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I

La mer avait l'air d'une nappe de lumière. Le soleil était haut, chaud, et le vent soufflait ses douceurs. À part quelques frissons égarés, les eaux demeuraient calmes. Dans la tête d'Éluard, elles n'allaient pas renverser l'ordre des choses, et il s'avérait inutile de rester là à attendre qu'elles libèrent leurs mystères. La mer s'entêtait à demeurer muette. Ni murmures ni chuchotements. Pas l'ombre d'une résonance dans son corps impatient.

Il avait gardé la main d'Angéline dans la sienne et il lui avait fallu resserrer son emprise. Sa sœur tirait peu à peu pour gagner le bout du quai.

« On retourne. »

Il s'était pris à parler tout haut. Sa voix, soudain, lui parut étrangement éteinte. Il esquissa un mouvement de retrait pour signifier à Angéline qu'il était temps de reprendre le chemin de la maison. Rosanne allait rentrer et s'inquiéter. Pire, Clément déciderait peut-être de faire un saut, histoire de récupérer un outil oublié et, là, le soulèvement de mer tant espéré au quai surgirait du dedans de son père. Il valait mieux renoncer.

C'est en longeant le col de la baie qu'il lui sembla percevoir des sons. À peine audibles. Lointains. Il ralentit le pas. Angéline s'arrêta aussi, et fixa un regard interrogatif sur lui. Il balaya la grève du regard, puis fouilla les eaux inertes. Habituellement, ce qu'il entendait était accompagné du fracas de la marée montante. Là, c'était différent. La voix était profondément enfouie, lente et vieille, caverneuse. Des lettres se détachaient… A – I… É – A…., s'échinaient à s'arracher aux fonds marins… deux interminables plaintes broyées de silence. Et

relâchées, accompagnées d'une volée d'oiseaux émergeant d'une chevelure en remuement dans les eaux.

Angéline lui secouait la main. Il se ressaisit et reprit la marche. En les voyant émerger au bout de la baie, Rosanne s'arrêta.

Elle avait cédé à la joie de madame Bordeleau, aux excuses que la femme multipliait pour prolonger la visite, à son désir tout à fait sincère d'entendre parler de ses grands gars et de leur gagne-pain au loin. Elle avait à peine mis le pied dans la rue Saint-Cléophas qu'on l'interpella. Elle tourna la tête en direction de la minuscule maison des Thibodeau. Milie lui faisait signe d'approcher. Rosanne n'avait jamais osé lui demander si Milie correspondait à Émilie ou à Amélie. Et elle se prit à sourire en réentendant Clément prétendre que c'était sûrement Homélie, étant donné la manière qu'elle avait de sermonner son homme. La frêle et menue Milie se demandait si Clément ne pourrait pas donner un coup de main à son mari pour le cordage du bois.

« Ça fait un temps qu'y a des terribles de pincements dans poitrine, ça m'inquiète », confia-t-elle. « J'en profite pendant qu'y pêche sur le bord de la rivière. Vous le connaissez. En masse trop fier pour quémander. »

Après lui avoir promis qu'elle en parlerait à Clément, Rosanne continua son chemin.

La rue Saint-Cléophas était déserte à cette heure. Elle s'apprêtait à prendre la rue devant la galerie des Forbes quand elle les aperçut.

Ce fut instantané.

« Belle, terriblement belle. »

Cela lui traversa l'esprit. Sa fille lui sauta au cou.

Ses cheveux sentaient le varech et le sel. Éluard s'amena lentement.

« On est allés au quai », avoua-t-il, craintif.

Rosanne glissa sa main sur sa nuque et lui embrassa le front. Dans son esprit, il y avait trop de bonheur dans le corps de sa fille, trop de sel en remontée dans ses veines pour verser du côté des inquiétudes de leur père. Elle venait de décider que l'escapade passerait sous silence.

« Dépêche-toi, mon homme, va rejoindre ton père chez le cordonnier. Paraît que l'installation imaginée par monsieur Murray a pas sa semblable dans tout le pays. Pressez-vous surtout pas. J'ai encore à faire avant que vous reveniez ! »

Éluard marqua une hésitation.

« L'abbé Langlais est passé…»

Rosanne n'avait pas besoin d'en entendre davantage. Son regard s'embruma légèrement. Elle connaissait trop bien la nature de sa visite. Le curé n'en était pas à ses premiers émissaires chargés de les convaincre d'envoyer Angéline suivre un cours d'art ménager chez les sœurs. Il était persuadé qu'elle ferait une bonne aide domestique dans un presbytère. « Le sien, sans doute ! » avait échappé Clément, conscient que la vieille femme de ménage en service

avant de se retirer. « Ni servante de curé ni servante de personne ! » répétait Clément, chaque fois furieux devant les récidives du curé. Rosanne et lui n'allaient pas céder un pli là-dessus.

« Tu mentionneras ça à ton père », se contenta-t-elle de répondre. « Allez, ouste ! Attarde-toi pas, si tu veux pas manquer la pose des poulies pi des cordages. Ça m'a tout l'air d'être hors du commun. »

Elle le regarda s'éloigner.

Son Clément allait certainement être en furie. Pas à cause du quai, elle n'allait pas lui en souffler mot, mais devant l'insistance des « soutanes », comme il désignait l'ensemble des hommes d'église.

À ses côtés, Angéline sautillait.

« Terriblement belle », se répéta-t-elle en fixant les chaussures, les bras, les jambes, la robe de sa fille, pigmentés de grains de sable, lumineux sous le soleil.

Tu n'as jamais sauté au cou de ta mère. Ce n'est pourtant pas l'envie qui t'a manqué, mais tu ne savais ni comment t'y prendre et encore moins si cela était possible de te laisser aller à un tel élan de tendresse. De mémoire, tu crois l'avoir fait une fois. Tu n'en gardes aucune certitude. S'il s'agit bien d'un souvenir réel, il te paraît indissociable de l'impatience de ta mère face au geste, de la brusquerie de ses mains agrippées aux tiennes, à laquelle s'ajoute le sentiment de l'avoir entendue lever le ton et te demander « ce qui te prenait pour l'amour » ?

Pour l'amour, oui. C'est ce qui te prenait, Fille.

II

Rien ne perçait l'horizon et le calme apparent des flots de la baie.

Éluard baignait dans l'éblouissement de l'attirail de cordes et de poulies ingénieusement patentées tout le long de l'établi en T du Cordonnier-pas-de- pattes. L'installation lui permettrait désormais de se déplacer sur sa chaise à roulettes d'un bout à l'autre de la pièce, en un tour de main.

Clément et Louis-Harmel sortirent, laissant derrière eux un homme qui avait eu sa part d'ecchymoses et de blessures à force de monter et de descendre sur les fesses les anciens escabeaux à pans élargis lui donnant accès à ses espaces de travail.

Sans un mot, ton grand-père se dirigea vers sa demeure. Éluard en profita pour informer son père de la visite de l'abbé.

III

Rosanne ouvrit le livre de recettes à la page 149. Immédiatement, Angéline posa le doigt sur la recette d'allumettes au fromage. Rosanne lui sourit en faisant non de la tête, et pointa plutôt celle des galettes à la mélasse. Sa fille se mit à rassembler les ingrédients. Elle ne pouvait pas lire les instructions, mais elle reconnaissait les chiffres indiquant les quantités, et les mots tasse, cuillerées à thé, à soupe, beurre, mélasse, cassonade, saindoux, lait, soda à pâte, lui étaient résolument familiers. La cuisinière Five Roses pour pain et pâtisseries demeurait son livre préféré. Elle passait un temps infini à en tourner les pages, à retrouver les quelques images de pain de ménage, de pains au petit lait, de biscuits, celle du gâteau blanc avec son glaçage au chocolat, amputé d'une large part afin de mettre en évidence ses trois étages séparés par deux lisières foncées. Son illustration préférée, une poche de farine couverte d'écritures, se trouvait en page 16. Elle ignorait ce que voulait dire Manitoba Hard Wheat, Lake of the Woods, Milling Company Limited, Trade Mark Registred, mais elle prenait plaisir à glisser son doigt sur les mots Five Roses, écrits en rouge, à reconnaître le chiffre 98, correspondant au poids en livres de la farine, et le mot Canada, le même que celui inscrit sur une carte géographique à colorier que lui avait offerte Éluard. Mais rien ne surpassait l'amusement qu'elle éprouvait à la vue des deux tortillons en haut de la poche similaires à s'en méprendre à de menues oreilles de lapin.

Ce livre, Rosanne le tenait de sa tante Rosy, la seule famille qu'elle ait connue.

Quel âge avait-elle quand elle s'était retrouvée assise sur le palier du perron de Rosy ? Pas plus de quatre ans, sans doute, mais rien ne le prouvait. L'unique souvenir fibreux de sa mère nichait dans une brume informe, trouée ça et là par la

femme, un pan de manteau de coton gris (ou celui d'une jupe), des chaussures noires, usées, une marque de naissance sur le côté de la cheville droite, pareille à la sienne, et des mots chuchotés : Maman doit partir. Toi, tu restes ici, sagement, et tu attends que Tante Rosy ouvre la porte. Rosy va s'occuper de toi.

Et la porte s'était ouverte.

Rosy s'appelait effectivement Rosy, mais elle n'était pas sa tante. Aucun lien de parenté ne la reliait à l'enfant et à nulle autre personne en territoire gaspésien. Originaire de la Nouvelle-Écosse, elle avait étudié à l'hôpital Jeffery Hale de Québec, œuvré comme infirmière dans la ville avant de s'installer à Gaspé où sa réputation de femme volontaire, engagée, droite comme un mât de voilier, et de mauvaise cuisinière, faisait l'unanimité. On louait sa discrétion, son engagement, son savoir-faire (que certains médecins enviaient), et on admirait son inébranlable foi dans la vie. Et c'était bien là l'héritage qu'elle allait léguer à Rosanne. « C'est la vie qui décide », disait-elle. « La vie pave la voie, et on avance pour voir où elle va nous mener. » Ce jour-là, la vie avait déposé une fillette sur le perron de la maison de l'infirmière, avec un message épinglé au lainage qu'elle portait :

Rosy prit Eugénie par la main, la fit entrer, lui donna un bain, lui servit à déjeuner, et devint la tante promise. En moins de quelques semaines, Rosy Frazer possédait un baptistaire dûment établi au nom de Marie Geneviève Rosanne Frazer, une lettre signée de la main d'un notaire de Québec la désignant officiellement tuteure de l'enfant et, afin de parer au pire ou aux soupçons, des actes légaux officialisant le décès des parents. « Des terribles de faux, terriblement

S.V.P. Ne la mettez pas à l'orphelinat. Elle s'appelle Eugénie.

vrais », se plaisait-elle à dire en riant à l'abbé Marc, aumônier militaire, confident, ami de toujours et complice dans les démarches entreprises pour légitimer la présence de Rosanne à ses côtés.

Pas un instant le tout Gaspé ne douta de la filiation entre la tante et sa jeune nièce.

Ce n'est qu'après l'enterrement de Rosy que l'abbé Marc allait briser le silence. Il avait proposé d'accompagner Rosanne chez les Fournier, des amis de sa tante, qui l'hébergeraient et l'initieraient au travail de la poste. À la hauteur de Rivière-au-Renard et pour le reste du parcours vers Matane sa langue s'était déliée.

« Ta tante était une femme d'exception », avait-il conclu, une poignée de rocaille dans la gorge, en évitant de la regarder.

Rosanne ne pouvait qu'acquiescer. Étonnante et exceptionnelle, oui, Rosy Frazer l'était. Et peut-être aussi avait-elle était l'amante de l'abbé Marc, son amour caché. Cela aussi Rosy aurait pu l'être, avait songé Rosanne.

v

Angéline finissait de déposer les ustensiles et le bol à mélanger sur le comptoir, de ranger les ingrédients et de replacer le contenant de farine dans l'armoire. Elle attendait que Rosanne alimente le feu du poêle à bois pour glisser la tôle à biscuits dans le four.

il en coûtait 20 timbres-poste de 2 sous (40 cents) pour couvrir les frais d'affranchissement et d'emballage, et on indiquait deux adresses où soumettre le bon de commande. Rosy avait certainement opté pour celle de Montréal.

Clément, que la vie avait mis sur sa route, ignorait qu'il n'existait aucun lien de sang entre elle et Rosy. Cela appartenait au silence que sa tante considérait comme un précieux espace de liberté.

« Les gens n'ont pas à tout savoir. On garde pour soi ce qui nous appartient en propre. À soi. Rien qu'à soi. »

Rosy, l'abbé Marc, le souvenir informe d'une femme portant une marque de naissance à la cheville droite, l'impression de soleil levant ; tout avait fait en sorte que la vie pave la voie, et cela, oui, cela, lui appartenait en propre.

Tu ne cherchais pas à fracturer le silence de ta mère. Tu ne désirais pas non plus qu'elle te livre le fond de son cœur, mais tu espérais un souvenir, une image, un objet, une pensée qu'elle aurait choisi de t'offrir pour maintenir vivant un instant précis, unique au monde, de son passage sur terre. Ce matin, tu te dis que ton attachement à la mer, le bouleversement continu qu'elle provoque en toi, la nécessité de l'entendre, d'avancer vers elle, d'entrer dans ses eaux, surtout par temps incertain, agissent comme ce système de poulies et de cordes imaginé par ton grand-père, pour te permettre de continuer à t'approcher d'elle.

IV

La présence de l'armée se faisait de plus en plus manifeste sur le territoire gaspésien, et si l'information quant au naufrage du Nicoya au large de Cloridorme, le printemps d'avant, et du torpillage du ferry SS Caribou en route pour Pointe-aux- Basques, l'automne d'après, filtrait au compte-gouttes, des rumeurs de toutes sortes allaient grandissant. À la fin de l'été, Georges, le frère de Clément, s'était laissé dire que les Fusiliers du Saint-Laurent avaient paradé à Grande-Vallée lors du centenaire du village. Le curé en haut de la côte – que Clément avait fermement avisé de cesser de les harceler pour le placement de leur fille, en le menaçant de se trouver une autre paroisse où marier Angéline quand le temps de prendre époux et de bénir l'union se présenterait –, lui avait confié que les religieux de Matane à Gaspé avaient été conviés à des réunions avec les notables de plusieurs villes côtières, avant d'ajouter que la Défense nationale avait invité des journalistes à prendre des clichés pour documenter les démonstrations exécutées par les réservistes.

Le curé enchaînait les phrases les unes aux autres, incapable de retenir le reflux des données qu'il avait cumulées dans les jours précédents. Du barrage routier de l’Île Verte aux exercices de tirs vers le fleuve, à l'installation de matériel secret à Rivière-Blanche, au ruisseau à Sam, à Manche-d'Épée, et en plusieurs autres lieux tout le long de la côte jusqu'à Gaspé, il déversait tout ce qu'il avait appris quant à la planification de la défense des eaux du fleuve. Puis il s'était tu, s'était levé de sa chaise pour aller se poster à la fenêtre, dos à Clément, avant d'ajouter pour lui-même :

« Chus pas certain que la prière va suffire. »

Visiblement, il ne restait dans la soutane immobile devant Clément qu'un amas de chair tremblant face à l'imminence de la menace allemande et la terrible frousse de voir la péninsule au grand complet disparaître de la carte.

V

Agité, inquiet, Clément mettait les pieds à la barber shop de ton grand-père pour la deuxième fois, sauf que, là, il n'allait pas quêter de l'information, il venait en livrer.

Trois clients attendaient leur tour, deux autres, calés dans les chaises de barbier, s'abandonnaient aux mains de Louis-Harmel et de Hardy. Clément poussa la porte et alla s'installer sur une des chaises libres derrière l'espace qu'occupait ton grand-père. Sans se retourner, Louis-Harmel salua le nouveau venu d'un signe de la tête en le fixant dans le miroir devant lui. Un jeune de l'âge d'Éluard arpentait la pièce et discourait à propos de tout, de rien, tout en ponctuant ses phrases de gestes amples. Il était visiblement à l'affût du moindre signe lui permettant d'estimer l'effet qu'il produisait sur son auditoire. Préoccupé, Clément n'avait pas tout de suite réalisé l'insistance que le jeune mettait à se mettre en évidence, mais après un court moment, sa présence lui parut insupportable.

Les hommes prirent leur tour, l'endroit se vida peu à peu, le jeune partit à regret avec un bon, ben, j'cré ben que je vas faire un bout, resté sans réponse.

Hardy nettoya son emplacement, rangea ses ciseaux et prit congé.

Ton grand-père se retourna, et bien qu'il commentait rarement à propos des uns et des autres, il ne put s'empêcher de déclarer :

« Y est chanceux que je sois pas son père. Je te le ramasserais par le chignon du cou, pi j'y passerais ma lame sur la langue. Ça sera pas long que cet agrès-là va virer vendeur de commerce. »

Louis-Harmel avait vu juste. Vingt ans plus tard, Charles-Émile sillonnerait la péninsule pour vendre des cossins et, armé d'ampoules électriques brûlées, de rouleaux de papier de toilette dénudés, il en profiterait aussitôt qu'il s'arrêtait dans un motel pour les substituer aux ampoules fonctionnelles et aux rouleaux de papier pleins de l'unité qu'il occupait.

« Installe-toi, t'es dû pour une coupe. »

Clément prit place dans la chaise rembourrée et informa Louis-Harmel de ce qui lui rongeait les sangs. Sans dévoiler ses sources, ton grand-père confirma l'installation de radars et l'orchestration de manœuvres militaires le long de la côte.

VI

Éluard n'avait plus mis les pieds au quai depuis une bonne dizaine de jours. Mais cela ne changeait rien. Ce que son corps et ses oreilles captaient appartenait à quelque chose qu'il ne contrôlait pas. La proximité de la mer, le vent aidant, continuait de lui porter des murmures, plus diffus, certes, mais encombrés de bruits et chargés de sensations. Avant même d'apprendre le sauvetage au large de Cloridorme, il avait senti l'emportement des eaux et, dans un furieux fracas de remous, un mélange de fer, d'appels à l'aide et de barques ballottées par les courants. Au moment où les Gaspésiens apprendraient finalement que le SS Caribou avait été torpillé, il comprendrait que les hurlements qu'il avait perçus, enchâssés dans une sorte d'affolement des marées, correspondaient à la centaine d'enfants, de femmes et d'hommes disparus. Quand finalement son père relata la conversation avec le curé et l'installation de radars, l'étrange impression qu'un géant balayait l'horizon et les grondements cotonneux issus des fonds marins venaient de trouver leur sens.

Il éprouvait parfois la sensation que la folie se tenait au-dessus de son épaule. Qu'elle l'épiait et qu'elle attendait pour le faire chavirer.

La guerre ne fomentait pas uniquement dans les eaux du fleuve.

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