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La nanoantenne sphérique dans l’approximation quasi-statique (AQS)

1.4 La nanoantenne

1.4.3 La nanoantenne sphérique dans l’approximation quasi-statique (AQS)

Nous allons maintenant expliquer les différents phénomènes mis en jeu dans la diffusion des particules métalliques en introduisant l’approximation quasi-statique

(AQS) ou approximation dipolaire.

Cette approximation considère que la sphère est placée dans un champ électromagnétique qui n’a pas de dépendance spatiale. Elle est valable quand le diamètre de la sphère est très petit devant la longueur d’onde d’excitation (2R<<Ȝ). Le champ électrique est donc constant et uniforme à l’intérieur de la sphère.

Nous avons vu précédemment que sous une excitation par un champ incident ܧ

(constant ici) était créé un champ local ܧ auquel était associé un champ de réponse ܧ tels que:

ൌ ࡱെ ࡱ (59)

Des équations (20) et (23), on déduit les expressions de ࡱ et ࡱ :

et ࡱ࣑ࢿ (60) Avec ߙ ൌ ߙȀܸ, la polarisabilité par unité de volume et ܸ le volume de la sphère.

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Dans le cas de la sphère, le champ de dépolarisation ܧ s’exprime de la façon suivante : ࡱ ൌ െ͵ߝ ߝ (61) devient alors : ࡱߙ ߝ ߯ߝ͵ߝߝ (62) On en déduit l’expression de ߯ : ߯ ൌ͵ߝ͵ߝߙ െ ߙ ൌ ߝ௥௖െ ߝ (63)

et la polarisabilité ߙ s’écrit alors

La polarisation électrique par unité de volume s’écrit donc :

ܧétant uniforme sur l’ensemble de la sphère, la polarisation électrique est elle aussi uniforme. Par intégration sur le volume ܸ ൌସగ ܴ de la sphère, cette

polarisation est donc équivalente à :

ࡼ ൌ න ࢖

ܸ݀ ൌ ͵ߝߝߝߝ௥௖െ ߝ

௥௖൅ ʹߝ൰ න ࡱ ܸ݀ ൌ ͵ߝߝߝߝ௥௖௥௖൅ ʹߝെ ߝ൰ ܸࡱ (66)

On trouve la polarisabilité ߙ de la sphère dans le cadre de l’AQS :

ߙ ൌ ͵ߝߝߝߝ௥௖െ ߝ ௥௖൅ ʹߝ൰ ܸ ൌ Ͷߨߝߝܴߝߝ௥௖௥௖൅ ʹߝെ ߝ (67) ߙ ൌ ͵ߝߝߝ௥௖െ ߝ ௥௖൅ ʹߝ (64) ࢖ ൌ ߙߝ ൌ ͵ߝߝߝߝ௥௖െ ߝ ௥௖൅ ʹߝ൰ ࡱ (65)

31 On voit que ߙ dépend des propriétés optiques de la sphèreߝ௥௖ሺ߱ሻ, de son environnement ߝ mais également de la taille et de la forme de la particule car nous considérons un volume d’intégration.

Figure 1.6Rendements Q d’extinction (courbe noire), de diffusion (courbe rouge) et d’absorption (courbe verte) en fonction de la longueur d’onde pour des sphères d’or et d’argent (diamètres de 20, 50, 100 et 150 nm).

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La puissance diffusée ܲௗ௜௙௙ par la sphère peut s’exprimer en fonction de ܲ puis de sous la forme :

ܲௗ௜௙௙݊߱ȁࡼȁ

ͳʹߨߝܿ݊߱ȁߙȁ

ͳʹߨߝܿ ȁࡱȁ (68)

Sachant que la densité de puissance incidente est donnée par

2

2 0 1 i i

E

c

S ε ε

=

, on

peut alors exprimer la section efficace de diffusion ߪௗ௜௙௙ de la sphère dans le cadre de l’AQS :

ߪௗ௜௙௙ܲௗ௜௙௙ܵ

ൌ ሺ݇

͸ߨ ȁߙȁ

ሺߝߝ (69)

ߪ௔௕௦ est obtenue à partir de la puissance absorbée ܲ௔௕௦:

ܲ௔௕௦ ൌ න ͳʹ ߱

ߝܫ݉ሺߝ௥௖ሻȁࡱȁܸ݀ (70)

on obtient la section efficace d’absorption de la sphère dans le cadre de l’AQS :

ߪ௔௕௦ܲܵ௘௫௧

ൌ ݇ܫ݉ሺߙሻߝ

ߝ (71)

On déduit enfin les rendements de diffusion, d’absorption et d’extinction :

ܳௗ௜௙௙ߪߨܴௗ௜௙௙ 2ͺ͵ ሺܴ݇ሻߝߝ௥௖ െ ߝ ௥௖ ൅ ʹߝ اܳ௔௕௦ ܳ௔௕௦ߪߨܴ௔௕௦2 ൌ Ͷܴ݇Ǥ ܫ݉ ൬ߝߝ௥௖ െ ߝ ௥௖൅ ʹߝ ܳ௘௫௧ ൎܳ௔௕௦ (72) (73) (74) Dans cette approximation, les sections efficaces d’absorption et d’extinction sont égales (comme on peut le voir également sur la figure 1.6 pour les sphères de 20 nm de diamètre). La condition de conservation d’énergie ߪ௘௫௧ ്ߪௗ௜௙௙൅ ߪ௔௕௦n’est donc plus remplie. Il s’agit ici de rappeler que ces résultats sont issus d’une approximation et ne sont donc valables que sous certaines conditions (petites sphères). Dans la

33 limite des petites nanoparticules (ܴ݇ ا ͳሻ, la condition de conservation d’énergie est retrouvée car ܳௗ௜௙௙est proche de zéro.

Néanmoins, ces expressions font ressortir deux caractéristiques importantes propres à la diffusion de la lumière par des nanoparticules :

- la section efficace de diffusion est proportionnelle à ߱ ou à (1/Ȝ4)alors que les sections efficaces d’absorption et d’extinction sont proportionnelles à ߱ ou (1/Ȝ) ;

- comme ߙ est proportionnelle au volume V de la particule, la section efficace de diffusion est alors proportionnelle à V2 tandis que les sections efficaces d’absorption et d’extinction sont proportionnelles à ܸ dans le cas oùܳ௘௫௧ ൎ ܳ௔௕௦. Cette dernière remarque n’est valable que dans le cas de cette approximation.

D’après l’équation (67), la résonance des PSL s’obtient lorsque la polarisabilité ߙ

est maximale et la condition de résonance devient:

ߙ௠௔௫֞ߝ௥௖൅ ʹߝ ൌ Ͳ ֜ ܴ݁ሺߝ௥௖ሻ ൌ െʹߝ (75) Pour des sphères d’or et d’argent dans l’air (ߝ ൌ ͳ), la figure 1.7 montre que cette condition est obtenue respectivement pour des longueurs d’onde d’excitation de 484 nm et 354 nm. La particularité de cette condition de résonance est qu’elle est constante (െʹߝ) et ne dépend donc ni de la taille, ni de la forme de la nanoparticule. La position de RPSL sera donc fixe pour un matériau donné.

Figure 1.7 - Evolution de la partie réelle de ߝ௥௖ en fonction de la longueur d’onde pour l’or (ligne continue) et l’argent (pointillés)(Source [8]).

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On s’aperçoit également sur la figure 1.7 que le choix du métal est également très important dans la mesure où la partie réelle et imaginaire de la constante diélectrique change d’un métal à un autre. De nombreux types de nanoparticules métalliques (comme Pd, Pt, Al, Au ou Ag) peuvent contenir des plasmons. Cependant, l’or et l’argent sont les plus choisis puisque ils peuvent fournir des RPSL très intenses dans le domaine du visible [16]. La partie imaginaire de ߝ௥௘௙௙ pour l’argent étant plus faible (induisant donc moins de pertes), ce métal fournit donc un champ proche électrique plus fort et un spectre d’extinction plus fin qu’une nanoparticule d’or équivalente. L’argent est donc naturellement plus sensible au milieu environnant [16]. Cependant, ce dernier est moins utilisé pour des applications biologiques que l’or car l’or est considéré comme un matériau biocompatible et tend à être plus stable que l’argent [17].

Intéressons nous maintenant aux effets de cette résonance sur le champ à proximité de la nanoparticule et nous considérerons ici en particulier les effets de l’exaltation du champ local. Le champ ܧ créé à l’extérieur de la sphère peut être écrit de la manière suivante :

ൌ ࡱ൅ ࡱ (76)

L’équation (61) donne ܧ et en prenant l’expression de la polarisation ܲ

(équation 65) par unité de volume, ܧ s’écrit alors :

ൌ ࡱെ ൬ߝߝ௥௖െ ߝ

௥௖൅ ʹߝ൰ ࡱ֜ ࡱ ൌ ൬ߝ௥௖͵ߝ൅ ʹߝ ൰ ࡱ (77)

Le facteur d’exaltation du champ électrique local ܯ௟௢௖ est défini par :

ܯ௟௢௖ ൌ ቤԡࡱԡ ԡࡱԡቤ

(78)

Si on prend maintenant la condition de résonance pour la sphère Reሺߝ௥௖ሻ ൌ െʹߝ

, le facteur d’exaltation du champ électrique local devient alors:

ܯ௟௢௖ൌ ฬܫ݉ሺߝ͵ߝ

௥௖ሻฬ

35 On s’aperçoit donc que localement à proximité de la surface de la nanoparticule, le champ peut être fortement exalté grâce à l’excitation des PSL si ܫ݉ሺߝ௥௖ሻ ൏ ͵ߝ. Encore une fois, on remarque que cette grandeur est indépendante de la taille de la sphère.

Les résultats des calculs dans le cadre de l’AQS diffèrent par rapport à ceux issus de la théorie de Mie pour des sphères dont le rayon R >Ȝ/20. Dans le domaine du visible, cela correspond à des particules dont le diamètre n’excède pas 40 nm pour l’or et 20 nm pour l’argent. Cependant, cette approximation est tout de même très utilisée pour des objets plus grands car elle est simple à appliquer. Dans ce cas, les résultats sont à prendre avec précaution car cette approximation ne prend évidemment pas en compte tous les phénomènes en jeu.

1.4.4 La nanoantenne sphérique dans l’AQS corrigée au premier ordre