• Aucun résultat trouvé

La consommation liée aux déplacements des navires

CHAPITRE 2 : LES ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX DE L’INDUSTRIE DES

2.5 LA CONSOMMATION ÉNERGÉTIQUE DES NAVIRES DE CROISIÈRES

2.5.1 La consommation liée aux déplacements des navires

2.5.1.1 L’enjeu

Les déplacements quotidiens des navires de croisières requièrent un usage intensif d’énergie. Cette énergie est actuellement presque entièrement produite à base d’hydrocarbure. L’utilisation de carburant représente des coûts monétaires importants pour les opérateurs ainsi que d’importants coûts environnementaux. L’enjeu se résume donc à la réduction de la consommation énergétique et l’adoption de nouvelles technologies comme les biocarburants et la réinvention de la propulsion éolienne traditionnelle (Comtois et Slack, 2005).

2.5.1.2 La problématique

Le carburant utilisé pour la propulsion des navires de croisières représente une des premières sources de dépenses de l’industrie. De plus, les nouvelles réglementations concernant le taux de soufre dans le carburant affectant la mer Baltique, la mer du Nord, la région nord- américaine (États-Unis et Canada), la région étatsunienne des Caraïbes, Porto Rico et les Îles Vierges obligent les transporteurs à réduire à 0.1% le taux de soufre dans le carburant qu’ils utilisent (OMI, 2010). Malgré une hausse de la croissance annuelle des croisiéristes de 7,49% depuis 1990 (Brida et Zapata, 2010; CLIA, 2016a), certains transporteurs ont des difficultés financières et ne peuvent profiter de la hausse de la demande (United Nations World Tourism

règlementations environnementales de plus en plus strictes, la conscientisation des croisiéristes face aux enjeux environnementaux et la difficulté d’augmenter les tarifs (Sun, Jiao et Tian, 2011) forcent les transporteurs à reconfigurer leurs flottes, leurs réseaux et réévaluer leurs pratiques (Comtois et Slack, 2005).

2.5.1.3 Les réglementations internationales

Il n’y a aucune réglementation internationale concernant la consommation énergétique des navires. Cependant, il existe des initiatives internationales telles que le Chapitre 7 du programme International de l’énergie (IEP), qui encouragent les pays signataires à conserver l’énergie, à développer des solutions de remplacement aux combustibles fossiles et à partager l’information concernant leurs expériences (International Energy Program, 2007).

2.5.1.4 Les recommandations de pratiques à adopter :

Les meilleures pratiques consistent à réduire la demande énergétique du navire lorsqu’il est en mouvement et à réduire les besoins en hydrocarbure pour les déplacements.

• Installer un système de voile ou un système de voile hybride afin de réduire les besoins énergétiques de la propulsion du navire (Ueno et al., 2004; Li et Lu-yu, 2010; Register, 2015; Mander, 2017).

• Installer des rotors de Flettner utilisant l’effet de Magnus provoqué par le vent comme propulseur pour le navire (Traut et al., 2012; Traut et al., 2014; Register, 2015; Mander, 2017).

• L’utilisation de cerf-volant (parafoil, parawing, kite…) permettant de produire une traction sur le navire en utilisant la force du vent (Naaijen et Koster, 2007; Shukla et Ghosh, 2009; Kim et Park, 2010; Dadd Hudson et Shenoi, 2011; Traut et al., 2014; Register, 2015; Podeur et al., 2016; Mander, 2017).

• Il est possible d’intégrer sous le navire une turbine hydraulique connectée à un générateur électrique lequel produit de l’électricité. Cette électricité peut ensuite être utilisée pour électrolyser l’eau de mer et produire de l’oxygène et de l’hydrogène. L’hydrogène peut ensuite être combiné aux émissions de dioxyde de carbone du navire pour produire du méthanol lequel peut servir de carburant alternatif au navire (Kim et Park, 2010).

• L’utilisation d’éoliennes pour recharger des batteries pouvant ensuite servir de système d’alimentation complémentaire pour le navire, permettant ainsi de réduire le besoin en énergie fossile (Bøckmann et Steen, 2011).

• Remplacer le traditionnel moteur au diesel par un moteur diesel-électrique, ce qui permet de réduire la consommation de diesel, le bruit, les vibrations du moteur et les coûts d’entretien du moteur. De plus, ces moteurs occupent moins d’espace et peuvent être localisés indépendamment de leur système d’alimentation (Hansen, Ådnanes et Fossen, 2001; Ådnanes, 2003; Hansen et Wendt, 2015). Les entreprises AIDA Cruises et Ponant commencent à équiper leur nouvelle génération de navire par des moteurs diesel- électrique (AIDA, 2013b; Ponant, 2017).

• Repenser la conception de la coque des navires pour les rendre plus hydrodynamiques (Hochkirch et Bertram, 2010; Papanikolaou, 2010; Prpić-Oršić, Vettor, Faltinsen et Guedes Soares, 2014 et 2016; Hall, Wood et Wilson, 2017). AIDA Cruises, Carnival Cruise Lines, Royal Caribbean International et Viking Cruises optimisent la coque de leurs navires afin d’en améliorer le rendement énergétique (Royal Caribbean International, 2013; Viking Line, 2016; AIDA, 2018b; Carnival Corporation, 2018a). • Repenser la conception des hélices des navires afin qu’elles exercent moins de friction

dans l’eau, ce qui a pour effet de diminuer la demande énergétique nécessaire à la propulsion (Blasques, Berggreen et Andersen, 2010; Hochkirch et Bertram, 2010; Motley, Nelson et Young, 2012; Hall, Wood et Wilson, 2017). AIDA Cruises, Norwegian Cruise Line, Royal Caribbean International et Viking Cruises optimisent leurs hélices afin d’obtenir un meilleur rendement énergétique (Royal Caribbean International, 2013; Viking Line, 2016; Norwegian Cruise Line, 2017a; AIDA, 2018b). • Effectuer un polissage régulier des hélices afin d’en maximiser l’efficacité (Ancona et al., 2018). AIDA Cruises effectue des polissages périodiques afin d’optimiser la propulsion produite par ses hélices (AIDA, 2015).

• AIDA Cruises Princess Cruises, Carnival Cruise Lines, Norwegian Cruise Line et Viking Cruises effectuent périodiquement le nettoyage de la coque de leurs navires afin d’en maximiser l’hydrodynamisme (AIDA, 2015; Viking Line, 2015; Norwegian Cruise

• Intégrer un système de lubrification par l’air utilisant des bulles afin de diminuer la friction de l’eau sur la coque du navire, ce qui limite le besoin d’énergie pour la propulsion (Mizokami et al., 2010; Jang, Choi, Ahn, Kim et Seo, 2014; Kawakita, Sato et Okimoto, 2015; Hall, Wood et Wilson, 2017). La technologie Mitsubishi Air Lubrication System (MALS) a été intégrée à certains navires de AIDA Cruises en 2015 (AIDA, 2013b; AIDA, 2015). Princess Cruises, Royal Caribbean International et Carnival Cruise Lines ont aussi commencé à intégré des technologies de lubrification par l’air à certains de leurs navires (Royal Caribbean International, 2014; Princess Cruises, 2017; Carnival Corporation, 2018a).