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Conflict of interest

E. La pertinence des stimuli : personnalisé et en vidéos

ciblés (Kleim & Jones, 2008). La pertinence des stimuli implique la motivation et l’attention portée par la personne à la thérapie. L’approche personnalisée contribue potentiellement aux effets d’efficacité et de généralisation de POEM. Ainsi, les verbes ciblés avec POEM ont été sélectionnés en fonction de la performance de dénomination de chaque participant avant la thérapie. On considère que la personnalisation des éléments de traitement augmente la motivation, et donc l'attention, et contribue à l'efficacité du traitement (Marcotte et al., 2012).

De plus, le traitement de vidéos par rapport à des images, non seulement, rend dynamique l’action à traiter, mais renforce aussi le caractère intégré d’une scène ou d’un événement (d'Honincthun & Pillon, 2008). Autrement dit, l’utilisation de vidéos comme matériel dans POEM (au lieu d’images) devrait aussi expliquer en partie l’amélioration observée chez les personnes avec aphasie. Les résultats de l’étude 3 sont d’ailleurs en faveur du recrutement d’aires en lien avec le traitement de l’évènement avec l’amélioration de l’intégration entre le gyrus parahippocampal (encodage et reconnaissance des scènes) et le lobe pariétal supérieur (intégration des informations de différentes modalités visuelles) (Rocca et al., 2017).

Le caractère intrinsèquement situé d’une vidéo par rapport à une image (contexte dynamique) rejoint la théorie incarnée et située de la cognition (Lawrence W Barsalou, 2015). L’ancrage des connaissances dans les expériences sensori-motrices fait que regarder une vidéo doit activer davantage de composants sensorimoteurs conduisant à une meilleure simulation de ces propriétés et ainsi faciliter la dénomination (L. Barsalou, 2003). L’importance de ce caractère situé a été notamment avérée appliquée en aphasiologie. L’étude de Gili et al. (2017) démontre d’ailleurs la pertinence de l’utilisation de vidéos d’actions dans un contexte écologique versus de vidéos montrant l’action mimée par des gestes. Le rôle du contexte peut aussi être interprété en termes de saillance et de pertinence (McKelvey, Hux, Dietz, & Beukelman, 2010). Cette étude a comparé les performances de personnes avec aphasie à une tâche d’associations d’images à des mots, en utilisant des photos d’objets personnellement pertinents et contextualisés versus des photos d’objets non pertinents et contextualisés versus des images iconiques non contextualisées. Les résultats montrent des performances plus élevées lorsque les stimuli utilisés sont

POEM, une attention particulière a ainsi été apportée au caractère écologique et prototypique des actions. Ce choix est d’ailleurs en accord avec la motivation et l’aspect de pertinence des PNDE. Un tel phénomène laisse également imaginer que d’autres fonctions cognitives pourraient être impliquées.

Ainsi, le traitement d’image représentant une action pourrait solliciter davantage les ressources attentionnelles et exécutives des personnes avec aphasie afin de reconstruire l’action à partir d’une situation figée (d'Honincthun & Pillon, 2008). Une telle hypothèse laisse penser que le recours à des vidéos allégerait la demande exécutive de la tâche et ainsi faciliterait la dénomination. En effet, le traitement du langage est reconnu être en lien avec les fonctions cognitives (Cahana-Amitay & Albert, 2014) et plus spécifiquement avec les fonctions exécutives pour le traitement des verbes (Vigliocco et al., 2011). C’est pourquoi l’étude de la contribution des fonctions exécutives et de la recherche des prédicteurs de l’amélioration est en cours à travers des analyses mixtes (voir aussi (Dash, Durand, Masson-Trottier, & Ansaldo). Cette recherche de prédicteurs pourrait également nous renseigner sur pourquoi deux des huit participants ne présentent pas de généralisation. La méta-analyse par de Aguiar et al. (2016) sur les prédicteurs de l’amélioration suite à une thérapie ciblant l’anomie des verbes a montré que la généralisation dépendait de la présence d’un trouble grammatical ou sémantique. Cependant, peu d’études ont mené à la généralisation, ce qui diminue le caractère généralisable de ces prédicteurs. Une étude est en cours reprenant une méthode d’analyses de prédicteurs similaire à celle utilisée par de Aguiar et al. (2016). Cette étude prend en compte les scores des participants aux évaluations langagières et cognitives, de même que les données démographiques et cliniques.

F. Limites des études présentées

I. Échantillons restreints

Ce travail doctoral rencontre différentes limites qu’il est important de mentionner et de discuter. En premier lieu, la taille restreinte des échantillons inclus pour les études comportementales et neurofonctionnelles (respectivement, de 10, 2 et 4 individus). Ce nombre limité empêche toute généralisation excessive des conclusions à l’ensemble des personnes avec aphasie. Cette limite s’explique en grande partie par les défis rencontrés

En ce qui concerne l’étude 2 avec acquisition en IRMf événementielle, il est à noter qu’outre la difficulté de recrutement déjà explicitée dans le chapitre II partie 3, sur les quatre participants avec aphasie que nous avons scannés, seulement deux de ces acquisitions se sont avérées exploitables. En effet, pour les deux autres participants, le nombre de réponses correctes était trop faible, malgré le soin que nous avions apporté à réaliser une tâche d’habituation pour diminuer le stress induit par l’examen en IRM et l’optimisation des intervalles inter-stimuli. Toutefois, les premières données issues de deux études de cas sont encourageantes et ont permis d’identifier certaines aires participant à la dénomination en post-thérapie. De plus, les données s’avèrent en accord avec la littérature existante ce qui renforce notre confiance dans leur validité.

Concernant l’étude comportementale, il serait attendu qu’un échantillon de dix personnes avec aphasie soit faible. Pourtant, cette taille est en fait le N le plus élevé pour ce type d’intervention, ce qui constitue de fait une des forces de l’étude. Il est également à noter que l’échantillon est limité en raison de l’homogénéité recherchée (voir Robey (2004)). La population incluse était ciblée afin de ne pas présenter notamment une préservation des habiletés sémantiques, être représentative de différents niveaux de sévérité, ne présenter qu’un seul AVC dans l’hémisphère gauche. Cette spécificité nous permet d’augmenter la validité interne de notre projet et d’éviter des biais d’interprétation. En accord avec les phases suivantes décrites par Robey (2004), les prochaines études pourront se centrer sur des populations cliniques plus élargies et in fine inclure des personnes tout venant. D’ailleurs, les prochaines phases devraient permettre un recrutement facilité par le fait que les études neurofonctionnelles ne seront plus centrales dans la démonstration de l’efficacité de POEM. Ainsi, les critères d’inclusions pour être IRM compatible ainsi que le stress induit par la passation de cet examen ne seront plus présents.

II. Mesures en neuroimagerie

Les données neurofonctionnelles présentées dans le cadre de ce travail sont encourageantes. Toutefois, et tel que mentionné auparavant, le nombre de personnes incluses dans ces études est très limité. Ainsi, des échantillons expérimentaux plus importants seront nécessaires pour augmenter la validité externe des résultats. Ceci dit, les deux personnes incluses dans l’étude 2 et les quatre de l’étude 3 concernent des cas