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La stratégie de l’image : le marketing territorial

CHAPITRE 5 : LES STRATÉGIES DES ACTEURS POUR GÉRER LE DÉCLIN

5.4 Les stratégies classiques : la relance économique

5.4.1 La stratégie de l’image : le marketing territorial

L’élaboration de ce projet à partir de 2005, l’annonce de sa réalisation en 2007 et sa construction en 2008, représente un important changement à la fois dans le paysage de la Baie des Ha! Ha! et dans l’imaginaire collectif. Au même moment en 2007, l’usine papetière de Port-Alfred, qui pendant près de 90 ans à consti- tué un élément majeur dans le paysage baieriverain, est démolie. Cette démolition est fortement symbo- lique, il s’agit d’un événement visant à marquer la fin d’une époque. La population a d’ailleurs été invitée à assister à la démolition de l’usine, tout en étant conviée à assister au progrès de la construction du port d’escale via des caméras diffusant en direct sur le site internet de la ville. Le quai d’escale devient alors l’élément structurant le renouveau de la ville. Cette construction emblématique sert également à faire la promotion de Ville de Saguenay à l’échelle provinciale, nationale et même internationale.

Ce changement d’image passe également par le développement des activités culturelles et sportives. Entre le milieu des années 1990 et aujourd’hui, on assiste à la multiplication des festivals en tout genre; des fes- tivals de musique : Le festival Jazz et Blues de Saguenay (1994), Le festival international des Rythmes du monde (2002), Les Grandes Veillées (2006) ; des festivals gastronomiques : Le festival des vins de Sague- nay (2006), Le festival des bières du monde (2008) ; des festivals de photos et de cinéma : Le Zoom photo Festival de Saguenay (2010), Le Festival Regard sur le court métrage au Saguenay (1995) ; des festivals de plein air : Les Hivernades (2003). Ces festivals viennent s’ajouter aux nombreux autres qui existaient auparavant. Sans oublier les grands spectacles comme La Fabuleuse histoire d’un royaume, qui viennent gonfler l’offre d’activités touristiques. L’organisme Diffusion Saguenay, créé en 2010 par le regroupement de toutes les organisations qui œuvraient dans le milieu culturel, ainsi que les administrations des salles de spectacles, vise encore une fois à centraliser les initiatives culturelles, tout en permettant d’attirer des événements et des artistes renommés. Selon Albecker et al. (op.cit., p.293) :

« La reconversion par la culture, associée à la recherche d’une manne touristique, semble là encore une évidence pour les villes industrielles ».

De plus, l’administration municipale veille également à moderniser et à développer les services culturels et sportifs offerts à la population. Certaines salles de spectacles sont modernisées comme par exemple le Théâtre du Palais municipal et l’Auditorium Dufour, tout comme les centres sportifs et les arénas, tels que le Centre Jean-Claude Tremblay, le Centre Georges-Vézina et le Palais des Sports de Jonquière. L’arron- dissement de Jonquière dispose quant à lui d’une toute nouvelle bibliothèque. Tous ces efforts ont permis à la Ville de Saguenay d’obtenir en 2010 le statut de Capitale culturelle du Canada et les Jeux du Québec d’hiver en 2013. Ces éléments aident au rayonnement de Saguenay à l’échelle régionale, provinciale et nationale, et contribuent à changer l’image de la ville.

La recherche de publicité à l’échelle nationale et internationale passe également par l’obtention de prix prestigieux. La Ville de Saguenay a obtenu en 2010 le prix « Best Port Welcome » décerné par le « Dream

World Cruise Destinations Magazine », alors qu’en 2007 et 2009 elle a été lauréate d’or et d’argent aux

Grands Prix du Tourisme québécois dans la catégorie « Services touristiques » (Ville de Saguenay, 2013). En 2008, le guide Michelin a classé le fjord du Saguenay parmi les plus grands attraits incontournables au monde. Ces reconnaissances viennent asseoir la nouvelle image de marque de Saguenay, qui repose désor- mais sur ses caractéristiques géographiques et ses services touristiques et culturels.

La construction de quatre nouveaux bureaux d’informations touristiques au cours des dernières années est venue asseoir ce changement de cap. Ces bâtiments ont été construits à des endroits stratégiques sur le territoire et selon une architecture particulière. En effet, ces bâtiments sont emblématiques et ils marquent le paysage. Celui de l’arrondissement de La Baie se situe tout près du nouveau quai d’escale. Ceux de Jonquière et de Chicoutimi sont situés en plein centre-ville. Alors que le plus symbolique, l’Office du tou- risme et des congrès de Saguenay, se trouve à l’entrée principale de la ville, soit à la sortie de la route 175, le principal accès routier de la région. Ce dernier possède un double mandat, puisqu’il est aussi chargé de développer le marché des congrès. Au niveau touristique, la route du fjord a été créée encore une fois dans le but de mettre en valeur les caractéristiques géographiques, mais aussi pour développer l’offre touristique. Pour changer son image de marque, la nouvelle Ville de Saguenay a également développé de nouveaux slogans au cours des années 2000. Le premier slogan de la ville était : Saguenay, ville de grands spectacles. Ce dernier a été remplacé par : Saguenay : Une ville, un fjord. Ces deux slogans illustrent bien la volonté des acteurs locaux de repositionner l’image de la ville en misant sur la culture et le tourisme.

Lors des entretiens, plusieurs acteurs ont mis l’accent sur les nombreux projets d’infrastructures réalisés ou en cours de réalisation. « La ville phénix renaît de ses cendres grâce aux investissements massifs des pou-

voirs publics » (Albecker et al., op.cit., p.294). Ainsi, la construction de la route à quatre voies divisées dans

le Parc des Laurentides a permis, selon plusieurs, de favoriser les liens et les échanges économiques entre la RMR de Saguenay et la ville de Québec. Certains y voient la possibilité pour Saguenay de devenir une plaque tournante, un nœud de transport à l’échelle de l’est du Québec. L’une des avenues de développement préconisées par les acteurs locaux semble de miser sur le développement du Nord québécois pour en faire l’hinterland naturel de la RMR.