Les protéines possèdent de nombreuses applications chez les espèces vivantes.
On ne parlera ici que d’un petit nombre d’applications parmi les plus connues.
Certaines protéines ont un rôle de transport de ligands comme par exemple
l’hémoglobine qui transporte les molécules de dioxygène des poumons vers le
reste du corps via les voies sanguines. L’intérêt de cette protéine réside dans son
fonctionnement de captation du dioxygène, selon un mécanisme coopératif. En
effet l’hémoglobine est une protéine hétérotétramérique formée de quatre chaînes
peptidiques identiques deux à deux (deux chaînesαet deux chaînesβ) (voir Figure
7.6). Chaque chaîne peut fixer une molécule de dioxygène soit quatre au total. Si on
trace la courbe de la saturation de la protéine en fonction de la concentration de
C
HAPITRE7 : G
ÉNÉRALITÉS SUR LES PROTÉINESdioxygène du milieu on obtient une courbe de type sigmoïde contrairement à une
hyperbole observée dans les autres protéines fixatrice de dioxygène. A ce
compor-tement on en déduit qu’à chaque fois qu’un dioxygène est capté par une chaîne,
cela facilite la fixation des suivants. Le mécanisme à l’oeuvre est de type structural.
Dans chaque sous-unité, le dioxygène se fixe à un hème, une métallo-porphyrine
composé d’un ion fer(II). Le dioxygène va se coordiner sur ce fer(II) ainsi que sur
une histidine voisine ce qui modifie la conformation de cette sous-unité et induit
par la suite un changement important de la forme des sous-unités non-pourvue
en dioxygène. Ainsi la quatrième molécule de dioxygène possède une affinité de
fixation à l’hémoglobine cent fois supérieur à celle de la première molécule.
Les protéines sont également à l’œuvre dans la structure des cellules du vivant. On
FIGURE7.6 – Structure cristallographique déprotonée de l’hémoglobineα. Les
diffé-rentes sous-unités sont représentées en ruban et d’une couleur différente. Les quatre
hèmes sont représentés en tout atome. La structure est issue du PDB 3hhb.pdb94.
appelle ces protéines des protéines fibreuses. On peut citer comme exemple le
col-lagène et la kératine présents respectivement dans le cartilage, dans les poils et dans
les ongles. Les protéines structurales peuvent être classées en trois catégories selon
la taille des fibres. Les microtubules possèdent un diamètre supérieur à 240 Å comme
le collagène ; les filaments intermédiaires un diamètre supérieur à 100 Å comme la
kératine. Enfin les filaments ont un diamètre de l’ordre de 70 Å. Les
micro-filaments présents dans le cytosquelette des cellules eucaryotes sont formés d’actine.
L’actine est une protéine importante dans le phénomène de contraction
mus-culaire. Cela conduit à un troisième type de fonction importante, les protéines
motrices. L’actine va se lier avec la myosine, une protéine composée de deux
poly-peptides enroulés ensemble. Chaque polypeptide possède une tête, qui peut se lier
à l’actine. La myosine fait alors coulisser le filament d’actine grâce à un changement
de conformation due à une réaction avec l’ATP. En parallèle, le même comportement
est observé sur un autre filament d’actine, ces deux filaments se rapprochent alors et
induisent la contraction musculaire (voir Figure 7.7).
Finalement on va aborder les réactions enzymatiques. Les enzymes sont une
FIGURE7.7 – Mouvement des micro-filaments d’actines lors de la contraction
mus-culaire.
sous-catégorie de protéine permettant la catalyse de réactions chimiques. Chaque
enzyme permet le plus souvent de catalyser une réaction, c’est à dire que seul un
substrat, ou des molécules chimiquement similaires peuvent interagir avec une
seule enzyme. De même un substrat peut généralement subir l’influence d’une
protéine, mais certains sont identifiables dans plusieurs réactions catalytiques
différentes. On assimile souvent les réactions enzymatiques à une image de clé
(substrat) avec une serrure (enzyme). On classe les enzymes selon le type de réaction
qu’elles catalysent avec le suffixe -ase représentant l’enzyme. Ainsi les hydrolases
représentent les enzymes catalysant les réactions d’hydrolyse. Le rôle des enzymes
est primordial, car elles réalisent la majorité des réactions chimiques dans les
systèmes biologiques. Il existe de nombreuses études sur les enzymes, permettant
une meilleure compréhension de ces systèmes complexes. Les réactions de
biolumi-nescence font notamment intervenir des enzymes, ces molécules sont donc au cœur
de ma recherche.
Chapitre 8
Comment modéliser une protéine
8.1 Modéliser et représenter un système protéique
Les systèmes protéiques sont modélisés à partir de fichier contenant les
coor-données des atomes. Ces coorcoor-données sont issues de la résolution de cristaux par
diffraction des rayons X ou par diffraction de neutrons. Selon la résolution et la
précision de la carte de densité électronique obtenue, le modèle construit sera plus
au moins complet et ne contiendra pas d’hydrogène dans le cas d’une strcuture
obtenue par RX.
Une fois ce modèle construit et publié, il devient disponible en libre accès sur
le site http ://www.rcsb.org, formaté selon le type PDB pour Protéin Data Bank. De
nombreux logiciels existent ensuite afin de protoner la protéine, calculer le pKa des
résidus et construire les boucles manquantes. Dans cette thèse, le pKa des résidus a
été calculé avec le site H++95, les résidus protonés avec le programme leap de la suite
logicielle Amber55et les boucles manquantes construites avec le logiciel Disgro96.
Pour les protéines utilisées dans cette thèse, un certain nombre d’approximations
ont également été considérées. Ainsi, nous n’incluons pas d’ion magnésium dans le
milieu car il n’y a pas de preuves expérimentales de sa présence après la réaction de
bioluminescence. De même les systèmes modélisés sont équilibrés afin d’avoir une
charge totale neutre. On protone pour cela certaines histidines (charge +1) ou on
ajoute des contre-ions au milieu. Il est alors important de noter que le pH du milieu
protéique n’est pas pris en compte et que celui-ci peut varier d’un modèle à l’autre.
Lors de cette thèse, le logiciel VMD (Visual Molecular Dynamics) est utilisé afin de
visualiser et représenter les structures des systèmes protéiques. Dans les figures
pré-sentes dans cette thèse, les protéines sont dessinées sous forme de ruban. Ce ruban
fait également apparaître les structures secondaires de la protéine. Les substrats,
ré-sidus et molécules d’eau à l’intérieur de la protéine sont représentés par la méthode
CPK ou Licorice (appelé aussi bâton dans cette thèse). Dans la représentation CPK,
les atomes sont dessinés comme des sphères et les liaisons comme des cylindres.
Pour la représentation Licorice, les liaisons sont dessinées par des cylindres et les
atomes par des points. Dans ce logiciel le code couleur utilisé afin de représenter les
résidus et les substrats est le suivant : O rouge, H hydrogène, C cyan, N bleu, S jaune.
Pour la structure secondaire de la protéine, les hélices alpha sont dessinées en violet
et les feuillets béta en jaune.
Dans le document
Etude QM/MM de systèmes bioluminescents
(Page 84-88)