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Langue et francophonie, des vecteurs de cohésion sociale insuffisamment déployés sur le territoire national

Une langue commune constitue un élément de cohésion sociale. Elle facilite l’insertion sociale et professionnelle et la transmission de valeurs communes. La francophonie n’est pas portée sur le territoire français, marqué par une unité linguistique qui différencie la France de pays comme la Belgique ou le Canada. Cette unité est la conséquence d’une politique qui est allée de pair avec la construction de la Nation, au point de donner à la langue française une reconnaissance constitutionnelle.

Pourtant, la langue est transmise et apprise dans les familles ou dans les écoles. Les acteur.rice.s de cette transmission ne sont pas toujours les parents dans un pays qui, pour

DÉCLARATIONS/SCRUTINANNEXESAVIS accueillir et intégrer des populations étrangères, doit aussi s’assurer de leur apprentissage

linguistique.

La langue, composante de la cohésion sociale et facteur essentiel d’insertion en France

Encadré 2 : quelques chiffres

D’après l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI, 2012), 7  % de la population française adulte âgée de 18 à 65 ans, (soit 2,5 millions de personnes), est en situation d’illettrisme. Il faut y ajouter 500 000 personnes en Outre-mer et 3 millions de personnes qui ont un faible niveau de lectorat, soit 6 millions de personnes adultes en France qui ont de grandes difficultés avec la lecture et l’écriture.

Plus de la moitié des personnes en situation d’illettrisme exercent une activité professionnelle. 20 % des allocataires du RSA sont en situation d’illettrisme.

La moitié des personnes en situation d’illettrisme vivent dans des zones rurales ou faiblement peuplées et 10 % d’entre elles vivent dans les Zones urbaines sensibles (ZUS).

Des disparités importantes existent sur le plan régional avec 5 % d’illettrisme en Ile de France contre 11 % pour le Nord Pas de Calais et la Picardie.

Avec la création au début de l’année 2017 de la fonction de délégué.e interministériel.

le à la langue française pour la cohésion sociale, confiée à Thierry Le Paon, le gouvernement a souhaité réaffirmer l’importance de la maîtrise de la langue française pour renforcer la cohésion sociale : « La maîtrise de la langue française est une composante indispensable à l’exercice de la citoyenneté. Bien maîtriser le français est une condition essentielle pour trouver sa place dans l’espace républicain ». Par ailleurs, cette fonction s’inscrit dans le cadre d’une ambition réaffirmée [par le gouvernement] au lendemain des attentats de 2015 dans le cadre des comités interministériels à l’égalité et à la citoyenneté. Il s’agit bien de maîtriser la langue pour offrir de plus grandes opportunités d’insertion à tou.te.s nos concitoyen.

ne.s et aussi de renforcer l’adhésion aux valeurs républicaines en permettant de mieux les appréhender. La langue est considérée comme composante du socle républicain commun et porteuse de ses valeurs partagées au sein de la francophonie.

Il est clair que l’intégration nationale des populations non francophones est une responsabilité de la France en tant qu’Etat, qui ne saurait être sous-traitée à la francophonie institutionnelle. Cette question fait appel à des réflexions sur l’éducation, la lutte contre les discriminations et la pauvreté, qui dépassent largement le cadre de cet avis.

Cependant, comme l’a confirmé l’audition de M. Le Paon devant la section, les missions du.de la délégué.e interministériel.le à la langue et pour la cohésion sociale ne sont pas sans lien avec la Francophonie : les mobilités vers la France de populations non francophones ou dont la maîtrise du français est insuffisante, peuvent représenter un atout pour l’expression de la langue française dans le monde dans le cas d’un retour au pays d’origine.

Avis

Les valeurs de la Francophonie, causes utiles à la cohésion sociale

Par son attachement aux valeurs humanistes universelles et au principe du respect de la diversité linguistique et culturelle, la Charte de la Francophonie fait fortement écho à des aspirations profondes au sein de la société française, notamment au sein de sa jeunesse.

Force est de constater cependant que la Francophonie est absente du débat national.

Cette question est le plus souvent perçue comme un non-enjeu, la langue étant considérée comme un acquis, contrairement au reste de l’espace francophone où la défense de la langue française, du bilinguisme et de la diversité culturelle reste un sujet d’actualité.

Lors de son audition devant la section, Marie-Christine Saragosse, présidente directrice générale du groupe France Médias Monde, a pourtant rappelé l’intérêt pour son groupe de mener des actions sur le territoire national, notamment pour véhiculer les valeurs démocratiques et républicaines, ainsi que promouvoir la culture française et francophone dans toute sa diversité. Rappelant que le groupe FMM emploie des journalistes et autre salarié.e.s francophones d’origines très diverses et eux.elles-mêmes porteurs d’altérité et de diversité culturelle, elle a précisé qu’un pan important de l’activité du groupe consiste à faire de « l’éducation aux médias » par des actions de sensibilisation dans les lycées français et de monter des programmes avec des jeunes « des quartiers », avec l’émission Pas 2 Quartier de France 24 notamment. L’activité du groupe sur le territoire national est limitée mais ce type d’initiative suscite l’adhésion de la jeunesse qui s’empare de ce genre de support.

D’autres acteur.rice.s de la francophonie mènent des actions de « sensibilisation » sur le territoire national, comme le Groupe des Ambassadeur.rice.s francophones (GAF) en France présidé par SE Bassirou Séne, Ambassadeur du Sénégal en France, qui se rend régulièrement en banlieue et en région pour aller à la rencontre d’acteur.rice.s de terrain et échanger sur tous les aspects liés à la francophonie.

Recommandation : susciter l’envie de francophonie en France

Pour susciter l’envie de francophonie en France, organiser lors de la journée internationale de la francophonie du 20 mars, un événement qui mobilise l’attention des opinions publiques sur ces enjeux.

Le CESE se propose de mettre à la disposition des autorités compétentes, le palais d’Iéna pour l’organisation d’un événement annuel relayé par les CESER sur les territoires.

L’événement permettra d’inviter l’ensemble des acteur.rice.s public.que.s et associatif.

ve.s qui sur le terrain, œuvrent à la cohésion sociale, en particulier à la transmission d’un enseignement du français. A cette occasion, un forum de la francophonie en faveur de la cohésion sociale et des solidarités francophones pourrait ainsi réunir acteur.rice.s nationaux.

ales et internationaux.ales, public.que.s et privé.e.s.

DÉCLARATIONS/SCRUTINANNEXESAVIS

L’accompagnement insuffisant des mobilités internationales

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