. 23.

149 Wallerstein, Immanuel. The Politics of the World-Economy, op. cit., p. 152.

150 Almeida, Miguel Vale de. « Crioulização e fantasmagoria », Série Antropologia, n°365, Brasília, 2004, p. 1-13, p. 3. 151 En 1586, l’Estado da Índia reconnaît l’établissement de Macau comme « ville », désignée sous le nom de « Cidade

do nome de Deos do Porto de Macau na China ». Montalto de Jesus, C. A. Historic Macao..., op. cit., p. 48 ; Cheng,

Christina Miu Bing. Macau: A Cultural Janus, op. cit., p. 47-48.

152 Choix d’expression en réponse aux multiples significations du mot. Anderson, Benedict. L’imaginaire national.

Réflexions sur l’origine et l’essor du nationalisme. Paris : La Découverte, 2002, p. 18.

153 L’expansion des systèmes-mondes européens témoigne de la production de nouvelles catégories politiques et économiques en Europe, notamment à travers le développement du capitalisme moderne, l’émergence de la bourgeoisie, l’avènement des États-nation. En ce sens, la production et la transformation, par l’ascension et le déclin, d’unités de pouvoir, souligne l’arrangement d’intérêts de classes, où prévaut l’intérêt des groupes dominants (oligarchies).

lieux d’accumulation du capital, par excellence154, alors que, simultanément, Macau apparaissait

plutôt, de par les liens qu’elle entretenait avec la Couronne, comme une « entreprise redistributive ». À ce propos, argumente Niels Steensgaard, « neither in Europe nor in Asia is there any trace of a consolidation of the Portuguese Crown trade in the form of the accumulation of capital »155. De ce fait, poursuit l’auteur, « the trading activities of the Portuguese Crown were an

extension of its tribute levying activity, a case of the tax-gatherer turned merchant in order to maximize his revenue »156. C’est là un aspect qui éloigne Macau de la définition et du rôle des villes-

état, en tant que celles-ci constituent des institutions, ou « agences », concourant activement à la préfiguration et, par là, à l’édification de l’économie-monde européenne157. Bien que le « système »

portugais ait participé au développement de nouvelles formes entrepreneuriales et de marché, elles- mêmes associées aux conditions de l’avènement du capitalisme moderne en Europe, la participation ici invoquée n’y a contribué que de manière indirecte158.

N’étant pas une « agence », c’est-à-dire un centre de processus d’accumulation de capitaux, mais un lieu159, Macau échappe toutefois et encore à la dénomination restrictive de lieu de marché

(marketplace). Les lieux de marché, souligne Giovanni Arrighi, sont, au plan politique, assujettis à une autorité, impériale ou nationale, en même temps qu’ils dépendent, au plan économique, du développement des activités « trans-étatiques » d’entreprises étrangères160. Bien que l’existence de

Macau ne puisse éviter d’être liée à ces deux critères, elle n’épouse, cependant, et totalement, aucun d’eux. Son autonomie partielle à l’égard du pouvoir politique de la Couronne se doublait, ici, et au tout début de l’entreprise portugaise en Asie, d’une dépendance économique à l’égard de cette même entité, qui finançait régulièrement les Voyages. Échappant de manière plus ou moins systématique à la reproduction de forces « modulaires », Macau s’est constituée sur le mode d’une ville dont la particularité systémique renvoyait plutôt au sens redistributif de l’entreprise portugaise, en ce qu’elle autorisait les Portugais à s’accommoder d’un système qu’ils avaient rencontré sous les

154 En l’occurrence, notamment les villes-état italiennes des XIIIème et XIVème siècles. Arrighi, Giovanni. The Long

twentieth century: money, power, and the origins of our times. London, New York: Verso, 1994, p. 128. La ville-état italienne (città-stato) est aussi souvent appelée « repubblica ». Jones, Philip. « Comuni e Signorie: la città-stato nell’Italia tardomedievale », Economia e società nell’Italia medievale. Torino: Giulio Einaudi Editore, 1980, p. 503- 526 ; voir p. 513-514, 520. Raulin retrace la formation des villes-état (« cités-États ») « à partir du deuxième millénaire

avant notre ère en Phénicie, puis en Grèce et dans l’Europe médiévale entre le Xe et le XIIIe siècle, de l’Italie à l’Europe du Nord ». Raulin, Anne. Anthropologie urbaine, op. cit., p. 13.

155 Steensgaard, Niels. The Asian trade revolution of the seventeenth century…, op. cit., p. 102. Voir aussi p. 86: « The

Portuguese were tax-gatherers and Estado da India was a redistributive institution ».

156 Ibid., p. 107.

157 Wallerstein, Immanuel. The Capitalist World-Economy, op. cit., p. 37, 42.

158 « The redistributive enterprises were unable to revolutionize the market conditions, but they were instrumental in

creating the quantitative basis for such a revolution ». Steensgaard, Niels. The Asian trade revolution of the seventeenth century…, op. cit., p.111.

159 D’après Arrighi, il y a souvent confusion entre les villes en tant que lieux et les villes en tant qu’agences (« cities qua places with cities qua agencies »). Arrighi, Giovanni. The Long twentieth century…, op. cit., p. 128.

160 À propos des « marketplaces », Arrighi écrit encore: « (t)hey were neither autonomous governmental organizations

Ming, un système qui présentait une nature analogue, autrement dit redistributive ou tributaire161. Ces systèmes procurant une opérationnalité certaine au rôle de « l’entrepreneur » (contractor), ils ne pouvaient que nourrir l’« autonomie » et le caractère de la ville aussi bien à l’égard de la Couronne que de l’Empire chinois.

Dans le périple de l’expansion portugaise, commerciale mais aussi religieuse162, l’arrivée des

Portugais en Chine apparaît comme l’une des dernières phases de leurs Voyages de « découverte ». Auparavant, ils s’étaient établis en d’autres lieux stratégiques, le long des routes maritimes du commerce163. Sur tout le pourtour de la « Méditerranée du Sud-est Asiatique »164, plusieurs nœuds se

liaient en villes marchandes, accueillant des populations flottantes, parmi lesquelles les Portugais. Sous leur contrôle, Macau intégra un système commercial complexe, relié à d’autres ports dans l’Océan Indien et dans le sud de l’Asie, mais principalement à la ville de Canton (Guangzhou), le grand centre commercial du sud de la Chine165. Néanmoins, et en se rappelant que depuis leur

première arrivée dans la région, en 1513, les Portugais avaient été maintes fois expulsés par les autorités chinoises166, comment expliquer alors leur établissement définitif en Chine ? Devant le très

grand nombre des enjeux historiques invocables à titre de réponses167, et que l’on ne saurait ici

161 Wallerstein, Immanuel. The Politics of the World-Economy, op. cit., p. 151.

162 La formule « Christians and Spices » résume bien les principales motivations des Voyages portugais. Boxer, C. R.

Race Relations in the Portuguese Empire..., op. cit., p. 2 ; Steensgaard, Niels. The Asian trade revolution of the seventeenth century…, op. cit., p. 83.

163 Dont Sofala, Mozambique (Afrique), Goa (Inde), Malacca (Malaisie), Nagasaki (Japon). Boxer, C. R. Race

Relations in the Portuguese Empire..., op. cit.

164 « Mediterrâneo Sueste Asiático ». Expression de Denys Lombard empruntée par Flores. Parmi ces villes, on compte Pegu, Malacca, Ayuthia, les centres marchands de la côte nord de Java, puis Canton, où se tenaient deux grandes foires annuelles dans les périodes qui précédaient les moussons, à savoir janvier et juin.Flores, Jorge Manuel. « Macau e o Comércio da Baía de Cantão (séculos XVI e XVII) », in Matos, Artur Teodoro de ; Thomaz, Luís Filipe F. Reis (eds.),

As Relações entre a Índia Portuguesa, a Ásia do Sueste e o Extremo Oriente. Actas do VI Seminário de História Indo- Portuguesa. Macau/Lisboa: Comissão Nacional para as Comemorações dos Descobrimentos Portugueses, et al, 2005, p.

21-48, p. 24. Voir aussi Porter, Jonathan. Macau: The Imaginary City, op. cit., p. 35-36. 165 Flores, Jorge Manuel. « Macau e o Comércio da Baía de Cantão... », op. cit., p. 22-23.

166 Avant Macau, ils ont été, entre autres, à Langbai’ao (Lampacau), Shangchuan et Ningbo (Liampo). Montalto de Jesus, C. A., Historic Macao…, op. cit., p. 11, 18-21 ; Wu Zhiliang. Segredos de Sobrevivência…, op. cit., p. 45; Porter, Jonathan. Macau: The Imaginary City, op. cit., p. 48-49.

167 L’époque de l’arrivée des Portugais en Chine coïncide avec une phase de déclin économique et d’instabilité politique qui attestent de l’affaiblissement de la Dynastie Ming (Wu 1999 : 34 ; Wu 2002 : 7). En prise à des révoltes internes et à des conflits aux frontières, parmi lesquels les troubles provoqués par les Mongols dans le Nord-ouest, les préoccupations et les efforts de défense furent donc dirigés davantage vers ces régions que vers le Sud-est (Wu 2002 : 6-7). Certains auteurs expliquent l’absence d’une réponse militaire définitive des autorités chinoises contre les Portugais par le fait que la menace que posaient ceux-ci à la sécurité de l’Empire était perçue comme limitée (Souza 1986 : 16 ; Ptak 1991 : 30). Étant peu nombreux, les Portugais ne disposaient certes pas de la même capacité de mobilisation que les Chinois (Ptak 1991 : 30 ; Costa 1996 : 47). En revanche, une offensive militaire chinoise contre les Portugais aurait pu s’avérer économiquement dispendieuse et politiquement accablante. Compte tenu, en effet, du savoir-faire commercial des Portugais, leur présence à Macau contribua très largement au financement de l’armée du Guangdong, à l’accroissement des profits tirés du commerce régional, et à l’expulsion des pirates japonais (Wako), qui infestaient les côtes de la Mer de la Chine du Sud. (Montalto de Jesus 1926 : 22, 24-26 ; Souza 1986 : 17 ; Wu 1999 : 57, 60 ; Wu 2002 : 8). Montalto de Jesus, C. A., Historic Macao…, op. cit. ; Souza, George Bryan. The Survival of Empire:

Portuguese Trade and Society in China and the South China Sea, 1630-1754. Cambridge: Cambridge University Press,

1986 ; Ptak, Roderich. « China and Portugal at Sea… », op. cit. ; Costa, João Paulo Oliverira e. « A Coroa Portuguesa e a China (1508-1531) – do Sonho Manuelino ao Realismo Joanino », in Saldanha, António Vasconcelos ; Alves, Jorge Manuel dos Santos (org.), Estudos de História do Relacionamento Luso-Chinês (séculos XVI-XIX). Macau: Instituto

épuiser, nous allons discuter de quelques-uns d’entre eux, révélateurs encore aujourd’hui des spécificités et traits que l’on attribue à l’identité de Macau.

b ) Ententes : Estado da Índia et initiative privée

À l’origine, la fixation des Portugais à Macau est due à un accord de commerce, qui apparaît comme le « produto de um entendimento, ora tácito ora explícito, entre portugueses e chineses »168.

Charles Boxer commente ces enjeux dans l’extrait qui suit :

« Macao owned its foundation and continued existence to an understanding reached between the

Kwangtung provincial authorities and the Captain-Major of the Japan voyage. Neither the Chinese government nor the Viceroy at Goa took any official cognizance of the settlement for some years »169.

Représentée par les Capitaines des Voyages au Japon170 et le Vice-roi établi à Goa, centre de

l’Empire portugais en Orient, l’Estado da Índia171, la Couronne avait connaissance des premiers

enjeux qui participèrent à la fondation de Macau, en particulier de l’importance du commerce chinois dans la région. Ayant tenté différentes approches et méthodes pour s’établir en Chine172,

c’est toutefois l’initiative privée qui allait offrir des bases propices à l’installation des Portugais à Macau173. Le rôle et la participation de la Couronne et des commerçants n’étant pas toujours

coordonnés depuis la fixation de ces derniers, en 1557, l’administration de l’Empire portugais en Asie porte la marque des relations ambiguës qui s’établirent entre le gouvernement et le commerce

Português do Oriente, 1996, p. 11-84 ; Wu Zhiliang. Segredos de Sobrevivência…, op. cit. ; Wu Zhiliang, « Le rôle de l’opium et de l’ambre gris… », op. cit.

168 « produit d’une entente, et tacite et explicite, entre Portugais et Chinois » (traduction libre). Sena, Tereza. « Macau: O primeiro ponto de encontro... », op. cit., p. 34.

169 Pour Kwangtung, il s’agit de Canton. Boxer, C. R. Fidalgos in the Far East…, op. cit., p. 8.

170 Les voyages au Japon découlent de la position intermédiaire qu’occupaient les Portugais dans le commerce de la soie et de l’argent entre la Chine et le Japon, en l’occurrence ici, de l’interdiction de commerce entre les deux Empires, décrétée par l’Empereur Ming vers 1480. Nommés par la Couronne, les Capitaines-major des voyages recevaient aussi le titre de « gouverneur » de Macau. Pendant les cycles des Voyages, qui se déroulèrent sur presque un siècle (1534- 1639), Macau fut le circuit commercial le plus lucratif de l’Estado da India. Boxer, C. R. Fidalgos in the Far East...,

op. cit., p. 5-6, 34, 109 ; Sena, Tereza. « Macau: O primeiro ponto de encontro... », op. cit., p. 39.

171 L’Estado était la structure administrative dominant sur l’ensemble des possessions qui s’étendaient de Sofala, en Afrique, jusqu’à Macau. Boxer, C. R. Race Relations in the Portuguese Empire…, op. cit., p. 41. Pour une comparaison entre les « systèmes » portugais et chinois au début de l’entreprise portugaise en Asie, consulter Ptak, Roderich. « China and Portugal at Sea… », op. cit.

172 Dont les manœuvres militaires, qui échouèrent, et les incursions diplomatiques. Costa, João Paulo Oliveira e, « A Coroa Portuguesa e a China… », op. cit., p. 194-195.

173 D’après Montalto: « In the very same year, 1557, the mandarins and merchants of Canton obtained imperial

sanction for the Portuguese to establish themselves at Macao ». Montalto de Jesus, C. A. Historic Macao…, op. cit., p.

23. Consulter aussi Costa, João Paulo Oliveira e, « A Coroa Portuguesa e a China… », op. cit., p. 43 ; Alves, Jorge Manuel dos Santos, « Natureza do primeiro ciclo de diplomacia luso-chinesa (séculos XVI a XVIII) », in Saldanha, António Vasconcelos ; Alves, Jorge Manuel dos Santos (org.), Estudos de História do Relacionamento Luso-Chinês

(séculos XVI-XIX). Macau: Instituto Português do Oriente, 1996, p. 179-218 ; p. 185-186 ;Barreto, Luís Filipe. « 1555: A certidão de nascimento de Macau », op. cit., p. 32 ; Sena, Tereza. « Macau’s Autonomy in Portuguese Historiography… », op. cit., p. 88-89.

privé174 : « Suzeraineté, vassalité parfois, sphères d’influences, souverainété floue, telles sont les diverses figures que prend tour à tour le pouvoir portugais en Asie »175.

Désormais, la fondation de Macau apparaît comme le produit de l’arrangement de deux conditions principales. Elle résulta d’abord de la relative autonomie dont jouissaient les Portugais en Orient. Bien que l’édification de la ville tirât profit du commerce avec le Japon176, elle n’en fut

pas moins redevable à la liberté de négociation établie à l’est du Cap Comorin (actuel Sri-Lanka) suite à un décret royal de 1515. La liberté dont il est ici question permit, par conséquent, le développement d’entreprises privées de commerce177 : « Macau was built by Portuguese traders »,

écrit Jonathan Porter178. Cette fondation, ensuite, résulta du droit d’usage du territoire accordé aux

Portugais par les autorités chinoises. Il s’agissait ainsi d’un droit octroyé contre le paiement d’un tribut avant commerce, et du versement d’un « loyer » annuel179, couplé également à un devoir

d’allégeance et de loyauté à et à l’égard de la Dynastie Ming (1368-1644)180. « En tant que vassaux de l’empereur chinois, les Portugais de Macao jouissaient de divers privilèges et exemptions qui n’étaient pas accordés aux autres étrangers », signale Wu Zhiliang181. Cela n’empêcha pas,

néanmoins, les autorités chinoises d’ériger, en 1574, une barrière sur l’isthme qui lie la péninsule au continent, les Portas do Cerco182, où il était marqué : « Respeito pelas autoridades e agradecimento à benevolência imperial »183. En l’absence d’un droit inaliénable sur le contrôle de Macau, la

compensation des Portugais résidait dans la perception de bénéfices issus de la pratique et du développement du commerce, scellant pour ceux-ci un espace de négociation permanente en

174 Steensgaard, Niels. The Asian trade revolution of the seventeenth century…, op. cit., p. 95. Ptak, Roderich. « China and Portugal at Sea… », op. cit., p. 34. D’où aussi les conditions posées à la formation d’un « shadow empire » (Winius) ou d’un « empire improvisé » (Subrahmanyam). Alves, Jorge Manuel dos Santos, « Natureza do primeiro ciclo de diplomacia luso-chinesa... », op. cit., p. 186.

175 Gipouloux, François. La Méditerranée Asiatique. Villes portuaisres et réseaux marchands en Chine, au Japon et en

Asie du Sud-Est, XVIe-XXIe siècle. Paris : CNRS Éditions, 2009, p. 146 ; voir aussi p. 144-145.

176 Boxer, C. R. Fidalgos in the Far East..., op. cit., p. 10 ; Boxer, C. R. « Macao as a Religious and Commercial Entrepôt… », op. cit., p. 64 ; Shipp, Steve. Macau, China: A Political History of the Portuguese Colony’s Transition to

Chinese Rule. Jefferson (N.C.): McFarland and Company, 1997, p. 17.

177 Sena, Tereza. « Macau: O primeiro ponto de encontro... », op. cit., p. 37. 178 Porter, Jonathan. Macau: The Imaginary City, op. cit., p. 4.

179 D’un montant de 500 taels. Bien que les origines de cette obligation demeurassent peu claires, elle allait se perpétuer jusqu’en 1849. Porter, Jonathan. Macau: The Imaginary City, op. cit., p. 48 ; Wu Zhiliang, « Le rôle de l’opium et de l’ambre gris… », op. cit., p. 8.

Documents relatifs