Ces cas correspondent très bienà
l'idée
quenous nousfaisons
de la lésion anatomo-pathologique dans ce
dernier
cas,puisque
la sclérose du cordonlatéral amène l'abolition du réflexe abdo¬
minal et l'exaltation des réflexes tendineux.
Peut-être y aurait là matières à
recherches, cliniques ulté¬
rieures.
2° Sclérose enplaques. — La
statistique ici semble plus nette
et plus d'accord avec les lésions
de la moelle.
La sclérose en plaques attaquant la
moelle
parîlots diffus,
les lésions, dans la moelle dorsale, doivent intéresser très pro¬
bablement le trajet du réflexe abdominal.
En effet, sur 25 cas, nous trouvons ce réflexe :
Vif 4fois
Normal. ... 3 fois.
Aboli 18 fois.
Et encore surles quatrefois où le réflexefuttrouvé vif, ilyavait
un cas de sclérose fruste et par conséquent, diagnostic douteux.
Ce serait donc là un symptôme à ajouter à l'exagération des
réflexes tendineux.
3° Myélites. — Dans les myélites, il est évident à priori que le réflexe abdominalprend au point de vue du diagnostic une
importance très grande pour déterminer le niveau de la lésion
dans la moelle.
Ici la statistique va nous servir d'exemple seulement, car les
résultats ne peuvent se comparer au point de vue du réflexe
abdominal.il est évident, par exemple, que dans deux cas de myélite transverse le réflexe peut existerune fois et manquer l'autre, tout dépend de la hauteur à laquelle existe la lésion.
Ainsi sur 3 cas de myélite transverse que nous avons sous les yeux : 1 fois le réflexe abdominal est aboli ainsi que le
réflexe testiculaire.
Dans les deux autres,le réflexe abdominal est conservé, mais
le réflexe crémastérien manque. C'est que dans le premier cas la lésion remontait jusqu'au lieu d'émergence de la 8me paire dorsale, tandis que dans les deux autres, elle commençait dans
la région lombaire. En ces cas, grâce à toutela chaîne des ré¬
flexes, on peut parvenir à déterminer et le lieu et l'étendue de
la lésion. Les auteurs que nous avonscités dans le chapitrepre¬
mier, Gowersenparticulier, avaient parfaitement compris celaet
avaientsouvent vérifié àl'autopsie leur diagnostic.
Le cas est le même pour les myélites par compression quel¬
conque, mal de Pott, etc., aussi nous abstiendrons-nous de publier ici notre statistique, qui, au point de vue du réflexe
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abdominal, pourrait nous indiquer seulement
le nombre de fois
où la moelle épinière fut atteinte àce
niveau,
cequi n'est point
le but cherché. Pour vérifier d'ailleurs l'aide apportée au dia¬
gnostic par le réflexe
abdominal
en ces cas,il
nousfaudrait
l'appui de l'autopsie qui nous manque.
Les chosesne changentpas de face pour les myélites syphi¬
litiques dontles lésions sont souvent
localisées
etparticulière¬
ment à la région lombaire, disent les auteurs.
Sur
5 cas quenous avons sous les yeux, 4 fois le réflexe abdominal est aboli, ce qui tendrait à faire croire que nous avons
affaire là
àune myélite syphilitique diffuse, ce qui est
confirmé
parl'exa¬
men des autresréflexes quisonttouchés aussi, ou que,du moins,
la lésion remontejusqu'à la huitième dorsale.
Inutile donc d'insister davantage sur la valeur du réflexe
abdominal dans ces cas de myélites.
1° Hystérie. — L'hystérie semble ne pas avoir
d'action
surle
réflexe abdominal, ou plutôt ne pas donner de résultats
bien
certains. Surcinq cas que nous avons puréunir, nous trouvons
ce réflexe :
Dans le cinquièmecas, il est très fort d'un côté et manque de l'autre; dans ce cas, d'ailleurs, l'hystérie estassociée à la tuber¬
culose. Dans ce cas, la sensibilité semble diminuée du côté où
manque le réflexe, ce qui est encore en
contradiction
avecl'opi¬
nion de Rosenbach que nous avons rapportée plus haut. D'ail¬
leurs, dans un des quatre autres cas, le malade possédait une
plaque d'anesthésie au-dessus de l'aine et à droite, plaque au niveau de laquelle le réflexe était également absent.
Par contre, dans un autre cas, la malade dénotant une forte hypéresthésie d'un côté du corps, le réflexe de ce côté
n'avait
point une intensitéparticulière.
— 45 —
Chez une quatrième, enfin, ayant une hémianesthésie droite,
le réflexe abdominal était normal de ce côté ainsi que le préco¬
nise Rosenbach.
Ces quelques cas-fontque nous nous rangeons à l'opinion de
M. leprofesseur Pitres, quiconsidèrequelaprésence du réflexe
abdominal ne suffit pas pour différencier une hémiplégie fonc¬
tionnelle d'une hémiplégie organique, sous prétexte que le
réflexe abdominal manque toujours du côté hémiplégié, s'il s'agit d'une hémiplégie organique, fait qui souffre des excep¬
tions, nousl'avons vu, tandis qu'il existe toujours dans le cas
d'hystérie, même s'il y a hémianesthésie de ce côté, fait égale¬
ment contestable.
2°Neurasthénie. — Dans laneurasthénie, sur 15 cas, voicice
que noustrouvons :
Réflexe abdominal très vif 9 fois.
— normal 1 fois.
— faible 2 fois.
— aboli 3 fois.
4-«
Les autres réflexes cutanés que nous avons consultés, ne con¬
cordant nullement avec ces variations, il nous est difficile de
croire que cette propension du réflexeabdominal vers les situa¬
tions extrêmes, soit due à des phénomènes d'excitation ou de 4 dépression des centresnerveux.
3° Paralysie agitante. — Dans 6 cas de paralysie agitante :
-4 fois nous avons trouvé le réflexe abdominal aboli.
1 fois — — — conservé.
1 fois — — — vif.
Làencore il n'y a pas concordance parfaite avec les autres
^
réflexes cutanés. Et
nous ne pouvonsargumenter
ces cas.4° Les névralgies semblent sans influence prépondérante
sur les réflexes. Ainsi, sur 7 cas, nous avons les résultats sui¬
vants :
Réflexe abdominal vif 1 fois.
— normal . . . . . . 3
— faible .... . . . 1
—. nul 2
5° Même incertitude enfin pourles névrites, où sur 5 cas nous trouvons le réflexe abdominal :
Très vif . 3 fois.
Normal 2 fois.
Le réflexe rotulien dans les mêmes cas était :
Aboli . . . . 3 fois.
Exagéré 1 fois.
Telles sont les observations cliniquesque nous avons pufaire
sur le réflexe abdominal dans quelques maladies du système
nerveux.
CONCLUSIONS
En présence de ces faits, voici quelles sont les
conclusions
que nous avons cru pouvoir tirer :
1° Le réflexe abdominal existe à peu près constamment chez
l'homme sain ;
2° Dans les maladies autres que celles du système nerveux,
le réflexe abdominal n'a pas une bien grande valeur comme symptôme. Peut-être y a-t-il quelque relation entre la diminu¬
tion du réflexeencertains cas, et certaines intoxicationsouinfec¬
tions ;
3° Dans les hémiplégies organiques, le réflexe abdominal
manque souvent, mais non d'une façon certaine du côté hémi-plégié ;
4° Dans la sclérose en plaques, le réflexe est ordinairement
aboli ;
5° Dans les myélites le réflexe abdominala unegrande impor¬
tance pour aider à déterminer le siège etl'étendue de la lésion;
6°Dans letabès, l'hystérie, le réflexe abdominal, sansavoir la
valeur que lui accorde Rosenbach, a cependant une certaine
valeur au point de vue diagnostique;
7° Dans les autresmaladies nerveuses passées en revue dans
cet essai, les éléments manquent pour motiver unjugement.
Vu bon a imprimer : Vu.: Le Doyen,
Le Président de lathèse, A. PITRES.
DrA. PITRES.
Vu et permis d'imprimer:
Bordeaux, le 7 janvier 1897, Le Recteur,
A. GOUAT.