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L’UFM DANS LA PRESPECTIVE DE L’INTEGRATION REGIONALE

EN AFRIQUE DE L’OUEST DE 1973 à 2014.

1- Les étapes de la création de l’UFM.

L’UFM est l’un des trois organismes d’intégration mis en place en Afrique de l’Ouest dans les années 1970. Elle a été créée par le Libéria et la Sierra-Léone dans le but de faciliter les échanges socioéconomiques entre leurs populations surtout, celles vivant le long des villages transfrontaliers des Etats. Les liens socioculturels séculaires existant entre les populations transfrontalières et le voisinage géographique des Etats justifiaient, au dire des chefs d’Etat en 1973, la nécessité de promouvoir une coordination des politiques nationales en matière des échanges socioéconomiques et culturels. Certes, l’une des stratégies devant permettre la libéralisation des échanges a été ce genre de regroupement des Etats après les indépendances africaines. Mais, ce qui n’a pas été dit souvent et qui expliquerait mieux les motivations des chefs d’Etat libérien et sierra-léonais, c’est le fait que leurs pays n’ont jamais pris part aux unions douanières dominantes (UDEAO, CEAO)103 en Afrique de l’Ouest de 1959 à 1972. Ils ont été ignorés dans les programmes de mise en commun dont ils ont souvent payé le prix à travers des taxes et redevances douanières prélevés à chaque point de passage frontalier des pays voisins.

C’est d’une part, une volonté de protéger leurs populations et leurs économies contre les restrictions douanières des pays tiers voisins qui peuvent être couteuses lors des traversées que Williams TOLBERT et Siaka STEVENS104ont mis en place une troisième Communauté Economique Régionale par le bais de la «Déclaration du Fleuve Mano», signée en octobre 1973105. D’autre part, les deux chefs d’Etat se sont rendu compte que la construction des infrastructures communes de développement comme les routes reliant deux ou plusieurs Etats voisins, ne pouvait être assurée que dans une coordination des efforts de leurs Etats106. C’est pourquoi, l’UFM a été pensée en 1973, comme une stratégie de coopération bilatérale entre le Libéria et la Sierra-Léone, permettant la réalisation de certaines infrastructures communes de développement. En raison du voisinage géographique, le Libéria et la Sierra-Léone avaient eu

103L’UDEAO est l’ancêtre de la CEDEAO et la CEAO est celle de l’UEMOA en Afrique de l’Ouest. 104 Respectivement présidents du Libéria et de la Sierra-Léone dans les années 1970.

105La Déclaration du Fleuve Mano est l’instrument juridique qui a institué l’UFM en 1973. Elle comprend une

charte originale et des protocoles additionnels au nombre de 7 en 1973, 9 en 1980, et 16 en 2014.

106Naman CAMARA, «Etude socioéconomique de quelques problèmes liés à la coopération interafricaine :

48 une vieille tradition d’échanges de tout genre. Mais, à cause des contraintes liées à l’encadrement territorial des Etats postcoloniaux, le cadre réglementaire de cette vielle tradition des échanges sera obsolète car, on assistait à la naissance d’une nouvelle forme de réglementation dite «rentière», issue des indépendances. Ceci rendait les échanges et les transports couteux car, la survie des deux Etats-nations dépendait largement des taxes et redevances douanières, prélevées surtout le long des espaces transfrontaliers. Or, dans les années 1970, la tendance libérale était devenue la meilleure approche de développement utilisée par les Etats africains. Ainsi, réunis à Port Loko District en Sierra-Léone en 1973, Williams TOLBERT et Siaka STEVENS, respectivement chefs d’Etat du Libéria et de la Sierra-Léone, se sont entendus sur la nécessité de promouvoir une large coopération socioéconomique entre leurs pays.

Dans son allocution, Siaka STEVENS107 affirmait que ce fut le Président du Libéria, dans l’accomplissement de la coopération économique et sociale en Afrique de l’Ouest qui a suscité des négociations avec le gouvernement sierra-léonais108. En janvier 1973, les deux chefs d’Etat ont fait recours aux Etats Unis d’Amérique, en vue d’entreprendre des études préalables pour la révision d’un système de coopération bilatérale adéquate entre leurs pays. Avec les résultats des travaux de la mission des experts américains et les recommandations des commissions interministérielles des deux pays, les chefs d’Etat ont établi les bases d’une approche classique de coopération, en signant en octobre 1973 à Malima109, un important document sous la dénomination de «Mano River Déclaration»110. Cette déclaration mettait un accent particulier sur la promotion des produits d’origine locale à destination ou en transit dans les deux Etats. En janvier 1974, la signature des mémorandums d’entente et d’un accord bilatéral établissant les grandes commissions destinées à rendre effective la coopération bilatérale entre le Libéria et la Sierra-Léone traduisait le lancement officiel des activités de l’UFM.

Dans «Mano River Déclaration», on relève une double préoccupation des chefs d’Etat. D’une part, de promouvoir le développement socioéconomique de leurs Etats et d’autre part, de restaurer les «populations identiques» dans leur ancienne aire de solidarité précoloniale par le biais des échanges socioéconomique et culturel. Concernant le développement

107Président de la République de Sierra-Léone dans les années 1970.

108Ibrahima KABA «Une même volonté de bâtir une aire commune de prospérité», Horoya, n°299, Conakry,

1983, p.5.

109

Désigne la ville Sierra-Léonaise où les chefs d’Etat ont scellé la mise en place de l’UFM.

49 socioéconomique des deux Etats, ils ont mis un accent particulier sur la libéralisation des échanges et la promotion des transports terrestres. Selon le coordinateur résident de l’UFM à Conakry111, «Sur plus de dix ans après les indépendances, les Etats se trouvant dans la région du fleuve Mano n’arrivaient pas à répondre individuellement à la demande pressante des populations en matière d’infrastructure transport et de développement».112

A notre avis, c’est la faiblesse de la capacité des Etats membres de l’UFM dans la prise en charge du développement national qui a favorisé au plan régional, la coordination des efforts pour la construction des infrastructures communes de développent dans les années 1970. D’ailleurs, il y a une permanence de ce genre de solidarité dans la région à travers les différentes expériences de construction régionales, même si celles-ci n’ont pas revêtu la même forme dans le temps. L’histoire de l’intégration dans la région du fleuve Mano a été celle d’une perpétuelle recomposition de l’espace avec pour enjeux, les échanges socioéconomiques et culturel113.

Concernant la restauration des «populations identiques» dans leur ancienne aire de solidarité précoloniale, les chefs d’Etat ont fait allusion au contexte de formation des grands empires précoloniaux qui ont structuré l’espace ouest-africain pendant des siècles114

. En 1974, Williams TOLBERT et Siaka STEVENS se sont fixés pour objectif, de mieux gérer les flux socioéconomiques afin que les bonnes relations d’échange contribuent à réintégrer les populations dans leur espace ancestral. Il est vrai que ce genre de besoin de formalisation des relations transfrontalières se faisait sentir dans cette région en raison de la présence effective des temné, des kouranko, des forestiers, des mandé et d’autres «populations identiques» qu’on retrouvait divisés de part et d’autre des frontières. Ces populations vivraient en harmonie et, dit-on, «Les frontières issues de la colonisation les ont divisé entre différents Etats-nations». Cependant, cette «expérience coloniale» qui a tranché dans le vif des liens historiques et ethniques des «populations identiques» n’a pas masqué les facteurs d’unité qui sont encore visibles, comme les langues, les rites, les coutumes et même l’histoire commune. L’implantation coloniale s’est reposé sur l’émergence, l’apogée et l’effacement des royaumes

111En 2014, le coordinateur pays de l’UFM Mr Tchapato DIALLO a été notre principal interlocuteur notamment,

dans une série d’entretiens menés depuis 2013au Ministère de la Coopération Internationale de la Guinée. 112

Entretien avec Mr Mamadou Tchapato DIALLO, au Ministère de la coopération internationale, Conakry, le 15 Avril 2014 à 14 heures, durée 45 mn.

113John IGUE, L’Afrique de l’Ouest, entre espace, pouvoir et société, une géographie de l’incertitude, Paris,

Karthala, 2006, p.8.

114

Edo Kodjo Maurille AGBOBLI, «Dynamique de l’intégration régionale CEDEAO en Afrique de l’Ouest : historique, diagnostic, perspectives», Revue du CAMES, Nouvelle série B, Vol.-007 n°2-2006, 2ème semestre, pp. 279-300.

50 et empires où se sont développés des formes de solidarité répondant à de véritables schémas d’intégration115

. Pour Pierre François GONIDEC, les vieilles solidarités précoloniale et coloniale en Afrique de l’Ouest ne dessinent aucune ligne de partage véritable entre les Etats car, «La frontière définie par les géographes n’a existé en aucun moment. Le partage colonial constitue la suite logique d’un long processus de découpage territorial entamé par les Portugais»116.

Pour les deux chefs d’Etat, la recherche de l’intégration dans la région du fleuve Mano est d’autant normale dans la mesure où, elle permettait de revivre la solidarité des sociétés précoloniales ouest-africaines. Pour autant, en novembre 1975, on notait une nette intensification des relations transfrontalières dans la région du fleuve Mano, à travers l’augmentation des flux humains et commerciaux entre le Libéria et la Sierra-Léone. Mais, les effets de ces relations transfrontalières ont été limités dans un premier temps, dans la mesure où, d’autres pays limitrophes étaient restés en marge des circuits de libéralisation des échanges et des transports de 1973 à 1980. Or, selon la Déclaration du Fleuve Mano, d’autres Etats de l’Afrique de l’Ouest pouvaient envisager la possibilité d’une totale adhésion, ainsi que des formes plus limitées de participation à l’intégration dans la région du fleuve Mano117. Les principes et procédures d’adhésion des Etats tiers ont été énoncés dans le troisième protocole signé en octobre 1973118. Dans ce protocole, la seule restriction d’adhésion a été le voisinage géographique. En élaborant ce troisième protocole de coopération entre les Etats membres, les chefs d’Etat ont fait en sorte que l’UFM soit une organisation sous-régionale plus inclusive dans la mesure où, les principes et procédures prévoyaient l’adhésion à part entière, en tant que pays partenaire ou en tant qu’observateur. Ces principes et procédures d’adhésion à l’UFM ont été élaborés dans le but de permettre aux Etats tiers de prendre part aux différentes activités de l’UFM dans les cas où, une coordination des efforts ou une approche commune de coopération s’avérait mutuellement bénéfique. C’est ainsi que d’autres pays voisins ont adhéré à l’UFM en 1980 et en 2008.

A- L’adhésion de la Guinée en 1980.

Depuis l’indépendance de la Guinée en 1958, les autorités politiques ont entrepris plusieurs démarches en vue de créer une union douanière régionale unique dépassant tout

115 John IGUE, Ibid., 2006, p.9.

116Pierre François GONIDEC, Les Organisations Internationales Africaines : Etude comparative, Paris,

l’harmattan, 2004, p.8.

117

5ème Protocole de l’UFM, Participation des Etats tiers à l’UFM, Freetown, 1980, pp: 1-6.

51 cloisonnement linguistique, culturel ou d’appartenance coloniale. Mais certaines de ces démarches ont échoué dans un premier temps, en raison des multiples appartenances des Etats à des allégeances régionales différentes119. Aussi, en raison du fait que certains Etats-nations se réclamaient socialistes et d’autres capitalistes, les uns unis au sein de l’UDEAO héritée de la colonisation et les autres dans la CEAO, largement francophone. Surtout, les oppositions de vues étaient accentuées quant à la voie à suivre pour la mise en place des CERs, venant renforcer les divisions internes entre les Etats. Ceci ne permettait pas de définir un schéma clair et unique de construction régionale en Afrique de l’Ouest de 1959 à 1980. L’adhésion de la Guinée à l’UFM intervenait dans le contexte de dépassement de ces divisions car, nous l’avons dit, la Déclaration du Fleuve Mano stipulait la possibilité de participation des autres Etats de l’Afrique de l’Ouest à l’UFM.

En janvier 1979, dans le but de promouvoir une plus grande coopération économique, sociale et culturelle entre leurs pays et la Guinée, les chefs d’Etat libérien et sierra-léonais ont invité Sékou TOURE à Malima, en Sierra-Léone, en qualité d’observateur lors d’un sommet des chefs d’Etat de l’UFM. Suite à cette invitation, il a manifesté son désir de faire adhérer la Guinée à cet organisme de coopération de voisinage géographique. Pour cela, une réunion préparatoire a été organisée en février 1979, en vue d’examiner les activités préliminaires relatives à cette adhésion. Au cours de cette réunion, le secrétariat général de l’UFM a engagé des discussions avec le gouvernement guinéen dans le but d’arriver à déterminer la qualité de membre et examiner les conditions essentielles, institutionnelles, administratives et financières de cette adhésion120. En janvier 1980, la Guinée adhère à part entière à l’UFM. Cet évènement politique a eu de profondes résonances au-delà des frontières géopolitiques de l’UFM car, la présence guinéenne au sein de l’UFM a été saluée par la Communauté Internationale comme un facteur d’élargissement de l’intégration en Afrique de l’Ouest. Selon Siaka STEVENS, cette adhésion a «Permis de consolider l’unité d’action entre les trois peuples dont les relations d’amitié et de fraternité remontaient à l’ère précoloniale»121. Dans la forme de l’intégration à adopter entre les trois Etats en 1980, les expériences européenne et chinoise ont exercé une grande fascination car, selon Sékou TOURE,

La République populaire de Chine est deux fois plus peuplée que l’Afrique réunie mais constitue un seul Etat. C’est un exemple de volonté politique, autrement, elle

119Timothée MBOMBO KASANKIDI, «La problématique de l’intégration face à la multiplicité des

organisations internationales en Afrique», Mémoire de DEA, Université de Kinshasa, 2011, p.7.

120

3ème protocole de l’UFM, 1980, Idem, pp.1-6. 121Fodé TRAORE, 1980, Idem, pp.1-8.

52 pouvait créer cent ou deux cents petits Etats. Chaque nation européenne utilise sa structure propre, c’est à dire sa langue propre, elle a ses institutions propres, elle vote ses lois indépendamment de la volonté des autres, elle gère ses affaires. Mais, l’ensemble des nations européennes ont accepté de créer une communauté pour mieux préserver les intérêts communs, c’est la voie que dicte la volonté politique qui veut

dominer l’espace et le temps et garantir l’avenir pour les générations futures122

. Au départ, Sékou TOURE voulait d’un projet d’union politique au sein de l’UFM. Cette vision des choses était d’ailleurs conforme à la ligne de conduite politique qu’il a embrassée au sein du groupe de Casablanca. Williams Tolbert et Siaka Stevens, modérés, appartenant au groupe de Monrovia, n’approuvaient pas ce projet qu’ils trouvaient ambitieux. Selon Williams Tolbert par exemple, «Il faut que chacun des trois Etats exerce librement sa souveraineté, que les deux autres ne se mêlent pas des affaires intérieures du troisième. Qu’en réunion, ce soit la règle de l’égalité qui serve dans les concertations. Chacun est libre chez soi, il se dote du régime qui lui convient»123. Pour ces deux chefs d’Etat, il ne s’agissait guère d’un projet d’union politique qui ferait perdre la souveraineté des Etats mais, d’une intégration socioéconomique et culturelle des Etats membres124. C’est pourquoi en 1981, le gouvernement guinéen a formulé une demande de réserve pour la révision de certaines dispositions relatives à l’adhésion de la Guinée. Ceci a conduit à la restructuration de la base juridique et des organes d’exécution de l’UFM.

Originellement un organisme de coopération bilatérale, le cadre institutionnel de l’UFM a subi une métamorphose pour refléter la structure d’un organisme d’intégration tripartite avec cette présence guinéenne. Selon Sékou TOURE, la création de ce cadre d’intégration «S’inspirait des liens historiques, culturels et socioéconomiques unissant les peuples qui, autre fois vivaient en parfaite harmonie dans la région du fleuve Mano»125. La recherche de l’intégration trouvera chez lui un fondement dans les liens séculaires existant entre les «populations identiques». En 1981, il parle de la création d’une même communauté socioéconomique pour mieux préserver les intérêts communs des Etats. C’est pourquoi, dans les années 1980, il n’est pas surprenant que tous les efforts de l’UFM soient voués à la reprise des relations commerciales qui ont fait la tradition des «populations identique» dans la région

122

Déclaration de Sékou TOURE reportée par Amirou BARRY, «Communiqué sur l’adhésion de la Guinée à l’UFM», Horoya, n° 022, Conakry, 1980, pp : 1-7.

123Fodé TRAORE, 1980, Op.cit., pp.1-8. 124

Amirou BARRY, 1980, pp : 1-7.

125Fodé TRAORE, «Sékou Touré au sommet tripartite Guinée-Sierra-Léone-Libéria», Horoya, n°023, Conakry,

53 du fleuve Mano. En scellant l’alliance entre la Sierra-Léone, le Libéria et la Guinée, les chefs d’Etat ont procédé aussi au désarmement tarifaire de certains produits stratégiques comme les produits du cru, de l’artisanat traditionnel et l’harmonisation des documents relatifs aux échanges et aux questions douanières. Ceci justifiait la signature des documents relatifs au commerce intra-union par Sékou TOURE en compagnie de ses homologues Siaka Stevens de la Sierra-Léone et Samuel Kanyon DOE du Libéria le 29 mai 1981. C’était le prélude à l’orientation qu’il n’a cessé de donner depuis l’adhésion de son pays à l’UFM, en proposant une approche privilégiant l’intégration des structures de production (approche dirigiste) comme l’agriculture, l’industrie, l’éducation et les télécommunications. L’adhésion de la Guinée à l’UFM a donné un nouvel espoir aux gouvernements des Etats membres dans la mesure où, les activités entreprises dans le domaine national trouvaient un complément au niveau régional. En plus, les économies nationales ne pouvaient plus évoluer unilatéralement à ce début de la mondialisation car, le contexte des relations politiques africaines avait beaucoup changé, on assistait à la naissance de réseaux complexes de relations de natures économique, commerciale et financière.

B-

L’adhésion de la Côte d’Ivoire en 2008.

En 2008, la Côte d’Ivoire adhère à part entière à l’UFM faisant d’elle, une structure quadripartite composée par le Libéria, la Sierra-Léone, la Guinée et la Côte d’Ivoire. Selon le représentant-pays de l’UFM pour la Côte d’Ivoire,126 «Si les pays précurseurs ont mis en place l’UFM en ayant le souci d’une plus grande fluidité du commerce et des transports, la Côte d’Ivoire approuvait ce but et aspirait à résoudre d’autres problèmes de voisinage par le biais de cette intégration»127. Dans la lettre qu’il a adressée au Secrétaire Général de l’UFM le 30 novembre 2008, le Président de la République ivoirienne affirmait clairement l’engagement de son pays à adhérer à l’UFM. Selon lui, «Ayant vu et examiner ledit protocole, nous l’avons approuvé et approuvons en toutes et chacune de ses parties, en vertu des dispositions qui y sont contenus et conformément à l’article 84 de la constitution»128

. L’adhésion à part entière de la Côte d’Ivoire a été un autre facteur d’élargissement grâce au désir soutenu de la classe politique de promouvoir les relations commerciales dans la région du fleuve Mano, mais aussi, de mieux gérer les difficultés sécuritaires que les autorités

126Interviews de Angui ASSOUAKON, Représentant pays de l’UFM pour la Côte d’Ivoire, Propos recueilli par

RFI, modoblog, «Frontière Ivoiro-libérienne : la sécurité une priorité pour l’UFM», Conakry, le 15 juin 2013.

127

Interviews de Angui ASSOUAKON, 2013, Idem.

12816ème protocole de l’UFM, l’adhésion à part entière de la Côte d’Ivoire à l’UFM, Monrovia, le 30 novembre

54 ivoiriennes rencontraient le long de la frontière-Ouest. Depuis la crise de 1989 au Libéria, la question des «populations identiques» entre les pays membres devenait une situation difficile à gérer, et, la crise du 9 septembre 2002 venait aggraver cette situation déjà précaire. De 1989 à 2002, les chefs d’Etat utilisaient les ethnies pour régler des comptes entre eux129. C’est le

cas des relations entre Samuel Doe et Houphouët BOIGNY, entre Samuel DOE et Saidou Momo BANGOURA et entre Lansana CONTE et Charles TYLOR. Ceci a gagné les factions rebelles et les forces gouvernementales, renforçant les clivages ethniques à l’Ouest de la Côte d’Ivoire. En 2002, un groupe armé a tenté un coup d’Etat sur le territoire de la Côte d’Ivoire, les combattants ont été soutenus par des soldats gouvernementaux libériens et d’anciens