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3. LES CAS D’ETUDE

3.1. La méthode Symphony étendue

Cette section présente une vision générale de la méthode Symphony étendue, utilisée pour la conception des systèmes interactifs (voir la figure 58). Cette méthode est une extension de la démarche de conception Symphony (voir annexe A) [Hassine et al., 2002]. Symphony étendue intègre les pratiques de conception de l’Interaction Homme-Machine (IHM) et un processus de développement du génie logiciel. Symphony est une démarche inspirée des pratiques de l’Unified Process : la démarche est itérative, incrémentale, orientée composants métier et pilotée par les cas

d’utilisation. Elle a été initialement proposée par la société UMANIS. Cependant, Symphony a été étendue récemment pour intégrer la conception de Systèmes Interactifs [Juras et al., 2006].

FIGURE 58. « SYMPHONY » UNE METHODE DE CONCEPTION DES SYSTEMES INTERACTIFS [JURAS ET AL., 2006]

Cette nouvelle méthode prend en compte les aspects fonctionnels (méthodes de GL pour le développement du noyau fonctionnel) et l’étude de l’interaction de l’utilisateur. La conception des fonctionnalités est effectuée par les « Spécialistes GL » et les « Spécialistes Métier » qui utilisent des modèles UML.

Concernant les aspects méthodologiques en IHM, Symphony étendue utilise une approche basée sur la modélisation des tâches et des diagrammes spécifiques à la description des dispositifs d’interaction. Les concepteurs sont les « Spécialistes IHM » et les « Ergonomes logiciels ».

La méthode Symphony étendue est constituée de plusieurs phases : spécification conceptuelle des besoins, spécification organisationnelle et interactionnelle des besoins, analyse, architecture applicative, etc. Les phases sont structurées en activités. Ces activités concourent à la production d’un ensemble d’entités appelées ProduitSymphony ou « artefact » qui décrivent les différentes facettes du système final en fonction de celles fournies en entrée. Un Produit Symphony est d’un type donné, il peut s’agir d’un document texte, d’un diagramme UML, d’un exécutable, etc. Une activité

Symphony est réalisée par un ou plusieurs ActeursSymphony, chacun pouvant être le responsable de la réalisation d’un certain nombre de produits du système.

Nous nous concentrons sur la phase de “Spécification Organisationnelle et Interactionnelle des Besoins” de la méthode Symphony étendue pour les systèmes mixtes proposée par Juras [Juras et al., 2006] (représentée par la figure 59). Cette phase a pour objectif d’analyser un processus métier à un niveau organisationnel (le « qui fait quoi et quand » du futur système), et d’envisager une interaction homme-machine satisfaisante pour réaliser les activités des différents acteurs. Elle débute par une activité de coordination entre le spécialiste métier et le spécialiste GL qui a pour but de décomposer le processus métier étudié en sous-processus (« Décomposition organisationnelle »). La collaboration entre le Spécialiste GL et le Spécialiste métier pour réaliser une décomposition organisationnelle des Processus Métier (PM) et Processus Métier Composant (PMC) donne lieu à un diagramme d’activités décrivant l’organisation, les flux d’information et de responsabilité entre acteurs. Il va aussi permettre de distinguer les Processus Métier manuels des Processus Métier Informatisés. Le diagramme d’activités pour le PMC permet d’extraire les Processus Métier Informatisés et de les organiser en tant que cas d’utilisation initiaux dans une première version de la cartographie des cas d’utilisation. Cette activité va aussi permettre au Spécialiste métier et au Spécialiste GL de mettre en évidence des cas d’utilisation complémentaires qui n’avaient pas encore été identifiés par le découpage organisationnel.

La collaboration [Blanco et al., 2007] prend en compte la cohérence et la synchronisation des activités entre les différentes spécialités intervenant dans un processus de conception. La figure 59 montre un exemple de la collaboration entre concepteurs. Le formalisme utilisé dans cette figure est une adaptation des diagrammes d’activités d’UML. Les collaborations sont des conteneurs stéréotypés englobant les activités et les spécialistes concernés, l’existence du planning associé, l’affectation d’acteurs à ces activités avec un objectif propre fixé par acteur ou activité.

Une coordination (« COORD ») suppose une décomposition de travail en activités de buts similaires. Il s’agit d’une synchronisation sur des modèles distincts. Mintzberg [Mintzberg, 1982] définit la coordination comme un ajustement itératif de résultats exhaustifs. Par résultats exhaustifs, l’auteur laisse suggérer que des acteurs effectuent leurs activités de manière individuelle et que les résultats obtenus sont améliorés par des « va et vient » entre les activités. Cette définition montre un aspect organisationnel de la coordination. En effet, la coordination est vue comme un processus prescriptif qui définit les interdépendances des activités des concepteurs. Se coordonner consiste à décomposer et répartir les activités entre les acteurs de la conception, mais aussi à les recomposer par le biais de liens de dépendances et ce, afin de permettre une organisation et une gestion du processus. La figure 59 montre, par exemple, l’activité de coordination : Décomposition organisationnelle.

Une coopération (« COOP ») suppose une action commune des différents acteurs partageant un objectif commun et coordonnant leurs actions de manière autonome, sans processus prédéfini. La coopération est centrée sur les modèles. Il s’agit de réaliser un modèle commun à plusieurs acteurs du développement. Dans la figure 59, une activité de coopération est, par exemple, la Consolidation des Cas d’utilisation. Dans ces activités, chaque spécialiste apporte ses modèles et la coopération permet de produire des modèles communs.

FIGURE 59. ACTIVITES DE SPECIFICATION ORGANISATIONNNELLE ET INTERACTIONNELLE DES BESOINS DE LA METHODE SYMPHONY ETENDUE [JURAS ET AL., 2006]

L’activité suivante correspond aux spécifications externes de l’interaction (voir la figure 60). Dans un premier temps, le Spécialiste IHM réalise une projection de la tâche de l’utilisateur, se basant sur les préconisations ergonomiques de l’interaction, c'est-à-dire envisager la future interaction à mettre en place. Pour cela, dans le cadre particulier de la conception d’un Système Mixte, il débute par la rédaction d’un scénario appelé « projeté abstrait », qui décrit le déroulement d’une situation sans décrire l’interaction à travers les objets physiques et numériques manipulés par l’utilisateur. Un scénario projeté abstrait s’appuie sur les tâches utilisateur afin de décrire le niveau intentionnel du futur système, c’est-à-dire, indépendamment des technologies.

La projection abstraite est suivie d’une projection concrète qui permet d’identifier les modes (sens) utilisés par l’utilisateur lors de l’interaction et de proposer des types de dispositifs génériques permettant de réaliser cette interaction mixte.

Puis les scénarios de projection concrète sont enrichis par une formalisation sous forme d’un arbre de tâches représentant la décomposition fonctionnelle des activités de l’utilisateur et du système.

FIGURE 60. ACTIVITE DE SPECIFICATION EXTERNE DE L’INTERACTION DE LA METHODE SYMPHONY ETENDUE [JURAS ET AL., 2006]

Pour terminer cette spécification interactionnelle, chaque tâche interactive de l’arbre de tâches va donner lieu à un diagramme d’interaction mixte qui synthétise l’assemblage des dispositifs génériques choisis pour réaliser la tâche.

La phase se termine par une activité de coopération entre spécialiste GL et IHM qui consiste à faire le lien entre la spécification métier et la spécification interactionnelle.