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Clarté textuelle

5. Didactique de l’écriture

5.7 La linguistique textuelle

Le premier point est réservé à l’approche de champ désigné par la notion de linguistique

textuelle. Nous tenterons de montrer comment la didactique des textes a largement exploré ce

domaine afin d’en dégager des outils conceptuels et opératoires susceptibles de donner aux mises en œuvre et aux démarches didactiques de la matière enseignable quant à l’objet texte. Cette tendance a émergé et s’est épanouie dans les années quatre vingt. Les initiateurs français en sont surtout Bernard Combettes, Michel Charolles, Michel Fayol et Jean Michel Adam dont les travaux sur l’objet linguistique texte ont nourri la didactique des textes en général et la didactique de l’écriture en particulier.

Il ne saurait y avoir de linguistique textuelle sans lui envisager une codification du texte en termes de normes, de types, de typologies et de fonctions. Il s’agit de conceptualiser une grammaire ‘ fonctionnelle’’ du texte afin de mettre au clair une logique innovante pour une meilleure compréhension des textes dont la plupart des types se distingue par l’éclatement formel. Notre deuxième point arbore la psychologie cognitive et le cognitivisme (ou constructivisme).

Quant au troisième point, il est réservé aux protocoles et processus scripturaux tels que décrits par les différents modèles des activités rédactionnelles.

5.7 La linguistique textuelle

Dans la théorie linguistique, on parle de niveaux. Le niveau phonologique, le niveau morpho-syntaxique, le niveau lexico-sémantique. Il est rare qu’ait évoqué le niveau textuel.

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Les frontières ne sont pas dès lors étanches, ou nettement marquées, entre niveau discursif, niveau énonciatif et niveau textuel. Dans le premier cas, il est question de l’unité de discours, pour le second, l’unité dite énoncé et dans le troisième aspect, l’unité est le texte. Discours, énoncé et texte peuvent se confondre du moment qu’ils transcendent le même objet, en l’occurrence la langue. On peut parler de manifestations formelles qui structurent le langage du point de vue du fonctionnement (il est alors question d’ordre et de syntaxe) et du processus (le langage passe d’un état à un autre pour les besoins de l’expression et de la communication).

Dans Du texte à l’action, par exemple, P.Ricoeur (1986 :138) porte l’interrogation à son fondement phénoménologique. Ainsi, dans le point intitulé Qu’est-ce qu’un texte ? , il propose une définition que voici :

‘’ Appelons texte tout discours fixé par l’écriture. Selon cette définition, la fixation par

l’écriture est constitutive du texte lui-même. Mais qu’est-ce qui est ainsi fixé par l’écriture ? Nous avons dit : tout discours. Est-ce à dire que le discours a dû d’abord être prononcé physiquement ou mentalement ? Que toute écriture a d’abord été, au moins à titre potentiel, une parole ?’’.

Notre observation de la linguistique textuelle ne sera pas exhaustive sur le plan théorique. Ce qui nous intéresse au prime abord est l’enseignement-apprentissage du texte dans le contexte de l’acquisition du français langue cible. Aussi, avons-nous signalé dans les pages précédentes la conceptualisation d’une linguistique du texte inhérente à la dynamique de la recherche dans la linguistique générale.

La grammaire de texte peut-elle occuper la position de carrefour où se rencontrent le discours, la phrase et le texte ? A lire les auteurs, cela est plausiblement envisageable. Mais ce qui dominera c’est la dichotomie de texte/ non-texte. Cette dernière est certainement issue des

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grammaires structuralistes qui dichotomisent phrase/non-phrase, grammatical/ agrammatical, etc

Partant de là, c’est la notion de cohérence qui va être mise en avant comme concept-clé dans la grammaire de texte. M.Charolles (1989 :10) note d’ailleurs à ce propos que ‘’ l’idée

que toutes séquences de phrases bien formées en tant que phrases ne constituent pas des textes acceptables n’a apparemment rien de choquant. Elle renvoie au sentiment que nous avons effectivement d’une certaine cohérence que les textes doivent satisfaire pour prétendre au titre de texte’’.

Ce concept de cohérence renvoie encore, à notre sens, au fait cognitif.

Force est de constater que la grammaire de texte découle d’une science plus générale : la linguistique textuelle. Certains auteurs préfèrent la dénomination analyse textuelle à

grammaire de texte, à l’instar d’Adam, si ce n’est que le citer parmi tant d’autres. Il

n’empêche qu’Adam (2005 :4-5) va introduire une modification dans cette appellation, non sans la justifier :

‘’ Le terme ‘ analyse textuelle’ – que je remplace par celui d’analyse textuelle des

discours- a déjà été utilisé par d’autres que Jeandillou. ‘Textanalyse’ est une appellation de la linguistique allemande 5Plett 1975 et Titzmann 1977) R. Lafont et F. Gardès-Madray ont exposé dans leur introduction à l’analyse textuelle (1976) les thèses de la ‘praxématique’ ‘’

Nous supposons là encore qu’Adam entreprend de réaliser le consensus entre l’analyse textuelle et l’analyse discursive.

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Adam explore, en fait, la notion saussurienne de ‘’ langue discursive » » qui désigne chez Saussure l’activité de la langue comme discours. L’individu parlant ne s’exprime pas par mots isolés. Ce dernier a accès à la langue par le discursif.

Pour Benveniste, rapporte Adam, la langue se divise fondamentalement entre sémiotique

et sémantique de la linguistique de l’énonciation. En d’autres termes, le linguiste français

distingue une linguistique de la langue-système ou sémiotique : elle est signifiante et elle fonctionne sur l’axe paradigmatique et une linguistique du discours ou sémantique : elle est communicationnelle et son unité est la phrase fonctionnant sur l’axe syntagmatique.