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La traduction nécessaire à l'adhésion des cellules mésenchymateuses

3 La traduction contrôle l'adhésion des cellules ayant subi l'EMT

3.1 La traduction nécessaire à l'adhésion des cellules mésenchymateuses

de cellules MRC-5 en absence et en présence d’inhibiteur de la traduction (figure 3.35-A). Nous pouvons observer qu’en absence d’inhibiteur, ces cellules, qui forment des SICs, s’étalent et ce, dès 14 minutes. Cependant, pour les cellules traitées avec la cycloheximide, l’inhibiteur de traduction, un grand nombre reste bloqué dans la phase initiale de l’adhésion et continue de former des vagues successives de SICs sans procéder à leur étalement. En effet, au bout de la 22e minutes, les cellules n’ont pas commencé leur étalement cellulaire

contrairement aux cellules contrôles qui l’ont quasiment toutes fait. En ce qui concerne les HeLa, des cellules qui ne forment pas de SICs 159, l’adhésion et l’étalement cellulaire ne

semble pas présenter de changement en présence ou en absence d’inhibiteur de la traduction (figure 3.35-B).

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Figure 3.35 : L’inhibition de la traduction affecte la cinétique d’étalement cellulaire des cellules SICs positives.

Microscopie en temps réelle de cellules mises en adhésion sur un pétri FluoroDishTM recouvert de

fibronectine. A) Cellules MRC-5 en absence (panneau du haut) ou présence (panneau du bas) de cycloheximide (50 μg/ml). B) Cellules HeLa en absence (panneau du haut) ou présence (panneau du bas) de cycloheximide (50 μg/ml). Résultats de Bergeman et al., 2016.

Afin de confirmer cette observation, nous avons décidé de comparer et de quantifier la cinétique d’adhésion de deux lignées cellulaires primaire SICs positives (MRC-5 et NHDF) et de deux lignées tumorales SICs négatives (HeLa et Caco-2) en présence ou en absence de cycloheximide.

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Figure 3.36 : L’inhibition de la traduction affecte la cinétique d’adhésion des cellules SICs positives.

L’adhésion des cellules MRC-5, NHDF, HeLa et Caco-2 est évaluée au cours du temps en présence de la cycloheximide. La barre d’erreur représente l’écart type. Valeur du test de Student bilatéral *** ≤ 0,001. Résultats de Bergeman et al., 2016.

Nous avons trouvé que l’inhibition de la traduction diminue la cinétique d’adhésion pour les deux lignées cellulaires SICs positives. En effet, pour les MRC-5 l’adhésion diminue de 25 ± 4% et est significative et cela, dès le temps 60 minutes d’adhésion. À l’issue des deux heures d’adhésion, ces cellules traitées à la cycloheximide présentent toujours un défaut significatif de l’adhésion puisque son efficacité est moindre de 37 ± 2%. Pour les NHDF, nous observons des défauts comparables, bien que ces cellules semblent adhérer plus rapidement que les MRC-5. Dès 30 minutes, l’adhésion est maximale pour les cellules non traitées alors que pour les MRC-5, il faut attendre 90 à 120 minutes. La diminution de la capacité d’adhésion des NHDF avec un traitement à la cycloheximide est de 38 ± 4% à 120 minutes d’adhésion par rapport aux cellules non traitées.

En ce qui concerne les cellules SICs négatives, nous n’observons pas de variation dans la cinétique d’adhésion en présence d’inhibiteur de la traduction puisque les courbes d’adhésion entre les cellules non traitées et les cellules traitées à la cycloheximide se superposent pour chaque type cellulaire (figure 3.36).

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Afin de confirmer que cet effet est bien lié à l’inhibition de la traduction et non spécifiquement à la cycloheximide, nous avons effectué à nouveau ce test sur les cellules MRC-5 et HeLa avec la puromycine, un autre inhibiteur de la traduction (figure 3.37). Ces deux inhibiteurs ciblent des aspects différents du mécanisme traductionnel, mais ont la même finalité, c’est- à-dire une inhibition globale de la traduction.

Figure 3.37 : La puromycine à le même effet que la cycloheximide sur la cinétique d’adhésion des cellules SICs positives.

L’adhésion des cellules MRC-5 et HeLa est évaluée au cours du temps en présence de la puromycine ou de la cycloheximide. La barre d’erreur représente l’écart type. Valeur du test de Student bilatéral *** ≤ 0,001. Résultats de Bergeman et al., 2016.

Les cellules MRC-5 traitées à la puromycine présentent la même cinétique d’adhésion que les cellules traitées à la cycloheximide. À l’issue de deux heures d’adhésion, nous notons une diminution de l’adhésion cellulaire de 50% par rapport aux cellules non traitées (figure 3.37). Pour les cellules HeLa, la cinétique d’adhésion reste inchangée tant pour le traitement à la cycloheximide qu’à la puromycine (figure 3.37).

Ainsi, l’ensemble de ces résultats indiquent que la traduction est nécessaire à l’adhésion et à l’étalement des cellules MRC-5 et NHDF, mais dispensable pour les cellules HeLa et Caco-2. De plus, quel que soit l’inhibiteur de la traduction utilisé (cycloheximide ou puromycine), la cinétique reste inchangée suggérant que cet effet est bien lié à la traduction et non à l’inhibiteur utilisé.

Fait intéressant, les cellules affectées par les inhibiteurs de la traduction sont des cellules à phénotype mésenchymateux (MRC-5 et NHDF), alors que celles qui ne sont pas sensibles sont des cellules à phénotype épithélial (HeLa et Caco-2). En effet, les MRC-5 et les NHDF expriment uniquement des marqueurs mésenchymateux comme la N-cadhérine, la

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vimentine et Slug contrairement aux cellules HeLa et Caco-2 qui elles, expriment uniquement des marqueurs épithéliaux tels que la E-cadhérine et la claudine (figure 3.38).

Figure 3.38 : Niveau d’expression des marqueurs épithéliaux et mésenchymateux.

Immunobuvardage des niveaux d’expression des marqueurs épithéliaux et mésenchymateux des cellules MRC-5, NHDF, HeLa et Caco-2. Résultats de Bergeman et al., 2016.

Cela suggèrent donc que cet effet de l’inhibition de la traduction sur l’adhésion pourrait être un mécanisme commun et spécifique aux cellules à caractère mésenchymateux. Cette idée peut être renforcée par le fait que les SICs ressemblent aux blebs de l’état amiboïde, qui est une adaptation morphologique des cellules mésenchymateuses 102,114. Ainsi, les

changements morphologiques lors de l’adhésion et de l’étalement cellulaire des cellules SICs positives seraient similaire à ceux observés lors de la transition amiboïde- mésenchymateuse. Cela expliquerait donc pourquoi les cellules cancéreuses à phénotype épithélial ne seraient pas affectées par l’inhibition de la traduction lors de leur adhésion.

3.2 L'EMT sensibilise les cellules à la traduction pour leur adhésion