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La création de la Fédération internationale

Les raisons qui poussent Robert GUÉRIN, en poste depuis seulement deux ans, à

créer une Fédération internationale sont tout d’abord à chercher à l’intérieur même de l’USFSA. Les tensions entre ses nouveaux dirigeants et les fondateurs des premiers clubs de football en France, E. FRAYSSE et les Britanniques écartés en 1901 des

« commissions football », se traduisent par le désintérêt croissant des clubs les plus per- formants vis-à-vis des compétitions officielles. La prédominance des rencontres amica- les, qu’elles aient un caractère international ou pas, montre les limites de la politique sportive de « francisation » du football entreprise par l’Union. C’est en effet à cette époque que ses dirigeants prennent les premières sanctions sportives à l’encontre des clubs qui utilisent des joueurs de nationalité étrangère non autorisés par les nouveaux règlements à participer aux matches qu’elle organise1. L’Union leur fait savoir, par des décisions administratives, qu’elle garde sur eux et sur leurs perspectives lucratives une certaine emprise. Pour se défaire de cette autorité, les équipes majoritairement compo- sées de joueurs anglais et/ou anglophiles en viennent ainsi à s’extraire du cadre compé- titif officiel de l’USFSA afin de pouvoir disputer des matches de qualité, symbolique- ment et économiquement « rentables ».

Par ailleurs, devant la recrudescence des clubs et des adhérents dans les patrona- ges et, à terme, la perte de sa domination sur les jeunes de la « section football » — sec- tion devenue la plus importante de l’USFSA — R. GUÉRIN se donne aussi pour mission,

à l’heure de la séparation de l’Église et de l’État, de freiner cette évolution. Les diver- gences politiques et idéologiques inscrites dans l’espace social renforcent la perception d’un espace footbalistique divisé : football laïc contre football catholique, football de droite contre football de gauche, etc. Jusqu’aux années 1903-04, les relations entre l’USFSA et la FGSPF sont cordiales. R. GUÉRIN a installé Charles SIMON à la

« commission football » de l’Union. Certains des clubs de patronages y sont même affi- liés, ce qui leur permet de disputer quelques matches interfédéraux. Un projet d’accord entre les deux institutions était d’ailleurs en cours afin d’entériner cette situation.

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Le plus anglais des clubs français, le Standard AC, est ainsi rétrogradé lors du championnat de l’Union en 1902.

En réalité, le football n’est que le support et le vecteur de prises de position qu’il s’agit d’affirmer dans des moments précis de crise1. D’autres enjeux se cachent derrière cette représentation binaire de la société et du sport. Dans sa thèse sur la question du contrôle de l’État sur les activités physiques et sportives, Gildas Loirand explique que les luttes qui opposèrent l’Église et l’État au tournant du siècle ont occulté « le fait que l’État et les patronages laïcs républicains, en développant une gymnastique aux finalités explicitement “civique” et/ou militaire se sont érigés, dans les années 1880, en concur- rents directs de l’Église du point de vue du gouvernement des corps. »2 Le développe- ment du sport en général, et du football en particulier, au sein des patronages catholi- ques, constituerait donc une réponse à l’institutionnalisation de la gymnastique et autres exercices physiques des écoles républicaines. Sur ce terrain, le clergé possède quelques longueurs d’avance puisque « la vie paroissiale domine l’ensemble des relations socia- les et l’église demeure le premier lieu de sociabilité »3 dont le curé est la figure emblé- matique. Si les victoires des clubs de la FGSPF sur ceux de l’USFSA — celle de l’Étoile des Deux Lacs sur le Gallia Clubou celle de l’Armoricaine de Brest sur le Ly- cée de Brest en 19054 —, traduisent un ascendant symbolique de l’Église sur l’État, on oublie souvent de dire qu’elles sont aussi la marque de l’intériorisation et de l’incorporation d’une politique sportive, qui plus est dans une position dominée, d’un habitus de compétiteur, inculqué dès la création des premières équipes exclusivement composées, à la différence des équipes de l’Union, de joueurs français.

Dans sa position, Robert GUÉRIN n’a pas beaucoup de marges de manœuvre s’il

veut rétablir la domination de l’USFSA sur l’ensemble des clubs français. Les compéti- tions officielles nationales étant déjà harmonisées par chacun des organismes omnis- ports, il ne lui reste plus qu’à investir le dernier et le seul espace de jeu sur lequel les

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N’oublions pas, par exemple, que Paul MICHAUX a dû batailler ferme, notamment contre l’abbé TIMON-DAVID l’un des fondateurs du mouvement des patronages catholiques, pour que son projet de fédération s’organise sur les bases des patronages paroissiaux existants.

2

Gildas Loirand, Une difficile affaire publique. Une sociologie du contrôle de l’État sur les activités physiques et sportives et sur leur encadrement professionnel, Thèse de doctorat, Nan- tes, 1996, p. 83.

3

Pascale Moulévrier, L’État de grâce. Examen du Crédit Mutuel comme contribution à la défi- nition française de l’« économie sociale », Thèse de doctorat, Nantes, 1999, pp. 60 à 65.

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joueurs et les clubs évoluent hors du cadre compétitif régional ou national de leur fédé- ration de tutelle : celui des matches internationaux. Jusque là, seul l’International board avait autorité sur l’application des règles du jeu et leurs réformes à travers le monde et aucune instance footbalistique étrangère n’avait encore pris l’initiative de réglementer l’organisation de rencontres amicales au niveau international. Ainsi, l’imposition du nouvel ordre footbalistique mondial sur le territoire français va passer par la création d’une institution supranationale : la Fédération internationale de football association (FIFA). Les rôles qu’elle s’octroie vis-à-vis de l’IFAB ne bouleversent en rien la hiérar- chie institutionnelle qui existe avant son apparition. En témoigne l’inflexibilité de ses responsables Britanniques à réformer les règles du jeu, même après que la Fédération internationale soit devenue membre de l’IFAB en 19131. D’un autre côté, ceci montre que l’intérêt d’une telle institution est qu’elle permet de régler des problèmes nationaux. En théorie, elle doit par son administration, dans les deux sens du terme, offrir à l’USFSA l’assurance de maîtriser les tenants et les aboutissants de la totalité des mat- ches amicaux disputés par les équipes françaises. Il convient donc de considérer la nais- sance de la FIFA, comme une réponse administrative à la question posée à la fois par l’autonomisation des clubs « anglophiles » de l’Union et par l’importance de la pratique du football au sein des patronages catholiques.

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Internet, site officiel de la FIFA, http://www.fifa2.com, rubrique « Milestones in the History of the Laws of the Game », p. 1. Voir l’évolution des principales « Lois » du jeu page suivante.

___________________________________________________________ Les quelques évolutions significatives des Lois du jeu

________________________________________________________________ 1863 : La règle du hors-jeu entre en vigueur. Un joueur est hors-jeu s’il est plus

près de la ligne du but adverse que le ballon au moment où celui-ci lui parvient.

1866 : Première modification de la règle du hors-jeu : le joueur n’est plus hors- jeu s’il y a, au moins, trois adversaires entre lui et la ligne de but. Le jeu à la main est sanctionné.

1871 : L’arbitrage est officiellement introduit en 1871, date à laquelle est créée la Coupe d’Angleterre.

Le gardien de but est le seul joueur autorisé à se servire de ses mains sur toute la surface du terrain.

1886 : Admission du coup franc indirect et du corner. 1890 : Utilité reconnue de l’arbitrage neutre.

1891 : Création du penalty pour une faute commise à moins de 16 mètres de la ligne de but.

1893 : Jusque là considéré comme un joueur du champ, le gardien de but, sou- vent agressé, ne sera dorénavant plus chargé s’il ne fait pas acte de jeu, ballon en mains.

1896 : La durée du match est fixée à 90 minutes.

L’arbitre de champ et les arbitres de touches ont désormais un pouvoir discrétionnaire et sont seuls juges du « bon » déroulement des matches. 1899 : Le nombre de joueurs est définitivement fixé à onze.

1903 : Admission du coup franc direct.

1907 : Deuxième modification de la règle du hors-jeu : le joueur n’est plus hors-jeu s’il se trouve dans sa moitié de terrain.

1913 : Restriction du jeu à la main accordé au gardien de but. Cette autorisation ne reste valable que dans la surface de réparation.

1925 : Troisième modification de la règle du hors-jeu : le joueur peut recevoir le ballon d’un coéquipier placé derrière lui si le nombre d’adversaires situés entre lui et le gardien de but est au moins égal à deux.

1927 : Admission du but marqué directement sur corner.

1958 : Les remplacements de joueurs sont autorisés au cours des matches de championnat national.

1970 : Les remplacements de joueurs sont autorisés au cours des matches des compétitions internationales.

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Source : Roland Passevant, « Le Football », in Roger Caillois (sous la direction de),

Jeux et Sports, Encyclopédie de la Pléiade, Paris, Gallimard, 1967, pp. 1316 et 1317 ;

Pour arriver à ses fins, R. GUÉRIN s’inspire des expériences et des stratégies ap-

pliquées par Pierre GIFFARD, successivement rédacteur en chef de deux des plus impor-

tants quotidiens du début du siècle, Le Petit Journal puis Le Matin, et par Pierre DE

COUBERTIN, ancien secrétaire général de l’Union. Dès 1893, P. GIFFARD est, en effet,

l’un des représentants de la délégation patronale de la presse française qui, l’année sui- vante, décide d’organiser la profession de journaliste à l’échelle internationale. En 1896, il participe à la création de l’Union internationale des associations de presse (UIAP), au moment même où les directeurs et les rédacteurs entrent en conflit ouvert avec les jour- nalistes. C’est également l’époque où se pose la question de la professionnalisation et de la moralisation du journalisme1. Devant les échecs successifs de ses réformes de l’enseignement, P. DE COUBERTIN n’avait eu d’autre recours, pour tenter d’imposer son

modèle sportif et éducatif au niveau national, que d’« internationaliser » son projet par la rénovation des Jeux olympiques2. Ceci explique entre autres pourquoi leur démarche n’a pas toujours été comprise, notamment par les Anglais à qui ils ont voulu « rendre

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Sous l’impulsion d’un Français, Victor TAUNAY, l’UIAP tente en 1905 d’imposer aux asso- ciations membres, sans réel succès, une carte d’identité professionnelle. L’échec relatif de cette entreprise et plus largement de l’organisation montre qu’elle a été créée pour servir les intérêts nationaux de ses plus importants dirigeants. La même stratégie sera reprise vingt ans plus tard, cette fois-ci par Georges BOURDON, juriste, écrivain, journaliste au Figaro, co-fondateur de la Ligue des droits de l’homme dont il est un temps vice-président, président du Syndicat des jour- nalistes puis à partir de 1928 du SNJ (Syndicat national des journalistes). Il convie les syndicats européens et australiens à Paris en juin 1926 pour fonder la Fédération internationale des jour- nalistes (FIJ), instance qui exclu le patronat et les journalistes dits « amateurs ». En marge du droit commun, elle conçoit une carte internationale des journalistes, un code moral pour la pro- fession et un Tribunal international d’honneur. La FIJ ne connaîtra pas non plus le succès es- compté. Voir à ce sujet Christian Delporte, Les journalistes en France, 1880-1950. Naissance et construction d’une profession, Paris, Seuil, 1999 ; sur l’internationalisation de la presse et ses objectifs, particulièrement les pages 96 à 99, 176, 274 à 276.

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Il en va de même pour les dirigeants de l’Union vélocipédique de France (UVF), créée en 1881 à Paris, qui adopteront une stratégie identique dès 1897 et obtiendront la reconnaissance exclu- sive de l’International cyclist association (ICA) – première instance internationale constituée à Londres en 1892 – afin de contrecarrer les premières velléités de l’Union cycliste de France (UCF) et celles de la Fédération cycliste et amateur de France (FCAF). Trois ans plus tard, l’UVF et l’USFSA par l’intermédiaire d’Alfred RIGUELLE et du conte DE VILLERS, soutenus par les journalistes Victor BREYER pour les États-Unis, Paul ROUSSEAU pour la Suisse et les deux représentants de la Belgique et de l’Italie, créeront à Paris le 14 avril 1900 l’Union cycliste in- ternationale (UCI). Alors que de 1903 à 1913 l’autorité de l’UVF va de nouveau être remise en question dans le Nord de la France par de nombreuses coalitions dissidentes, la seule manière de renforcer son pouvoir administratif est de se prévaloir de son affiliation à l’Union cycliste inter- nationale qui « est une force donnée aux décisions sportives de [l’UVF], qui ont force de loi, non seulement en France, mais dans le monde entier. », in P. Arnaud, op. cit., 1987, p. 307.

hommage » en leur proposant de prendre part à leur entreprise qui n’en serait devenue que plus légitime1.

Robert GUÉRIN en a fait l’expérience lors de sa visite en Angleterre : « C’est à cette époque — en 1903 — que je résolus de fonder la Fédération Internationale de Football Association, avec la collaboration d’excellents amis, tels que André ESPIR (France), C.A.W. HIRSCHMANN (Hollande) et MÜHLINGHAUS (Belgique). J’étais du reste un peu étonné que cette initiative n’eût pas été prise par l’Angleterre où, il y a vingt- cinq ans, le football triomphait. Je n’avais aucune envie, aucun désir de prendre la di- rection de la Fédération Internationale et je concevais que le droit de la présidence devait revenir à la Football Association d’Angleterre. Je fis donc une démarche auprès d’elle et ma stupéfaction fut grande lorsque reçu à Holborn par l’excellent secrétaire anglais, Mr. F.J. WALL, je m’aperçus que celui-ci ignorait complètement, totalement ce qui se passait sur le continent européen. Il m’écouta, la tête plongée dans les mains, faire ma harangue, passer en revue les différentes nations européennes, et développer cette idée que l’Angleterre devait prendre l’initiative du mouvement. (...). J’attendis quelques mois, après lesquels je renouvelais ma demande. (...). J’eus une entrevue avec cet homme aimable, qui était feu lord KINNAIRD, mais ce fut un coup d’épée dans l’eau. De guerre lasse et voyant que les Anglais voulaient “wait and see”, je pris sur moi de convoquer les délégués des associations qui avaient compris que la fondation de la Fé- dération Internationale de Football Association s’imposait. Et c’est ainsi que la FIFA vit le jour le 21 mai 1904. À ce premier Congrès, il fut bien entendu que la présidence serait cédée à l’Angleterre dès que celle-ci aurait adhéré au groupement. »2

L’étonnement de R. GUÉRIN est tout aussi compréhensible que celui des Anglais dans la

mesure où la FIFA est le produit des luttes internes entre les instances de l’espace natio- nal du football français et donc complètement étrangères aux préoccupations des diri- geants du football d’outre-Manche.

La démission quasi instantanée de Robert GUÉRIN de son poste de président de

la Fédération internationale au troisième congrès des 3 et 4 juin 1906, remplacé par Da-

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Pour P. DE COUBERTIN, voir M.-T. Eyquem, op. cit., 1966, p. 133. 2

niel Burley WOOLFALL trésorier et futur président de la Fédération anglaise, confirme

que la stratégie de l’USFSA a été mise en place pour répondre à une situation conjonc- turelle qui lui était défavorable. C’est aussi une manière de léguer ce nouvel ordre foot- balistique international à des instances étrangères pour mieux l’imposer de l’« extérieur » sur l’« intérieur », y annulant ainsi sa dimension arbitraire. Comment expliquer autrement qu’une instance internationale, exclusivement consacrée au foot- ball, voit le jour au sein d’un organisme omnisports ? Que les dirigeants de l’Union, en particulier ceux issus de l’aristocratie, qui ont une aversion particulière pour le sport professionnel, laissent aussi rapidement la présidence de la FIFA aux Anglais dont l’élite du football est depuis longtemps professionnalisée ? Ou encore qu’aucune com- pétition internationale symbolisant cette nouvelle institution ne soit mise sur pied ? Car, si l’élaboration dès le mois de juin 1905 d’un futur championnat d’Europe susceptible d’être disputé par chaque nation affiliée échoue, ce n’est pas seulement à cause de la précocité du projet mais bien parce que les règles de cette compétition ne concernent pas des sélections nationales mais des clubs, entités qui sont à la base de la division de l’espace du football en France. Sans unité footbalistique nationale, il n’est pas question de former une équipe représentative du football français composée de ses meilleurs joueurs. Cette situation est d’ailleurs dénoncée à demi mots par le nouveau président anglais de la Fédération internationale : « La FIFA n’est pas encore fondée sur des ba-

ses stables pour entreprendre la création d’un championnat international. Il faudrait être auparavant sûr qu’il existe dans chaque pays une seule et unique association na- tionale. »1

Alors que l’unité du football français est réalisée en 1919, avec l’instauration de la Fédéra- tion française de football, l’élaboration d’une compétition propre à la Fédération internationale ne voit le jour qu’en 1930 sous l’impulsion de Jules RIMET qui a pris le relais de Robert GUÉRIN à la FIFA au début des années 1910 et en reprendra les commandes après la Grande Guerre à partir de 1921. J. RIMET, au même titre que Pierre DE COUBERTIN pour la rénovation des Jeux olympiques, incarne le processus d’internationalisation du football français au tournant du siè- cle. Tous deux appartiennent à la « nouvelle » bourgeoisie engagée dans le mouvement sportif français. Par son origine aristocratique et « ses positions souvent ambiguës »2, P. DE COU-

1

Jean-Philippe Réthacker & Jacques Thibert, La fabuleuse histoire du football. Des origines à la Coupe du monde 1966, (2 tomes), Paris, La Martinière, 1993 (1ère Éd. ODIL 1974, 2ème Éd. Nathan 1990), p. 55.

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BERTIN1 marie les caractéristiques du déclassement social et scolaire tout en conservant les avantages sociaux et économiques de son héritage familial. Il commence par être secrétaire d’une « commission d’enquête sur l’état du logement ouvrier en France et à l’étranger », et pu- blie en 1887 le texte d’une conférence qu’il a donné à la société nationale française de Londres, fortement inspirée de La Réforme sociale en France, livre publié en 1867 par Frédéric LE PLAY2. La fortune de son père lui permettra d’investir sans compter dans la mission philanthro- pique et éducative qu’il s’est promis de mener à bien3.

À cette trajectoire « descendante » s’oppose la trajectoire ascendante de J. RIMET. Son ac- cession à la petite bourgeoisie, essentiellement due à un parcours scolaire méritoire, s’effectue cependant par la « petite porte ». Dès l’adolescence, il s’engage dans le mouvement chrétien à vocation humanitaire. Il participe aux œuvres du Cercle catholique d’ouvrier de son quartier, il crée l’« Union sociale du VIIème [arrondissement] », il adhère à la Démocratie chrétienne située entre les restaurateurs du catholicisme traditionnel et les républicains anticléricaux. L’affirmation de ses convictions s’objective par la création, au cours de l’année 1897, d’une revue — La Revue — dont l’une des priorités est de proposer une réforme progressive de la société et de la famille. Deux ans plus tard, au début de l’année 1899, Jules RIMET se rapproche de Marc SANGNIER grâce à la fusion de leurs publications respectives : La Revue et Le Sillon. L’indécision politico-religieuse manifestée par J. RIMET se retrouve aussi chez P. DE COU- BERTIN, par exemple lorsque celui-ci souhaite « constituer un parti libéral [au sens de libre pen- sée] entre la droite systématique et l’extrême gauche pleine d’inconnus »4. L’un et l’autre tien- dront à afficher et à démontrer, comme principe fondamental d’universalité, leur neutralité poli-

sciences sociales, n° 80, 1989, p. 31. 1

Les données biographiques concernant Pierre DE COUBERTIN sont principalement tirées de l’article de M. de Saint Martin, art. cit., 1989, pp. 22 à 32 ; du livre de M.-T. Eyquem, op. cit., 1966, complétées par le Dictionnaire de biographie française, Tome 9, 1961, Archives de Loire- Atlantique et par l’hagiographie de Guy Lagorce & Robert Parienté, La fabuleuse histoire des Jeux olympiques, Paris, La Martinière, 1992, préfacé par Antoine Blondin. Les informations