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6. L’émergence de questions de recherche

1.4. L’orthographe arabe

La langue arabe, la langue du Coran Karim, prend une place très considérable grâce à l’existence de la religion islamique. Elle est « une langue du groupe sémitique auquel appartiennent l’hébreu et l’éthiopien. Elle comporte une structure morphosyntaxique qui utilise une racine (et non un radical) à partir de laquelle est dérivé l’ensemble du vocabuaire. » (Ammar, 2002/2). L’an dernier, l’arabe était la L1 d’une proportion de 8,28% des élèves inscrits dans les écoles de Montréal, et ce, après le français et l’anglais (le Comité de gestion de la taxe scolaire de l’île de Montréal, 2011). L’arabe était ainsi la première langue la plus parlée au sein de la population d’élèves allophones scolarisés à Montréal.

Le système phonétique de l’arabe

L’alphabet arabe est un alphabet consonantique comportant 28 lettres : 25 consonnes, 2 semi-voyelles ( : waw et : ya) et une voyelle (أ : alif) (Kouloughli, 1986), auxquelles s’ajoute le ء « hamza », ce qui rend le nombre total des lettres est de 29 (l’annexe 2). L’alif, le waw et le ya sont considérés comme des voyelles longues, mais l’arabe comprend également quatre voyelles brèves ou courtes, qui constituent quatre petits signes que l’on met au-dessous ou au-dessus des lettres et qu’on appelle en arabe لي ت (tachkil9), tels que fatha qui

veut dire ouverture (ex. : « ba » , « tta »); damma qui veut dire fermeture (ex. : « bo », « to »); kasra qui veut dire cassure (ex. : « bi », « ti ») et

soukoun qui veut dire fixe (ex. : ْ – ْ ).

9 En arabe, selon le tachkil, on met damma sur la lettre finale du mot si ce dernier est isolé, ce qui

nous a invitée à ajouter ce mouvement pour les lettres finales lorsque nous écrivons les mots arabes en lettres françaises. Par exemple, on écrit arnab pour le mot بن أ“lapin”, mais nous le prononçons comme arnabo.

Les aspects visuographiques de l’arabe

Godeau Romdhana (2009) résume les caractéristiques visuographiques de la langue arabe dans les principes suivants : l’écriture arabe est une écriture alphabétique; elle s’oriente et se lit de droite à gauche; avec les trois mouvements,

fatha, damma et kasra, chacune de ses lettres peut correspondre à trois sons (ex. : la lettre peut être « za », « zo » et « zi »); elle est une écriture prosodique, ce qui veut dire qu’elle ne note que les sons qui constituent l’ossature rythmique du mot (consonnes et voyelles longues); elle est une écriture cursive qui relie les lettres au sein du mot ( ex. : ب ك « kalbo – chien10 », ق « kettato – « chatte ») : 23 lettres s’attachent à gauche et ont chacune quatre positions (initiale, médiane, finale et isolée11) et six lettres n’ont que deux formes (initiale/isolée; médiane/finale); elle ne connaît pas de majuscules et elle a, enfin, différents styles codifiés (ex. : le style naskh, rekaa, etc.).

Les caractéristiques linguistiques et spécifiques de l’écrit arabe

Selon Mustafa (2008), l’orthographe arabe se distingue par un certain nombre d’aspects spécifiques : les lettres d’allongement, le soukoun, le tanwin, la chadda, les lettres lunaires et les lettres solaires, le tta ouvert et fermé et enfin la hamza que nous présentons dans les lignes suivantes.

Les lettres d’allongement : l’arabe considère que les trois voyelles longues (l’alif, le waw et le ya) sont des séquences d’une voyelle brève « harakah – mouvement » et d’un glide hémogénique d’harf madd « allongement » (Kouloughli, 1986). L’allongement d’alif comme : ع « amo – an », ق « kala – il a dit » et ن « nama – il a dormi ». L’allongement de waw comme : ي « yakolo – il dit », س « rassolo – prophète » et د « dooro – maisons ». L’allongement d’ya comme : شي « richo – plumes », مي س « salimo – sain » et ي ي « yassiro – il marche ».

10 On écrit d’abord l’équivalent du mot arabe en lettres françaises puis sa traduction française. 11 Exemple, la lettre / /peut prendre ces quatre positions : position initiale : ب « bakarto –

vache », position médiane : ث « sobano – serpent », position finale : بن أ «arnbo – lapin » et position isolée : ب « babo – porte ».

Le soukoun : c’est l’absence du mouvement. Il est un signe qui se place au-dessus d’une lettre, ce qui veut dire qu’il faut laisser la lettre concernée sans voyelle courte, comme : ْ ص « sawtto – voix », م ْف « fahmo – compréhension » et ت ْيب « baytto – maison ».

Le tanwin : c’est un noun /n/ consonantique qui se prononce à la fin d’un mot pour signifier généralement son indétermination, mais on ne l’écrit pas. Il s’écrit avec deux fathas (ex. : . ي ص ْأ ق « Karato sahifatanne. – J’ai lu un journal. »), deux

dammas (ex. : . م ق ا ه « Haza kalamonne. – C’est un stylo. ») ou deux kasras (ex. : . قي ص عم تْب ت « Takabalto maa sadikinne. – J’ai rencontré un ami. »). Si le tanwin est avec deux fathas, on ajoute après lui un alif (ex. : . لا نم ا ء ج أ ق « karato jozanne men al-kitabi. – J’ai lu une partie du livre. »), et ceci, à l’exception de quelques cas particuliers.

La chadda : elle est un signe qui s’écrit avec la consonne pour indiquer son doublement. On met fatha ou damma au dessus de chadda, alors que kasra se place normalement sous elle (ex. : ي - ن ح - ن ي « yashodo – il tire quelque chose; hassana – il a développé quelque chose; yohassinno – il développe un objet »).

Les lettres lunaires et les autres solaires : le total de chacune des deux catégories est de 14 qui diffèrent les unes des autres lorsqu’on ajoute ْ ا « le » au début du mot. Le son de l’article s’assimile avec les lettres solaires (– – – – د– –

– – – – ط – –

– ), alors qu’il ne s’assimile pas avec les lettres

lunaires (( - – – – – – ف– – ع– – – – – أ.

La lettre tta : pour tracer le tta / /, deux possibilités sont offertes : elle peut être ouverte à la fin des verbes, à la fin des noms et à la fin des noms féminins

pluriels (ex. : ٌ تــْـيـب « baytto – maison »), et elle peut être fermée12 à la fin des noms féminins singuliers et à la fin de la plupart des noms propres féminins (ex. :

ب « bakarato – vache »).

La hamza : elle se place normalement au-dessus ou au-dessous de l’alif (ex. : - سأ ن « osrato – famille; inssano – homme »). Elle correspond phonétiquement à trois sons français selon la voyelle qui l’accompagne : le son [a] avec fatha, le son [i] avec kasra et le son [u] avec damma. On peut écrire hamza avec alif au début du mot quelle que soit la voyelle courte accompagnant (ex. : مأ « amama – devant »), on la nomme donc hamza initial. On peut l’écrire, avec alif, waw, ya, au milieu du mot, hamza médial (ex. : بئ – ا س – س « saala – il a questionné; soalo – question; ziebo – loup »), ou à la fin du mot, hamza final (ex. : ئط ش – ي – أ ب «

badaa – il a commencé; yajroo – il ose; shatai – bord »). Cette dernière peut être, enfin, tracée séparément (ex. : ء س « samao – ciel »).

Afin de conclure au sujet des caractéristiques linguistiques de l’écrit arabe, mentionnons ses caractéristiques morphologiques. Généralement, la majorité des mots se construisent d’une racine de trois lettres (Neyerneuf, 2001) (ex. : pour le mot ب ك « kitabato – écriture »). Il existe parfois des mots ayant une racine de quatre ou de cinq lettres (ex. : la racine ع pour le mot ب « bassara – il a farfouillé quelque chose. » et la racine ف pour le mot لج س « safarjalo – coing »).

1.5. Les difficultés que les arabophones rencontrent lors de l’apprentissage du